
donnons pour repréfentér le futur d’un verbe.
Mais il eft temps que l’art commence à venir au
fecours de la nature.
Nous lui avons appris à écrire de lui-même ,
perpendiculairement l’un fur l’autre, les noms des
fept jours de la femaine. Nous lui difons de les
écrire dans le même ordre., & enfuite nous mettons
à droite & à gauche de fon écriture ce qui fe
trouve ici avant & après ces mêmes mots fous différens
titres.
P r é s e n t .
Aujourd’hui. . . . Dimanche, . . . Je nerangerien ,
I m p a r f a i t .
Hier...............Lundi , . . Je rangeois mes livres.
P A R F A I T.
Avant-hier . . . . Mardi, . . J’ai rangé ma chambre.
P l u s q u e - P a r f a i t .
Avant avant-hier. . Mercredi, J’avois rangé mon
cabinet.
F u t u r .
Demain............. Jeudi, . . Je rangerai mes papiers.
\
F u t u r .
Après-demain......... Vendredi, Je rangerai mes
tiroirs.
F u t u r .
Après après-demain. . . Samedi, . , Je rangerai mes
armoires.
Hier , avant-hier & avant avant-hier, s’expriment
par le nombre de fois qu’on a dormi depuis le
jour dont on parle.
Demain, après-demain, & après après-demain,
fe reçréfentent par le nombre de fois qu’on dormira
jufqu’au jour dont il s’agir.
Alors nous apprenons au fourd & muet à gêner
fa liberté.
Il jetoit indifféremment fa main vers fon épaule
, pour exprimer une chofe paffée ; nous lui difons
qu’il ne faut la jeter qu’une fois quand il
s’agit de l’imparfait ; deux fois , quand il eft quef-
tion du parfait ; & trois fois pour le plufque-par-
fait, ce qui eft vraiment analogue aux chofes figni-
fiées : le plufque-parfait annonçant uneaâion plus
anciennement paffée que le parfait, & celui-ci
faifant la même chofe à l’égard de l’imparfait.
Nous faifons obferver plufieurs fois au fourd &
muet, dans les conjugaifons, la différence des ter-
mi naifons de chacun des mots qui compofent les
temps , en lui mettant le doigt fur chacune de ces
différences.
Nous lui faifons aufH remarquer qu’il y a dans
notre langue huit temps de l’indicatif, qu’on met à
côté l’un de l’àiitre fur une même ligne horifonta-
l e , avec chacun leur titre ; la table fur laquelle
on le fait écrire, étant partagée pour cela en
huit carrés égaux qui font ineffaçables.
1 On lui montre que de ces huit temps, il y en
[ a quatre qui font intitulés parfait en cette manière.
Ier Parfait. 2 e Parfait, g j Parfait. 4e Parfait,
J’ai aimé. J’aimai. . J’ai eu aimé. J’eus aimé
• Les fignes qui doivent les exprimer fe préfen-
tent tout naturellement : après avoir porté la main
à fon épaule> ce qui eft le figne commun à tout
parfait, on fait le figne de premier, ou de fécond
ou de troîfième, ou de quatrième , comme nous
! l’avons dit en. parlant des noms de nombres, ce
qui annoncé au fourd & muet quel'eft le parfait
dont on parle_, & celui qu’il doit écrire fi on lui
diâe : auffi ne s’y trompe-t-il point.
Nous rie l'aillons pas ignorer au fourd & muet
. l’ ufage de ces différens parfaits , dont les uns expriment
un tems paffé , mais indéfini, comme fai
aima \ les autres définiffent ce temps paffé , comme
faimai.
Il y en a qui expriment, mais d’une manière
indéfinie, uri paffé qui' eft antérieur à un autre
qui s’eft paffé depuis ; comme fa i eu aimé: d’autres
expriment ce paffé d’une manière définie ,
comme f eus aimé.
De l'application quon doit faire des fignes aux modes
des Verbes.
Les modes ou manières de conjuguer un verbe
Lignifient la même chofe. Ces modes font, l’indicatif,
l’impératif, le fubjonâifi& l’infinitif: nous
y joignons le participe, parce qu’il a un préfent ,
un paffé & un futur , comme d’autres modes.
a Pour ne point multiplier les fignes fans néceffi-
té, nous n’en donnons point à l’indicatif, parce
qu’il fuffit qu’aucun figne n’indique un autre mod
e , pour que le mot du Verbe dont il s’agit foit
à l’indicatif.
Mais le fourd & muet a remarqué le figne de la
main & des yeux qu’on lui faifoit toujours, &
qu’il faifoit lui-même , en cas de befoin, pour exprimer
un commandement ; il retrouve avec nous
ce figne , pour indiquer l’impératif. Cependant au
lieu de ce figne, on joint les mains pour indiquer
le fupplicatif, quand il s’agit de quelque grâce
qu’on demande.
Nous trouvons très-fouvent dans le difeours
deux Verbes joints enfemble par un que, mais
dont le premier lignifie une manière d’être ou d’agir
, qui influe directement ou indirectement fur
celle qui doit être exprimée par le fécond. Le premier
annonce en quelque forte la caufe, dont le
fécond exprimera l’effet. -
Cette liaifon entre la caufe & l’effet, qui s’exprime
dans notre langue par la conjonction que ,
& dans d’autres Langues par le terme qui convient
à chacune d’elle , a fait inventer un mpde, c’eft-à-
dire , une manière de conjuguer différente de celle
dont on fe fert pour exprimer une fimple affirmation.
Ce mode n’a dans notre, langue que, quatre
temps ; favoir, le préfent, l’imparfait, le parfait
& le plùfque-parfait, dont tous les pronoms per-
fonnels font toujours précédés, par un que , & chacune
de leurs perfonnes a fa terminaifon qui lui
eft propre.
Mais il eft bon d’obferver que le Verbe qui précédé
le que , annonce toujours une futurition ( je.
demande gracè pour ce terme ) abfolue ou conditionnelle
, comme on peut s’en^convaincre par
lès exemples fuivans : pour bien répondre le jour de
votre exercice public , il faudroit que vous, apprijffieç
bien : ou il faudra que vous aye^ bien appris f o u
il auroit fallu que vous eufjie%_ bien appris les cahiers
quori'vous a mis entre les mains.
Ileft vifible, dans ces trois exemples, que l’action
d’apprendre eft toujours annoncée comme
devant ou ayant dû précéder le bon effet qu’elle
produira , ou qu’elle produiroit, ou qu’elle auroit
produit , en fuppofant l’accompliffement de la
condition.
D’après ce que nous venons de dire , il eft facile
d’indiquer les figneî» dont on doit fe fervir
en diCtent ou en expliquant les perfonnes grammaticales
de ce mode ; exemple :
Je veux que vous écriviez
Pour dicter ce mot que, il faut faire le figne général
de con;onCUon ; pour le mot vous, le figne
de ce pronom perfonne!, & pour le mot écriviez ,
1'. le figne général, qui convient à toutes les parties
du verbe écrire ; 20. le figne du préfent ; 30.
le crochet des deux index en forme d’agrafe, q u i,
fe trouvant immédiatement après le figne de préfent,
ne fignifie plus uiie fimple conjonêhon, mais
un mode conjonElif.
Nous avons trois temps , qui, dans notre langue ,
ne font point du fubjonCtif, & qui font appelés
par M. Reftaut futur paffé, conditionnel préfent ,
conditionnel paffé ; nous les mettons avec le fub-
jonftif, afin de nous accorder-, en faifant ce qu’on
appelle lès partiet , en termes feoiaftiques , avec
la difpofition dé la Grammaire Latine , qui les y
place amarem : lignifiant également dans cette
langue que faimaffe ou f aime rois.
Nous avertiffons cependant, que dans notre
langue Us ne font point de ce mode, & nous les
Cara&erifons par des fignes qui leur font propres.-
Voici dè quelle manière nous les expliquons.
Nous écrivons fur la table : Je pars de /’endroit
ou eft ma fenêtre., & je vais à nia porte ; lorfque je
ferai à ma ~porte , f aurai, donné à M. qui ejl. au
Tpilieu , ejitre les deux, cette tabatière que je tiens
en ma main. '
Lorfque je pars , la donation eft future ; elle
devient préfente lorfque que je donne ; mais elle
eit paffee lorfque je fuis à ma porte.
. Nous faifons donc le figne convient à l’action
de donner, & enfuite le figne du futur &
celui du paffé.
Nous fupjprimons celui du prêtent comme étant
inutile, parce que le feul bon fens dûfte qu’enri-e
le futur & le paffé, il a fallu que le préfent s’y
trouvât.
Nous donnons le figne de futur-imparfait au
temps que M. Reftaut appelle un conditionnel
préfent, & voici pourquoi :
J’ai ordonné à un fourd & muet d’apprendre
telle leçon : je lui ai dit que je reviendrois dans
deux heures pour la lui faire réciter, & je lui ai
promis de lui donner un livre s’il la récitoir bien.
Je reviens donc deux heures après, ayant le livre
entre les mains, & je le montre aux afliftans, en
leur difant que je le lui donnerai s’il fait bien fa
leçon. J’arrive jufqu’à lui ; mais il ne la fait point.
Je lui montre mon livre, & je le remets avec often-
tation dans ma poche, en lui difant qu’il ne l’aura
pas, parce qu’il èft un pareffeux.
La volonté que j’avois de donner, eft arrêtée
par le defaut de la condition, & il me femble
que le frein qui m’arrête, & qui eft antérieur à
mon exprefïion, doit avoir pour figne l’imparfait.
Par la même raifon nous donnons le figne de
futur plufque-parfait, au temps que M. Reftaut
appelle un conditionnel paffé ( j’aurois donné ) ,
parce qu’il y avoit de même une futurition éventuelle
ou conditionnelle, lorfque je fuis parti dans
l’intention de donner, fi je trouvois la condition
remplie ; & en effet, fi elle l’eût été, la donation
feroit déjà au plufque-parfait lorfque j’en parle ,
après avoir fait quelques autres a&ions depuis la
pareffede mon Difciple, qui m’a empêché de lui
donner lè Livre que je lui avois promis conditio-
neilement.
Le fourd & muet voit fouvent exprimer l’action
qu’un Verbe fignifie, fans défigner aucune
perfonne qui, agiffe ou qui doive agir : l’a&ion
de chercher & le défaut de trouver la perfonne
ou les perfonnes qui agiffent ou qui doivent agir,
devient le figne de l'injinitif ou plutôt indéfinïtif,
devant lequel on ne met aucune perfonne, ni du
fiugulier, ni du pluriel.
. On a foin de faire obferver qu’en François
l’infinitif fe termine toujours en , ery ou en iry ou
en oir, ou en re.
En er, c’eft la première conjugaifon, en ir
c’eft la fécondé, en oir, c’eft la troifième , en re *
c’eft la quatrième'.
Nous avons dit ci-deffus comment on exprime
par fignes , premier, fécond , &c.
Le mot de conjugaifon fignifie l’affemblage ou
la fuite de toutes les perfonnes , les nombres , les
temps & les modes d’un Verbe. On fait apprendre
ces quatre conjugaifons aux fourds & muets,
à mefure qu’ils avancent dans l’inftru&ion.
En faifant comme fi je tirois par devant un
f i l, ou un petit morceau d’étoffe de chaque coté
de mon habit. j’exprime la nature du participe ,
qui tient partie du verbe ( partem capit ) & partie
du nom.
U eft réellement un nom adjeflif, puiiqu’i) ex