
la matière & la forme des coupelles : objets qui
ont été déterminés avec la plus grande prècifion
dans le travail dont on a parlé ci-deffus, &
que M. Tillet a fuivis encore depuis avec une
exaftitude ferupuleufe, comme on peut le voir
dans lés mémoires de l’académie , année 17^3
& w R , , ., . a La coupellation qu on vient de décrire , elt
exaélement la même pour les eflais par lefquels
on détermine le produit d'une mine d’argent, ou
d’une mine tenant argent. Mais comme il n’eft pas
rare que ces mines contiennent auffi de l’or , quelquefois
même en quantité affez confidérable, il eft
à propos, lorfqu’on fait ces fortes d’effais, de
faire enfuite le départ des boutons de fin qu on a
obtenus. On peut être affuré d’avance que l’argent
effayè eft fort riche en or, quand les bou-
khis de fan ont un petit oeil jaunâtre.
EJJai du titre de For,
Le poids fiàif pour déterminer le titre de l’o r,
& le poids de femelle pour l’effai de ce métal,
font diffèrens de ceux de l’argent : une maffe
quelconque, ou un lingot d’or fuppofe parfaite-
ment pur, ou ne contenir aucune partie d’alliage,
fe divife idéalement en 24 parties, qu’on nomme
karats 1 cet or pur eft par eonféquent de l’or à
14 karats. S’il contient un vingt-quatrième de
fon poids d’alliage, il n’eft qu’à 23 tir e t s ; s’il
en contient deux vingt-quatrièmes ou un douzième,
-il n’eft qu’à 22 karats, & ainfi de fuite.
On voit par là que le karat de 1 or n eft qu un
poids relatif & proportionnel ; en forte que le
poids réel du karat varie fuivant le -poids total
de la maffe d’or qu'on examine. Si cette maffe
d’or eft d’un marc, le poids réel du karat fera
un vingt-quatrième de huit- onces , ou z gros
2 deniers, à 24 grains le denier ; fi la maffe d’or
eft d’urte once , fon karat pefera réellement un
vingt-quatrième d’once, ou 24 grains ; fi elle
n’eft que d’un denier ou de 24 grains, le poids
réel de fon karat fera d’un grain, & ainfi de
Pour plus grande prècifion , le karat de 1 or
fe divife en 32 parties, qui n’ont pas d’autre nom
que des trente-deuxieme de kdruts 1 ces trente-
deuxièmes font des poids- proportionnels & relatifs
, comme le karat dont ils font les divifions 5
ainfi — de karat d’or eft A de £ ou ^ d’une
maffe d’or quelconque; & de l'or qui ne contient
que y f î d’alliage, s’appelle de l’or à 23 karats
î i : de l’or qui ne contient que ou y f,
d’alliage, s’appelle de l’or a 23 karats y r , &
ainfi de fuite. , , I „ . „
En france, le poids réel ou de femelle qui elt
ordonné pour l’or , eft de 24 grains , poids de
marc. Ce pçids reprèfente par eonféquent, ou
plutôt realife les 24 karats ; chaque karat devient
par là un grain réel ; chaque trente-deuxième
de karat devient un trente-deuxième de
grain, &c.
On tolère cependant que les effayeurs ne prennent
que 12, grains, & même 6 grains pour leur
poids de femelle ; mais la jufteffe & la fenfibi-
lité de leurs balances doivent être bien grandes
pour des poids aufli petits que ceux des fraâions
d’un poids principal de femelle, qui eft lui-mêuie
fi petit. 4
Lorfqu’il eft queftion de faire l’effai d’un©
maffe ou d’un lingot d’o r , on en coupe ou on
en doit couper 24 grains, qu’on péfe exactement;
On pèfe d’une autre part, 72 grains d’argentj
fin : on paffe ces deux métaux enfemble à la
coupelle, en employant à-peu-près dix fois plus
de plomb qu’il n’y a d’or. ^ _
On conduit cette coupellation , précifément
comme celle pour l’effai du titre de l’argent, fi
ce n’eft qu’on chauffe un peu plus vivement fur
la fin. , }
Lorfque l’effai eft prêt à faire fon éclair,! l’or
fe trouve après cela débarraffé de tout autre alliage
que de l’argent.
Si on eft curieux de voir combien il contenoit
de cuivre ou autre alliage deftruâible à la cou*
pelle, on pèfe exactement le bouton de fin qui
refte ; la diminution qui fe trouve fur la fomma
du poids de l’or & de l’argent, donne la quan-*
tité de cet alliage,
Après cela, on applatit ce bouton de fin fur
le tas d’acier , en le faifant recuire à mefurq
qu’il s’écrouit, de peur qu’il ne fende.
On le réduit par ce moyen en une petite lame
qu’on roule enfuite en forme de cornet, puis on
en fait le départ par l’eau forte.
La diminution qui fe trouve fur le poids de
l’o r , après le départ, fait çonnojtrç la quantité
d’alliage que cet or contenoit.
L’effai du titre de l’or fe fait donc par deux
opérations, dont la première, qui eft une coupellation
, lui enlève tout ce qu’il contient de métaux
imparfaits; & la fécondé, qui eft le départ j
en fépare tout ce qu’il contient d’argent.
Il y a une autre opération, qui eft la purification
de l’or par l’antimoine, laquelle eft une
efpèce de départ fec. # A
On fépare, par cette fetile opération, en meme-
temps les métaux imparfaits & l’argent alliés avec
l’o r; mais cette purification n’eft pas fufceptible
d’une affez grande prècifion pour pouvoir fervir
à retiai ou à la détermination du titre de l’or.
Formalités avec lefquelles on procédé y tant a la fabrication
des efpèces , quau jugement de ce
travail.
Lorfqu’un direâeur a mis en fonte une certaine
quantité de matières, & qu’elles fe trouvent réduites
en bain , on en prend une goutte que; on
porte à l’effayeur pour en faire l’effai. Ofl
On foutient, pendant le temps que dure foïi
opération, le degré, de chaleur né.ceffaire pour
entretenir là matière dans le même état jufqu a
ce qu’il ait donné fon rapport. .
Ce rapport détermine à ajouter du fin ou de
l’alliage, fi la matière eft à un titre au-deffus ou
au-deffous de celui que doivent avoir les efpèces ;
fi elle fe trouve' au titre, on la coulé dans les
moules à "ce deftiriés.- * / ’
Quand la fonte eft réduite en lames, 1 effayeur
en tait un nouvel effai ; & s’il en réfulte qu’elle
ne fe trouve pas au titre fixé par la lo i, il en
donne avis aux juges-gardes,- qui la font refondre
en leur préfeiice, & y font ajouter la quantité de
fin néce flaire pour la porter au titre.
Cette nouvelle fonte étant coulée, l’effayeuf
en fait un nouvel effai & en donne fori rapport ;
s’il eft favorable ; on envoie les lames -au laminoir
pour J.ês y dégroflir ; On les fait recuire en
fuite, après quoi on les fait repaffer de nouveau
au laminoir., afin de les réduire à l’épaiffeur
que doivent avoir les. efpèces que l’on- fe pro-
pofe de fabriquer.
Ces lames ainfi réduites, on les paffe au cou-
poir, où elles font coupées en flans de. la gran-\
deur & à peu'- près de la pefanteur desdites
efpèces.
On livre enfuite ces flans aux ajufieurs, qui vérifient
exaâement leur poids. Ils mettent au rebut
ceux qui fex trouvent trop foibles, & réduifent
avec la lime ceux qui font tfop forts.
Ces flans ainfi ajuftés paffent de leurs mains
dans celles de leur prévôt ou de fon lieutenant,
1 qui les vérifie encore pièce par pièce.
Ces mêmes flans lubiffent, après lajuflage,
un nouveau recuit ; ils paffent enfuite au blanchiment
, & delà à la marque fur tranche, après quoi
ils font livrés aux monnoyeurs.
Dès que l’on commence à mon noyer, Vejfayeur
eft averti de venir prendre fa peuille, afin d’en
faire l’effai; il doit la prendre au hafard.
. Cettè peuille repréfente par fon titre, celui de!
toutes les pièces qui compofent la brève dont elle
fait, partie.
L’effayeur fait l’effai de cette peuille, & s’il
la trouve au titre, toute la brève eft .réputée
dans le remède ; il en prévient les juges-gardes *:
& l’on continue de monnoyer.
S’il arrive que la peuille fe trouve hors des
remèdes , & fur l’avis que l’effayeur en donne
aux juges-gardes, ils la font refondre, & y font
ajouter le fin qui manque.
Quand une breve eft monnoyée, c*eft-à-dire,
quand les pièces qui la compofent ont reçu l’empreinte
des poinçons d’effigie & d’écuffon, ' les
monnoyeurs la paffent aux juges-gardes, qui v érifient
le poids de toutes ces pièces l’une après
l’autre; ils mettent an rebut celles qu’ils trouvent
defeâueufes, ou légères, ou trop fortes;- . 1
Arts 6» Métier si. Tome V. Partie L
Cette vérification faite, les juges-gardes dref-
fent un procès-verbal de délivrance, par lequel
ils annonçent la quantité de pièces qu’ils délivrent
au direâeur , la nature de ces pièces, leur poids,
& le titre auquel l’effayeur les a rapportées avant
de faire la délivrance d’une brève au direâeur ;
les juges-gardes en retiennent un certain nombre
de pièces ; qui a été fixé par uii arrêt dé la cour
des monnoies, du 22 août 1750 , dans les proportions
fuivantes, favoir :
Pour .l'or ; fur une délivrance qiii n’excède pas
400 pièces, deux pièces ; fur celle qui excède
400 & .n’excède pas 600 pièces, trois pièces ; fur
celle qui excède 600 & n’excède pas 000 pièces,
quatre.,pièces'; & ainfi à proportion, fi les délivrances
font plus fortes.
. Pour .l’argent ; une pièce fur une délivrance qui
n’excède pas 50 marcs ; deux pièces fur celle qui
excède 50 , & n’excède pas 100 marcs ; trois
pièces fur celle qui. excède 100 & n’excède pas
150 marcs; & ainfi à proportion,, fi les délivrances
font plus,-fortes. -
Sur chaque délivrance, de demi-écus, qui n’excéderapas
,50 marcs,, deux pièces ; fur celle qui
excédera 50 & n’excédera pas. 100 marc s.y,quatre
pièces ; & ainfi à proportion.
Quant aux cinquièmes, dixièmes & vingtièmes
d’écus , l’arrêt ordonne qu’il fera retenu cinq
pièces des premiers , dix des féconds, & vingt des
troifièmes, par chaque délivrance qui n’excédera
pas 50 marcs & ainfi à proportion , fi les délivrances
font plus fortes; &' à l’égard du billon,
il doit être retenu fix pièces de vingt-quatre deniers
, fur chaque délivrance qui n’excédera pas
50 marcs, & ainfi à proportion, fi les délivrances
font plus fortes.
Toutes ces pièces font mifes à part, ' & après
avoir été étiquetées, on les enferme dans une
boîte , pour fervir aü jugement du travail ; c’eft
ce que l’on nomme deniers dé boîte, où deniers
emboîtés.
Le ptocès-verbal de délivrance doit être figné
des deux juges-gardes , du direâeur, du contrôleur
contre-garde & de l’effayeur, & 'porté fur
un regiftre à ce deftiné.
Lorfque l’effayeur eft appelé pour ligner ce
procès-verbal, il apporte fa peuille , il l’enveloppe
en préfénée des juges-gardes dans un papier
qu’il cachète, & fur lequel il écrit cettè formule
du . . . 17 . . . . . peuille d’uné brève
de . . . . louis ou écu‘s de . . . pefant . . . .
marcs au titre de . . . . & il figne.
Gette peuille eft enfuite renfermée dans un
coffre fermant à trois clefs, Tune defquelles eft
entre les mains des-juges-gardes, le direâeur a
l’autre, & l’effayeur eft dèpofitaire de la troifième.
Les deniers de boîte font remis ou envoyés
à la cour des monnoies ; cette cour y joint d’autres
efpèces dé même nature, fabriquées dans la
1 même année & prifes ans-choix dans la circu