
Procédé pour tirer [or & l’argent du .galon tans le
brûler.
On coupe le galon en petits morceaux, qu’on
enveloppe d’ un linge. On met le paquet avec de
a lie de favon dans l’eau, qu’on laiffe bouillir juf-
qu’à ce qu’il paroiffe une diminution fenfible dans
le paquet, ce qui ne demande que peu de temps,
à moins que la quantité de galons ne foit très-
confidérable.
Enfuite on tire le linge, & on le lave avec de
I eau, froide en le preffant fortement avec le pied ,
ou en le battant avec un marteau pour en exprimer
la lie de favon.
On délie alors le paquet, & l’on trouve la partie
métallique du galon pure & entière , fans être
alteree dans fa couleur , ni diminuée de fon
poids.
Cette méthode eft beaucoup plus commode que
la manière ordinaire de brûler l’or. Comme il ne
faut qu’une très-petite quantité de lie , & qu’on
peut fe fervir plufieurs fois de la même, la dé-
penfe fe réduit à très-peu de chofe. Le vaifleau
peut être de fer & de cuivre.
La raifon de cette opération , eft que la foie
étant une fubftance animale, fe diffout dans les
-alkalis , & que la toile qui enveloppe le galon
étant une fubftance végétale, réfifte à leur opération.
Procèdes pour nettoyer l’or, & rappeler la vivacité
de. fa couleur.
On fait difloudre dii fel ammoniac dans de
l’urine ; on y fait bouillir l’ouvrage d’or : il reprend
fa couleur vive & brillante.
On peut frotter auffi les ouvrages avec une
cire compofée de quatre onces de cire vierge,
de trois quarts d’once de verd de terre, une demi-
once de cuivre, une demi-once de cire & un quart
d’alun. Lorfque la cire eft fondue, on y jette tous
ces ingrédiens bien pulvérifés, & on fait de
cette pâte, lorfqu’elle eft refroidie, des bâtons de
la forme de ceux de cire à cacheter.
Lorfqu’on veut rehauffer la couleur de l’or ou
des ouvrages dorés, on fait chauffer l’ouvrage
d’o r , on frotte fa furface avec cette cire, on
fait recuire l ’or au feu, & on le plonge enfuite
dans de l ’eau bouillante où l’on a fait diffoudredu
tartre.
11. arrive quelquefois qu’ un dé , un anneau, ou
autre bijou d’or tombe dans le feu; il en fort
alors tout noir. On emploieroit en vain le blanc
d’Efpagne pour le nettoyer & lui rendre fa belle
couleur naturelle;le mercure le rendroittout blanc.
II n’y a d’autre fecret que de le recuire au feu
pour confumer les particules graffes que les cendres
ont pu y dépofer, & le laver enfuite avec
un acide tel que le vinaigre , & mieux encore
avec de l’eau fécondé.
La folution du favon, les alkalis fixes, les alka-
lis volatils , l’efprit-de-vin re&ifié, font très-propres
à rétablir l’éclat de l’or des bijoux qui font
1 ternis par la fimple adhéfion des corps étrangers.
Cependant on ne doit point fe fervir du favon
ni des liqueurs alkalines pour les galons , les broderies
, ni le fil d’or tiffu parmi la foie, parce qu’en
nettoyant l’or elles rongent la foie , & changent
ou font décharger fa couleur. Mais on peut employer
l’efprit-de-vin pour cet ufage, fans appréhender
qu’il attaque la couleur de l’or.
Or faljîfiè par la platine.
La platine eft un métal blanc, ayant prefque
toutes les propriétés & les qualités de l’or. Il peut
s’unir & s’allier avec lui fi intimement, qu’on a
ignoré fort long-temps les moyens de découvrir la
falfification du lingot d’or par fon mélange. C’eft
ce qui avoit engagé le roi d’Efpagne à en faire fermer
les mines , & à en interdire le commerce. Les
nouvelles expériences des chimiftes ont appris à
reconnoître cette falfification.
Un des moyens les plus commodes & les moins
embarraffans, eft fondé fur la propriété qu’a l’or
diflout dans l’eau régale, d’être précipité par le
vitriol martial, tandis que la platine ne l’eft pas
par cette fubftance , mais feulement par le fel ammoniac
, qui ne précipite point l’or.
Quand donc on foupçonne un lingot d’être fal-
fifié par la platine, il ne s’agit que d’en faire dif-
foudre un morceau dans l’eau régale, & de diflri-
buer cette diffolution dans deux vafes ; dans l’un
on verfera du fel ammoniac diffous dans de l’eau;
la platine fe précipitera fous la forme d’un fédi-
ment couleur de brique : dans l’autre on verfera
du vitriol martial auffi diffous dans l’eau ; la liqueur
fe troublera ; il fe formera un précipité d’or
qu’il fera facile de retirer par la décantation &
l'infiltration.
A r g e n t .
L’argent eft , après l’o r , le métal le plus riche &
le plus parfait : il eft d’un blanc brillant & éclatant.
Sa pefanteur, quoique confidérable , eft cependant
de moitié moindre que celle de l’or : un pied
cube d’argent pèfe 720 liv.
La ténacité des parties de l’argent eft auffi près
de moitié moindre que celle des parties de l’or ;
un fil d’argent d’un dixième de pouce de diamètre
ne peut foutenir qu’un poids de 270 livres.
L’argent n’eft point auffi duéfile que l’or , mais
il l’eft plus qu’aucun autre métal : on en fait des
fils & des 1 âmes de la plus grande fineffe.
Il eft plus fonore & plus dur que l’or. II fe fond
à un degré de feu un peu moindre que l’or ; mais
il pafoît être à-peu-près auffi fixe, auffi indeftruc-
tifcde. II n’cft pas même encore décidé fi l’or &
l’argent peuver.tfe brûler, comme les autres métaux,
à l’aéfion d’un feü violent & très-long-temps fou-
tenu. ,
L’air ni l’eau enfemble ou feparement, n altèrent
point la couleur & le brillant de l’argent, & n’y
occafionnent aucune rouille. Mais la furface de ce
métal eft fujette à s’obfcurcir, à fe ternir 8c même
à fe noircir par le contaéf ou par l’émanation du
phlogiftique de plufieurs matières inflammables.
Tous les acides peuvent diffoudre l’argent ; mais
c’eft l'acide nitreux bien pur & médiocrement fort
qui diffoud l’argent en maffe avec le plus de facilité.
Cette diffolution fe fait d’elle-même à froid ,
ou tout au plus avec une chaleur très-douce au
commencement.
L’acide nitreux fe charge de l’argent jufqu’au
point de figuration , & en diffout à-peu-près fon
poids égal s’il eft fort.
Si on a employé de l’argent bien pur , la diflb-
lution s’annoncera par des vapeurs rouges, qui
s’élèveront au-deffus de la liqueur, & par de petites
particules d’a ir , qui partiront du fond du
vaifleau où eft le métal : s’il y a un peu d’or mêlé
avec l’argent, il demeurera en poudre au fond
du matras, & on le retirera ; après avoir décanté
la diffolution d’argent.
Lorfque l’argent eft allié d’un peu de cuivre, fa
diffolution perd la couleur verdâtre qu’elle a d’abord
, & devient très-blanche.
On purge l’argent du cuivre qui s’y trouve mêlé, j
en le raifant fondre dans un petit creufet, fur un
feu de charbon animé par le vent d’un foufflet, & i
en aidant la fufion avec parties égales de nitre &
de borax calciné, les deux enfemble faifant le tiers
du poids du métal. Après cela on recommence
la diffolution d’argent comme il a été dit ci-deffus,
& il n’aura plus de couleur.
Il réfulte de la diffolution d’argent par l’acide
nitreux, des criftaux blancs en forme d’écailles,
qu’on nomme crijlaux de lune , & de ces criftaux
fondus à une très-douce chaleur, un fel cauftique
noir qui peut fe mouler, & qu’on nomme pierre
infernale.
On purifie l’argent de l’alliage des autres métaux
deftruftibles, en le traitant avec le nitre ou
avec le plomb. Ce dernier moyen eft le feul ufité
dans les travaux en grand.
Cette purification de l’argent s’appelle affinage
ou coupellation, parce qu’elle fe fait dans un vaif-
feau en forme de coupe, que l’on nomme coupelle.
Quand l’argent eft uni à l’or , il faut employer
l’acide nitreux pour l’en féparer, c’eft ce qu’ on
entend par le terme de départ, ainfi qu’il a été dit
plus amplement dans l’art précédent du monnayage.
Les opérations du départ font fondées fur la propriété
qu’a l’argent d’être diffout par plufieurs menf-
trues qui n’ont aucune a&ion fur l’or.
Le foufre, qui s’unit auffi à l’argent fans toucher
à l’or , fournit encore un moyen de féparer ces
deux métaux ; c’eft ce qu’on nomme départ feç ,
parce qu’il opère la fufion que les chimiftes nomment
la voie fiche.
L’argent eft capable de s’allier avec tous les métaux
, 8c forme avec eux différens compofés, comme
on le verra dans les ouvrages d’ofévrerie.
N. B. Voici quelques autres procédés concernant
l’or & l’argent, extraits en partie d’un recueil
de fecrets choifis & expérimentés à l’ufage des artijles.
Pour l’argent doré.
Prenez une once de verd-de-gris, une once de
falpêtre, une once de vitriol, une demi-once de
fel ammoniac , & une demi-once de borax :
broyez-les bien enfemble, 8c faites-les bouillir
dans un demi-feptier d’urine , jufqu’à ce qu ils
foient réduits à moitié ; enfuite frottez votre ouvrage
avec une broffe trempée dans cette liqueur,
mettez-le fur un feu de charbon clair, & quand
vous le verrez noircir , otez-le du feu & le détrempez
dans l’urine.
Couleur d’or verte.
Prenez deux onces de falpêtre, deux onces de
vitriol, deux onces de verd-de-gris & une once
de fel ammoniac ; broyez-les enfemble & mêlez-
les avec du vinaigre.
Ou prenez quatre onces de verd-de-gris, quatre
onces de fel ammoniac, deux onces de vitriol ,
deux onces d’airain brûlé & une once de falpêtre ;
broyez le tout & le mêlez avec du vinaigre, puis
fervez-vous-en pour colorer votre or.
Couleur d’or a la françoife.
Prenez quatre onces de fel, deux onces d’alun,
deux onces de fel ammoniac , deux onces d’airain
brûlé, une once de falpêtre ; broyez le tout
avec du vinaigre.
Ou prenez quatre onces de fel ammoniac, quatre
onces de verd-de-gris, deux onces de falpêtre ,
une once & demie de rognures de cuivre ; broyez
le tout avec du vinaigre ; ou bien prenez du falpêtre
fondu & du vitriol noir, de chacun une
égale quantité ; faites-les bouillir dans un vaifleau
bien net, jufqu’à ce qu’ils foient réduits à moitié ;
ou bien prenez une once de verd-de-gris, u n e
once de fel ammoniac , une once de craie rouge ,
une once de fel fin; broyez le tout e n f e m b l e , &
faites-le bouillir dans du vinaigre.
Ou prenez une once de falpêtre, une once de
verd-de-gris , une once de vitriol, une once de
fel ammoniac ; broyez chacun de ces ingrédiens
féparément dans un mortier net ; enfuite les ayant
mêlés enfemble, mettez-les dans un vaifleau net
avec de l’eau, & faites-les bouillir pendant près
d’une demi - heure ; ou bien prenez quatre onces
de fel ammoniac., quatre onces de verd-de-gris ,