
M E R C U R E . C Son emploi dans les Arts. )
L e mercure, autrement le vifzargent , eft une
fubftance métallique , d’un blanc éclatant, ablolu-
ment femblable à celui de l'argent. Il eft habitueltance
la plus pelante.
Ni l’air, ni l’eau, ne paroiflent point taire d îm-
preilion fenfible fur le mercure. Il n’eft pas plus
fufceptible de rouille que les métaux parfaits. Il fe
bombe, ou devient convexe à fa furface. Il eft d’une
divifibilité prodigieufe , & fe partage en globules
parfaitement fphériques. Il n’a ni faveur, ni odeur. Il
eft liquide , & cependant il ne mouille point les
doigts lorfqu’on les trempe dedans.
Si fa furface fe ternit quelquefois, c’eft a caufe
de la pouflière ou de l’humidité de l’air ; mais on
débarrafle aifément le mercure de ces matières
étrangères , en le faifant paffer à travers d une toile
neuve & ferrée , & le faifant chauffer. Ainfi purifié
, il reprend fa fluidité & fa grande mobilité. ^
Le mercure expofé à une chaleur qui excede
celle de l’eau bouillante, fe diflipe en vapeurs comme
tous les corps volatils, mais sans fe detruiré.
On s’eft affuré par différentes expériences les plus
authentiques , qu’il ne faut au mercure qu’un degré
de froid fuffifant, pour le rendrë folide & malléable
comme les autres métaux. On parvint même
en décembre 1759, par un très-grand froid, à Saint
Pétersbourg, à figer le mercure , & à l’étendre M
à l’aplatir fous le marteau. ■
On a reconnu dans ce métal des propriétés ef-
fentielles , qui l’ont fait employer avec fuccès dans
différentes préparations prefcrites par la medecine,
ou employées par la chirurgie. Le mercure eft aufli
d’un grand ufage dans les arts, & c’eft ce qui nous
autorife à en parler dans ce dictionnaire.
Le mefcure ne. peut contracter aucune union
avec les fubftances terreufes, ni avec les terres des
métaux, ni avec le fer ; mais il s’allie très-bien
avec l’or , l’argent, le plomb , l’étain, le cuivre,
le zinc, le régule d’antimoine. Il fe combine très-
facilement avec le fouffre, & forme dans cette
combinaifon , foit naturelle , foit artificielle , une
fubftance d’un rouge plus ou moins v i f , que l’on :
nomme cinnahre.
Les alliages du mercure avec les métaux portent
le nom d'amalgames; ils font là plupart d’un ufage
important. Les amalgames d’or & d’argent fervent
à la dorure, à l'argenture, & pour l’extraCtion de
ces deux métaux parfaits de leur mine. L’amalgame
de l’argent fert pour l’arbre de Diane ; celui
d’étaim, pour l’étamage des glaces , &c.
Le mercure , à caufe de fa grande raréfaction,
eft; aufli employé très-utilement dans la con{fraction
du baromètre & du thermomètre, ainfi qu’il
fuit.
Arts & Métiers, Tome V. Partie /.
Pour faire un baromètre, on remplit de mercure
un tuyau de verre, fermé hermétiquement par fa
partie fupérieure, ayant fon diamètre d’enyir.dn
un dixième de pouce , & fa longueur au moins de
trente-un. On remplit ce tuyau de manière qu’il
ne relie point d’air mêlé avec le mercure, & qu’aucun
autre corpufcule ne s’ attache aux parois du
tuyau.
Pour y réuflir, on peut fe fervir d’un entonnoir
de verre , terminé par un tuyau capillaire , &
remplir le tube par le moyen de cet entonnoir.
On peut encore chaffer les bulles d’air par deux
autres méthodes ; la plus ordinaire eft de remplir
de vif-argent tout le tube , à la réferve d’un pouce
environ qu’on laiffe plein d’air ; on bouche avec
le doigt l’orifice du tuyau ; on le renverfe, & en
faifant promener la bulle, on lui fait entraîner avec
elle toutes les petites bulles imperceptibles ; après
quoi, on achève de remplir le tube.
L’autre méthodë confifte à faire chauffer un tube,
prefque plein, fur un brafièr couvert de cendres ;
on le tourne continuellement ; & l,a chaleur raréfiant
les petites bulles d’a ir , les fait fortir par l’orifice.!
/
Quand on a ainfi rempli le tuyau jufqu’au bord ,
on bouche exactement, avec le doigt, fon orifice,
enforte qu’il ne puiffe s’introduire dVir entre -le
doigt & le mercure. Enfin , on plonge le tuyau
dans un vaiffeau plein de mercurè, de façon cependant
que le tuyau ne touche pas le fond du
vafè.
A la diftance de vingt-huit pouces de la furface
du mercure, font attachées deux bandes divifées
en trois pouces , & ces pouces font fubdivifés
1 en un certain nombre, de plus petites parties ; enfin
, on applique le tuyau fur unè planche de bois ,
pour empêcher qu’il ne fe brife : on laiffe découvert
le vaiffeau où le tuyau eft plongé , ou.,
fi l’on v e u t, on le couvre, afin qu’il n’y entre
point de pouflière ; & le baromètre eft achevé.
Au lieu de plonger le tuyau dans un vaiffeau,
on fe contente fouvent d’en recourber l’extrémité ,
de forte que le tuyau a deux branches verticales ,
dont l’une eft beaucoup plus petite que l’autre ,
& fe termine par une efpèce d’entonnoir fort large
qui fe trouve rempli de mercure , fur la furface
duquel l’atmofphère preffe, & fait monter ou def-
cendre le mercure du tuyau, d’une manière d’autant
plus fenfible , que la variation du poids de
l’atmofphère eft plus grande : c’eft le baromètre Ample
ou ordinaire.
Quant au thermomètre, comparez celui d’efprit
de v in , avecun thermomètre de mercure: vous les
trouverez peu difcordans , affez cependant pour
faire remarquer, à certaines diftances, comme de
A