
2 3 0 M O N
T r é b u c h a n t ; une pièce de monnoie a le
trébuchant, lorfqu’elle a le poids ordonné.
T r e f f l e r ; c’eft doubler les traits des e ffig ie^
des monnoies, par un mauvais ajuftage fur les
poinçons.
T r e s s a u t , ( faire un) ; quand les effayeurs général
& particulier ne fe rapportent pas en fai-
fant les effais d’une même etpèce, & qu’il y a
quelques trente-deuxièmes ou grains de fin de
différence entre eux , cela s’appelle faire un
trcjjaut.
T r o u s s e a u , terme d'ancien monnayage ; il figni-
fioit, lorfqu’on monnoyoit au marteau, le coin
où étoit l’empreinte de l’effigie, laquelle fut longtemps
précédée par une croix.
Le trouffeau étoit long d’environ fept à huit
pouces. Après avoir pofé le flan fur la pile avec
la main gauche, on pofoit le trouffeau fur le flan
à plomb des empreintes, & le tenant perpendiculairement
de la main droite, on donnoit plu-
fieurs coups fur ce trouffeau, avec une efpèce
de marteau ou maillet de fer ; en conféquence
le flan fe trouvoit renvoyé des deux côtés : mais
fi quelqu’endroit étoit mal empreint, on réiteroit
les coups de marteau, jufqu’à ce que le flan fût
monnoyé autant bien que cette mauvaife manutention
pouvoit le permettre.
T y p e s des médailles ; c e f o n t l e s fu j e t s q u e la
MON
g r a v u r e p r é f e n t e a u x y e u x , c om m e u n e d iv i n
i t é , u n h o m m e , u n e f e m m e , u n e b a t a i l l e , u ne
v i l l e , & c .
. V a l e u r réelle o u intrinféque d e l a m o n n o ie •
c ’ e f t l a q u a n t i t é d e m é t a l d ’ o r e u d ’ a r g e n t q u ’ e lle
c o n t i e n t , f u i v a n t le p r i x g é n é r a l d e c e s m é ta u x
fa n s a v o i r é g a r d à l e u r a l l ia g e .
V a l e u r numéraire; c 'e f t l e p r i x q u e l e fo u v e -
r a in d o n n e d a n s f e s é t a t s à c e t t e p i è c e d e m o n n
o ie , & q u i e f t t o u j o u r s u n p e u a u - d e f f u s de
f a v a l e u r r é e l l e .
V é g é t a t i o n de bouton ; c ’ e f t lo r fq u e l e b o u t
o n d e m é t a l , d a n s l ’ e f l a i d ’ o r o u d ’a r g e n t
n ’ a y a n t p a s e u u n e c h a le u r a f le z v i v e , o u a llez
f o u t e n u e , f e f i g e & f o rm e , e n f e c r e v a n t , u n e efp
è c e d e v é g é t a t io n à l’e x t é r i e u r .
^ V e n t o u s e ; c ’ e f t l ’ o u v e r t u r e p a r l a q u e l l e l ’ air
s’in t r o d u i t d a n s u n fo u r n e a u .
V i e i l l e ; m o n n o ie d 'a r g e n t d e N a v a r r e , m a r q
u é e d ’ u n c ô t é d e d e u x b oe u f s a v e c u n m a in te n
a n t u n d a m a s , & d e l ’ a u t r e u n e c r o i x , a v e c
a u f l i d e u x b oe u f s & d e u x p a r e i ls d am a s p la c é s
a u m i li e u d e l a c r o i x : o n p e n f e q u e c e t t e m o n n
o ie a é t é f r a p p é e à P a u e n B é a r n , à c a u f e de
l a f i g u r e d u b oe u f q u e p o r t e n t le s e f p è c e s d ’a r g
e n t q u i s’y f r a p p e n t e n c o r e a u jo u r d ’h u i .
V o l u m e de la monnoie ; c ’ e f t l a g r a n d e u r &
l ’ é p a i f f e u r d e c h a q u e p i è c e .
23X
M O R D A N
L e mordant eft une compofition collante , &
capable de fe fécher, avec laquelle on attache
une fubftance à une autre.
L’art des mordants eft très-ancien, & il en eft
fait mention dans un paffage de Pline le natu-
ralifte, liv. XXXV , chap. XI.
Comme les métaux ne peuvent bien adhérer
par le Ample contaék qu’à d’autres corps métalliques,
lorfqu’on veut appliquer , par exemple,
for en feuilles ou en {foudre fur quelques corps
non-métalliques, on eu obligé d’enduire d'abord
la furface de ces corps avec quelque fubftance
tenace & collante qui le happe & le retient. Ces
fubftances s’appellent en général mordants.
Il y a des mordants compofés avec des colles
végétales & animales ; & d’autres avec des matières
huileufes , collantes , & capables de fe
fécher.
Mordant pour dorer 6* vernir.
Les mordants que l’on emploie ordinairement, 1
féchent avec peine : l’or s’y noie, fi on s’en
fert trop tôt ; il ne tient pas, pour peu que le
mordant foit un peu trop fec. Alors on eft obligé
d’y ajouter une nouvelle couche, & d’attendre
24 ou 36 heures, félon la faifon , la température
de l’air, le lieu où on travaille, afin de fai-
fir au jufte le moment où L’on doit appliquer fon
or en feuilles.
Le mordant dont on va donner la recette , n’a
pas ces inconvéniens : un quart d’heure fuffit
pour ie defîecher au point où il eft néceflaire.
On prend une livre d’huile de lin, fix onces
de litharge d’argent, une once de térébenthine,
une once de poix-réfine , une once de terre
d’ombre, une once de gomme, un oignon &
une croûte de pain bis. Mettez le tout dans un
pot de terre verniffé , & faites-le bouillir pendant
trois ou quatre heures, jufqu’à ce qu’il foit
aflez cuit.
On connoît que la compofition eft aflez cuire,
lorfqu’en en prenant avec une cuiller & la laif-
fant couler, on voit qu’elle file.
Lorfqu’on a ôté le pot de deflùs le feu & que
la matière eft prefque refroidie, on retire l’oignon
& la croûte de pain b is , & on jy a oute un
quarteron d’huile effentielle de térébenthine : on
pafle le tout dans un linge , & on le c- ntcrve
dans une bouteille , pour s’en fervir au befoin..
, horfqa’on veut dorer fur bois, on commence
a mettre fur le bois une ou deux couches de
'«ernis.. On mêle enfuite un peu de vermillon
T S* ( Art des )
dans le mordant, que l’on détrempe- avec un
peu d’huile effentielle de térébenthine, pour le
rendre plus coulant. Alors on en met .une couche
fur le bois. Au bout d’un quart d’heure, le mordant
eft en état de pouvoir happer les feuilles
d’or que l’on applique deffus avec un peu de
coton pour les faire tenir.
Le même mordant peut fervir pour faire tenir
la dorure fur le fer ; mais alors il n’eft point néceflaire
d’étendre auparavant une couche de
vernis.
Il y a encore des mordans très-Amples pour attacher
l’or ou l’argent en feuilles fur des corps.
Du miel, de la bière & de la gomme arabique
bouillis enfemble, forment un mordant.
Le fuc d’ail , d’oignon , de jacinthe , & la
gomme arabique môme toute feule, produifent le
même effet.
On applique ces liqueurs avec un pinceau fur
le corps fur lequel on veut mettre les feuilles-
d’or ou d’argent, enfuite on les y colle en les-
appuyant avec un petit tampon de coton que l’on
tient à la main ; Lorfque la feuille eft bien attachée,
on frotte toute la furface avec ce coton,
afin d’enlever toutes les portions d’or qui ne fe
funt point fixées.
Voici un autre procédé, qui réfifte même à
l’humidité. Ce mordant confifte à faire bien
bouillir enfemble au bain-marie une chopine d’ef-
prit-de-vin, une once & demie de gomme-lacque,
une demi-once de maftic en lames, une demi-
once de fang de dragon, un gros de faffràn en
poudre, un gros de rocou & deux pincées de
terra-merita. Il faudra avoir foin de mettre du
foin au fond du vafe dans lequel on voudra faire
bouillir, de peur que les matières pefantes venant
à fe précipiter au fond , ne foient brûlées.
Mordant“ en peinture.
On appelle mordant eri peinture une compofition
qui fert à rehauffer les ouvrages en détrempe.
Ce mordant fe fait avec une livre de térébenthine
èpaiffe, une livre de poix-réfinetrois quarterons
de cire jaune, une demi-livre de fuif, un
demi fetier d’huile de lin , qu’on fait bouillir : on
applique de l’or ou du cuivre fur le mordant dès
qu’il eft pofé fur l’ouvrage qu’on s’eft propofé de
faire : on doit l’employer bien chaud.
Suivant M. Watin, dans fon traité de l’art du
peintre,
Pour rehauffer d’or en détrempeil faut préparer