
M U E M U E
V O C A B U L A 1 R E
j/ V djectifs. Les noms adjeôifs font ou pofitifs ,
comme grands, ou comparatifs comme plus grands,
ou fuperlatifs , comme très - grands , ou exceflifs,
comme trop grands.
Pour exprimer au fourd 8c muet le poCitiY grand 9
on élève la main droite à une certaine hauteur , &
l’on y ajoute le figne d’adjedif. ( Voye^fubftantifs
& adjectifs).
Pour lignifier plus grand, on arrête un moment
la main à'la hauteur du premier figne , on élève
enfuite là main à un degré fupérieur.
Pour indiquer très-grand, on fait fucceflivement.
deux paufes à deux hauteurs différentes , on élève
enfuite la main davantage.
Pour l’exceffif trop grand, on défigne cette quatrième
grandeur avec une'forte d’effort & d’impatience.
A d j e c t i f s s u b s t a n t i f i é s tels que. fâge ,
grand, bon, &c. , d’où dérivent fiigejfe , prudence,
bonté , 6>c. Voici de quelle manière on fait entendre
ces noms à un fourd & muet. Pour exprimer, par
exemple, la grandeur, bnjfait d’abord le figne de
l’article féminin la, enfuite le ligne àz grand, en
y joignant auflitôt le figne de fubftantif; ce qui
annonce que cet adjeârif s’eft fubftantifié,8c qu’il
fe nomme alors grandetcri
A d v e r b e ; ce mot eft ainfi nommé parce qu’il
fe met devant ou après le verbe. Voici comme
on l’indique au fourd & muet : fuppofé l’adverbe
grandement, on élève la main droite à une certaine
hauteur, puis on l’applique fur la main gauche
( c ’eft le ligne de l’adje&if), & ce gefte fignifie
grand; mais aumtôt, pour adverbifier cetadje&if,
on tranfporte la main droite furie côté, parce qu’un
adverbe fe met à côté d’un verbe pour le modifier.
Ce troifième figne, joint aux deux précédons , fignifie
grandement.
A l p h a b e t labial; c’eft l’ alphabet dont les lettres
s’apprennent par les fourds & muets, en obfer-
vant les inouvemens des lèvres des perfonnes qui
parlent.
A l p h a b e t manuel; c’eft l’alphabet qui p a r le
aux yeux en exprimant avec les doigts & les
mains, les différentes lettres employées dans la
compofition des mots d’une langue.
A p o s t r o p h e ; l’apofirophe s’indique au fourd
& muet, en faifant en l’air une apoftrophe avec
l’index droit. Il faut y ajouter le figne xnafculin,
fi l’apoftrophe eft fuivie d’un nom fubftantif mafculin;
ou le figne féminin, fi le fubftantif qui fuit
eft un nom féminin.
A r i t h m é t i q u e des aveugles. Pour faire les
opérations de farithmétique, les aveugles ont une
planche percée de divers rangs de trous carrés,
propres à recevoir des clvffres mobiles & des barres,
afin de féparer les différentes parties d’une opération.
Pour l’ufage de cette pl .nche, les aveugles ont
à leur droite une caffe compofée de quatre rangs
de caffedns , contenant toutes les figures propres
au calcul.
A r t i c l e s des mots. Pour les faire entendre aux
fourds & muets, on leur fait d’abord obferver
les jointures des doigts, des mains, du poignet,
du coude, & c ., 6c on les appelle articles ou jointures*
On écrit enfuite fur une table, que le , la , les,
d e du , des, joignent les mots comme nos articles
joignent nos os.
Le mouvement de Y index droit, qui s’étend &fe
replie plufieurs fois en forme de crochet, devient
le figne raifonnè que l’on donne à tout article.
L’article mafculin le , 's’exprime en portant la
main au chapeau ; 8c l'article féminin la , en portant
la main à l’oreille.
L’article pluriel les, s’annonce par le mouvement
répété des quatre doigts d’une ou des deux
mains , en forme dé crochet.
De, du, delà, des, étant des articles au fécond
cas, il faut ajouter au figne d’article le figne de
fécond, & enfuite le figne de fingulier ou de pluriel
, de mafculin ou de féminin.
Aveugle ; celui qui eft privé du fens de la
vue, foit en naiflant, foit par accident ou par maladie.
C a r a c t è r e s typographiques. Ces caradères à
l’ufage des aveugles, doivent être faits dans le
fens où leur empreinte frappe nos yeux.
C a s , foit dans le fingulier, fo r dans le pluriel ; ce
mot s’exprime de cette manière , pour l’intelligence
du fourd 8c muet. On fait rouler l’un fur
l’autre les deux index en déclinant, c’eft-à-dire ,
en defeendant depuis le premier jufqu’au fixième
doigt.
On défigne - enfuite le fingulier, en élevant le
pouce droit en haut ; 8c le pluriel s’annonce en
remuant plufieurs doigts.
Les deux genres fe différencient en portant la
main au chapeau ou à l’oreille.
C o n j o n c t i o n s ; ainfi nommées, parce qu’elles
fervent à joindre ou des verbes ou des parties de
phrafe,
^ Le
M U E
Le figne générai pour le fourd' & muet, eft la
ïonftion des deux index en forme de crochet.
Chaque conjondion a , indépendamment du
flâne général, un figne particulier. ‘
^Dactylologie ; maniéré de fe faire entendre
aux yeux par les différens fignes des doigts.
Ecriture par un aveugle. L’aveugle fe fert d une
plume de fer , dont le bée n’eit pas fendu ; il écrit
fans encre & en appuyant fur un papier fort.
Il apprea.i à écrire enfuivant, avec une pointe,
des caraftères rangés en forme de lignes, & il
s’inftruit de la figure des lettres , en fuiyaitt celles
qui font creufées dans quelque métal ; enfin il s’ac-
■ coutume à écrire droit, en mettant fur fon papier
un chafiis garni intérieurement de plufieurs cordonnets
parallèles à la diftance d’environ neuf
^Ecriture pour un aveugle. On ne fe fert point
d’encre pour cette écriture, mais on a ; f nie avec
une plume de fer , de façon que le caraélère foit
en relief, (èparè&un peu grós: on ne doit écrire
que fur le reâo ou le verfo d’une page.
ÊTRE : le figne de ce verbe eft facile à faire
entendre aux fourds & muets. En pofant, pour
ainfi dire, les deux mains, on leur montre la fitua-
tion d’une perfonne qui e ft, ou debout, ou afiife,
ou à genoux, &c.
G é o g r a p h i e des aveugles:, les aveugles ont des
cartes géographiques à leur ufage, dans lefquelles
les Utilités font marquées par des fils de fer minces
& arrondis.
Je ; ce mot fe fait entendre & comprendre au
fourd & muet, en mettant l’index de la main gau- ,
che fur le je , & en même temps en fe montrant
foi-même avec l’index de la main droite, & s’en
frappant doucement fur la poitrine à diverfes re-
prifes.
On lui fait entendre tu ou la fécondé perfonne ,
en mettint l’index de la main gauche fur le mot
tu, & en portant à-la-fois l’index de la main droite
fur la poitrine du fourd & muet, & l’en frappant
doucement plufieurs fois, en lui obfervant que je
le regarde, & qu’il doit aufii me regarder.
On lui fait comprendre, en fuivant l’analogie de
procédés femblables , le fens des mots , i l , nous,
vous, ils.
Imprimerie à Vufage des aveugles. Les aveugles
ont i° ., pour imprimer, un chafiis doublé d’un fond
de cuivre percé de plufieurs rangs de petits trous,
par lefquels ils font tortir, à l’aide d’une pointe, les
caradères qui font à changer ;
2°. Dans l’intérieur du chaffis il y a deux, réglettes
en fer mobiles, Tune fur le côté, l’autre au
bas de la page, & fervant à la juftifier;
3°. Ce chafiis eft élevé horizontalement en longueur
fur quatre pieds, dont les deux qui portent le
commencement de la page, font plus bas de moitié
que les deux fur lefquels la fin eft appuyée ;
4°. L’arrangement des mots doit le faire de gauche
à-droite ;
Ans 6* Métiers. Tóme V. Partie. L
M U E 3 2 9
50. On ne fait point de retiration , mais on colle
dos-à-dos , par les extrémités , les quatre pages
d’une feuille en fortant de la preffe ;
6°. L’impofition des chafiis fe fait dans un ordre
différent de celui des clair-voyans.
L i v r e à Tufage des aveugles. Il doit être com
poféd’un papier fort -, avec des lettres dont le relief
puiffe être diftingué par le tad au défaut de
la vue.
M É T IE R S propres j aux aveugles. I l y e n a p lu f
ie u r s ; l a filature, qui fe f a i t à l ’ a id e d ’u n e m a c
h in e f o r t in g é n ie u f o : u n d e s a v e u g l e s t o u r n e u n e
r o u e p r i n c i p a l e , q u i d o n n e à p lu f i e u r s r o u e t s u n
m o u v e m e n t q u e c h a q u e a v e u g l e f i le u r p e u t a r r ê t
e r , a c c é l é r e r , o u r a l e n t i r à fo n g r é , fa n s t r o u b le r
l e t r a v a i l d e s a u t r e s .
Les aveugles peuvent retordre de la ficelle, trimer
de la fangle : ils font, habiles au filet, au tricot
, à la reliure des Livres , 8cc. ,
M u e t ; c ’ e f t u n e p e r fo n n e q u i n e p e u t p o in t
p r o n o n c e r d e s fo n s , f o i t p a r l e d e fa u t d e 1 o r g a n e
d e l a p a r o l e , f o i t p a r c e q u ’ é t a n t p r i v é e d e l ’o r g
a n e d e l ’ o u i e , e l l e n ’ a p u e n t e n d r e , n i p a r c o n -
f é q u e n t im i t e r & r é p é t e r l e s a r t i c u l a t io n s d u l a n g
a g e .
M u s i q u e à Vufage des aveugles. Les aveugles
peuvent avoir des caradères de mufique propres
à en repréfenter fur le papier tous les traits pof-
fihles par des reliefs dans le genre de ceux de l’écriture.
N é c e s s i t é . Pour exprimer ce mot à un fourd
& muet, on frappe plufieurs fois & fortement,
avec le bout de Y index droit fur une table^
N o m b r e s cardinaux & ordinaux. Ces nombres
ont chacun les figues qui leur font propres. Pour
indiquer trois, • au fourd 8c muet, on tient trois
doigts élevés perpendiculairement ; & pour dire
troifième, on les tient couchés, & on les fait avancer
vers foi horizontalement en droite ligne & en
ordre. - - : la *. .-
En élevant perpendiculairement depuis un juf-
qu’à neuf, autant de doigts qu on veut exprimer
de dixaines, & y ajoutant le figne \èro , qui eft le
même que celui d’un b , cela fait 10, 20 , 30, 8cc :
cent s’exprime par un ,C L mil par, une ikf. ■
On rend les nombres très-lenfibles aux fourds
& muets , en leur faifant compter fur une longue
ficelle des grains de chapelet par dixaine , centaine
8c millier.
P l u m e à l’ufage des aveugles ; c’eft une plume
de fer, dont le bec n’eft pas tendu , pour graver les
lettres fur un papier fort.
P o s s i b i l i t é . P o u r e x p r im e r c e m o t a u n f o u r d
& m u e t , o n r e g a r d e à l a d r o i t e u n oui, 8c à fa
g a u c h e u n non, p a r o i f l a n t in c e r t a in l e q u e l d e s d e u x
a r r iv e r a . >
P r é p o s i t i o n s , ainfi appelées , parce qu elles
fe pofent devant les mots qu’elles régiffent. Le figne
général qui leur convient à toutes, fe fait en cour-
I tant les doigts de la main gauche , 8c faifant