
râtre dans leurs cavités. Le thermomètre de Fahrenheit
étant à 40 degrés, une quantité de ces
grains, qui dans l’air p'cfo’it 642 , pefa dans l’eau
diftiliée 6c6 ^ , ce qui fait revenir la gravité fpécifique
à 18 , 213. Ge fut fans doute les plus gros
& les plus puis que M. Marggraf examina, quand
il fixa la gravité de la platine à celle de l'or, comme
18 | eft à 19.
La pefanteur remarqii ble de la p'atine paroit
avoir été principalement ce qui a fait croire qu’elle
eft riche en or ; & beaucoup de gens infiilënt encore
fur ce point-, comme une preuve qu’elle l’eft
en effet , conformément à l’axiome général dont
on a déjà fait mention dans l’hifloire de l’or , q- i
a été univerfellement adopté depuis fi long-temps ,
qu’on ne peut pas fe perfùader aifément qu’il foit
faux 3 favoir, que comme le mercure eft de tous
les corps connus jufqu’ici , celui dont la pefan-
teur approché le plus de l’o r , tout corps qui eft
plus pefant que le mercure dont la gravité eft environ
14 , doit nèceffai renient contenir de l’or. En
conséquence on a afturé que la platine contient
un vingtième , un dixième ; d'autres ont même
été jufqu’à prérendre qu’elle contenoit un quart
d’or pur , le refte n’érant qu’une matière ferru-
gineufe qui enveloppe l’or.
Mais fi on fuppofe que la p’atine contient
même cette, dernière quantité d'or , je conçois
que la même difficulté fubfiftera encore ; & que
l’axiome fera auffi efficacement détruit que fi elle
n’en contenoit point du tout. Si la modère, mêlée
avec l’or dans la platine., eft ferrugineufe, on ne
peut pas admettre que fa gravité fpécifique foit
plus que 8 ; car le fer pur feul ne monte pas à
cette pefanteur. Or fi huit parties de cette matière
perdent 1 dans l’eau , 30,000 parties perdront
3750, & 10,00© parties d’or ( la gravité de ce
métal étant 19,300 ) perdront, 0518 ; de forte
que 40,000 parties du compofé perdront 4268 :
ainfi , en divifant 40,000 psr 4268 , nous avons
9,372 pour la gravité du compofé. La gravité
tie la platine ne dsvroit pas être plus forcé que
cela , fi la compofition étoit telle qu’on la lup-
pofe ; de forte qu’une partie d’or enveloppée
dans trois de matière ferrugineufe eft bien éloignée
d’expliquer la pefanteur du minéral. Pour
taire que fa gravité foit 17 , il faudroit que la
quantité d’or- fût de dix parties dans 11 de la
maffe.
Si on fuppofe que la matière mêlée avec l’o r ,
n’eft point du fer , mais quelque chofe d’une
nature plus pefante , examinons quelle doit être
fa pefanteur. Si l’or eft mêlé avec trois fois fa
pefanteur d’un autre matière , & que la gravité
du mixte foit 17 , alors 4 parties \ d’or , & 12 |de
l’autre matière, perdront enfemble 1 dans de l’eau.
Les 4 5 ou 4 , 25 d’or perdent 22 dans l’eau ;
de forte que 12,75 ^e l’autre matière doivent perdre
78, d’où la gravité de cette dernière revient
? plus de 16: par conféquent fi on fuppofe que
la platine contient de l’o r , parce qu’elle appro-
che de l’or, pour fa pefanteur fpécifique, il faut
encore admettre qu’il y a une iubftance qui fait
le même effet . quoiqu’elle ne contienne point d’or.
On a objeéïé contre cette manière de raifon-
ner l’or-dégradé de M. Boyle , qui cependant ne
me paroit point du tout aff.éler l’argument • car
dans le procédé, de Boyle , la gravité de l’o r , par
le mélange d’une quantité peu confidèrable de
matière étrangère , éprouva une diminution d’entre
la cinquième & la fixième partie , probablement
par les cavités accidentelles qui étoient dans
la fflâffe : au lieu qu’ici , fuivant la fuppofition
dont nous avons parlé , la gravité du compofé ,
loin d’être diminuée , eft augmentée prefque au
double de ce qu’elle devroit être.
Il peut y avoir à la vérité quelque variation de
gravité par le mélange de deux corps l’un avec
l’autre ; mais je ne crois pas qu’il y ait aucun
exemple d’un accroiffement tel que celui:là. La
grande pefanteur de la platine, au lieu d’être une
preuve qu’elle contienne de l’or , fournit plutôt
une préemption que c’eft un corps pefant , dif-
tinél de l’or.
Malléabilité de la Platine. '
Quelquer-uns des grains plus purs de platine,
en les battant à coups modérés avçc un marteau
plat fur une enclume unie , fupportent d’être
étendus en plaques minces , fans fe brifer ni fe
fendre fur les bords : quelques-uns fe font ger-
fés avant que d’être beaucoup aplatis, & ont découvert
intérieurement un tiffu ferré & grenu ;
d’autres fe font trouvés fi caffans , qu’ils ont été
réduits en poudre fans beaucoup de difficulté.
Les plus lians même fe font brifës par de rudes
coups dans un mortier de fer ; & ils ont paru
tous être plus caffans quand ils étoient rouges,
qu’à froid.
M. Scheffer, avec fa petite quantité de platine ,
n’a pas remarqué que les grains fu fient plus lians les
11ns que les autres. Les particules qu’il a effayées
s’étant trouvées de l’efpèce la plus malléable, il a
dit en général que la platine eft un métal aufli
malléable que le meilleur fer. M. Macquer fem-
ble auffi n’avôir fait l’effai que d’un feul grain.
Il dit qu’il a pris un grain des plus gros, & que
l’ayant battu à coups modérés fur une .enclume
d’acier , il a trouvé qu’il fe laiffôit aplatir en
une lame .affez mince , qui cependant s’étoit ger-
fée.en continuant de la battre. Mais M. Marggraf
en a examiné plufieurs grains , & a remarqué
la même diffèrence que moi dans leur malléabilité
: les uns fe font étendus confidérable-
ment ; d'autres fort peu , & ont été brifés après
quelques coups , tandis que d’autres ont fupporté
d être étendus en lames fort minces : il remarqué
que ces derniers , pour la plupart , étoient les
grains convexes.
«
A»
Au refte , comme beaucoup de ces grains font
en apparence d’une malléabilité confidèrable, &
que la qualité caffante des autres pro.vient, fans
doute, de quelque caufe accidentelle , nous ne
pouvons en aucune maniéré refufer à la platine
le titre de métal malléable, quoiqu’il ne puiffe
pas réfulter de cette propriété un grand avantage
, à moins qu’on ne trouve des moyens d’unir'
les grains enfemble pour en former de plus grandes
maffes.
La platine expofée au feu dans des vaijfeaux.
1°. Une once de platine , contenant fon mélange
ordinaire de pouffière magnétique, fut ex-
polée pendant quelque temps fur un feu rouge modéré
dans une cuiller de fer. Les grains blancs devinrent
d’une couleur obfcure, & perdirent prefque
leur éclat métallique.; & l’aimant ne fembloit plus
attirer aucune partie du mixte : à d’autres égards
on n’y remarqua point de changement.
20. On pouffa jufqu’à une forte chaleur rouge ,
plufieurs onces de la platine purgée de la pouffière
noire , & dans laquelle on ne voyoit point
de particules jaunes ; enfuite on les éteignit
dans de l’urine. La platine perdit fon brillant
comme auparavant : beaucoup de fes grains parurent
noirâtres , d’autres d’un brun rouillé ou
rougeâtre, & quelques-uns d’une forte couleur
jaune ; ces derniers fe trouvèrent plus malléables
que la platine, & femblerent être en grande partie
d’or.
Surpris de cet évènement, & imaginant d’abord,
conformément à l’opinion commune , que la platine
avoit fouffert une décompofition, ou s’étoit
dépouillée de fon enveloppe , je répétai l’ignition
& Textin&ion plus de trente fois , étanchant la
matière tantôt dans l’urine , tantôt dans une folu-
tion de fel ammoniac & d’autres liqueurs falines :
la platine reffa toujours de la couleur obfcure
qu’elle avoit contrariée d’abord , & on n’y put
apercevoir davantage aucuns grains d’or.
En examinant le reliant du paquet de cette platine
, l’or que la première ignition avoit donné ,
fut très-facile à expliquer. Les particules d’or mêlées
naturellement dans la platine , étoient couvertes
de mercure qui fans doute , avoit été
ajouté dans le deffein de l’extraire ; & le mercure
s’évaporant au feu , avoit laiffé l’or fous l’af-
peâ qui lui eft propre.
Il eft poffible que d’autres puiffent avoir été
trompés par de femblables apparences , & aient
penfé ‘qu’ils avoient produit de l’or de la fubftance
de la platine même, au lieu qu’ils n’avoient fait
que raffembler des grains d’o r , qui doivent être
regardés comme entièrement adventices à la platine.
3°. La platine ayant perdu fa couleur par les
deux expériences précédentes , fut mife dans un
creufet qui étoit couvert, & tenue pendant une
demi-heure à un feu affez vif , fuffifant pour
mettre en fufion du fer coulé. La platine perdit *4rts 6* Métiers , Tome V. Paru U.
la mauvaife couleur qu’elle avoit contrariée à une
chaleur plus foible , &. devint plus brillante &
plus blanche qu’elle n’avoit été d’abord. Les grains
fe joignirent enfemble, de façon à fortir du creu-
fet en une maffe ; mais ils fe réparèrent de nouveau
fort aifément, d’un feul petit coup , & ne
parurent pas avoir été du tout fondus , ni avoir
changé de figure. •
4*. Un peu de cette platine brillante , tenue
pendant une heure fur un feu rouge modéré ,
contraéla une mauvaife couleur comme auparavant
; enfuite ayant été pouffée vivement à un
feu violent, elle eft redevenue brillante prefque
comme de l’argent. J’ai effayé la malléabilité de
plufieurs des grains , tant dans leur état décoloré
que dans leur état brillant ; j’ai trouvé que dans
l’un & dans l’autre , comme dans le minéral crud ,
quelques-uns ont fouffert d’être étendus coufidé-
rablement, tandis que d’autres fe font gerfés, ou
ont été brifés par un ou deux coups de marteau.
"50. J’ai pour fui vi à effayer l’effet des degrés de
chaleur plus violens , ayant approprié pour cet
effet un fourneau ou forge avec deux paires de
grands fou filets. J’ai pouffe dans ce fourneau avec
un feu de charbon de terre , pendant plus d’une
heure , une once de platine dans un creufet de
plomb noir.
La chaleur étoit fi violente, que le creufet
fe vitrifia en partie ; & le morceau de brique
de Windfor, dont il étoit couvert , quoique revêtu
d’une couche mince d’argile de Sturbridge,
de même que les parties intérieures du fourneau
vis-à-vis des foufilets . fe fondirent & coulèrent.
Les grains de platine demeurèrent fans être fondus
, n’étant que fuperficiellement unis eu une
maffe de la forme du fond du creufet, leur couleur
étant de beaucoup pius brillante & plus argentine
qu’elle n’étoit d’abord ; & ils parurent
unis plus fermement que ceux de l’article 3 ci-
deffus qui avoient foutenu une chaleur plus
foible. ; ■ ,
6°. L’expérience précédente fut répétée plufieurs
fois dans différentes fortes de creuf.ts ,
tant d’Allemagne que d’Angleterre , avec des
feux de charbon de bois, 8c dé charbon de terre
de toutes fortes. Dans tous les feux les plus violens
que j’ai pu pouffer, tels que ni les meilleurs
creufets , ni le fourneau ne pouvoient les
fupporrer long-temps , la platine ne parut ni fe
fondre, ni s’amollir, ni changer de figure. A la
vérité j’ai obtenu quelquefois un petit nombre
de gouttes globulaires de la grofleur du petit
plomb , d’une furface unie , qui fe caffoient aifément
fur l’enclume, & étoient en-dedans d’une
couleur grife : ces gouttes avoient été évidemment
fondues ; mais il eft probable que ce n’ètoit
pas de la platine pure , & que la fufion étoit
due à un mélange de la partie ferrugineufe du
minéral ou des grains d’or ; car quand on employa
les grains de platine triés & les plus purs,