
68o P A R
de fervir ; & fi la fineffe à laquelle elles fe trou- 1
verctient réduites , ne lesrendoit pas entièrement
déffcélueufes , le temps qu’on emploieroit à les
limer & polir, me feroit pas compenfé par leur
valeur intrinfèque.
Quanta celles qui ne font que légèrement attaquées
de la rouille , voici la manière d’ôter cette
rouille : on enduit ces dents d’huile d’olive ; enfuite
ori les met dans une boite, dans de la farine, &
on les expofe deux jours de fuite à l'ardeur du
foleil, ou à un grand feu pendant l’hiver ; &
quand on voit que la farine qui s’ètoit attachée
autour de chaque dent, eft un peu tachee par la
rouille , on les retire ; & en les effuyant, on a
la fatisfaftion de voir difparoître prefque toute
cette rouille. Si cette opération ne rêuflit pas
dès la première fois , on la répète une fécondé,
& on peut être alluré d’une parfaite réuffite.
Si quelqu’une réfifle à ces opérations ,. il faut
voir fi c’eft que la rouille eft trop enracines ,
ou fi le frottement de la pierre ponce en poudre ,
comme nous l’avons vu plus haut, ne la feroit
pas entièrement difparo tre : mais quoique dans
Tous les arts on poliffe l’acier & le cuivre avec
la ponce & l’huile., les peigners ont 1 habitude
de l’employer à fec; ils prétendent que la ponce,
s’imbibant d’huile, -fait une pâte qui émoufie le
tranchant de cette poudre , & l’empêche de
mordre aufii bien. Ils ont bien raifon à cet egard ;
mais c’eft par- là qu’on empêche que l’ouvrage
ne foit rayé , ce qui à fec ne peut manquer d’arriver
; c’eft aufli par la même raifon que quand -
on polit à la lime douce , on l’endutt (fequel-
ques gouttes d’huile pour polir plus fin : 1 ulage
eft contraire, je dois fans doute le rapporter ;
mais je ne me crois pas oblige de 1 approuver.
De la manière de mon ter les peignes d acier.
Les peignes dont les dents font .d’acier fe
moment fnr leurs jumelles avec du ligneul tel
que celui dont on a parlé pour les peignes de
eànne. Il feroit fans doute très-deplace d entretenir
ici le lefteur de tous les procèdes qui font
communs aux uns & aux autres ; le plus fimple
eft d’y renvoyer. , ,
La manière de monter les peignes eft a-peu-près
femblable à la première : je ne ferai donc ici que
rapporter en peu de mots les particularités adoptées
par les peigners en acier , particularités qui
confinent en quelques machines & quelques
procédés qu’ils fe font rendus propres a eux ieuls.
V A la rigueur , on peut monter les peignes d acier
fur les mêmes métiers où on monte ceux de canne :
mais on va voir que les moyens dont on le lert
pour frapper les dents , ainfi que les autres opérations
, font diffèrens. _ .
Le métier à monter les peignes d acier eft comme
celui employé pour les peignes de canne.
On a foin de tenir la table de ce mét ier un
P A R
pou large , pour y placer les deux couliffes for-
mées par les rainures des deux, tringles.
C ’eft fous ces couliffes que gliffe une planche I
qu’il eft à propos d’examiner à part, pour en I
fentir mieux la co'nftruftion.
Aux deux bouts de cette planche eft une feuillure
dont l’épaiffeur de la languette coule aifè-
ment dans la rainure des deux tringles : au milieu I
de cette bafe eft plantée une équerre de fer ,
qui porte la batte dont nous allons parler ; mais
comme cette pièce eft fans ceffe en mouvement,
& qu’elle frappe fans ceffe des coups redoublés
contre les dents du peigne , elle a. befoin d’être
très-folidement fixée dans fa bàfe : pour cet effet,
le bout inférieur de cette équerre eft taraud:
& ajuftè au trou de la pièce.de fer carrée ,
fans cependant s’y viffer.
Le carré de cette pièce entre jufte dans une entaille
de pareilles dimenfions , pratiquée fur l’épaif-
feur de cette plaque d’environ trois^ lignes,
& par - deffous eft arrêtée' au moyen d uni écrou
carré, ' • . .
Enfuite eft une autre plaque de fer. de deux
ou trois lignes d’épaiffeur , entrée en - deffous
de la bafe de toute fon épaiffeuf dans lé bois,
& arrêtée par les quatre coins.
Cette plaque reçoit’, dans lé troujdu centre ,
le bout de l’équerre ; au moyen de quoi la batte
në fauroit s’incliner en-devant ou en-arrière.
La plaque de fer eft aufli noyée,de toute
fon épaiffeur en-deffus de la bafe , pour plus de
proprété t à l’autfe bout de l’équerre eft un tenon
qui reçoit une pièce de fer , aux deux houts de I
laquelle on a réfervé une maffe de fer pour lui
donner de là péfanteur.
La mortoife qui reçoit le tenon doit être bien
jufte, & au milieu de la longueur de la pièce;
de là dépend l’égalité des dents , par rapport a
leur épaiffeur , comme nous le verrons dans
l’opération. :
Cette pièce eft fixée en place, au moyen d une
cheville de fer.
Quand on veut mettre la batte en place,, on
l’entre par le bout' des tringles qui qe vont
pas contre la poupée à gauche ; mats elles y
vpnt tout-à-fait par l’autre bout pour donner plus
de courfe à la batte.
La pièce de fer gliffe entre les jumelles ,;pour
aller frapper contre les dents dont elle doit avoir
tout au plus l ’épaiffeur ; mais, pour gagner de a
foliditè , on la tient fort large , fans quoi elle
plieroit au moindre choc , & ne rempltroit pas
fon objet. . ,
Le plan de la table de ce mettér, & celui de
deffous la bafe , ne fauroient être trop unis pour
diminuer les frottemens ; & même il eft à propos
de frotter de favon tant ces deux plans que
les deux couliffes : la hauteur de cette balte doit
être telle que la lame puiffe gMer parallèlement
aux deux jumelles ; & pour fe régler, on peut
■ " - prendre
prendre la hauteur des tenons des deux poupées.
’ Il faut encore avoir grand foin que l’équerre
foit montée fur fa bafe, parfaitement à angles droits
avec les poupées , pour qu’en frappant fur les
dents, on foit fur de leur procurer une pofition perpendiculaire
avec les jumelles.
De la manière de monter lés peignes en fe fervant
de la batte.
Les préparatifs néceffaires avant de monter les
peignes d’acier , font abfolument les memes que
pour les peignes de canne : le métier eft le même ;
les montans font garnis de vis & de tenons ,
fur lefquels on fixe les jumelles , en les attachant
l’une à l’autre avec une ficelle dans des encoches,
ainfi qu’on l’a vu plus haut : les gardes fe pofent •
dè la même manière , & on les, fixe ., ainfi que
les dents des lifières , comme aux peignes de
canne.
Il faut aufii, avant toutes ces opérations, marquer
furies jumelles de defliis, les divifions par pouces ,
demi-pouces, &c. ou par portées, demi portées ,
avec les inftruraens qu’on a rapportés à ce fuj et. Les ;
dents fe placent enfuite de la même manière, en
les entourant chacune d’un tour de ligneul, & frappant
avec la batte, pendant quson tient les deux
petits paquets de ligneul de la main gauche un !
peu tendus ; mais comme cette operation ne diffère
des précédentes que par l’ufage & la forme
de la batte ( car les dents, quoique d'une autre
matièrefe placent de même) , c’eft à cela feul
que nous ,nous arrêterons.
L’ouvrier prend la batte au milieu de fa hauteur
,& la faifant gliffer fur fa bafe 1 il appuie &
frappe,le plus également qu’il lui eft poffible, contre
les dents; & pour cela il aplufieurs précautions
à prendre. .
Premièrement, comme le frottement qu’effiiie
la bafe de la batte dans fa couliffe, diminue la force
qu’on lui imprime , il faut s’habituer a^bien régler
fon coup , & pour cela prendre fon élan a une
égale diftance : fecondement, avoir attention de
prendre la tige au milieu de fa hauteur ; car fi ,
pour avoir plus de force , on vouloit la prendre
un peu plus haut, la bafe ne fuivant plus un mouvement
parallèle , s’engageroit entre les tringles ,
i & l’opération feroit retardée.
Si au contraire on la prend trop bas , le levier
de la réfiftance étant plus long que celui de la
i puiffance, on ne frappera plus , meme avec d affez
grands efforts, que de foibles coups , & l’on ne
pourra ferrer les dents autant qu’il eft néceffaire.
Il y a des ouvriers qui , pour ne pas prendre
I les dents l’une après l’autre fur le métier, ou dans
I une boîte qu’ils ont à côté d’eux, en prennent une
| petite poignée de la main gauche , quoiqu’ils tien-
| nent de cette main les deux petits paquets de
I %neul. * Arts & Métiers, Tome V. Part, II.
Cette pratique eft fort expéditive quand on
peut en prendre l’habitude : mais la main droite
doit être libre pour empoigner la tige de la batte.
Il y a pourtant un inconvénient, dans cet ufage ,
pour certaines perfonnes qui fuent des mains ,
& donnent par-là lieu à la rouille : dans ce cas ,
il vaut mieux placer les dents fur une tringle de
bois fur le métier, pour qu’ayant un.bout en l’air,
on puiffe les prendre fans peine.
Chacun en ufe fuivant l’habitude qu’il a contrariée
: mais je penfe qu’en effet cet inconvénient
mérite confidération ; car les dents une fois placées
ne peuvent plus être effuyées ; & avec beaucoup
de foins depuis que le peigne eft fa it, on
eft fort furpris de le yoir rouiller.
Les attentions que je recommande fi fort, paraîtront
fans doute minutieufes à bien des perfonnes
; mais elles font effentielles pour l’ouvrier ,
qui ne peut trouver fon bénéfice que dans la célérité.
S’il s’agiffoir de me déterminer fur la préférence
qu’on doit accorder à l’une des battes dont
nous avons indiqué l’ufage , tant pour les peignes
de canne que pour ceux d’acier, il me fem-
ble que la dernière eft préférable à beaucoup d’égards
; mais d’un autre côté l’habitude peut rendre
l’ouvrier auffrhabile avec l’une qu’avec l’autre. Un
avantage réel avec la dernière, c’eft que fi elle eft bien
faite & pofée bien d’équerre en tout fens, elle difi
penfe du foin particulier de placer les dents à angles
droits avec les jumelles , puifque cela ne peut
manquer d’arriver. L’ouvrier n’a d’autre attention
que de bien ferrer fon ligneul, & de faire tomber
jufte fur chaque divifion marquée, le nombre de
dents qui leur convient. Quelle attention ne faut-il
pas pour frapper également fur chaque extrémité
des dents , lorfque le bras qui’éonduit la batte,
décrit un arc de cercle ? Il eft fort difficile de cor-
■ riger cette courbure , & le moindre défaut eft
confidérable.
Enfin , pendant que l’ouvrier place & entoure
les dents de ligneul, la batte repofe entre les jumelles
; & ce poids , quoique peu confidérable ,
imprime infenüblement au peigne une courbure
que tout peigner, qui démonte le métier, a foin
au premier inftant de redreffer, fans même s’inquiéter
de cette caufe. Mais cet inconvénient, qui
paroit de fi peu de conféquence , devient confi-
derable ; & n’arrive-t-il pas par là que chaque dent
change de pofition refpeâive avec les dents voi-
fines , & que le ligneul fe lâche, & ne les faifit
plus avec autant de force, fur-tout au milieu du
peigne où la courbure étoit plus grande & le dé-
‘ placement plus confidérable.
Ce n’eft pas quand le peigne fort des mains
de l’ouvrier qu’on peut juger de ce dérangement ;
mais il devient plus fenfible quand il a travaillé
quelque temps.
R r r r