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dre, on le remue beaucoup, en y ajoutant toujours
de pareille eau, jufqu’à ce qu’il devienne comme
du lait & qu’il nq: fermente plus.:- cela s’anpelle
noyer le plâtre, ‘ r
On laiffe dépofer ce mélange d'eau .& de plâr
tre , jufqu'i ce que l’eau foit claire. On la fait en-
fuite écouler , & le plâtre fe trouve au fond du
vafe , en forme de limon : on en fait des pains
qui étant bien fécbés à l’air ou au four , peuvent
être remis en poudre, & ferv.ir ienfiiite. à différens
ufages , furtout pour les peintres de bâtimens &
autres.
On fait aufli avec le blanc une détrempe blanche
ou couleur de pierre , en y mêlant dans le
premier cas un peu de noir de charbon , & dans
J autre du jaune en poudre.
Si l’on doit l’employer à l’air, on y fait fondre
de: l’alun de-roche & un peu de poudre de chaux !
vive.. Si au contraire c’eft dans l’intérieur de bâ-
ùmens, ou fe contente d’y mêler de la colle de
Flandre .fendue dans dei’eaiu fr
On vient devoir que le moulage fait multiplier
les objets dont on vent conferver l’image ;
ceft par lui qu’on fe procure àifément & à peu !
de frais des copies des ouvrages de la nature, ou
des chef-d’oeuvres des arts du deflip : il s’eft fournis
des matières de différens genres, qui, par leur
foupléffe ou leur fluidité;, étoient propres à rendre
la beauté des formes, la j-ulteffe des proportions
& la délicateffe des traits jufque dans leurs plus
petits, détails; mais il y a beaucoup de diverfité
dans la manière d’exécuter le moulage, comme
il y a une grande variété dans les ouvrages qu’on
peut eu tirer ; ceft pourquoi nous croyons devoir
ajouter, à l’excellent, traité:de M;Biquet, plufieurs >
autres procédés du moulage, qui diffèrent de ceux
de cet habile artifte , foit dans la manipulation
foit dans les refultats.
Veut-on. mouler en mitai, Se jeter en. moule des
plantes ?
i°. On commence pàr prendre du fpath gyp-
<eux, efpèce de pierre trèi-conmie & fort ailée à
trouver : on réduit ce fpath en pouÆèr-e ; on
le met dans un chsudron de fer ou de cuivre
que l’on expofe fur le feu ; il fe fondra & deviendra
liquide comme l’eau; on le remuera tant
qu’il fera fur le feu , jufqu’à ce qw’it foit redevenu
aufli dur qu’il étoit auparavant ;- on l’ôtera
e ri fuite , & on lè bifferarefroidir.
2 . Prenez une partie1 de ce fpath préparé
comme on virent de le dire-, & une partie d-a-
lun de plume ; pulverïféz ces deux matières mêlées
enfemfelë, & formez^en des gâteaux que
vous ferez rougir au feu ; retirez-les enfuite &
les pulverifez de nouveau.
Quand vous voudrez faire des moules, prenez
une partie de ces gâteaux calcinés & pulvérjfés ;
ajoutez-y encore une partie d’alun de plume.;
broyez exactement le mélange, & prenez encore
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autant de fpath calciné que vous avez prîs do
mélange en gâteaux : broyez & mêlez bien le
tout.
3,°* Quand vous voudrez faire des moules avec
Je (patn ainfi préparé, prenez de l’argile à potier
bien pure ; faites-en dé petites lingotières ou
auges qui aient environ la grandeur des herbes-
ou plantes que vous voulez jeter en moule.
Mais quand lès herbes ou plantes feront fi
hautes que l’on ne pourra faire les lingotières
de la même hauteur, parce que l’argile fléchiroit
& fe courberoit, il n’y aura qu’à coucher la
plante de côté, de manière cependant qu’elle
n& touche point au fond du moule, afin que la
matière fondue puiffe paffer par-deflous : formez
alors le moule tour-à-rour.
Quand vous voudrez couler votre matière fondue,
vous commencerez par tremper la pliante
dans de bon efprit-de-vin ; vous en hume&érez
aufli les parois de votre moule ; vous les remplirez
entièrement avec le mélange pulvérifé que
l ’on vient de décrire plus haut; & quand vous
aurez rempli le moule de métal fondu, vous
donnerez quelques petits coups doucement, afin
qu’il pénètre également par-tout.
4°* Quand le métal fondu fe fera bien figé,
vous mettrez les moules fur les charbons non
allumés ; vous arrangerez par deflùs des chat-
bons ardens, afin d’allumer ceux qui feront en
deflous, & que l’ouvrage rougiffe & entre en
fufion : vous laifferez enfuite refroidir doucement
, & vous aurez la forme que vous cherchez.
59. Prenez de l’argile bien pure, autant de
fable bien net, & une bonne quantité de bourre
fine ; faites bien incorporer ces trois chofes pour
les unir ; formez-en des moules ; enduifez ces
moules d’argile ; remetrez-des dans le feu pour
les faire bien rougir, & coulez-y votre argent
ou métal fondu.
6°; Prenez du fel de tartre, mêlez-y du fel
ammoniac à volonté, ^en prenant garde cependant
de n’en point mettre trop ; il faut feulement
que le mélange ait une cou fi fiance de
bouillie : c’eft un excellent fondant pour i’argenr;
vous en mettrez deflus lorfque vous voudrez le
fondre, & il entrera très-aifëment en fufion.
7°. Si vous voulez netvoyer l’argent, humec-
tez-le avec de l’huile de tartre, & mettez-le fur
des charbons ardens ; éteignez-le enfuite, & le I
faites bouillir dans de l’eau où vous aurez fait
difloudre du tartre & un peu de fel.
Maniéré de jeter en moule des plantes ou des fleurs',
procédé q:> fervira à éclaircir celui qui précède.
i°. Prenez dé l’albâtre qui ait été calciné au
point d’avoir perdu toute fon humidité ; pulve- ■
rifez-le dans un mortier, & lé paffez par un tamis
de crin; prenez enfuite autant de talc, que
vous ferez calciner pendant huit ou dix jours
dans un fourneau de briqueteries ; ajoutez-y de
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Mun lie plume â velouté , mais moifls cèpes-
L , que d’albâtre & de talc., mettez-y un peu
Z crayon rouge , afin qtie l’on ne puiffe point
“econnoître les matières qui font entrées dans
votre compofition.
î ". Humeftez le mélange dont ont vient de
carier avec de l’eau claire, en prenant garde fur-
lout quelle ne foit point graffe ; broyez-la exactement
fur une pierre, afin qu’elle devienne fluide.
Faites enfuite avec de là terte à potièr un
tîioulè, dans lequel vous vèrférèï la matière fuf-
dite» que l’on péüt fiommër un ciment; mettez ;
une feuille de papier deffotis le moule, afin de
pouvoir plus àifément l’enlever de deffus la tablé
pu vous travaillerez.
Mettez un pëü du ciment broyé dari$ le ifiôule;
pofez deffus rhefbe 6u là plante que vous voudrez
jeter en foiite ; & avec de petites pinces, lépà-
rez-bien lés feuilles d’aVec la tige. _
Verfez enfuite par-deffus autant de ciment qu il
en faudra ; fermez le moulé, en laiffatlt cependant
une petite ouverture pour pouvoir y couler
le métal fondu ; mettez. ce môule dans un en-
i droit, fec : en une demi-heure de temps , il durcira
affez pour pouvoir être mis à rougir au feu.
•30. Lorfque la plante qui étoit ento'uree dû
ciment fera continuée par la chaleur, il faudra
fairè grande attention à la maniéré de conduire
le feu; en effet, il faudra bien prendre gardé
que les alternatives du chaud & du froid ne gâtent
la befogne.
Pour éviter ces inconvèniens, on aura foin de
ne pas retirer du feu les Qioules trop précipitamment
; on les laiffera refroidir peu-à-peü.
Quand tout fera refroidi, ori ôtera les cendres
de la plante qui aura été brûlée , foit avec la
bouche, en retirant à foi l’haleine, foit avec un
foufflet, en fouflknt par la partie fupérieure.
On pourra faire la même chofe avec un verre
fait exprès, ou avec du vif-argent.
On placera enfuite la petite ouverture fur un
feu de charbon ; on l’y laiffera expofée affez
long-temps pour que le mouléregardé par l’ouverture
, paroiffe blanc comme de l’argent ; alors
on y coulera le métal fondu, & on finira par
jeter le moule dans l’eau, afin qu’il fe détache.
Il faut que les tiges des plantes à jeter en
moule ne foient point trop menues, de peur
que leur fineffe n’empêche la fonte de fe faire
parfaitement, & que l'argent que l’on voudra
couler foit bien liquide. Pour lè rendre te l, on
y mêlera fouvent du bismuth, qui a la propriété
de rendre les métaux fluides.
On aura aufli attention à ce que les moules
bu l’on voudra couler le métal fondu , foient
bien échauffés.
Préparation du fpath, quand on veut y couUr de
l'or, de l’argent, ou d’autres métaux.
Pren ez autant de fpath que vous voudrez ;
mettez-le dans un pot de terré vernîffé ; fermer,
le pot avec un couvercle , que vous y luterez
bien exactement avec de la terre grafle ; mettez-
le dans un fourneau de potier, afin que le fpath
fe calcine ; laiffez-l’y autant de tériips qu’ il en
faut pour cuire iin vaiffeau de terre ; retirez en-
fuite le fpath calciné ; broÿéz-le fur une pierre ;
paffez-le par un tamis fè r fé , & mettez-le dans
de l’eau claire : décantez l’ôaü ; broyez le fpath
de nouveau, & faitéS-ie fédhéf aù fôfeih
2®. Quand le fpath fera b i e n féché, ' préiiéz-en
trois livres ; joighèz-y dèüx livres \cfé fél ammoniac
, deux livres dê tarifé, unê livré de vitriol
; mêlez bien toiitès cés îhatiêfeà , & lés
mettez dans uri ou deux £ôts ; vérfeZ par déffus
environ fept pintes d'eâü chaude ; pétrifiez en-
fuite votré fpâtil, dé éïahièré qu’il ne foit point
trop clair.
Si vous en pouvez former des boules, ce fera
une preuve qu’il y aürâ affez d’eâü ; reverfez
de l’eau fur la matière,reftante dans Je pot;
fahes-la bouillir , & pétrïflkz de hôuveâù votre
fpath féché d'ans1 Cétte eau cîiâudé. ;
Reverfez eritofe d e . l'eaii fur céttè matière;
. pétrifiez le fpath pour la troifiêniè fois , & faites-.
lé féchèr ; remettez-le' dans un pot non verniffé ,
que vous luterez comme on l’a déjà d it, &
quand il aura été calciné, broyez le fur une
pierre.
3°. Quand le fpath aura été préparé de cette
manière, mettez dans un vafë de verre qui con-.
tienne environ deux pintes, autant de fel ammoniac
qu’il pourra s’ên difloudre dans l’eau
chaude ; bouchez le 'vaîfféaii, & laiffez-le repo-
fer pendant dèüx heures.
Aù bout dé ce temps , prenez votre fpath
préparé ; pétriffez-le dans cétte eau, jufqu’à ce
que vous puiffièz en former des boules; faites
enfuite des moules comme voûs voudrez.
Quand vous voudrez y couler des métaux fondus
, il faudra bien chauffer cés moules, & ver-
fer avec promptitude.
Ces moulés font beaucoup meilleurs que les
autres.
En cas que vous ayez fondu en plomb , &
qu’après la fonte vous vouliez rendre le plomb
noir, vous n’aurez qu’a prendre du foufre & de
? l’huile, & en bien frotter l’ouvrage, qui devien-
j dra d’ûn beau noir.
1 Manière de fa ’re -des moules avec de la terre g'raffe.
Prenez de l’argile bien pure, comme celle dont
fe fervent les potiers d’étain ; mêlez-y de la
bourre oü du coton bien divifé, & du fable extrêmement
fin : fi le fable n’ètoit point affez fin,
il n’y auroit qu’à le laver & le broyer.
Pétriffez votre argile avec ce mélange, jufqu’à
ce qu’elle ait une confiftance convenable ; hu-
meétez cette compofition avec de la bierre forte
au lieu d’eau ; formez-en des moules que vous
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