
Defcriptîan des rofelles.
Quoiqu’on ait dit que le couteau à refendre
eft courbe, néanmoins ce n’eft pas une néceffité ;
& le premier couteau , pourvu qu’il foit un peu
mince, peut très - bien opérer le même effet, mais
jamais il ne peut rendre le même fervice que les
rofettes.
Les rofettes font de petits cylindres de fe r , autour
defquels font diftribués à égale diftance des
rayons tranchans par un côté, ÔC pris au même
morceau.
Une rofette eft compofé de ftize rayons écartés
entre-eux d’environ deux lignes & demie vers leur
fommet ; car tous rayons divergens doivent être
plus rapprochés vers leur bafe.
On conçoit que , Il ces rayons d’acier font bien
tranchans , & qu’on les pofe fur le bout d’un tuyau
de même diamètre à peu-près , ils le diviferont en
feize parties égales d’un feul & même coup^
Au centre de cette rofette, eft un trou carré
qui reçoit le tenon du manche de fer abattu à huit
pans inégaux, pour que les vives-arêtes ne bleffent
pas les mains dans l’ufage.
La queue de ce fer terminée en pointe, fêrt à
le planter dans un billot pour s-’en fervir.
Le tenon carré du manche de fer entre jufte dans
le trou de la rofette qui repofè fur l’épaulement ;
& pour pouvoir changer cette rofette au befoin ,
on tient ce tenon un peu plus long que la rofette n’eft
■ épaiffe , & on. le termine en pointe à quatre pans
un peu arrondis.
Comme le diamètre des tuyaux varie confidéra-
blement, il eft néceffaire d’avoir plufieurs rofettes
de différentes grandeurs, & les plus grandes ont
plus de rayons ou pointes que les autres, parce
qu’il eft clair qu’un grand cercle fe divife en plus
de parties données qu’ùn petit.
On a ordinairement des.rofettes depuis dix lignes
de diamètre jufqu’à dix-huit & vingt y & depuis dix
rayons jufqu’à vingt, & ce diamètre fe prend fans
compter les rayons qui doivent être tous également
éloignés les uns- des autres , pour divifér les
tuyaux en parties bien égales entre elles.
Quoique le nombre des rayons Varie fuivant la
grandeur des rofettes, il ne faut pas,pour cela que
l’écartement de ces rayons foit le même à toutes
les rofettes ; car comme on a befoin de différentes
largeurs de. dents fuivant les peignes qu’on veut
faire, il y auroit trop de perte, fi toutes les par-
ties.refendues avoient la même largeur..
Sans entrer ici dans des calculs de mathéma.-
tïques qui feraient déplacés , on fait que le rap.-
part du diamètre à la circonférence eft à-peu-près
comme 115, à 3 3 5;. Mais pour la pratique il fuffit
aux ouvriers de favoir que le diamètre eft un pen
plus; du tiers de la circonférence. .
• Cela établi * fuppofez. qu.’une. rofette- ait dix-
lignes^ de diamètre x elle ext aura cinquantecinq
ou environ de circonférence 9 ce qui fait
quatre pouces & demi & quelque chofe.
Si donc on veut que l’écartement des rayons
foit de deux lignes & demie, on en trouvera
vingt-deux fur la circonférence, & les tuyaux
qu’on refendra avec cette rofette , feront partagés
en vingt-deux parties égales ; mais fi Ton
veut leur donner trois lignes d’écartement , or
n’en trouvera que dix-huit, qui diviferont les ■
tuyaux en dix-huit parties.
Si elle n’a qu’un pouce de diamètre , ce qui
donne trois pouces ou trente-ftx lignes pour la
circonférence, & qu’on veuille encore donner
aux rayons deux lignes & demie cfécartement, on
n’en trouvera que quatorze, un peu à l’aife, attendu
la fraâion qui relie. Si on leur donne trois
lignes d’écartement, on n’en aura que douze, &
ainfi pour les autres groffeurs»
Il faut donc le pourvoir de rofettes de tous les
diamètres pour toutes fortes de tuyaux ; car fi Ton
veut en refendre un grand avec une petite rofette,
le nombre des parties fera trop petit , ces
parties «trop grandes * & on aura beaucoup de
perte.
Mais.pour ne pas multiplier à l’infini la dépenfe,,
on a imaginé de faire des rofettes qui peuvent
fe placer toutes fur un même manche.
11 y a des peigners qui,, avec les mêmes rofettes,,
obtiennent des parties plus ou. moins larges dans,
les tuyaux qu’ils refendent , parce què les lames
des rofettes font plus étendues qu’à, l’ordinaire
il eft facile de concevoir qu’alors fur une même
rofette on refend des tuyaux de plufieurs diamètres
, & que ceux dont les diamètres font plus
grands, n’étant divifés qu’en un nombre de par-,
dès égales à ceux dont le diamètre elt plus petit,
les parties doivent être plus larges mais cette
méthode eft fujette à un grand inconvénient, en,
ce qu’on rifque de ne point avoir toutes les partes
d’une égale, largeur , à moins d’apporter à
cette opération une attention particulière*
Eh effet, fi l’on place le tuyau en le refendant un.
peu. plus d’un côté de la rofette. que de l’autre , le
cc:té de la circonférence qui fera le plus, éloigné du>
centre produira des parties fènfiblement plus larges
que celui qui en fera plus rapproché , ce qui
peut devenir confëquent pour la fuite de l’ouvrage;,
c’eft-à-dire , qu’il peut occaftonner un dégât à la
canne, 8c. une difficulté' à tirer les dents de largeur
& d’épaiffeur , parce que fi le tuyau n’a.
pas été pofitivemént placé fur la rofette dans,
un écartement égal du centre , aucunes des parties
refendues ne feront égales entre elles én largeur
à. caufe qu’elles auront été refendues chacune
au point de. ces lames plus ou. moins. éloi-
gne d'u centre.
Par. catte raifon- elles auront acquis chacune:
plus, ou moins: de largeur r puifque l’écartement
des deux, cannes entre, lefquelies, chacune de c.es
oarties a été forcée de paffer, eft plus large en
s’éloignant de la bafe qui les contient, qu’en s en
rapprochant, & que cette différence de largeur
Comme il eft affez difficile de rencontrer jufte
la rofette qui convient à chaque tuyau , on a
imaginé un moyen très-ingénieux , qui en mêmetemps
qu’il prévient toute méprife à ce fujet, rend
encore plus folide la pofition de la rofette fur
fon manche , dont le tenon , à force de changer
de rofettes . diminue infenfiblement, & les rofettes
n’y tiennent plus.
On fait le tenon de ces manches un peu plus
long qu’il ne faut, on en taraude le bout ; &
quand la rofette eft à fa place , on l’y arrête avec
un écrou qui fe termine par-dehors un peu en cône.
Le carré adapté au manche , entre dans la
rofette, & eft un peu moins haut qu’elle n’eft
èpaiffe , pour donner lieu à l’écrou de la ferrer.
Une partie eft taraudée jufqu’au bout pour recevoir
l’écrou qui étant terminé en cône, fert à
régler la rofette qui convient à tel ou tel tuyau, puif-
qu’il ne lui permet pas de fendre un tuyau dans le
creux duquel elle ne fauroit entrer ; & de plus elle fert
auffi à centrer comme il faut cette rofette, que
fans cela on pourroit placer d’un côté ou d’un
autre» .
11 eft vrai que , pour mettre ce moyen en ufage ,
on doit âvoir autant d’écrous différens qu’oir a
de rofettes , & qu’étant fur le même pas-de-vis ,
ils iront, tous fur le même manche: lans cela il
faudroit autant de rofettes, de manches & d’écrous
, qu’on auroit de tuyaux différens à refendre.
Il faut encore avoir foin que cet écrou, qu’il
feroit à-propos de faire au tour, ne prenne point
fur les rayons, & ne couvre abfolument que la
partie pleine de la rofette ; fans cela il generôit
l’office des rayons coupans»
Cet écrou conique mis en place, ne fauroit
entrer dans un tuyau , pour permettre aux rayons
de le fendre, qu’il n’ait le diamètre requis : par
ce moyen la rofette la defeend bien perpen-
diculairemeiï: dans le tuyau , & forme des parties
bien égales en tout fens.
Quelques peigners fe fervent encore -d’un écrou
entièrement conique 8c terminé en pointe mais
il n’eft pas taraudé en-dedans plus avant que
ceux dont on vient de parler plus haut ; il n’a
rien qui doive lùi donner la préférence fur l’autre,
& le choix en paroîr fort arbitraire..
Les entailles faites à l’écrou , fervent à recevoir
ion tourne vis,.dont le manche eft femblable à celui
d’une vrille, au milieu duquel eft emmanchée bien
folidem’ent & rivée 'par-deffus une tige carrée
pour téfifter aux efforts qu’on eft obligé de faire
fcour fetie-: l’écrou fur la rofette-..
Première" manière de refendre tes tuyaux de canne
avee les rofettes.
Après avoir donné la drfeription des rofettes &
de leur emploi, il eft à propos de détailler la manière
de s’en fervir ; & comme les ouvriers même
qui en ont de pareilles s’en fervent différemment ,
on va les paffer en revue.
On doit fe rappeler que le manche de la rofette
a par le bas une partie terminée en pointe ; c’eft
par là qu’on la plante debout dans une table.
Ce tenon carré entre dans l’un des trous de cette
table ; la rofette repofe fur l’épaulement formé par
la forte partie du rnanche , & par ce moyen réfifte
aux coups multipliés dé la canne qu’on appuie fur
la rofette ; fans quoi elle auroit bientôt agrandi
fon trou, & paffè au travers de la table.
Lorfqu’à la fuite du teins les trous s’agrandif-
fent, les rofettes ne tiennent plus folidement ■,
on y remédie en les affujettiffant par de petits
coins faits avec de petits morceaux de canne ou
de bois , ou bien on enveloppe le tenon aven une
bande de papier, de façon qu’il entre bien jufte»'
Il y a des ouvriers, qui, au lieu de pointes, carrées
, font terminer en; vis le bas du manche ; la
vis tient lieu du tenon , & le corps du manche fert
d’épaulement pour appuyer fur la table»
Mais on conçoit que ces vis , à force de ferrer ÿ
auroient en peu de teins mangé les pas de leur
écrou , fi la table feule leur en tenoit lieu.
Pour obvier à cet inconvénient, on fait faire des
.. écrous dont la tige eft carrée , ,6c tient à une pla-
• que auffi carrée , 6c on la fixe au moyen de quatre;
petits clous aux quatre coins ; le dedans eft ta--.
1 raudé au pas de la vis»-
Comme la tige entre jufte 8c même un peu à
■ force dans un trou carré de même groffeur qu’on
: pratique dans l’épiiffeur de la table, il n’eft pas
; poffible que la rofette fe dérange , lorfqu’avec une
c le f, -dont Y étrier emb rafle;le corps du manche ,
l’ouvrier la ferre fortement -fur la table.•-
On fait encore des rofettes dont les manches font
différens dans leur partie fupérieure, en ce qu’au;
lieu que le bout qui excède la rofette foit taraudé
en vis , il l’eft en écrou , pour recevoir le cha--
peau ,1a vis qui l’accompagne,, la rondelle qui appuie
fur la rofette , le carré qui fert à le ferrer au moyen!
du tourne-vis , enfin le .bout conique qui le ter-»
: mine, le tout fait d’un feul morceau de fer»
Après avoir recommandé que les écrous avec
lefquels on fixe les rofettes ,> n’exècdent point lb
plein 8c ne couvrent point les rayons?, il eft
prèfqu’inutile d'avertir que la rondelle ne doit pas
couvrir les même rayons»
• Du refte r ces rofettes fê placent fur-Xx table' ,
comme ©n vient de le dire r &. même- fouyner
j en a de trois ©u quatre groffeurs dj^èrentes;,. conv
féquemment de différens nombres de rayons-* b ouïr
j s’en fervir à. mefur.e que les tuy aux qui ibprbi&ai'