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vient prendre les vers à la main : il ne faut point
cependant donner trop de vers aux roflignols ,
car cela les fait maigrir.
Pour les tenir propres dans leur cage, on peut
mettre fur la planche d’en bas de la moufle bien
fè-he.'
Il eft aflez furprenant que le roflignol qui, depuis
le mois de mai, chante d’une manière fl mélodieufe
jufqu’au 20 de juin, fe condamne alors à un filence
obitiné, jufqu’à ce que le printemps fuivant vienne
l ’exciter à recommencer fa mélodie. Les amateurs
du chant de cet oifeau, fâchés de ne plus l’entendre
> ont cherché plufieurs moyens pour l’engager
à chanter, & ils y font parvenus.
On a imaginé pour cela de le tromper, en l’enfermant
pendant plufieurs mois dans un lieu obfcur,
& en lui préfentant enfuite un faux printemps au
milieu de F hiver.
Pour fe procurer le plaiflr d’entendre chanter
toute l’année des roflignols, il faut prendre au
mois de décembre un vieux mâle, que l’on êiï-
ferme dans une cage conllruite de manière qu’on
puitTe la rendre de jour en jour plus obfcure, en
fermant par degrés les volets, jufqu’au point de n’y
pas laifler pénétrer le moindre rayon de lumière.
On tient l’oifeau dans cette obfcurité profonde
pendant les mois de décembre, ‘janvier , février,
mars, avril, mai ; & à la fin de ce mois, on lui
donne peu-à-peu du jour.
Le roflignol, étant à l’air, commence à chanter
en juin, dans le tems où les autres-céflent leur
clian.t.
On , doit dans ce même mois de juin , en enfermer
un autre dans la. même obfcurité par degrés ,
& l’y la hier- jufqu’au mois de, novembre : alors
en lui rendant la lumière dans un lieu tempéré ,
le printemps renaît pour lu i, & il fe met à chan
ter.
Ainfi an peut, avec deux roffignols, fe procurer
pendant toute •l’année le chant de ce charmant
oifeau. On .doit avoir loin de placer les cages- ou
font ces deux roflignols, aflez éloignées pour que
celui qui eff renfermé dans les ténèbres,' n’entende
pas. chanter l’autre.
Quelques perfonnes, pour tirer un chant presque
continuel des roffignols, les aveuglent. Ils mettent
d’abord le roflignol dans une cage , où ils
l’habituent par degrés à la plus profonde obfcurité
, en forte qu’il parvient facilement, au milieu
de cette obfcurité, à trouver les petits pots où l’on
a mis fon boire & ion manger.
Enfuite on prend' un tuyau de pipe que l’on a
fait chauffer, & .on l’approche de l’oeil du roflignol
jufqu’au point que l’oifeau foit obligé de
fermer les yeux ; il en découle quelques, larmes :
auffitôt on approche le bout de pipe un peu plus
près. Ces larmes font une efpèc.e de vifeofité que
la chaleur de la pipe déffèche tout de fuitè;, &
elles deviennent une. efpèce de colle qui tient les
y eux de i’oifeau fermés.
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Cette opération étant faite délicatement, n’altère
point l’organe de là vue de l’oifeau ; elle lui ferme
Amplement les paupières, & on peut lui rendre
la vue" en les ouvrant légèrement avec la pointe
du canif.
Toutes les autres efpèces d’oifeaux chanteurs
fur lefquels on exécute cette ôpération, é.ant
ainfi concentrés en eux-mêmes , chantent beaucoup
plus.
O n p e u t , a v e c des fo in s , pa rv en ir à fa ire couver
des roflign o ls , & fe pro cure r le p la iflr de voir
leu r p e tit m én a g e . V e r s la fin du p r in tem p s , dans
le temps de la d ernière p o n te des roflignols , on
o b fe rv e Un endro it où il y ait un nid de ro f lig n o l,
& on tend à c ô té d eu x filéts araoreé-s a v e c des
v e r s de fa rine ; par ce m o y e n on prend aifémem
le pè re & la mère : on les met dans une cage
o b fcu re a v e c leu r nid ; on leur- d on n e des petits
pots o ù il y ait d es v e r s de fa rine : o n leu r donne
aufli un e pâ te com p o fé e de mie de p a in , de che-
n e v i b r o y é , & de coe u r de mo u ton ha ché ; l’amour
de ces o ife au x p o u r leurs petits leu r fa it oublier
le u r c a p t iv i t é , ils le s - n o u r r i f ie n t le s é lè v e n t , &
leu r apprennen t à chanter.
L o r fq u ’ils o n t é le v é leu r fam ille , on les fépare
au printemps fu iv an t ; ils fo n t plus ap p r iv o ifé s : on
les me t dans u n e g rand e ca g e , & o n leu r jette
de la mou fle , de la b o u r r e , des feu ille s de chêne
fé che s pour con ftru ire leu r nid. ©n peut même
leu r donner la lib erté d ans le temps o ù ils ont de
la famille ; le mâle fortira dans le jardin , ira cherch
e r des v e rm ifle au v , des in f e â e s , & v ien d ra les
ap po rter à la c a g e . L e u r attachement e ff fi grand
p o u r leurs petits -, qu ’il n’e ft po int à craindre que
pendant to u t - c e temps ils les a b an d o n n en t,
qu ’ils che rch en t à r e c o u v r e r leu r liberté. L e mâle
reftera pendant la nuit dans le jardin ; mais dès
le matin , il re v ie n d ra ap po rter les v ermifleaux ,
•& les . autres infeétes qu ’ il aura attrapés. -
S i l ’on a d é c o u v e r t un nid de jeunes ro f lign o ls ,
& qu ’o n n’ait po int b p è re & la m è r e , o n peut
les é le v e r com me les autres o ife a u x .à ja b ro ch e tte,
en ne leu r .d on n an t à manger que toute s les heu re s ,
& quatre be cqu ée s feu lemen t à chaqu e fo is . Si on
a un v ie u x ro flign o l p r i v é , on peu t lui confier ce
fo in : pour c e t effet il fau t laifle r cr ie r un peu
les pe tits a v an t de leu r d onn er à manger , & les
me ttre à l’entrée de la cag e du r o f lig n o l , qu’on
laiflera o u v e r te jo u r & nuit : le cri l’a ttir e ra , il
prendra , de la pâ tée dans fo n b e c , & dès qu’il
leu r en aura d onn é une f o i s , il fis cha rge ra de les
nourrir & de leu r apprendre à chanter.
Il e ft.b o n d.’o b fe rv e r qu e de jeu n e s roflignols
q u ’on auroit é le v é s ainfi foi-même à la brocliette ,
& qu ’on n’au ro it p o in t menés à la camp agne pour
entend re chanter d’autres r o f fig n o ls , ne feroient
q u e de très -m auv a is chanteurs.
Lorfqu’on veut apprendre à de jeunes roflignols
à fiffler des airs , il faut, dès qu’ils commencent à
chanter feuls, le s . féparer des autres, les mettre
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dans une .cage, que l’on couvre d’une ferge verte ,
& le matin, l’après-dînée & le foir, leur fiffler
huit ou dix fois de fuite l’air qu’on veut leur
apprendre. Mais ils ne chanteront qu'après la mue,
& au printemps fuivant.
lien eft de même des bouvreuils, qui apprennent
très-bien à fiffler, tant les femelles qlie les
males.
Un desoifeaux qui apprennent le mieux les airs
qu’on leur fiffle , c’eft l’alouette huppée, dite coche-
vis ; elle les répète tiès-bienau bout d’un mois.
On dit qu’on a vu des roflignols qui avoient
appris à parler ; le .fait eff aflez croyable , puif-
qu’on .voit des pies communes , des pie-gri;èches ,
des étourneaux qui parlent. O11 voit aufli des
grives, des ferins, des linottes,. des moineaux ,
des bruans, des gorge-rouges , qui répètent des
mots.
Les roffignols font un des plus grands agrémens
des jardins qu’ils habitent ; ils charment, par la
mélodie de leur chant,-les foirées du printemps ;
ainfi il n’y a petfonne qui ne doive être difpofé à
apprendre avec plaiflr le fecret d’établir des roflignols
dans les jardins où il n’y en a pas.
Il faut, au mois de mai, découvrir un nid de
roflignols de la première couvée ; s’il n’y a que
des oeufs, il faut attendre qu’ils foient éclos , &
que les petits ayent huit jours'! alors on tend des
filets, &Ton prend facilement dans le même jour
le père & la mère, avec les précautions dont nous
avons parlé plus haut, &ori les met chacun- féparé-
ment dans une cage obfcure ; on enlève enfuite le
nid fans toucher aux petits : s’il eft placé fur un petit
arbrifleau , on le coupe , & on l’emporte chargé du
nid, en ayant foin de couvrir les petits avec un
peu de coton, afin quMs n’ayent point froid.
On tranfporte & on place l’abrifteiu à peu-
près à la même hauteur , & orienté de la même
manière qu’il l ’étoit dans le lieu d’où on l’a
enlevé.
On place enfuite aflez près du nid , mais de
deux côtés op.pofés, les deux cages où font le
mâle & la femelle ; on attend l’inftant où les petits
oifeaux du nid , prefles par la faim, jettent les
hauts cris & demandent la becquée.; auffitôt on
ouvre, par le moyen d’une ficelle qui,répond à
l’endroit où on s’eff caché, la porte de la femelle :
elle fort, elle entend les cris de fes petits , &
s’arrête à confidérer le lieu : on donne de même
la liberté au mâle. L’un & l’autre , infpirés par le
mouvement de la nature , vont à leurs petits , &
bientôt ils leur apportent la becquée.
La petite progéniture s’élève, s’habitue au lieu
ou elle a pris naiff'.nce ; & fi le jardin eft fpa-
cieux , ils s’y établirent, & peuplent les bofqutts.
Ces oifeaux ainfi élevés, viennent tous les printemps
habiter le même endroit, & y faire.entendre
la heainé de leur chant.
Loi fqu’on a pris un roflignol au filet, il eft
tmppffîble de connoître au Ample coup-d’oe il ,
OIS a 8 r
fi l’on a pris un mâle ou une femelle. Le chant
les fera connoître aifément ; mais il faut attendre
quelque temps.
L’auteur du traité du ro£lgnol, dit-avoir fait une
remarque, au moyen-de laquelle on peut éviter
ce délai. U faut, dit-il, examiner l’anus de l’animal
; s’il forme un tubercule ou une éminence
de deux lignes au moins au deffùs du niveau dé
la peau, on peut être fur que c’eft un mâle ; fi
au contraire l’anus ne forme point de tubercule,
c’eft certainement une femelle.
Lorfqu’on a des roflignols privés qui charment
par leur chant, on s’intérefle aux maladies qui
peuvent leur furvenir ; on s’emprefîe d’y apporter
remède, d’autant plus volontiers qu’elles font le
plus fouvent la fuite de ce qu’on leur a ravi leur
liberté, pour fe procurer l’agrément de les pof-
féder.
Ces oifeaux font quelquefois attaqués de la
goutte : elle vient ordinairement de ce qu’on leur
donne trop à manger, ou de ce qu’on les laifle
dans la cage fans moufle & fans fable fin : ils
font fujets aufli à cette maladie , lorfqu’ils ont
été expofés à quelque vent coulis.
Quelquefois il fe forme fur leur croupion des
abcès où il s’engendre du pus , qui, par fon fèjour,
les fait languir. Cette maladie eft occ tfionriée aflez
fouvent parce qu’on a négligé , au mois de mars ,
, de leur donner quelques araignées; à manger ,
nourriture qui leur tient lieu de purgatif. Le feul
remède à ces abcès eft de les ouvrir, de faire,
écouler le pus, & de donner aux roflignols des
; cloportes , des araignées, & quelques vers de
farine.
Le roflignol, ainfi que quelques autres petits
. oifeaux, tels que le chardonneret, &c. font fujets.
au mal caduc ; ils tombent étendus dans leur cage ,
les pattes en l’air, les yeux renverfés ; fi on ne
leur apporte un prompt fecours ils périflent. Le
remède le plus fûr eft de prendre l’oifeau, de
lui couper les ergots de derrière, jufqu’au point
d’en voir couler un peu de fang , enfuite de lui
laver les pattes dans du vin blanc. Ordinairement
cette petite, faignée calme l’accès ; on lui fait
'■ avaler enfuite quelques gouttes de vin blanc : il
, reprend peu-à-peu de nouvelles forces, & peu
d’heures après on le voit en aufli bonne fanté
J qu’auparavanr.
D’après les obfervations que l’on a faites fur
les efpèces d’alimens dont fe nourrit le roflignol
lôrfqu’il jouit de fa liberté dans les bois , on a
reconnu qu’il eft carnaffier; il ne fe nourrit à la
campagne que d’oeufs, de nymphes, de fourmis ,
d’araignées , de cloportes, de mouches?, & de différentes
efpèces de vers ; on a donc compofé une
pâte qui eft pour eux une excellente nourriture ,
& dans laquelle on fait entrer de la viande.
On prend deux livres de rouelle de boeuf, on
la nettoie bien exactement de tes peaux, graifiés
& filets ; on la hache bien menu., & on la réduit