
jufqu à deux ou trois fois lorfqu’on travaille aux
grandes fortes , qui confominent plus de matière.
C elt le leveur qui eft chargé d’apporter la pâte
afneuree, de la verfer dans la cuve, & de la brader
conjointement avec l’apprenti.
En fournidant la cuve, on détermine la proportion
de la pâte à fon véhicule, & on l’entretient
fuivant qu’on fait du papier mince ou épais ,
ou bien fuivant qu’on travaille en général à grande
eau ou à petite eau.
On a remarqué que plus la cuve efl fournie
de pâte , moins les feuilles de papier font nettes
& tranfparentes , moins la fabrication peut être
foignée ; il y a fur-tout un point fur lequel l’ouvreur
peut moins atteindre à une certaine exactitude
* c eft,l’egalité des feuilles ; plus l’ouvreur rencontre
de pâte dans ,1e lieu où il puife , plus il ed
expofe a faire des feuilles inégales, quelque adrede
& quelque habitude qu'il ait.
. Fut ; c’eft le châffis de la forme armé de fes
pontu féaux.
Gargouche ; forte de papier de pâte très-
commune, qui fert fur-tout aux artificiers. Voyez
1 article enveloppe (pâte-grife) : on y mêle de la terre.
Genes , ou les trois O de Gènes ; forte qui fe fabri-
que en grande quantité dans les moulins de la rivière
du Ponant de l’état de Gènes. Nous l’imitons
»»ijk*611 dans les fabriques des environs d’Auch &
de Bayonne. Elle s’exporte abondamment aux Indes
Ffpagnoles, où elle fert principalement à former
les cigares , c e/l-à-dire , à envelopper de petits
paquets de tabac, avec lefquels les Indiens fument
en mettant le feu au papier. Voy. le tarif, p. 538.
Gobée , Godage ; forme défeâueufe & gauche
que prennent^ les papiers, fur-tout les grandes
fortes, lorfqu’on les étend fans qu’ils aient éprouvé
fous la prefle une defEccation égale au centre &
vers les bords. -
Les feuilles’ de papier étant predées entre les
leutres , dont fépaifleur n’eft pas égale au centre
& fur les bords, éprouvent une compreffion inégale
; elles font donc plus féches-au milieu que le
long des bords , qui redent mollades & fans
confidance : dès que la defEccation de ces feuilles,
étendues dans cet état, commence à s’opérer , elles
fe retirent le long des extrémités, de manière qu’il
s’y forme un encadrement qui refferre le milieu
ol le fait goder.
Cet edet elt encore plus fenfible fur les papiers
de pâtes pourries , que fur ceux fabriqués d'une,
pâte non-pourrie ; car les premières fortes retiennent
les 'dernières eaux plus fortement que
les fécondés fortes.
En conféquence de cette retraite inégalé, le
dos des pages préfente une élévation bien marquée
du milieu au-dedus des deux extrémités.
Lorfqu’on bat le papier ainft féché, par l’apla-
»idement & l’extenfion des parties du centre,
>1 réfulte que le godage fe diftribue dans tout le ;
contour des bordures , ce qui gâte encore plus j
les feuilles. On peut fe convaincre par-là que fe
mal eft fans remède, & que le centre & les e x trémités
des feuilles ont pris une contexture par,
ticulière qui ne peut jamais fe raccorder enfembfe.
Pour obvier à cet inconvénient, il faut prelfer
également les porfes au centre & fur les b o rd s
en garnidant les bords des feutres par des bandes*
d érodes, qui font que la porfe-feutre éprouvé une
^;ale comprefEon , & que le papier perd ég ale-
pent par-tout l’eau furabondante qui le p é n é tro it.
On l’évite encore mieux en admjniftrant les pref-
fages de l’échange, avant & après la colle, av ec
intelligence & fur les principes que j’ai ex p o fé s
ailleurs. (Voyez échange). On parvient'pâr ces fo in s
& ces attentions, à n’odrir à la dediccation des
ètendoirs, qu’un papier à qui il refte très-peu
d’humidité, & également diftribuée par- tout.
En voulant rétablir un papier fin , format in-12
après l’imprefEon, j’ai rencontré les mêmes diffr
cultés du godage dont je viens de parler ; elles n ’ont
difparu qu’en trempant également dans toutes leurs
parties les feuilles, & en fuivant les opérations de
1 échange avec foin.
J’ai remarqué aufE une efoèce de godage affez
fenfible dans les bandes des feuilles qui fe trouvent
correfpondre aux intervalles des pontufeaux, &
qui font d’un tidu didérent de la partie ombrée
plus épaiffe , laquelle fait, quant à ces bandes,
1 effet d’un cadre qui ne s’eftpas prêté également
à la defEccation. Cette defeâuofké paroît. moins
dans les papiers étoffés.
G o u v e r n e u r d u m o u l i n ; (le)-ouvrier c h a rg é !
de pluEeurs opérations importantes : c’eft lui qui
fait defeendre le chiffon dans le pourriffoir,, qui
fuit le chiffon dans tous les progrès du pourriffage,
jufqu à ce qu’il le porte au déroinpoir, où il le
coupe par petits morceaux, avant que d’en g arn ir j
les piles à effilocher : c’ell lui qui conduit le tra v a il ®
de ces piles , qui veille” à ce que la matière y
circule % y foit lavée, blanchie & battue, qui rince
à pluEeurs reprifes les bords des piles , les m a ille ts ,
les couloirs. Le même ouvrier eft aufE chargé du
travail des piles à raffiner, qui fe fait en même-
temps que celui des piles à effilocher , & d ’ap rès
des principes differens. Voyez pag. 491. On fent
combien cet ouvrier doit être occupé,, fu r- to u t
lorfqu’on confidère que les moulin«» font en m o u vement
la nuit comme le jour ; & c’eft pour cette
raifon qu’on lui donne un aide dans l’apprenti,
fur-tout lorfqu’il doit fournir la matière à d eu x
cuves, & gouverner cinquante à quatre-vingts
maillets. Le fuccès.de la fabrication dépend particulièrement
de l’intelligence, de la force & de
l’aéfivité de cet ouvrier, dont le repos eft fou v e n t
interrompu par la néceffité de remuer les piles à
effilocher, ou de remonter les piles, à raffiner.
Ç eft lui qui doit fournir aux ouvriers de la cuve
une pâte qui fe prête à leurs manoeuvres, & qui
ne foit pas fur-tout trop chargée de graiffe.
Les moulins à eilyndre ont aufE leur gouvet*
neur, qu i v e i lle à la con d u ite d u tra v a il de ces
machines , & qu i d oit y ap po rter d’autant plu s de
foin & d’in te llig en c e , qu e les c y lin d r e s e xécu ten t
des opérations plus d é lica te s & plus pré cife s qu e
les maillets. V o y e z pa g. 4 94 & 4 9 5 -Voyez piles,
batterie , & c . . |
G o u t t e s . O n nomme ainn certa ine s marques
rondes -, o ù l’ é toffe du papier a é té déran gée &
rendue plus mince & p lus claire par la chu te d’une
goutte d’eau. I l y a d eu x fo rtes de gouttes : celles
que fait l’o u v r e u r , & c elles q u e fait le cou cheu r.
Les premières font plus grandes , plus claires , &
ont un reb ord plus ma rqué & plus r e le v é q u e les
fécondés, q u i , ordin airemen t fo r t p e t ite s , o n t une
bordure moins d illin g u é e du fond de la fe u ille . O n
doit fentir la ra ifon d e ces d ifféren ces : la fe u ille de
papier e ft en core ple ine d’eaù lorfq u e l’o u v reu r
vient de la fo rmer , & qu ’ il retire la c o u v e r t e ,
de laquelle tom b en t ordin airemen t les gou tte s ; a in fr
leur chute d oit fa ire b e au cou p plus d ’ impreflion
& déranger plus pro fondément u n e m a tiè re mob ile
& no yée d’e a u , q u e lo r fq u e la fe u ille , étant détachée
de la fo rm e , & r en v e r fé e fu r le feu tre ,
a déjà pris une certa ine conftftance ; ca r e lle a
perdu une partie de fo n e au furabondan te pa r
l’imbibition du feutre.
. On d iftingu e en co re les gou tte s de l ’o u v r eu r , en
ce qu’elles Conferv ent dans leu r champ l’empreinte
de la v e r ju re , qu i , fo u ten an t la p â t e , a p u y
laiffer fes traces au milieu du d éfo rd re q u e la g ou tte
d’eau y a cau fé . C e lle s du cou ch eu r , au c o n tra ir e ,
offrent un champ n e t , pa rc e q u e la fe u ille qu i
les a reçu e s é tan t fu r le fe u t re , rien n ’a pu
conferver les pro ém inences de la pâte fo rmée s dans
les intervalles des brins de la v e r ju re .
Je dois rapporter au x gouttes les bulles d’eau
qui fe fo rm en t qu e lq u efo is lorfq u e l’ o u v reu r pu ife
dans la c u v e , qu ’ il e n lè v e fu r la fo rm e , & q u i , en
crevant, d éran gent l’ o u v r a g e , & laiffent l’apparence
de gouttes m a l terminéeslfur leurs b o rd s , qu o iqu ’af-
fez g rand es , & co n fe rv an t les traces de la v e r ju re .
Grain du papier. ( P o u r fa ire c on n o ître plus
particulièrement c e qu e c’eft qu e le grain du papier,
il faut rem onte r ju fq u ’à fa fo rm a tion . )
L’imprefEon de la verjure & celle du manicor-
dion s’aperçoivent fur line feuille de papier ,
lorfqu’on regarde- le jour à trayers cette feuille.
L’impreffion de la verjure y paroît comme une
multitude de lignes claires , parallèles entre elles,
& dirigées dans le fens de là longueur de la , feuille.
Le tiflu des chaînettes & du manicordion fe fait
remarquer de diltance en diftance fur fa largeur ,
par une ligne fort claire entre deux bandes plus
opaques que le relie; ces apparences font produites
par la moindre épaiffeur de la pâte fur les
fils de laiton de la verjure, & fur le tiffli.du manicordion.
Les lignes d’ombres , au contraire, font
l’effet de la plus grande 'épaiffeur de la pâte dans
les intervalles vides des fils de laiton, où ellè
infinuée abondamment. Cette difpofition* de
la pâte n’eft pas feulement fenfible à travers le papier
, mais elle eft aufE remarquable à la furface de
la feuille, où l’on voit une fuite d’éminences &
de baguettes parallèles, qui font plus ou moins
faillantes & plus ou moins émouffées : c’jeft jee
que l’on appelle grain du papier ; c’eft ce grain q ue
l’échange a principalement pour but d’adoucir ; c’eft
ce grain qui nuit à l’écriture & à l’impreflion,lorfqu’il
eft trop gros & trop inégal;mais c’eft ce grain qui empêche
les mouvemens de la plume d’être incertains
, par la douce réfiftance qu’oppofent les inégalités
des baguettes qui le forment, lorfqu’elles
font adoucies par la prefle. Toutes les opérations
qui détruifent entièrement le grain du papier, font
aufE mal conçues que mal conduites. Telles font
le battage, le lijfage, le cylindrage & le Jatinage,
comme nous le ferons voir à ces articles.
Graisse. Une pâte trop long-temps raffinée prend
de la graijfe : il eniréfulte qu’elle eft moins propre
à faire du papier , comme nous l’avons dit, pag.
504. La graijfe fort non-feulement des piles par le
kas , mais encore , adhérente à l’ouvrage en certaine
proportion , elle fe précipite fur les parois
de la cuve, pag. $03. C ’eft la graijfe, unie à la
matière fibreufe du chanvre & du lin, qui modifie
1 le travail des ouvriers de la cuve, pag. 504 &
fuivantes. La graijfe fait que la matière adhère plus
avec-fon véhicule, ce qui la rend utile dans certaines
occafions, ibid.
Griffon ; forte de même format que la couronne.
Elle eft d’un très-grand ufage pour l’écriture.
Voyez le tarif, pag- 537» & l’article couronne.
Grippes ; pièces de bois placées debout aux
deux côtés des piles, & taillées en crénaux; les
unes portent les queues des maillets,& les autres en
dirigent les têtes, pag. 488; les premières portent
aufti des crochets pour tenir les maillets fufpendus
lorfqu’on retire les matières des piles , p. 489. On
appelle les premières grippes de derrière, & les
fécondés grippes de devant, pag. 489.
Gris (papier) : voyez enveloppes.
G ris-collés. (papiers) On connoît fous cette
dénomination le raijin, de 16 poucés & demi
fur 2.0 & demi, du poids de 30 à 32 livres, qui
fert pour enveloppes; la main-brune, de 11 pouces
& demi fur 14 & demi, &du poids de 9 à 10 liv.
Yétrejfe, qui,avec les mêmes dimenfions que la forte
précédente, pèfe dè 18 à ao livres. CeS deux fortes
fervent à faire le dedans des cartes à jouer. •
G robin ; nom qu’on donne en certaines
provinces , aux lots de chiffon qui réfultent
du travail des trieufes. On en diftingue trois,
qu’on appelle grobin fin, grobin fécond, grobin troi-
Jième.
Ces expreffions ne font plus guère ufitées dans
nos fabriques.
Hiér a tiq ue; forte de papier d’Egypte, qui
recevoir le moins d’apprêts , pag. 465.
■ Hollande ; (papier d e ) c’eft une étoffe fabriquée
ave«-une "pâte tirée a’un chiffon non-pourri.