
infufions de camomille, bien loin d’en relever
la couleur rouge ou pourpre, elle la détruifit
& la changea en brun ou noirâtre. Quelques-
uns des mélanges , couchés fur le papier avec
un pinceau, parurent à-peu-près de la même couleur
que les nuances les plus pâles d’encre de
la Chine.
Cryftallifation de la platine.
Les folutions de platine fe cryftallifont beaucoup
plus aifément que celles d’or. Comme il
faut une chaleur considérable pour faire que
l’eau régale fe foule du métal, la folutioa chargée
dépofe généralement, dans le temps qu’elle fe
refroidit, un fédiment rouge brunâtre, qui n’eft
autre chofe qu’un nombre de cryftaux fort menus.
Une quantité de la folution ayant été mife
repofer, par un temps chaud, dans un vaifleau
de verre découvert , l’humidité fuperflue s’exhalant
par degrés, laiffa des cryftaux paffablë-
fhent grands , d’une couleur rouge , obfcurs ,
prefque opaques , & dé figures isrégulieres , di-
verfoment joints enfomble, la plupart en forme
de fëuilles , comme les fleurs de benjoin , mais
plus épais. Leur goût étoit un peu âpre & mauvais
, mais pas de beaucoup fi corrofif qu’on
l’auroit pu penfer d’après la grande quantité d’aci-
desnirreuxSt marin combinés avec le métal. Lavés •
avec de l’efprit de-vin d’épreuve;ils devinrent un
peu pâles, mais demeurèrent toujours d’une haute
couleur, reflemblant à celle des filets foncés du
fafran. A une chaleur modérée ils parurent fe
fond re , quoique feulement d’une manière imparfaite
, & jetèrent des fumées blanches qui
fentoient l’efprit de fol. A la longue, ils tombèrent
en une chaux de couleur grifâtre obfcure ,
qui teignit la pipe de tabac , dans laquelle il furent
expofés au feu, d’une couleur rougeâtre ,5
matte & pâle.
Volatïlifation de la platine. ..
Ce métal, aufli fixe au feu par lui-même que
For , paroît être également volati’ifé par l’abf-
traâion brufque de l’eau régale faite avec le fol
ammoniac. M. Marggraf a mis , dans une retorte
de verre fix onces d’une folution de platine ,
faite dans un mélange de foize parties d’eau-
forte & une partie de fel ammoniac. Ayant mis
la retorte, dans le fable, & y ayant adapté un
récii ient, il en tira le liquide par un fou gradué
qui à la fin fut augmenté de façon à faire rougir
tout-à fait la retorte, & la rendre prête à fe
fondée. Il y demeura au fond une poudre brune
rougeâtre qui , étant encore plus calcinée
fons une mouffle, devint de plus en plus d’une
couleur noirâtre brillante.
On trouva dans le col de la retorte un fu-
blimé d’un rouge brun , qui ayant été expofé à
l’air quelques jours , coula en une liqueur rouge
, reffemblante à la folution de platine. Il verfa
un peü de cette liqueur fur une plaque de cuivre
polie, & trouva qu’au bout de quelque temps
la platine fe précipita fur le cuivre , comme il
arrive de fos folutions communes « couvrant
le cuivre d’une poudre noirâtre brillante.
Solution de platine avec l'acide du vitriol.
Sur une folution de platine délayée dans de
l’eau, j’ai ajouté un peu d’efprit fort , ^appelé huile de vitriol : il ne s’eft enfuivi ni preeipita-
tation , ni changement de couleur, quoiqu’on y
eût fait couler de temps en temps une grande
quantité d’acide, & qu’on laiffât le mélange re-
pofor pendant plufieurs jours ; mais en ajoutant
le même efprit vitriolique Fort avec une folution
non délayée dë platine, la liqueur auflitôt
devint trouble, & il s’en précipita, peu après,
une matière de couleur fale & obfcure. On ne
fit pas redifloudre le précipité en y verfant'de
l’eau ; on n’empêcha pas.non plus la précipitation,
en ajoutant l’èau immédiatement après que
l’eau y fût verfée.
Solution de platine avec r alkali volatil.
Les efprits de fol ammoniac, préparés par la
chaux vive & par les fols àlkalis fixes,, étant
ajoutés à des folutions de platine délayéès avec
de l’eau , ont précipité une poudre brillante d’un
rouge obfcur ; mais èn quelque quantité qu’on
y employât les efprits, la précipitation n’a pas
été totale ; il eft toujours refié une quantité
confidérable de platine en diflblution , & affez
pour communiquer à la liqueur une forte couleur
jaune.
Le précipité rouge , féché & expofé au feu
dans une cuiller de fer, devint noirâtre , fans
j rien manifofter de cette puiffance fulminante
que les précipités d’or préparés de la même manière
, ont dans un degré remarquable.
En lavant un peu du précipité fur un filtre ,
& y ajohtant de l’eau à plufieurs reprifos , la plus
grande partie s’eft diffoute j & il n’eft refté fur
le papier qu’une petite quantité de nfatière noirâtre
, & la liqueur qui paflbit à travers fut d’une
couleur d’or brillante & foncée. Une petite quantité
de cette couleur a fuffi pour en teindre une
fort grande d’eau.
Solution de platine avec le fel alkali végétal.
Le fol de tartre, le fol d’abfynthe, le nitre
fixe & le lixivium faponarium de la pharma-
j copée de Londres, ont produit fur la folution de
la platine le même effet que les efprits volatils
de l’article précédent, excepté que les précipités
avoient une couleur rougeâtre bien plus fombre
& moins brillante. La précipitation fut également
imparfaite, la liqueur continua toujours à
être d’une forte couleur jaune, & la plus grande
partie du précipité fut rediffoute en y ajoutant
de l’eau. , . .
Dans les expériences précédentes, les précipités
de platine par les alkalis volatils étoient d une
couleur rouge obfcure & extrêmement brillante ;
au lieu que par les alkalis fixes, ils etoient d un
rougeâtre fombre, plus pâle, avec peu debrillans.
Dans les détails que d’autres ont donnés de ces
précipitations, on n’a point fait ment on de ces
différences , qui par elLs-mêmes ne font pas fort
importantes. Schefter appelle les précipités par
les deux alkalis,fimplemeht rouges ; & Marggraf,
les appelle tous les dtux jaunes orangés , terme
qui éit affez appliquable aux précipités que j’ai
obtenus par les alkalis fixes , mais non à ceux
qu’ont donnés les àikalis volatils. _ l
Il femb’.eroit qu’il y avoit eu quelques différences
réelles dans les apparences de nos produits
tefpeélifs ; & j’ai imaginé que ces différences
étoient provenues des différences dan >
les folutions de platine dont nous nous fommes
fervis. Quelques effais pofiérieurs ont paru
favorifor ce fouf.çon ; car tandis que les folutions
ordina res de platine donno.ent des précipités
de l’efpéce rouge, une folution des cryl-
taux de platine, faite dans l’eau, n’en a donné
que des jaunes.
M. Macquer explique cette différence de couleur
d une autre manière : il que le préc^
pité ne fo trouve rouge , que quand 1 alkali fixe n eft
que juftement fuffifant pour raffafier 1 acide ; &
qu’à mefure que l’on ajoute de la liqueur alka-
line au-delà de ce point, alors le précipité devient
de moins en moins rouge. Conformement
à cela, M. Baumé, fon coadjuteur, dit enfuite
plus décifivemenr, dans fon manuel de chymie^,
qu’avec une jufte quantité d alkali fixe, le précipité
eft; d’un jaune orangé ; & que quand il y
en a trop, il eft d’un jaune pâle. M. Macquer
jugeant de là que la rougeur étoit due a une
grande quantité de l’acide retenue par la platine ,
a mis en digeftion un peu du précipité rouge
dans une folution de fel alkali fixe : la liqueur
alkaline abforbant l’acide, a détruit la couleur
rouge de la poudre, &. l’a rendue blanche. On
a connu , depuis long-temps, que les péxcipités
emportent avec eux une portion du diffolvant
& du corps par lequel ils font précipités.
L’auteur obferve que cet effet paroît plus fen-
fible dans notre précipité de platine, du moins
par rapport au diffolvant , que dans _ la plupart
des autres ; & que cette obforvatiôn découvre
la caufo de beaucoup de phénomènes fin- ,
guliers que j’ai remarqués dans la précipitation
de la platine, &. dont je n’ai pas donne la theorie
: par exemple, de ce que le précipité rouge
eft foluble dans l’eau , & qu’une partie de la
platine demeure fufpendue , quelque quantité
d’alkali qu’on y ajoute à froid. Il réferve pour
un autre mémoire le détafl & l’explication de
ce phénomène , & d’autres de la meme nature.
J’ai fait quelques expériences qui ne cadrent
pas bien avec cetre théorie ; mais je remets à faire
mes autres obforvations jufqu’à ce que le mémoire
de cet auteur paroiffs.
Solution de Platine avec Valkali fixe minera!.
Comme les deux efyèces précédentes du fol
alkali ne précipitent la.platine qu’en partie, il
y en a un troifième qui n’a pas même cet
effet. L’a kali minéral ou la bafe du fol marin,
dont nous décrirons la manière de le préparer
dans la fuite de cette hiftoire, ne produit point
de précipitation du tout. Cette expérience ret-
marquable que nous devons à M. Marggraf, fora
ci-après la matière de notre examen.
Solution de la-platine avec Valkali prujjien.
M. Marggraf obferve que quand la folution
de platine eft mêiëe & raffafiée d’une leflive d’aî-
! kali fixe qui a été calciné avec du fang , elle '
donne un beau précipité bleu q.ui , dans cer-
i taines circonftances, fe trouve aufli beau que le
m fllleur bleu de Pruffe , quoiqu’il y tombe en
même temps un peu de matière de couleur
orangée. - ,
En répétant cette expérience, les liqueurs ,
quand elles furent mêlées, d’abord parurent d’un
bleu affez foncé , mais quand le précipite eut dé-
pofé , la plus grande partie avoit un oeil jaune ,
fans doute par la raifon que la platine dont je
m’étois forvi contenoit moins de matière forrugi-
neufo, ou que la leflive alkaline étoit moins foulée
de la fubftance qui teint en bleu le fer dif-
fous , que celle que M. Marggraf avoit employée.
r
Pour obtenir une folution foulee de cette fubftance
colorante ( ce qu’on ne peut pas s’attendre
d’obtenir en calcinant des fols alkalis avec
du fang ou autres matières fomblables ) , j’ai mis
digérer un peu de bleu de Pruffe ordinaire dans
une folution de fol alkali fixe , & dans de l’efprit
volatif de fol ammoniac préparé avec la chaux
vive. . I .
Les deux menftrues devinrent auflitôt jaunes,
& la bafo de fer du bleu de Pruffe, ainfi dégagée
de fa matière colorante, demeura fous une
forme de rouille. J’ai ajouté fur ces deux teintures
un peu plus de bleu de Pruffe , jufqu’à ce
qu’elles cédèrent d’agir fur lui. L’alkali fixe, en
même temps que la matière teignante, parut avoir
pris un peu du fer , car il donna mm couleur
bleue avec de bonne eau-forte, avec l’acide du
foufre’, & avec le vinaigre diftillé, dans lefquels