
le côté , par où prefgue tout le métal avoit
coulé*
L’expérience fut. répétée quatre ou cinq fois ;
mais on ne put jamais obtenir une union parfaite
de la platine & du fer : le creufet fe trouva
toujours rongé & vitrifié.par le gypfe , avant
que le fer ait coulé affez liquide pour diffoudre
la platine.
On remarqua que le fer ainfi fondu étoit fort
malléable, quoique quelques-uns'ont penfé que
le fer forgé, mis en fufion, eft de la même nature
que le fer coulé ordinaire.
a0. Du fer coulé & de la platine , dans la
quantité de trois onces de chaque, étant ex-
■ polés fans aucune addition à un feu violent ,
s’incorporèrent en un fluide épais * qui , en y
ajoutant une once de fer de plus, coula affez
clair.
Le creufet de plomb noir étoit devenu trop
moi par la grande chaleur pour permettre d’être
foulevé avec des tenailles , on y iaiffa refroidir
le mèral.
En le caffant , on trouva le métal réduit en
un culot d’une furface , non pas convexe , mais ,
au contraire fort concave. Son poids étoit d’en-
virotf~un feizième moindre que celui de la platine
& du fer qu’on y avoit employés.
Il fe trouva fi exceflivement dur , que la lime
ne pût pas y mordre, & cependant fi liant ,
qu’il ne pût être brifé par les coups répétés d’un
fort marteau d’enclume, dont il reçut quelque im-
. preflion.
Chauffé jufqu’à rougeur, il fe caffa aifément,
& pa ut en dedans d’un tiffu uniforme , non
compofé de plaques luifantes , comme l’étoit
d’abord le fe r , mais de grains d’une couleur
fort obfcure, qui n’avoient point d’éclat métallique.
3®. Une once de platine ayant été jetée fur
quatre onces de fer coulé, qui commençoit à fondre
, & le feu étant entretenu très-violent, le
tout entra promptement en fufion.
Le compofé , de même que le précédent ,
étoit exceffivement dur , & parut s’étendre
un peu fous le marteau d’enclume fans fe caffer.
Son tiffu étoit grenu comme auparavant ,
mais la couleur en étoit moins obfcure.
4°. Une partie de platine & douze de fer , fé
fondirent fans difficulté, & avec peu ou point du
tout de perte.
Ce mélange fut aufli beaucoup plus dur que
le fe r ne Tétoit d’abord, & reçut quelque impref-
iion du marteau.
De même que les précédent, on ne put pas
le caffer à froid fans une violence extrême1, mais
il fe trouva très-fragile quand il fut chauffé jufqu’à
rougeur.
5°. Toutes les co'mpofitions précédentes reçurent
un bon. poli.
La première , après avoir été gardée dix ans,
n’avoit point fouffert de changement fenfible ;
la feconùe avoit quelques petites taches de fdif-
fure , & la troifiéme étoit un peu plus ternie ,
mais pas tant qu’un morceau du fer même.
6°. Environ une once d’ une compofirion d’une
partie de platine & quatre de fer fut environnée
du mélange à faire l’acier , de M. de Rèaum ir,
compofé de huit, parties de fuie de bois , quatre
parties de cendres de bois, quatre de pouffière
de charbon de bois , 8c trois de fel commun.
Le tout étant ainfi placé dans un creufet , le
creufet fut couvert, exaéfcement lutté , & tenu
à une forte chaleur rouge pendant douze heures.
Le métal y gagna une augmentation d’environ
une trente-neuvième partie de fon poids , céda
à la lime plus facilement qu’auparavant, parut
ne point recevoir d’augmentation de dureté ,
quoique mis en feu & éteint dans l’eau , & ne
parut avoir acquis aucune des qualités par où on
diftingue l’acier d’avec le fer.
7°. Un morceau caffé du même lingot, pefant
aux environs de tïois quarts d’once , fut traité
de la même manière avec la poudre , pour attendrir
le fer coulé, c’eft-à-dire, de la cendre d’os
avec un petit mélange de pouffière de - charbon.
Le métal fe trouva augmenté d’environ une
trente-quatrième partie de fon poids. Il fut moins
dur à la lime qu’auparavant, mais plus dure
que la partie qui avoit été cimentée avec le
mélange à faire l’acier.
Il eft à-propos d’obferver que le fer coulé
n’eft pas du tout un corps métallique pur ou
fimple , comme ceux dont on a examiné, dans
les articles précédens, les rapports avec la platine.
Il femble en général contenir un foufre minéral
, auquel, peut être, eft dû principalement fa
fragilité , & que fon en fépare par le procédé
qui rend le fer malléable.
Comme la platine paroit incapable de contracter
aucune union avec le foufre pur, j’ai foup-
çonné que tandis que la platine & le fer coulé
s’uniffent enfemble , un peu de la matière fui*
phureufe eft jetée dehors & confumée, & que
lé degré de liant qu’on remarque dans fes com-
' pofés , peut provenir en partie de cette caufe ;
mais les expériences n’ont pas encore été portées
affez loin pour nous mettre en état d’entrer
dans des recherches de cette nature , d’une
manière.,qui foit fatisfaifante.
Si cependant le fer coulé étoit auffi efficacement
purifié par la platine , qu’il l’eft même à
la rafinerie, dans les grandes forges , la qualité
liante des mélanges ne laifferoit pas d’être toujours
fort remarquable, en confidérant combien la platine
, quand elle eft employée en grande proportion,
eft fujette à diminuer cette qualité dans
tous les autres métaux : peut-être que pour certains
ufages la platine pouvoit fe trouver une
addition avantageufe à ce métal le plus utile de
tous , métal auquel les ouvriers ne peuvent,
communiquer la dureté dont on a fouvent befoin ,
fans le rendre en même temps caffant & intraitable.
La platine avec les verres métalliques.
M. Marggraf, après s’être bien convaincu que
la platine réfifte parfaitement aux flux ordinaires
non métalliques de l’efpèce vitreufe & faline ,
a paffé à l’effai fi le verre de plomb, plus aéHf,
pourront lui fervir de flux.
Un verre de [flomb , préparé avec quatre parties
de minium le plus fin , & une partie de caillou
pur, fut réduit en poudre 8c paffé par un tamis
fin, pour en féparer tous les grains métalliques
qui pouvoient y refter.
Il mêla huit onces de cette poudre avec une
once & demie ou fept cent vingt grains de platine
; & il pouffa le mélange à un feu violent,
pendant deux heures, dans un creufet bien lutté.
Il en obtint un régule caffant blanc ou gri—
fâtre , couvert d’une feorie jaunâtre.
Le régule fut refondu de nouveau avec un
peu plus du même verre de plomb, & tenu
encore deux heures en fufion ; il eut la même
apparence qu’auparavant , jeta une pareille feo-
i rie jaunâtre , 8c fe trouva pefer fix cent fix
! grains , ou environ ®ne fixième partie moins que
la platine qu’il avoit employée. Tenu en fufion
deux heures dans • ua creufet fermé , il perdit
fix grains , ou environ une centième par-
| tie.
Alors on le battit par morceaux dans un mortier
de fe r , 8c on le mêla avec une once de
[ verre vert ordinaire, réduit en poudre fine ; le
mélange ayant été tenu en fufion pendant trois
I heures dans un creufet fermé , la feorie fe trouva
[ trouble , tirant fur l.e -verdâtre., 8c en quelques
endroits fur le bleu , le métal avoit perdu trente
[ grains , ou environ un vingtième; il fe lima fort
bien , parojjffoît fort blanc dans les impreffions
[delà lime, étoit affez liant, & ne fe caffeitpas
I facilement fouis le marteau.
Il fut encore expofé à un feu violent pendant
I fieux ‘heures,• dans un cretifet fermé, avec une Arts & Métiers, Tome V. Part. Il,
demi-once de borax calciné : le borax coula à
travers le creufet, mais le métal ne fe fondit pas
parfaitement, & ne fit que fe recuire en une
maffe d’une furface rude, & inégale, poreufe ,
facile à fe caffer, parfemée de couleur grife 8c
blanche dans la caffure , pefant 540 grains ; de
forte qu’il avoit perdu encore plus d’un vingtième
de fon poids. 11 fur traité encore avec une
demi-once de borax calciné , la même quantité
de cailloux blancs pulvérifés , 8c une once de
fel de tartre.
Le mélange ayant été pouffé deux heures à
un feu violent, dans un creufet fermé, les feo-
rie.5 furent d’une couleur de topaze tirant un peu
fur celle de la chryfolithe : le métal fe trouva
d’une belle couleur blanche , fpongieufe, d’une
furface inégale , 8c pefant 450 grains, de forte
qu’il avoit perdu dans cette fufion une fixième
partie , 8c pefoit maintenant trois huitièmes de
moins que-la platine employée d’abord.
On peut préfumer que le métal obtenu dans
cette expérience, n’étoit autre chofe qu’un mélange
de partie de la platine avec un peu de plomb
revivifié du verre. Quoique l’auteur ait pris foin,
en couvrant & luttant le creufet , d’ênapêcher
qu’il n’y tombât quelque matière inflammable
qui pût faire revivre le plomb , il fe peut bien faire
qu’une telle matière y ait été introduite en pilant
le verre ou en le tamifant ; & indépendamment
de tout accident de cette efpèce, il y avoit
peut-être, dans la platine elle même , une puif-
fance fuffifante pour produire cet effet.
La platine commune, telle que Marggraf l’a
employée , contient visiblement du fer ; & en
remuant Amplement le verre de plomb en fufion
avec une baguette de fer, il n’en faut pas davantage
pour revivifier une partie de plomb. J’ai
mêlé quelques-uns des grains plus purs de platine
, tant avec du verre de plomb qu’avec du
verre d’antimoine , 8c j’ai expofé les deux mélanges
à un feu auffi fort que j’ai pu l’exciter.
La -platine n’a point montré de difpofition à
fe fondre., 8c les grains ont gardé leur apparence
ordinaire. Vogel femble donc avoir mal entendu
les expériences de Marggraf, quand il en conclut
que' la platine donne un régule blanc avec le
verre de plomb.
M. Marggraf donne auffi une autre expérience
de la fufion de la platine avec un verre de
plomb arfeniqué. Il a préparé un verre, en fondant
enfemble huit onces de minium , deux de
cailloux , & une d’arfenic blanc.
Six onces de ce verre réduites en poudre
ont été mêlées avec une once de platine, 8c le
mélange fondu dans un creufet, fermé pendant
deux heures.
On obtint un régule îuifant, grifâtre à la frac»
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