
jamais on ne vit aucune apparence de particules
fondues ; & ces parcelles de minéral qui avoient
donné une fois • quelques gouttes fondues , ne
pouvoient plus jamais en fournir davantage ,
quoique pouffées avec des feux au moins auffi
violens que la première fois.
La cohéfion des grains de platine parut commencer
à une chaleur rouge paffablement forte,
& devenir de plus en plus ferme , à mefure que
le feu étoit pouffé plus violemment , quoique
jamais je ne les ai trouvés affez cohérens pour
réfifter à un petit coup de marteau. La couleur ,
après le feu violent, en étoit toujours blanche
& brillante, excepté à la furface de lamaffe qui
étoit fouvent changée en un brunâtre obfcur ,
avec quelquefois une foible nuance de jaunâtre.
Dans une expérience fur-tout , le métal , après .
avoir été chauffé vivement, ayant été éteint dans
l’eau froide , les grains qui compofoient la partie
intérieure de la maffe, acquirent une couleur
violette ou pourpre.
y 0. J'ai tiré des particules les plus grandes &
les plus brillantes de platine , jufqu’à la pefan-
teur d’environ cinquante grains, & je les ai étalés
fur le fond d’un creufet uni. Le vaiffeau
étant couvert, & tenu à un feu véhément, comme
dans les expériences ci-deffus , pendant environ
une heure , la platine ne fe lia que très-légèrement
; & ayant été remife dans la balance, elle
l’emporta en quelque forte fur fon propre poids
qu’on avoit laiffé dans le plateau de la balance.
D ’après cette expérience qui fut répétée deux
ou trois fois avec le même fuccès , j’ai conclu;, J
dans mon premier mémoire publié dans les
T r a n fa llio n s p h ilo fo p h iques , que la platine ne
perd pas de fon poids dans le feu. MM. Marg-
graf & Macquer ont trouvé depuis que non-
feulement elle ne perd pas , mais au contraire
qu’elle acquiert réellement de la pefanteur , &
que quand le feu eft continué un peu long-temps ,
le gain qu’elle fait eft fort confidérable.
8°. M. Marggraf a mis deux onces de platine
crue dans une affiette It fcorifier fous une
mouille , & a pouffé un feu violent pendant deux
heures , remuant de temps en temps la platine
avec une baguette de fer. Il a remarqué qu’il
n’en fortoit aucune famée ; que quand elle fut
refroidie, la platine avoit l’air de hachures de
plomb réunies enfemble , mais plus noires &
fans leur luftre métallique ; & que fon' poids ,
loin d’être diminué , étoit augmenté ; car elle
pefoit 2 onces io grains, ou un ^ plus qu’aupa-
ravant.
que tous les autres fourneaux de fon laboratoire.
Ayant entretenu le feu dans fa plus grande
violence , entre trois & quatre heures , la platine
9°. Il répéta l’expérience avec une once. de
platine dans un creufet couvert , placé fur un
fupport convenable , dans un fourneau de fufion ,
qui, au moyen d’un long tuyau fous le cendrier
pour y porter l’air , & d’une cheminée longue
& étroite au fpmmct, donne un feu plus violent !
fe trouva attachée enfemble , mais fans être
fondue, & pefoit cinq ou près de fix grains de
plus que d’abord , ce qui fait plus d’une 8o!
partie.
Il remarque que les grains furent affez facilement
féparès d’un .feul~coup.de marteau ; que
ceux qui étoient dans l’intérieur de la maffe étoient
plus blancs qu’ils n’étoient d’abord , mais qu’ils
avoient toujours confervé, leur première forme ,
& que quelques-uns d’eux fouffrirent d’être
aplatis fous le marteau.
io°. M. Macquer a mis une once de platine
dans un creufet d’Allemagne , & l’a expofée à
un feu violent pendant cinquante heures , dans
un fourneau dont la chaleur , quand elle fut continuée
pendant un tel temps, étoit capable de
fondre les mélanges que M. Pott dit , dans fa Lithogeognafia , lui avoir donné les verres les
plus durs & les moins fufibles. En examinant la
platine après cet effai , il trouva qu’elle 'n’étoit
pas fondue, & que les grains n’étoient que collés
enfemble, de manière à ne former qu’une feule
maffe qui avoit exaâement la figure du fond
du creufet, & qui s’étoit retirée au point de fortir
librement du vafe ; que toute la furface de cette
maffe étoit falie & noircie, & s’étoit changée en
une- couleur d’ardoife, avec diminution de l’éclat
métallique ; que la partie intérieure du creufet
où la platine l’avoit touché, étoit teinte comme
fi on y eût calciné de la limaille de fer ; & qu’en
pefant la platine, après l’opération , on Tavoit
trouvée augmentée de quatorze grains , c’eft-à-
dire, d’environ un 41e de fon poids.
La même platine, foumife à une autre opération
femblable à la précédente , a reçu une augmentation
de 2 grains plus forte, l’augmentation
totale étant de 16 grains ou d’un 36°. Il ne peut
pas y avoir-de foupçon , dit-il, qu’il y foit tc-mbé
ni charbons ni cendres, parce que le creufet étoit
dans une partie du fourneau où ces matières ne
pouvoient point avoir d’accès , & parce qu’il
étoit aufii couvert très-exaâement, quoique non
lutté. Comme l’accroiffement n’a pas été confidérable
dans la fécondé opération , il juge qu’il
y en auroit eu bien peu ou point du tout dans
une troifième répétition.
On peut ajouter que, puifque après cinquante
heures de feu violent, une plus grande continuation
de chaleur a encore occafionné une augmentation
fort fenfible de pefanteur , la différence
entre le réfultat de cette expérience & de celle
de M. Marggraf, par rapport à la quantité ae
l’augmentation , peut aifément s’expliquer par les
différentes longueurs de temps que le feu a été
continué.
ti®. Les chymiftes connoiffent très-bien que
les métaux appelés imparfaits , ou ceux qui fe calcinent
au feu , gagnent de la pefanteur dans la
calcination , phénomène qui n’eft pas peu furpre-
nant, & dont ils n’ont pas été capables de nous
afiigner aucune caufe probable , à moins que ce
ne foit l’abfurption de l’air.
Comme la platine paroît clairement, par beaucoup
de fes propriétés , n’être pas un des métaux
imparfaits , M. Macquer fupçonne avec jufte rai-
fon que l’augmentation de pefanteur, dans les
expériences ci-deffus, étoit due à la calcination
de quelques fubltances.hétérogènes , mêlées avec
la platine. L’enduit ferrugineux qu’elle laiffa dans
le creufet, & l?obfcurciflement de la cbuleur ,
ont paru confirmer cette conjeéhire ; il remarque
de plus qu’après la fécondé calcination il fe trouva'
quelques grains de matière friable, femblable à des
écailles de fer, & que le fable magnétique ceffa
d’être noir & brillant, mais devint de la même
couleur grife d’ardoife que la platine. On peut
obferver ici que s’il n’y a point eu d’erreur dans
les poids de M. Macquer, la quantité de cette
matière calcinable hétérogène devoir être - fort
confidérable.
De toutes les expériences que je puis me rappeler
fur la calcination dès corps , il n’y en a
pas une feule dans laquelle l’augmentation ait
été fi grande que celle que M. Scheffer accorde*
au fer ; favoir, un tiers de fa pefanteur, comme
nous le verrons ci-après.
En admettant même cette augmentation
à la matière calcinable dans la platine ,
la quantité de cette matière, pour produire une
augmentation de 16 grains fur 1 once, doit être
de 48 grains ou une 11e partie de la platine.
12°. Les explications qui font raportées ci-
ifleffus, expliquent la différence entre mes
expériences de l’article 7 , & celles de MM. Marggraf
& Macquer , dans les articles 8., 9 & 10 ,
les miennes ayant été faites avec des grains plus
rafinés,&les leurs, avec le minéral entier, contenant
fon mélange ordinaire de parties calcina-
bles.
Pour plus grande fatisfaâion fur ce point, j’ai
pris 360 grains des particules les plus greffes de
les plus brillantes , triées de la platine, & la
même quantité de pouffière noirâtre qui en avoit
été féparée par le moyen d’un tamis ; les deux
'parcelles, mifes fous deux vafes à fçorifier unis ,
furent entretenues fous une mouffle à une chaleur
très-forte pendant cinq heures ; & afin que
toutes les deux puffént recevoir une chaleur aufii
égale qu’il étpit pofiible , on changea de place
les deux vaiffeaux pendant le temps , & vers le
milieu de l’opération. Quand ils furent réfroidis ,
la platine triée , péfée avec beaucoup d'exa&itude ,
fut trouvée avoir gagné 2 grains , ou la 180e
partie de fon poids ; tandis que la pouffière étoit
augmentée de prés de 9 grains , ou d’une 40e
partie.
On remarque que la platine triée étoit devenue
d’une couleur plus chargée qu’elle ne l’étoit
d’abord , & la pouffière de beaucoup plus pâle ,
& que la platine triée fe colloit fort légèrement ;
au lieu que la pouffière s’étoit collée & maftiquée
en un gâteau ferme qui n’étoit pas. facile à broyer
entre les doigts. Il faut obferver que ce qu’on
appelle ici pouffière , contient une portion confidérable
de vraie platiné , divifée en particules
aufii fines que celles de la matière impure , &
conféquemment que la quantité de matière impure
qui eft dans la platine triée , ne peut pas
être déterminée par les augmentations proportionnelles
que les deux parcelles ont reçues dans
le feu.
Mais nous allons ceffer une recherche qui ne
paroît pas affez importante pour mériter qu’on
prenne la peine de la pouffer plus loin , d’autant
plus que nous trouverons par la fuite les
moyens d’attaquer ces parties calcinables plus
efficacement que par la fimple chaleur.
13°. Les expériences que j’ai faites dans les
nos < & 6 de cet article , femblent prouver qu’iL
n’eft pas poffible d’amener la platine à l’état de
fufion , dans les creufets ordinaires , par aucun degré
de chaleur que les vaiffeaux eux-mêmes puif-
fent fupporter. M. Scheffer conclud aufii, d’après
fes propres effais , qu’il eft impoffible de la fondre
dans un creufet, puifqu’elle réfifte même à
un feu plus fort que celui qui vitrifie les meilleurs
creufets faits de terre cL Waldenbourg &
de quartz , que l’on doit fuppofer , d’aptes la manière
dont il en parle , être d’une très-bonne
efpèce.
Néanmoins, comme la fufion de la platine , fi
elle pouvoir fe faire, feroit une acquisition très-
importante , par rapport à fon hiftoire chynuque
& aux ufages méchaniques, M. Macquer a fait
encore quelques autres tentatives dans cette intention.
Il a expofé la platine à un feu de verrerie
, pendant cinq jours,& cinq nuits, fans apercevoir
aucunes altérations autres que celles dont
on a déjà fait mention ; & en effet on ne pou-
voit pas s’attendre que le feu de verrerie pût
vaincre ce métal réfraâaire , qui avoit déjà réfifté
à des feux beaucoup plus forts que le fourneau
de verrerie n’eu peut produire , & plus grands
que fes ma ériaux ou fes vaiffeaux ne peuvent
les fupporter.
14°. Pour dernier effort, M. Macquer a eu recours
à une forge, en augmentant i’aâlvité du feu ;
il partagea le vent des foufflets en deux tuyaux qui
entroient dans le fourneau par deux côtés oppofés ’r
& il difpofa deux autres grands foufflets de telle manière
que leurs çourans de vent entroient encore
par deux côtés opposés aux deux autres. Ayant
I placé au milieu du fourneau quatre onces de
y w v ij