
Bordures des feuilles.
J’ai dit qu’ il étoit bien effentiel que le leveur
plaçât exaétement les bordures des feuilles les
unes fur les autres, 8c dans toute l’épaiffenr des
porfes blanches. J’ai obfervé que, fans cette attention
, les parties de bordures qui excéderoient,
n’éprouvent pas fous la preiTe une compreflion
égale à celte qu’éprouvent les autres, ne feroient
pas fèclies, ne prendroient pas une certaine con-
fiftance, ce qui occafionneroit des inconvéniens
dans les manipulations fubféquentes du relevage
avant 8c après la colle.
Mais s’il y a des bordures. baveufes ou mal
décidées, inégales, irrégulières, il ne dépend pas
du leveur d’y remédier. Il eft donc également
effentiel que le coucheur n’écorche pas certaines
bordures, 8c ne les écrafe pas en les. alongeant.
Ces mauvaifes bordures peuvent être encore rejetées
fur l’ouvreur qui lève négligemment le cadre
8c éboule les bordures de la rive qui eft de fon
côté ; e n f i n , quelquefois ces défeéhioûtés font la
fuite de la mauvaife tournure du cadre 8c des
formes.
C ’eft ainfi que toutes les opérations font liées
dans la papeterie, & dépendantes les unes des
autres. Un bon fabricant eft celui qui , con-
noiffant cette dépendance, & qui fachant que
les défe&uofirés paffent d’un ouvrier à un autre,
d’un atelier à un,autre, veille par-tout pour prévenir
les fuites de ces négligences ou. de ces _
mal-adreffes qui multiplient les déchets & les
pertes.
On voit par-là que tous les ouvriers de la cuve
contribuent à rendre une feuille de papier parfaite
ou défeéhieufe, fuivant qu’ils font attentifs-à leurs
fondions; que cette attention plus ou moins
foutenue influe fur le fuccès des manipulations
poftérieures , tels font fur-tout le relevage 8c
i’étendage après la colle : on voit d’un coup-d’oeil
combien les bordures des feuilles de papier bien
foignées, bien égalifées , fervent à épargner les
canes & même les autres défeduofités qui dépendent
des manipulations poflérieures.
Quelle que foit la précifion avec laquelle les
bordures des feuilles de papier aient été coupées j
par les ouvriers de la cuve, on peut remarquer
que les' deux bordures des deux grands côtés des
feuilles , diffèrent affez fenflblement : que celle
qui occupe le haut des mains eft bien plus nette
8c plus unie que celle qui eft au bas, laquelle
eft le plus fouvent denteléï 8c même un peu
baveufe. Cette différence vient de ce que l’ouvrier
qui couche les feuilles après avoir appliqué la
forme fur le premier bord du feutre, la lève un
peu en traînant lorfqu’il eft parvenu au bord ©ppofé.
D ’ailleurs , en promenant fa forme d’un
bord à l’autre, le coucheur détermine l’eau à fe
porter vers le fécond bord, enforte que la p;*Ue
plus humide fe trouve expofée à s’ébouler & à
s’étendre. C ’eft à ces circonftances qu’eft due la
différence des deux bordures du haut 8c du bas
des feuilles.
J’ajouterois même ici que l’ouvreur, en levant
le cadre de la forrrte , dérange affez fouvent la
régularité de' cette même bordure par le côté in-
férieur du cadre,qu’il lève le dernier, 8c qui entraîna
de petites parties de cette bordure lorfqu’il
eft détaché négligemment.
Tâche journalière des ouvriers dë la ciiVe.
La quantité de papier que les ouvriers de la cuve
doivent fabriquer chaque jour, eft fixée par un
rifage affez général én France. Cependant, outre
cette tâche, il leur eft libre de faire quelques
porfes de plus dans un grand nombre de fabriques;
mais des fabricans habiles '-ne fe^ prêtent point
facilement à ces augmentations de travail, lorf-
qu’ils ont lieu de craindre qu’elles ne nuifent à
la tâche ordinaire dont ils fe contentent, pourvu
qu’elle foit bien faite.
Je vais donner un tableau des tâches journalières
de la fabrication des différentes fortes, telles
que l’ufage les a établies 8c les maintient dans les
fabriques de l’Angcumois.
La première colonne indique le poids ordinaire
des rames; la fécondé, le nombre des feutres ou
des feuilles dont chaque porfe eft compofée ; la
troifième, le nombre de quais ou quarterons ; la
quatrième, le nombre de rames, mains & feuilles
qui fe fabriquent en un jour ; la cinquième, les
avantages qu’on accorde aux ouvriers , en con-
léquence de cette fabrication ; la fixième, le poids
total de la matière employée dans une journée
à fabriquer telle ou telle forte de papier ; la fep-
! tième, le nombre des affleurées. On fabrique
toujours vingt porfes par jour, mais le nombre
des feuilles comprifes dans la porfe, varie comme
le nombre de quais ou de vingt - cinq feuilles
qui entrent dans la compofition d’une porfe.
| Il eft d’ufage , ainfi que je l’ai dit ci-devant,
d’avoir un ouvrier particulier pour fuivre le travail
de la pile affleurante, lorfque l’on fabrique les
fix premières fortes.
Outre cela , les fortes qui fe fabriquent à feuilles
doubles exigent deux leveurs.
Comme le tableau fuivant ne renferme pas le
grand-aigle, je ne dois pas oublier que les ouvriers
ne fourniffent par jour qu’une rame de ce papier ,
qui pèfe environ cent trente livres la rame.
T A B L E A U
De la fabrication des différentes sortes de papier en Angoumois.
S o r t e s d e p a p
Grand colombier..............................................................
Petit chapelet......................................................................
Idem ...........................................U .............................
Impérial...............................................................................
Super-royal.................... .....................................
Royal-fin...............................................................................
Royal............. ............................................. .................. ... •
Grand compte....................................................................
Idem .................................. * ............................
Cartier à double fe u ille .......................• '.........................
Double l i s .......................................... ................................
Lombard................. ............................................................
Carré................................ ...................................... ... • * •
Idem ....................................................................................
Idem .................................... ............................... ... . . . .
Cloche double 8c grand à la m ain.................................
Petit à la main................................................. i •
Couronne, écu double, moyen compte....................... .
Les mêmes ..............................................................• . • •
Ecu. .................... ... . ................................. ... •
i Ecu . . . , . . . . '{ . . . . v . . .......................
Ecu, cardinal, cornet à deux empreintes .
Cornet, cloche, griffon, grande teillère............. ... .
Petit compte & teillère à double feuille ^ .
Petit cornet, petit lis , ramiaine à double feuille . . . .
Petit compte, petite teillère , pro-patria , feuille fimple.
Cartier à feuille fimple . . . . . ’. ................................
• Petit cornet, petit lis , romaine....................i . . . .
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ai c Quais Rames. 1
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