
en développant le f i l, le préfente du fens où il
doit être.
Un guindre , pour s’en fervir commodément ,
doit être très-fort : autrement il plieroit, & fe caf-
leroit très-promptement.
Ufage des moulins à bafcule.
Dans le moulina bafcule, l’ouvriern’eftoccupé
qu’à tourner les meules , entre lefquelles il a eu
nfoin , en commençant , ds placer le bout du fil
de fe r , après Savoir aplati au marteau.
Le cylindre, fur lequel a^ré dévidé le fil'de
fe r , eft porté par deux montans , dont la hauteur
eft telle qu’il fe trouve à.celle du guide.
Ce fil , appelé fans ceffe par la rotation des
meules, fe déroule ; & paflant dans le tuyau que
forme le guide , fe préfente en ligne droite pour
entrer fous les meules.
Il fort du moulin en lame ; & par un ufage très-
blâmable , mais univerfellement adopté, on l’abandonne
à fon propre poids au fortir du moulin ;
de forte qu’il traîne à terre pendant l’opération ,
après laquelle on le recueille en rouleaux pour
s’en fervir au befoin.
Je dis qu’on a tort d’abandonner le fil laminé
à fon propre poids : il vaudroit mieux qu’un enfant
, une femme, ou quelqu’un dont l’induftrie
ne fût ni chère ni prècieufe , le tînt par le bout,
& reculant à mefure qu’il fort du laminoir, l’étendît
par terre par longueurs.
Après avoir coupé les dents de longuéujk, il
faut s’occuper à les redreffer parfaitement : cette
opération ne fauroitêtre nifi longue, ni fi difficile, fi
l’on avoit pris la précaution dont je viens de parler.
G’eft ordinairement le maître, ou du moins
un ouvrier habile & de confiance, à qui on abandonne
l’opération de redreffer les dents , tant elle
eft e(Ternielle à la perfeâion du peigne ; mais
enfin c’eft ainfi qu’on en ufe , & je ne puis que
faire connoitre ce qu’il y a de vicieux dans chaque
ufage.
Pour fuivre l’idée que je propofe, fi l’on trouve
que le temps du fécond ouvrier eft affez inutilement
employé à cet ouvrage , on péut fubftituer
à ce moyen une infinité d’autres moyens qui dépendront
du local de l’atelier & de l’induflriedes
ouvriers. On peut, par exemple , pofer, à une distance
convenable du moulin , une efpèce de can-
t r e , au haut de laquelle eft une poulie où paffe
une ficelle qui d’un bout tient à une pièce & de
l’autre à un contre - poids qui , à mefure que le fil
fe lamine , l’attire à lui.
La cantre dont il eft ici queftion, n’eft autre
chofe que l’affemblage de deux montans plantés
folidement dans une planche longue , large &
épaiffe fuffifamment pour donner à cet uftenfile
affez de 'Solidité : ces montans font percés par le
haut pour recevoir une broche de fer , qui Sert
d’axe à une poulie auffi longue que les montans
ont d’écartement, & fur laquelle gliffe la ficelle
au bout de laquelle eft le contre-poids.
Si cet atelier où on lamine eft un peu long ,
©n peut écarter la cantre à quelque diflance du
moulin ; & comme le contre - poids feroit trop
tôt arrivé en-bas, on peut lui faire parcourir de
plus grands efpaces , ou, dans une moindre
courfe faire déployer beaucoup de corde.
On pourroit, fi l’atelier eft au haut d’une mai-
fon , faire defcendre le poids par la fenêtre : mais
ce qui réuffira le mieux , c’eft d’attacher une
; poulie au plancher ; & au lieu que le poids fût
| attaché au bout de la corde , ce poids porteroit
une poulie , & le bout de la corde feroit fixé
au plancher : par ce moyen le poids , en parcourant
un àffez court efpace , dévëlopperoit
beaucoup de corde. On pourroit auffi moufler
toutes ces poulies : mais je reviens à l’opération.
La pièce avec laquelle on faifit. le fil de fer,
faitreffort par le bout inférieur, & tend à refter ouverte.
Le coulant ou boucle gliffe fur fa longueur,
& la force de refter fermée, quand on y a pincé
la lame dans l’ouverture : à l’autre bout eft un
crochet que faifit un noeud qu’on pratique à un
bout de la corde ; à chaque longueur on coupe
la lame & on la couche par terre en un tas,
enfuité on en fait un paquet lié de plufieurs liens.
Quelques peigners placent en - devant du moulin
un fécond guindre horizontal , fur lequel ils
enveloppent le fil à mefure qu’il fort du moulin
: lorfqu’on fe fert du moulin fans bafcule,
ou monte ces guindres fur des pieds , dont la
hauteur égale celle des meules ; mais quand on
fe fert du moulin à bafcule , on peut fur les
deux montans de devant placer uncylindre, comme
on voit celui de derrière ; & pour les faire mouvoir
tous deux , voici comme on s’y prend.
A l’un des bouts des deux cylindres eft une
poulie placée fur l’axe du cylindre , & dont le diamètre
eft plus petit à celui qui reçoit la lame , qu’à
celui qui contient le fil de fer ; & cela afin qu’il
aille un peu plus vite : en voici la raifon.
Le fil en paffant par le laminoir s’aplatit, tant
aux dépens de fon diamètre q.uedefa longueur;
i il faut donc que le cylindre qui recueille la lame,
aille un tant foit peu plus vite que l’autre , puif-
qu’en fuppofant qu’il y eût quarante tours de fil
de fer , on peut trouver quarante-cinq ou quarante
huit tours de lame. .
Ces deux cylindres font menés par le moyen
d’une corde fans fin , qui paffe fur les deux poulies
; & la lame qui attire le fil de fe r , eft elle-
même attirée par l’autre cylindre.
Il n’eft pas aifé de déterminer au jufte le rapport
du diamètre d’une poulie à celui de i’witre
poulie ; mais il n’y a pas un grand inconvénient
à craindre. Il vaut mieux que la poulie du cylindre
qui reçoit la lame , foit plus petite que plus
grande : car fi étant un peu petite, elle eft déterminée
à tourner plus vite que la lame ne lui pet'
met, en1 tenant la corde fans fin un peu lâche ,
elle gliffera fur fa poulie , & n’ira pas plus vite
qu’il ne faut.
On a coutume de fe précaution nef d un certain
nombre de poulies qu’on change à volonté ,
félon que l’un des deux cylindres va trop vite ou
trop doucement ; & pour cela chaque poulie a à
fon centre un trou carré, jufte à la groffeur du
carré pratiqué fur l’un des bouts de l’axe des cylindres.
On fixe ces poulies en place, au moyen dune
cheville qui paffe au travers de l’axe , en dehors
de la poulie qui , par ce moyen, fe trouve retenu
folidement. .
J’ai dit plus haut que Ion fe lervoit dune
jauge pour apprécier Tépaiffeur des dents qu’on
avoit à employer pour tel ou tel compte de peiCet
ufage eft adopté généralement par tous
les peigners en acier : mais il 'faut obferver que
cette jauge n’eft pas fuffifanie pour cette appréciation,
parce qu’elle ne peut décider que d’tfne v
grande quantité enfemble ; c’eft-à-dire qu il faut
que fon entaille foit remplie de dents, pour fa-
voif le nombre qu’elle en contient.
Ce moyen n’eft pas propre a décider de 1 e-
paiffeur qu’il faut leur donner j parce qu il fau-
droit laminer tout de fuite une longueur de fil
affez grande pour la couper & en faire des
dents, & les jauger enfuite toutes à la fois.
Cette opération exige trop de temps y & je_
doute même qu’elle foit auffi précife qu une méthode
que j’ai vue pratiquer chez un des meilleurs
peigners en acier qui ait encore paru, &
que la fabrique de Lyon a eu le malheur de
perdre prefqu’à la fleur de fon âge : je veux
parler du fieur Mangeot père. Je reviens à la méthode
du fieur Mangeot pour régler fon moulin
, & pour fe procurer les épaiffeurs des dents ,
convenables aux comptes des peignes qu il vou-
loit exécuter. Outre les connoiffances particulières
fur les moulins à vis & fur ceux à bafcule ,
dont il poffédoit parfaitement les propriétés , il
avoit des procédés particuliers , & entre autres
une jauge qui n’eft autre chofe qu’un gros fil
de fer formant une efpèce d’S , dont une des
ouvertures détermine l’épaiffeur des dents ; n
avoit plufieurs de ces jauges dont chaque
bout numéroté indiquoit les differentes épaiffeurs
qui pouvoient y entrer.
On peut .avoir une jauge qui comprenne de
fuite tous les numéros poffibles, connue fous
le nom de calibre , ou tous les écartemens
de chaque tour vont en diminuant infenfible-
raent.
Il eft bon, avant de finir l’article du laminage
, d’obferver que quand par malheur on
s’aperçoit que le fil n’a pas été réduit en lames
de l’épaiffeur rèquife, on peut le paffer une
fécondé fois au moulin ; mais il faut à cette feconde
fois apporter beaucoup d’attention, & ne
pas abandonner la bafcule au même poids , fans
quoi il deviendroit tout de fuite trop mince : il
faut donc effayer à quel point le contre-poids
doit être placé pour dônner Tépaiffeur convenable
; & fi c’eft au moulin à vis qu’on lamine),
on court moins de rifque à la vérité ; mais il
faut encore tâtonner, en ferrant peu à peu ,
jufqu’à ce qu’on ait acquis le degré jufte.
L’inconvénient le plus ordinaire, quand on
repaffe le fil une fécondé fois au moulin, eft
de lui occafionner des finuofités fur le tranchant
de la lamé, qui le rendent entièrement défectueux,
& le mettent hors d’état de fervir : mais
enfin , quand le mal eft fait, il faut y chercher
un remède ; & quand , par oubli, ou par négligence,
on a manqué fon épaiffeur du premier
coup, il faut s’y reprendre, & tout ce qu’on
peut employer eft autant de moins de perdu.
Le laminage des bijoutiers & des orfèvres
eft tout différent du nôtre : ici, il faut obtenir du
premier coup l’épaiffeur de la lame qui n a fou-
vent qu’une demie-ligne de large ; au lieu que
le clinquant, ou autre partie d’or ou d’argent
qu’on paffe au laminoir, a fouvent 6 , 7 , &
même 8 pouces de large, & on ne la réduit
auffi 'mince qu’on la voit , que par degrés, & en
changeant fans ceffe la preffion.
Ds la manière de couper les. dents de longueur.
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Quelle que foit la manière dont on reçoit la
lame au fortir du moulin , l’opération confifte
à la couper par longueurs pour en former les
dents ; cette longueur, comme on l’a déjà d it,
varie fuivant la hauteur de la foule ; c’eft-à-
dire que cette foule elle-même change fuivant
la fineffe des dents : mais enfin cette hauteur
de foule une fois déterminée , il faut faire le
calcul fuivant.
Je fuppofe que cette hauteur doive être de
19 lignes ; chaque jumelle peut avoir environ
3 lignes & demie ou 3 lignes 3 quarts de largeur
, ce qui fait 7 lignes & demie pour les
deux : le ligneul peut occuper une demi-ligne,
& enfin les dents doivent déborder d’une ligne
haut & bas ; ce q u i, comp ' tout enfemble ,
fait 29 lignes.
Ce calcul eft nèceffaire chaque fois qu’on fait
un peigne d’une hauteur de foule différente ,
& les peigners un peu occupés ont toujours des
dents coupées à toutes ces longueurs, fuivant
leur degré de fineffe.
♦ Il n’en eft pas des dents de fil de fer comme
de celles de canne, que nous avons vu qu’on
n’eft pas obligé- de couper auffi exactement de
longueur , puifque , quand le peigne eft fini, on
rogne l’excédant des dents par chaque bout :
|; ic i, cela n’eft point praticable , ou du moins on