
de la France avec l’Angletterre & la Hollande.
Nous nous permettons d’obferver, que les ba-
fes fur lcfqueiles ont été calculées les différences
& les pertes qui on ont réfultê , font fautives
, en ce qu’elles ne font pas fondées fur les
parités intrinfèques de la valeur des monnôies
de ces différents pays , foui moyen de trouver
la .proportion véritable des changes.
On a déjà vu que cette parité étoit pour l’Angleterre
, 2 ^ fterlings : ou environ, pour un écu
comptant, à quoi ajoutant§ pour cent pour l’ef-
cqmpte au terme de 60 jours, auquel font payables
les rembourfemens, on peut l’établir à 29
deniers.
Et pour la Hollande, moyennant l’addition
d’un - , pour cent, pour l’efcompte dev 3 mois ,
la parité reffortiroit à 54 \ deniers.
Quant à l Efpagne, voici comment on peut
trouver la parité.
Pour Vor.
La piftole d’or au balancierayant cours pour
1 , piftole de change , contient réellement 115
| | | grains de matière pure ; ainfi, on peut évaluer
que chaque piftole de change qui eft une
monnoie imaginaire équivaut à 92 grains de
matière pure, & vaut , dans la proportion de
720'livres, le marc de nos louis y contenant 4149
crains d’or fin ou de matière
- • ;< U-\r, • d. •
p n « . , ..................... ,........... - - 'S 5 S t ,
La piftole d’or du Pérou ,
idem 113. f idem 91
idem ......................................... 15 16 4 ^7
La piftole d’or de la fabrication
commencée en 1772 ,
ayant-cours pour une piftole
7 reaux de platte idem 114
I f f , ideni. 91 f B f • 18
47 '5 4 -nkW-h
La parité commune eft de. . 15 :8 5 f
Pour r argent.
La piaftre aux deux globes vaut numérairement
10 | reaux de platte vieille, & contient 459 , -f
grains de poids d’argent fin , en matière pure.
Ainfi, on peut évaluer que la piftole de change,
qui eft une monnoie imaginaire, contient 1383
grains de poids matière pure , & vaut dans la
proportion de 49 livres 16 fols le marc de nos
écus contenant 4158 grains
d’argent fin , ou de matière
| « 1: {■ ('.&%*?£ 9.•;
pure.......................................16 i ï 4 .
La piaftre ïffigiée, de même
valeur, confient 452
grains en matière pure, ÜC
dans la même proportion la
piftole de change contient
1362 grains en matière
pure, Ôt vaut idem........... 16 6 3
La parité moyenne ,
d e ........... ! ......................
eft •
..16 8 10 49o87"5
Et par conféquent la parité du change entre
la France & l’Efpagne eft de deux fortes.
Sur les matières d’or , de................................ ^ -M1. f. cl.;; ' 18 5 -w rïi 'V;,
Sur les matières d’argent,
d e ................................ . . . . . 1 6 8 10
. La 1p arité moyenne, eft J s . _ 1080899587iaai d e ...................................................................l 6 3 7 — à siS .3 a » 9 5 o o -
Ces deux parités font entre eues comme 103 7
ou à-peu-près, eft à 100 ; & cetre différence provient
de celle qui exifte dans les deux royaumes,
dans la proportion de l’or avec l’argent.
Prenons donc cette parité moyenne pour terme
de coinpariifon, & l’on
I - ■ ■ I 1, f. d.
aura........... .............................M 3 7 Mais les frais d’extraftion-
& de tranfport jufqu’à Paris ,
évalués à 5 | pour cent équivalent
à ..
Refte. . .15 $ » qui feroit
la parité du change de Paris, avec Madrid, à
vue ; mais comme l’on tire la majeure partie à
60 jours de date & que l’efcompte de ce terme
à 5 pour cent, équivaut à — pour cent ou 1 fous
3 deniers par piftole par mois, à 2 f. 6 deniers pour
les 60 jours ; la véritable parité du change de
Paris avec Madrid , à 60 jours de date eft de 15
livres 2 fous 6 deniers.
C ’étoit par conféquent des caufes extraordinaires
, qui auroient occafionné la baiffe du cVange
fort au-deffous de cette parité. Dans le nombre ,
peut être placée l’augmentation de la valeur numéraire
de l’or en Efpagne, du mois de juillet
i779>Ü s’établit dès-lors une nouvelle proportion
dans le prix des matières d’or & des matières
d’argent, il en réfuîta une différence de
n deux trois deniers par plie, de change
dans la parité moyenne ; ce qui auroit fervi de
I bafe pour la-fixation du change , s'il y avoir en une
utilité égale à extraire l’or : mais comme cette
nouvelle opération deyoit empêcher la fortie de
l’or, comme d’ailleurs la plus grande maffe de
numéraire eft l’argent, & que les frais font relatifs
à ce métal, on peut dire que la révolution
du change dut être légère & uniquement i’effet
de l’opinion.
A la fuite de cette nouveauté, furvint l’éta-
bliffement du papier monnoie ou des billets royaux,
opération, qui, quoique avantageufe à l'Espagne,
par le mouvement quelle imprimoit à la
circulation des efpèces, dans un pays où l’in-#
duftrie ne fauroit fuffire à l’emploi des capitaux,
porta une atteinte réelle à fon crédit dans l’é tranger.
La nation , méconnoiffant dans le principe
Futilité d’une pareille reffource , contribua
elle-même à augmenter le diferédit, en établifîant
des primes de 5 , <■ >, 7 , & même jufqu’à 10 pour
cent, pour la converfion des billets en efpèces.
Si l’on ajoute à ces deux premières caufes , la
privation qu’effaya l’Efpagne des revenus^de fes
Colonies, pendant la durée de la guerre, les
emprunts auxquels elle fut obligée de recourir en
Hollande, & d’autres circonftances non moins fa-
cheufes, on ne feia plus étonné de la révolution
qu’avoit éprouvé le change, qui eft le thermomètre
, non - feulement de la profpèriré habituelle
, mais 'encore de la fituation momentanée
des Empires.
Les chofes ayant changé par la paix de 1783,
la confiance due aux billets royaux â’étvmt ai-
• ferjnie , & les CoLonies ayant mis l’Efpagne en
état d’acquitter la dette de fon commerce , il de-
voit néceffairement s’opérer une fécondé révolution,
pour rétablir le change d’Efpagne, au niveau
qui lui étoit afligné par la nature des chofes.
Peut-être çette révolution n’auroit-t-elle pas été
auffi prompte qu’elle le fut en 1784 . fi la France
s’étoit bornée à recevoir fa créance, mais elle
devoir fè réàlifer dans un intervalle plus où
moins long. Nous croyons donc, que la hauffe
du change d’Efpagne, ne doit pas entrer dans le
calcul .de la perte qu’a co'uté l’accaparement des
piaftres en France, attendu que même dans ce
moment, où l’Efpagne doit beaucoup moins aux
autres nations, par la ftagnation de fon commerce
àvec l’Amérique, fes charges fe trouvent encore
au-deffous de la parité établie , n’étant qu’à 14
livres 18 fous , fur Madrid, à 60 jours, ce qui
revient à 15 livres 6 deniers à vue.
Mais en fe tournant vers l’Angleterre & la
Hollande , on ne peut que gémir avec l’Auteur,
fur les funeftes effets de l’accaparement, & voir
comme lu i, dans le rèfultat de cette opération ,
une perte évidente pour la France , de plufieurs
millions, perte qui doit s’agraver de jour en
jour, par les intérêts dont la France fe conftitue
redevable envers les nations étrangères , pour fes
emprunts annuels qui abforbent, en partie^ les
bénéfices de fon conimïrce avec ces nations.
Avant de terminer cet article, nous nous per- |
mettons de faire une obfervation relative aux ac-
caparemensi C e ft que les fabrications extraordinaires
d’efpèces, qui ont été faites pendant les années
1784, 1785 & 1786 , ont dû produire un bénéfice
de 3 pour cent ou environ , par les droits de
feigneuriage, frais de tranfport & de commiilion,
dont elles ont été fufcepûbles.
§• IV.
Mais ces foibles dédommagemens ne font rien
auprès des inconvénient qu’entraîne le fyftême
de l’accaparement d’une ma fie de numéraire trop
confi'dérable : auffi croyons-nous devoir adopter
en entier le voeu de fauteur du Mémoire, qui
tend à le proferire. Nous ajouterons que pour y
parvenir plus furement, cette te for me doit-être
précédée d’une, beaucoup plus eflentielle , & qui
a été jnfqu’à préfent la principale caufe des ac-
caparemens. Ce font les furachapts accordés cx-
clufivement à quelques particuliers , au préjudice
du commerce, furachapts dent le premier abus
eft de faire jouir un particulier d’un droit qui
n’appartient qu’au R o i, ,dont le produit eft applicable
aux befoins de l’état, & qui doit lui tenir
lieu d’une autre contiibution de la part du
commerce. Ajoutez à cela, que le plus fouvent
le furacheteur, pour jouir d’rne partie du bénéfice
qui lui a été concédé, eft obligé d’en facri-
fiêr l’autre portion au befoin de s’affurer d’une
forte quantité de matières , d’où ré fuite l’augmentation
du prix de celle-ci, qui forme une
perte réelle pour la nation. C ’eft ce que nous
avons vu s’effèsftuer l’année dernière , par !e marché
onéreux conclu avec la banque de Madrid,
dans lequel le prix des piaftres a été élevé d’un
& demi pour cent, au-defi'us des années précédentes.
Ce n’eft pas tout encore, & fans parler
de l’injuftice du privilège exclufif, dans le commerce
qui réclame fans ceffe égalité d’encouragement
& de prote&ion , on peut dire encore , que
l’effet ordinaire du furachapt, étant de concentrer
dans un petit nombre de mains tout lé numéraire
, il s’enfuit que le négociant eft à la
merci du (uracheteur , pour toutes les opérations
dans lefquelles ce moyen d’échange eft indif-
penfable ; que c’eft celui-ci , qui raréfie ou fait
abonder à fon gré l’o r .& l’argent, qui renchérit
ou fait baiffer le crédit , fuivant que cela convient
à fes combinaifons fifcales. Notre Place a
fourni tout récemment un exemple de cette vérité ,
tandis que la banque d’Efpagne y faifoit verfer
des femmes conficlérables, !e numéraire provenant
des fabrications', difparoiffoù immédiatement,
pour paffer à la Capitale, fans que la plus petite
partie pût en être détournée pour les befoins
du commerce.
Il a réfulté de ces opérations un renchériffe