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NOIX DE BE N. ( Art concernant les)
-ï1— i .arbre qui produit la noix de ben , croît en
Efpagne, en Arabie,-en Ethiopie, & dans les
Indes.
Le ben a deux fortes de feuilles, l'une fimple
& l’autre branchue.
La branchue, prife depuis l’endroit où elle tient à fa tige, eft compofée d’une côte molle , plian-
tc » cylindrique , grêle, femblable au petit jonc
ou à un rameau de genêt, mais une fois plus
menue. De cette côte fortent des queues ou
petites côtes , d’un palme & plus de longueur,
fort écartées les unes des autres, rangées deux à
deux, garnies chacune de quatre ou cinq con-
jugaifons de feuilles qui fe terminent auffi en
une pointe fort menue.
Le tout enfemble forme la feuille branchue : ces
rameaux de feuilles en portent d’autres petites à
leurs noeuds , toujours pofées deux à deux, de
figure & de grandeur différentes; caries premières
font à pointes moufles comme les feuilles du
tournefol : celles qui font au milieu font plus
pointues, & femblables à celles^du myrthe ; celles
qui font à l’extrémité font plus petites & plus
étroites.
Elles tombent toutes en hiver; d’abord les petites
feuilles , puis toute la feuille branchue.
La racine de cette plante eft épaifle, femblable
en quelque façon à celle du navet, noire en dedans
& peu branchue.
Le fruit, félon Bauhin , eft une goufle longue
d’un palme, compofée de deux coffes, cylindrique
, grêle, partagée intérieurement en deux
loges , renflée depuis fon pédicule jufqu’à fon
milieu y contenant une noix de la groiTeur d’une
no:fette dans chaque loge.
Cette goufle eft pointue ou en forme de ftilet,
recourbée en bec à fon extrémité , rouflatre en
dedans, brune ou cendrée en dehors, cannelée &.
ridée dans toute fa longueur, coriace, flexible
de la nature des écorces, un peu aftringente &
fans fuc.
La petite noix renfermée dans chaque loge eft
triangulaire. Elle contient, fous une coque & fous
une pellicule blanche & fongueufe, une amande
aufli triangulaire, grade, blanchâtre, un peu âcre,
amère, huileufe.
La noix de ben contient beaucoup d’huile épaif-
fe , & un peu d’huile effentielle, âcre & brûlante,
unie à un fel ammoniacal. C ’eft cette huile fubtile
qui purge & fait vomir.
Les parfumeurs vantent l’huile de ben, parce
qu’elle fe rancit difficilement, & qu’étant fans
odeur, elle n’altère point celle des fleurs.
Quand on .veut tirer les odeurs des fleurs par
le moyen de l’huile de ben, on prend un vaif-
feau de verre ou de terre , large en haut, étroit par
bas; on y met de petits tamis de crin par étage;
on arrange fur ces tamis des fleurs par lits avec
du coton cardé bien menu & imbibé d’huile de ben;
on laiffe le tout dans cet état pendant quatre
heures, puis on jette les fleurs.
On en remet d’autres avec le même coton, &
l’on réitère jufqu’à ce que l’huile foit fuffifamment
imprégnée de l’odeur des fleurs. On finit par
exprimer l’huile du coton.
L’huile de ben fert encore à adoucir la peau;
Cette huile , mêlée avec du vinaigre & du nitre,
eft auffi très-propre pour guérir les petits boutons,
& calmer les démangeaifons.
On racle les racines de ben dans l’Inde, &
^nA s’en fert comme du raiftn-, dont elles ont le
goût âcre & piquant.
Il eft auffi d’ ufage de .faire cuire fes filiques
lorfqu’elles font vertes & tendres , & de les mêler
parmi les alimens pour leur feryir d’affaifonnemenr.
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NOIX DE GALLE. (Art concernant les)
L es noix de galle font des excroiflances contre |
nature, formées par la piqûre de quelques infectes
fur des. chéries en divers pays.
Ces excroiflances ont une forte de noyau ,
mais elles n’ont qu’une faufîe apparence de noix
ou de fruit. ƒ
H n’y a prefque. point de plante qui ne loit de
même piquée par un infeâe, & qui ne produire
de ces prétendues noix de toute couleur &
de toute grandeur. Il y a des arbres dont les feuilles
en font entièrement parfemées ; mais on ne
leur a point donné de nom, parce qu’on n’en fait
point d’ufage ; peut-être tirera-t-on dans la fuite
quelque utilité de ces excroiflances qui fe trouvent
fur le plane , fur le peuplier, fur le faule , fur le
buis, fur le lierre, &c. Les fecrejs des arts ne
font pas épuifés.
Les noix.de galle, puifqu’on les nomme ainfi ,
viennent fur des arbres qui portent du gland ,
mais non pas fur toutes les efpèces de chêne ni
da'ns tous les pays.
Le chêne qui porte les galles r s’appelle robre ou
rouvre. 11 croît dans le Levant, dans la Pannonie ,
dans l’Iftrie , en Italie, en Provence , en Gaf-
cogne, &c.
Cet arbre eft plus bas que le chêne ordinaire ,
mais fort gros & fouvént tortu : fon bois eft fort
dur; fes feuilles font découpées à ondes affez
profondes, couvertes d’un duvet délicat ; fes
fleurs font des chatons , & fes fruits des glands
plus petits que ceux du chêne commun.
Le rouvre ne fournit pas des galles dans tous
les pays ; par exemple, il n’en porte point en
Angleterre. La raifon eft qu’on ne voit pas dans
les Mes Britanniques , les infe&es qui donnent
naiffance aux noix de galle , & qu’il eft conftânt
que c’eft à.leur piqûre que ces fortes d’excroif-
fances contre nature doivent leur origine : voici
comme elles fe forment fuivant les obfervations
des Malpighi.
Certains petits infeâes , & fur-tout certaines
mouches piquent les bourgeons, les feuilles &
les rejetons les plus tendres des rouvres : ils en
déchirent les vaiffeaux les plus minces , & en
font fortir une humeur qui fe forme d’abord en
nne coque ou veffie, & puis fe remplit & fe
durcit.
En effet, le coeur du bouton étant entamé par
la tarière de l’infeâe, le cours du fucre nourricier
eft interrompu. La fève,détournée de fon chemin
9 s’extraYafe, s’enfle & fe dilate à l’aide des
bulles d’air qui entrent par les pores de l’écoree ;
& qui roulent dans les vaiffeaux avec la fève.
Cette veffie fe fèche en dehors, & l’air extérieur
la durcit quelquefois en forme de croûte
& de noyau. Enfin cette boule fe nourrit , vé-
gette, & groffit avec le temps comme le refte de
l’arbre. 1
Ces veffies font deftinées à être comme la matrice
qui doit recevoir les oeufs que pondent ces
infeâes , les conferver, les échauffer , les faire
éclore & les nourrir.
Quand an ouvre les noix de galle mûres
& récentes , on trouve à leur centre desvermif-
feaux , ou plutôt des nymphes qui fe développent
infenfiblement, & fe changent en mouches qui
font quelquefois d’un genre diffèrent.
Peu de temps après que ces infeâes font formés
, ils fe cherchent une iflùe en rongant la
fubftance de la noix de galle ; enfin ils font un
trou rond à la fuperficie, par lequel ils fortent
& s’envolent.
Si les noix de galle ne font j^pint percées, on
y trouve le vermiffeau ou la mouche ; mais fi elles
font ouvertes, on les trouve vides ou remplies
d’autres animaux qui font entrés par hafard dans
les trous, & fe font cachés dans ces petites tanières:
on y trouve, par exemple, quelquefois
une petite araignée qui profite du domicile vide :
elle y tend des filets proportionnés à la grandeur
de la place, & y attrape -des pucerons fans expérience,
qui y viennent chercher aventure.
On diftingue deux fortes de noix de galle dans
les boutiques ; favoir, celles d’Orient, qu’on appelle
noix de galle d’Alep ou alépines, & celles de notre
pays. , -
Les noix de galle d’Alep font arrondies , de la
groffeur d’une aveline ou d’une petite noix, an-
guleufes, plus ou moins raboteufes , pefantes , de
couleur blanchâtre, verdâtre ou noirâtre, compares
& réfineufes en-dedans, d’un goût aftrin-
gent & acerbe.
Celles de notre pays font rondes , rougeâtres ,
ou roufles, polies à leur fuperficie , légères, faciles
à rompre , d’une fubftance plus raréfiée, fpon-
gieufes , & quelquefois creufes. Elles font moins
bonnes pour la teinture que les noix de galle du
Levant.
On vient de voir que les noix de galle différen
par leur figure , par leur couleur, & par leut
furface polie ou raboteufe : différences qui dépend