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lame très-mince, après quoi on le fait recuire &
ou le roule en fon état de lam e p o u r lui donner
à-peu-près la forme d’un cornet, nom qu’il
conferve jufqu’à la fin de l’opération.
On met ce cornet dans un matras, efpèce de
bouteille ou fiole à long c o l, dans laquelle on
veïfe à-la-fois de l’eau forte affoiblie avec de
l ’eau commune bien pure ; cet affoibliffement
doit être proportionné au degré de concentration
* de l’eau-forte que l’on emploie.
On expofe ce matras à un feu doux ; on laifle
l’eau forte en ébullition, jufqu’à ce qu’il ne s’élève
plus du cornet d’effai que quelques filets.
On retire enfuite cette eau forte affoiblie pour y
en fubflituer d’autre qui ne i’eft pas, & on expofe
de nouveau le matras à un feu doux : on l’y
laifle jufqu’à ce qu’il ne s’élève plus de fon fond
que des globules de la groffeur d’un pois ; alors
on en retire l’eau forte, & on la remplace par
de l’eau commune.
On retire le cornet de dedans le matras en le
renverfant dans un petit creufet ( dont on a foin
de faire egoutter l’eau ) , & qui fert enfuite à faire
recuire le cornet.
Lorfque l’on s’aperçoit qu’il eft bien rouge,
on le retire & on le laifle refroidir, après quoi
on le pèfe. La différence qui fe trouve entre fon
nouveau poids & celui qu’il reprélentoit avant
l’opération , détermine le titre de l’or que l’on
s’eft propofé d’effayer, en indiquant la portion
d’alliage qu’il contenoit.
Tous les efi'ayeurs font obligés de fe pourvoir
au dépôt établi à la cour des monnoies, en exécution
des lettres-patentes du premier août 1779,
des agens & fubfiances néceflaires à leurs opérations.
Il leur eft ordonné par l’arrêt du confeil du
30 août 1723 , de marquer de leur-poinçon les
lingots d’or & d’argent qui leur font portés pour
en faire l’eflai, dans l’inffant même où ils leur
font remis; de tenir un regiftre exaél de leur
poids, de leur titre, & des noms, qualités & demeures
des propriétaires ; d’infculper fur chaque
lingot le numéro fous lequel il aura été enre-
giltré, & le titre auquel il a été rapporté : fi le
propriétaire d’un lingot défire qu’il en foit fait
plufieurs effais, l’effayeur eft tenu de l’enregiftrer
,1'ous un numéro différent, autant-de fois qu’il
l’effaie, & d’infculper ces numéros fur le lingot.
E s s a y e u r ; o f f ic ie r d e m o n n o ie q u i fa i t l ’e f fa i
& r e c o n n o i t l e t i t r e d e s m é t a u x q u e l ’ p n v e u t
e m p l o y e r o u q u i o n t é t é fa b r iq u é s .
C ’eft fur le rapport de Yejfayeur général des
monnoies de France , & fur celui de Yejfayeur
particulier de Paris, que la cour juge fi les pièces
. fabriquées font au titre preferit ; & filr le rapport
au cas d’écharfeté, on procède à condamnation.
E s t à n q u e s ; ancien nom d’une efpèce de
tenailles avec lefquelles on couchoit fur l’enclume
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les morceaux de métal qu’on voulait façonner
pour en faire des efpèees,
E s t e r l i n g ; monnoie d’argent qui avoit cours
fous Philippe-le-Bel : ils étoient à la taille de 160
au marc, valant 4 deniers *
Estoc & ligne (<z la monnoie ) . - Les enfans
& petits enfans des monnoyeurs , taillereffes
ouvriers, enfin de ceux qui ont été reçus &
qui ont prê'é ferment, font dits être cTeftoc &
ligne de monnoyage :■ les aînés ont le droit
d’être reçus, en cas de mort ou de réfignation,
à la place de leurs pères ou mères, félon le fexe
& la place. Les cadets ne peuvent avoir ce droit;
mais on les reçoit dans des places inférieures,
& ils avancent félon les événemens, les occa-
fions & leur habileté.
Etalon (poids) ; c’eft le poids original dé-
pofé au greffe de la cour des monnoies, fur lequel
on doit ajufter.tous les autres poids.
E t o u f f e ou noyé ( ejfai) ; c’eft-lorfque dans
un effai d’or ou d’argent , le plomb n’ayant
point affez de chaleur, la litharge s’amaffe à la
furface de la coupelle, & ne la pénètre point.
E x e r g u e d’une médaillé ; c’eft la petite place
> qui, au bas d’une médaille, eft féparée du relie
du champ par une ligne tirée directement dsun
bord à l’aiitre.
F a c e ; c ’ e f t te c ô t é d ’ u n e m é d a i l l e o ù i l y a
l a t ê t e o u l e n o m d e c e lu i p o u r q u i l a pièce
a é t é f r a p p é e .
F a n o n o u fanos ; pièce d’or extraordinairement
petite .dont la valeur n’çft guère que de fix
fols de France. Ces fanons font faits à-peu-près
comme la moitié d’un pois & pas plus gros. Ils
ont cours à Pondichéry, principalement dans les
comptoirs des François.
F a u s s e monnoie; c’eft la monnoie qui n’eft
pas fabriquée avec les métaux ordonnés par le
fouverain, comme feroient des louis d’or de cuivre
doré.
F a u x monnoyeur ; ç’eft l’homme coupable qui
altère les monnoies, & en diminue le titre, le
poids & la valeur, foit en les rognant, foit en
y introduifant des matières étrangères.
F e r (à la Tjionnoie) ; ce-terme fe dit de l’exaft
équilibre du métal au poids lors de la peféej
comme une once d’or tenant un parfait équilibre
avec le talon, les deux plateaux ne trébuchant
point.
F e r r a g e ( droit de')', droit accordé-aux tailleurs
particuliers des monnoies qui dévoient fournir
les fers néceffaires pour monnoyerlesefpèces:
ce droit, ordonné par le règlement de 1670, en
de 16 den. par marc d’or , & de 8 den. par
marc d’argent.
F i e r t o n n e u r s ; officiers des monnoies, crées
par Philippe-le-Bel en 1214. Les fiertonneurs
doivent vifiter, le matin & le foir, les travaux, &
j avoir des balances pour recevoir au poids ordonne
ou au poids de fierton l’ouvrage des monnoyeurs.
r -F igure
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Figure de la monnoie ; c’eft fa forme extérieure
oui eft ronde en France, irrégulière & à plufieurs
angles en Efpagne, carrée dans quelques endroits
des Indes, &c. S - , ' . , ‘
Fin ; ce terme exprime la purete des métaux :
un or fin, un argent fin , c’eft de l’or ou de l’argent
fans alliage. , . >> c a
Flan (à la monnoie) . Le métal ayant ete tondu
en lames , & paffé par les laminoirs ; avec un in-
ftrument appelé coupoir ou emporte-pi'ece, on coupe
de la lame un morceau rond comme une pièce
unie au palet,d’une grandeur & d’une épaiffeur
conféquente à i’emprein.te que doit recevoir cette
efpèce de palet, qu'on appelle , pour devenir
une monnoie. ■
Ce flan ou pièce unie, avant de paffer au balancier,
eft donnée aux ajufteürs pour la£ rendre
du poids qu’elle doit avoir; enfuite on la recuit,
on la fait bouiMir - dans un fluide préparé,'- &c. ;
enfin j elle continue -d’être' appelée jafqu'à ce
qu’on y ait empreint l’effigie, les armes, legendés'
de tranches Pu cordonnet.
Flattir ; 'c’étoit, fiiivant une ancienne expref-
fion, ajufter les morceaux de lames d’or ou d’argent
au volume, à la grandeur & au poids que
dévoient avoir les efpèees.
Flattoir; nom d’un marteau employé autrefois
dans les monnoies pour étendre les morceaux
de lames d’or ou d’argent deftinés à/faire des
efpèees.
Fleur de lys ; monnoie d’or fin, qui fut fabriquée
en France au mois d’août 13 51 , fous le
règne dri roi Jean. Elle étoit à la taille de 50 au
marc-, & valoit 40 fols ; en. forte que le marc
d’or monnoyé valoit 100 liv.
Il fut encore fabriqué des fleurs de lys d’er fin
le 5 mai -i 365 , fous le règne de Charles V : ils
étoient à la taille de 64 au marc , & valoient
20 fols pièce.
Florin d'or. Cette monnoie a été connue en
France dès l’an 10673 l’hiftoire de Normandie en
fait mention : elfe rapporté que le duc de Normandie
donna à celui qui lui vint dire de la part
de Hérald de fortir d’Angleterre, un courfier,
une robe & 4 florins d’or.
Dans les premiers temps , on appeloit également
florins , le denier d’or à l’agnel, à l’écu,
à la fleur de ly s , à la maffe, &c.
On dit que le roi Jean fit faire des florins d’or
fins à l’agnel, & défendit le cours de tout autre
/florin.- -
Florin george.s ; monnoie d’or fabriquée à
Orléans, par l’ordre de Philippe de Valois : on
leur donna cours au mois de février 1340 ; le
roi étoit repréfenté fur cette morinoie fous la
.figure d’un St. Georges terraffant un dragon, ce
tpii fignifioit le roi d’Angleterre.
Florin d’or, fabriqué fous Louis-le-Débon-
naire : il eft à préfumer que c’eft le même que
le fol d’or.
Arts & Métiers. Torn. V\ Part, 1.
F lorin d’or de Lorraine., au titré de 17 karats.
Florin d’or du cardinal ■ de Lorraine, qu’il a
fait frapper à Verdun en l’an i 6 i i , au titre de
16 karats 8 grains.
Florin d’or du. duc de Bouillon ■ , . frappé à
Sedan en 1614, au titre de 16 karats 8 grains-
Florin d’or -de Befançon, au titre de 18 karats
2 grains , valant environ 3 liv. 18 fo ls ,' à
27 liv. le marc.
F oiblag e; c’eft dans le monnoyage un poids
trop' foible :; c’eft au (fi la permiflïpn que le roi
accorde au direéteur de fes monnoies , de pouvoir
tenir le marc de fes efpèees d’une certaine quantité
de grains plus foible que le poids.
Le foiblage de poi'ds eft de quinze grains par
marc d’o r , dont un iquart eft trois grains trois
quarts, que le dire&eur a pour le retourner pu
pour> le jouer;
L’argent a trente-fix grains, dont le quart eft neuf
grains , & pour lé b il 16 ri quatrè pièces. ,
Forme dés monnaies-; c’eft ce qui confifte au
poids de l’efpèce, en la taille , au rémède de
poids, en l’impreflion qu’elle porté, & en la valeur
qu’on lui donne. "
Fosse (/æ) ; c’éft au hgs du balancier une profondeur
où fe tient a (fis le monnoyeur qui doit
mettre les flans entre les carrés, ou les eh retirer
quand ils fönt marqués,
y Fournaise , ancieri ternie de monnoyage,
étoit l’endroit où les- ouvriers s’affembioient pour
battre les carreaux fur le tas ou enclume pour
fiatir & réchauffer les flans. ! ' '
Fourneau à foüfflst ; . c’eft un fourneau qui a
une ouverture à fleur du foyer, par laquelle il
reçoit le vent d’un foufffet pour animer le feu.
F ourneau 'a vêtit ,• c’eft un fourneau qui.reçoit
l’air ou le vent par une ventoufe pratiquée au
devant du foyer.
Fourrées (médailles) ; celles qui n’ont qu’une
petite feuille d’argent fur le cuivre , mais battus
enfemble avec adreffe.
F r a n c d’or , monnoie d’or fin.1 Cette monnoie
fut commencée vers la fin du règne- du roi
Jean , l’an 1360, lorfqu’il fut revenu d’Angleterre :
elle pefoic un gros un grain, & valoit 20 fols
ou une livrer elle repréfente environ 7 liv. à
27 liv. le marc. _
La rançon que le roi Jean paya au roi d’Angleterre,
moritoit, fuivant l’ordonnance du 5 décembre
1360, à trois millions d’écus d’or, dont
les deux faifoient la noble à la rofe -, monnoie
d’or ayant cours alors en Angleterre , pefant
6 den. à 23 karats|, ce qui fait monter cette
rançon à la fomme de 17,362,500 liv. de la monnoie
à 2 7 liv. le marc; & à 49 liv. 16 fols , prix
aftùel du marc, à celle de 32,136,000 liv.
Il ne s’eft jamais vu fous aucun règne, tant
de différentes variations fur l’argent, que fous
celui du roi Jean ; on en pourra juger par celles
qui arrivèrent dans l’éfpace d’un an ou eavi-
E e