
r e , mais font précédés du figne d’un article ; &
comme ils annoncent deux ou plufieurs des objets
u " c on vient de parler, & entre lefquels il faut
choiür, on doit les regarder pour examiner ce
<ju on croira devoir répondre.
Lorfqüe ces mêmes pronoms font feulement
relatifs, on met fur eux Yindex droit, & on le
porte à linftant fur le nom fubftantif, ou fur le
pronom qui en tient lieu, '& auquel ils fe rapportent.
r
Le que demande dans notrè langue une attention
particulière pour ne pas confondre les fignes
qu on doit y appliquer à proportion de ce qu’il
lignifie.
^Nous reconnoiffons donc dans notre langue 3 . un que interrogatif & conjonftif : que deman- '
deç-vous ?
4 *°* Un Hue relatif & conjonétif : le Dieu que
ƒ adore. 7
Ces deux que font conjonétifs, parce qu’ils
font unis avec un verbe donr ils font le régime
dire«. °
Le que feroit un régime indireéi dans cette autre
phrafe : c’ejl à vous que je donne , c'eft-à-dire à
qui je donne.
3°. Un que qui eft une fimple conjonaion
je veux que vous appreniez.
4^. Un que comparatif d’égalité étant joint avec
aujji : il ejl aujji fage que vous.
. comparatif de fupériorité & d’infériorité
: il ejl plus grand que moi.
6°. Un que exclufif : je rie veux que du pain. 7°- Un que admiratif : que Dieu eft grand ! 11 faut donc des fignes auffi différens que la
lignification de ces mots eft elle-même différente.
Nous avons donné ci-deffus les fignes du que
interrogatif, & du que relatif & conjonflif.
Le que qui eft une fimple conjonction qui fe
trouve entre deux verbes, fe repréfente en fai-
fant de l’index droit & du gauche deux crochets ,
qui fe joignent enlèmble comme on joindroit
deux agrafes. ' ^
Mais en diélant aux fourds & muets , il faut
obferver que cette conjonflion gouverne ( c’eft-à-
dire veut après foi ) tantôt un indicatif, & tantôt
un fubjonSif, & par confisquent leur donner
le moyen de choifir celui de ces deux modes
qu’ils doivent employer en écrivant fous la diélée
par fignes.
Ce que entre deux verbes gouverne le fnbjonc-
tif, lorfque l’aétion exprimée par le premier, des
Xer^es *n^ue » en quelque manière que ce
püifle être>, fur 1 aéiion qui doit être exprimée par
le fécond verbe, comme dans cet exemple : ie
veux que vous appreniez votre leçon ; il eft viftble
que ma volonté influe comme caufe dans l’aflion
que vous faites en apprenant votre leçon.
Mais il gouverne, l’indicatif , lorfqné l’afllon
exprimée par le premier des deux verbes , n’influe .
en rien fur l’aélion qfii doit être exprimée par le
fecond verbe, comme dans cet autre exemple •
, * 3 dit que vous appreneq votre leçon. L’aélion
de Pierre, qui me dit que vous apprenez , n’in-
Hue en rien fur l’aélion que vous faites en appre
nant elle n’en eft qu’une fimple affirmation.
9 eft pourquoi fi le fécond verbe doit être au
iubjonâif, comme dans le premier de ces deux
exemples, il faut, en diélant s faire pour le que
e ligne de conjonélion ; pour le pronom vous
le figne perfonnel qui lui eft propre, &' pour lé
mot appreniez, r». le figne général qui convient à
toutes les parties de ce verbe ; î ”. le figne de pré-
lent ; 3 . le figne qui convient au mode conjonc-
tir, comme on le verra en fon lieu.
Mars fi le fécond verbe doit être à l’indicatif
comme dans le fécond exemple , puifque nous ne
donnons aucun figne au mode de l’indicatif, n’en
ajoutant aucun autre, après avoir fait le figne de
prejent, le fourd & muet comprend qu’il doit
mettre ce fécond verbe à l’indicatif.
Leque joint avec aujji, & comparatif d’égalité ,
lignifie comme : il fe repréfente en courbant les
quatre doigts des deux mains, & les approchant
deux ou trois fois l’une de l’autre dans cette
lituation.
Nous avons dit la différence que nous mettons
dans nos fignes entre le pofitif & le comparatif
des noms adjeéiifs.
Cela étant, s’il s’agit d’exprimer par fignes cette
phrafe : Pierre eft plus'grand que moi, je montre
rierre, je fais avec ma main droite le figne de
grand, & j e m’arrête à ce pofitif ; mais enfuite
je m eleve à un degré fupérieur : voilà le figne
de plus grand. J’exprime le que, en mettant ma
main gauche plus bas, & me montrant moi-même
, pendant que ma main droite eft plus élevée
& qu’elle montre Pierre.
Ce feroit l’opération toute contraire, s’il fai-'
loit expliquer par fignes cette phrafe : Pierre eft
plus petit que moi. Je montrerois Pierre avec ma
main droite, & je ferois le figne de Kadieéïif
P-tlt : apres m’y être arrêté un inftant, je def-
cendrois d’un, degré plus bas, ce-qui fignifieroit
plus petit ; j’exprimerois le què en mettant ina
main gauche plus haut, & mé montrant'moi-même
pendant que ma main droite feroit plus baffe, &
qu elle montreroit Pierre.
Le que exclüffif s’exprime de cette manière. J’envoie
un fourd & muet daris un des coins du cabi-
nous faifons notre leçon, pendant' que nous
fommes tous autour de la table, & je fais avec la
main un figne qui exprime fa féparation d’avec
nous : il eft donc feu l, & tel eft le figne qui exprime
ce nom adjeéiif ; mais j’adverbifie cet adjeéiif,.
en mettant ma main fur mon coté, comme
on met un adverbe à côté d’un verbe pour
le modifier. Cette aéiion indique le mot feulement.
O r , je ne veux que du pain, ou je veux feulement
du pain, e’eft précifément la même chofe.
Ces deûx mots ne & que, quoique fcparés l’un
de l’autre, doivent être expliqués par un feul
fane ; niais lorfqu’on les difte, il faut leur donner
à chacun le figne qui leur eft propre. i
Le que admiratif eft fuivi d’un point d admiration
! & c’eft le figne qui lui convient. Nous le
faifons tous naturellement, en difant : que cela eft
beau ! I . , ' ■ -, |S „ ..
Nous employons encore dans notre langue le
mot que dans une autre efpèce de parafe : f i François
vient, & que fqpage ne fait point écrite : je le
renverrai. ,, r
Le que de cette phrafe tient la place d un ie-
cond f i : c’eft comme fi je difois : fi François vient,
& fi fa page n’eft point écrite, je le renverrai. Je
montre donc, par fignes, que ce que eft comme
un fécond f i , & doit être exprimé comme le f i ,
par un figne dubitatif.
De quelques mots qui font appelés par M. Refiaut ,
des pronoms impropres, & des fignes qui leur
conviennent.
Nous trouvons à tout moment dans nos leçons
& dans nos diétées ces mots : quelques , plufieurs,
tous.
Voici de quelle manière nous les expliquons
par fignes.
Nous prenons une bourfe de jetons , & nous
en tirons fucceflivement un, deux, trois, quatre.,
huit, dix, douze, & nous les comptons chaque
fois ; enfuite nous en prenons l’un après l’autre
un petit nombre, & nous les montrons chaque
fois fans les compter : voilà ce que nous appelons
quelques.
Après cette opération , nous en prenons autant
que la main en peut contenir, & nous appelons
cela plufieurs ou beaucoup.
Enfin, nous les renverfons dans un chapeau ou
dans une autre bourfe, & nous appelons cela tous.
Il n’eft pas néceflaire avec nos élèves de revenir
plus d’une fois à cette opération.
Nous rencontrons auffi à chaque inftant : rien ,
aucun, aucune ,. chaque, chacun, chacune.
Pour exprimer , par des fignes , le mot rien .,
nous mettons plufieurs chofes dans un chapeau ,
nous les ôtons enfuite l’une après l’autre jufqu’à la
-dernière, & nous montrons enfuite aux fourds &
muets qu’il n’en refte pas une feule.
Alors nous leur difons que ces paroles : il ny a
pas une feule chofe dans ce chapeau ,_OU Un y a rien
dans ce chapeau, fignifient la même chofe.
Le figne de rien eft cdnnu de tout le monde.
On prend l’extrémité de fes deux dents de devant
entre fes doigts , & auffi-tôt on retire fa main
avec précipitation : les fourds & muets connoif-
tous ce figne avant même que de venir à nos
înftru&ions. ,
Si nous voulons dire aucun, nous faifons le figne
de rien, nous y joignons le figne d’un adjeâif maf-
culin, & pour aucune , celui d’un adje&if féminin.
Chaque fe repréfente de cette manière. Il y a
cinquante fourds & muets à la Leçon, il faut qu’à
leur tour ils viennent l’un après l’autre faire les
fignes de quelqu’une de nos demandes & répon-
fes. Cette aéfion fuccelfive de tous fans exception
l’üri après l’autre, eft le figne de chaque.
Mais j’ai été content de tous , & j’ai donné à chaque
un, après fon explication, quatre châtaignes :
1 voilà le figne de chacun, en coupant ce mot en
I déux. On y joint le genre mafeulin ou féminin.
| Nos Leéteurs pourront être furpris de la baflefte
I de nos exemples ,• mais je les fupplie de fe fou-
venir que ce font des fourds & muets que nous
{ inftruifons.
Des Verbes.
Nous avons vu que les fourds & muets avoient
appris par mémoire les différens temps du verbe
porter, fans en comprendre la valeur ; mais il s’agit
de leur faire entendre toute la métaphyfique des
verbes, fans la connoiffance de laquelle leur inf-
truéfion feroit toujours très-défefluenfe.
Cette entreprife paroît bien difficile à exécuter ,
elle eft cependant très-fimple.
Les verbes font compofés de perfonnes, de
nombres, de temps & de modes. ‘
La différence que les fignes mettent entre les
perfonnes., ainfi qu’entre les nombres , a été expliquée
à l’occafion du préfeht de l’indicatif du verbe
porter ; il n’eft plus néceflaire que d’aider tant
foit peu le langage naturel des fignes, auquel les
fourds & muets font accoutumés dès leur enfance
, pour leur faire comprendre l’application qu’ils
•en doivent faire aux temps & aux modes.
De l'application qu’on doit faire des fignes aux
temps des Verbes. ,
Le fourd & muet, avant que de venir à nos
inftruôions, avoit comme nous l’idée du pafle, du
préfent & de Pavenir, & il ne manquoit pas de
fignes pour en faire fentir la différence.
Vouloit-il exprimer une aéiion préfente ? Il fai-
foit un figne naturel, que nous faifons tous en
pareil cas, fans nous en apercevoir, & qui con-
fifte à prendre les yeux des fpeéfateurs à témoin
de la préfence de notre opération ; ou fi la chofe
fe faifoit, mais non fous fes y eu x , il metroitfes
deux mains à plat fur la table, & la frappoit doucement
plufieurs fois de fuite , comme nous le faifons
nous-mêmes en femblable occafion : il retrouve
ces mêmes fignes dans nos leçons pour indiquer
le préfent d’un Verbe.
S’agifToit - il de faire entendre qu’une aéiion
t étoit paffée ? Il jetoit au hafard deux ou trois fois
fa main du côté de fon épaule : nous nous fer-
vpns du même figne pour caraétérifer les temps
paffés d’un verbe.
Enfin , s’il dêfiroit annoncer une aéiion future ,
il faifoit avancer fa main droite direéiement devant
lui ; c’eft encore ce même figne que nous lui