
On appelloit par dérifton, farine de Champagne,
tes farines provenant des gruaux, & il étoit défendu
aux boulangers de les employer. La mouture
économique a enfin pris le demis fur toutes
les autres ; elle s’eft fort multipliée & perfectionnée
depuis quelques années.
Mouture rujlique ou de payfan ; elle ne dif- .
fère de la mouture,en groffe , .que parce que le
moulin fait travailler un bluteau commun, où le
grain moulu eft tamifé en fortant des meules.
Cette mouture eft fi imparfaite, que d’un fetier
pefant 2.40 livres , elle ne rend que depuis 80
jufqu’à 12.0 liv. de. farine; tout le refte paffe en
fon ou recoupes. _ y .
Muid de grain ; il eft compofé de 12. fetiers.
Le muid de froment doit pefer au moins 2.800 liv.
(Eillard ; c’eft l’ouverture qui eft au c.entre
des meule's ; celui de la meule giflante eft rempli
par la boîte & ries boitillons ; mais celui de-la
meule courante refte ouvert des^ deux cotés de
l’anille , pour que le grain fortant dé l’auget,
tombe dedans, & puifle arriver entre les deux
meules. I
Orge ; L’orge eft plus légère que le froment :
le fetier, mefiire de Paris, ne pefie que 212 à
2M livres; elle rend beaucoup de fon. Par la
mouture ruftique, on n’en tire que 70 à 75 livres
de farine du fetier, & par la mouture économique
120 à 130 livres.
O rgueil ou cremaillière ; outil fervant d’appui
à la pince pour lever la meule.
Pajotage ; on entend par ce mot, la fubver-
fion des jantilles de la grande roue dans l’eau,
au fond de la courfière , foit par le défaut de
pente fuffifante à cette courfière ou au canal qui
reçoit fes eaux, ce qui occafionne un refoulement.
Le pajotage eft fort nuifible au mouvement
d’un moulin , parce qu’il oppofe une force qui
agit en fens contraire à celle de l’eau qui fort
de l’auge & qui remplit les godets. La roue eft
donc obligée de vaincre cette réfiftance, ce qui
retardé d’autant fon mouvement. _
Palier ; c’eft, dans un moulin, une pieçe de
bois, d’un demi-pied de largeur & cinq polices
d’épaiffeur, fur neuf pieds de longueur, entre fes
deux appuis, & dont les deux bouts, taillés en dos
de carpe, portent fur deux pièces de bois qu’on
nomme braies. Le palier fe plie & devient élastique
fous le poids de la meule , de la lanterne
& de l’axe du fer qu’il fupporte.
Palier, de heurtoir ,* pièce de bois, emmortoi-
fëe dans les hautes pannes, ayant dans fon milieu
une femelle à laquelle eft fixé le heurtoir.
Palonnier ; c’eft un rouleau de bois reflem-
blant au palonnier d’une voiture, qu’on attache à
l’extrémité fupérieure du bluteau , & qui fert,
au moyen des accouples ; à le contenir fermement
vers la tête de la huche.
Panneaux ,■ pièces de menuiferie qui font le
pourtour des meules.
Papillon du gros fer ; on appelle ainfi la partie
dn fer qui paffe dans l’anille ; on amincit le
gros fer dans cette partie, en l’aplatiflant, ppur
qu’il s’ajufte mieux dans l’anille.
Paremens; /morceaux de bois qu’on ajufte
avec les chanteaux pour fermer le rouet du moulin
à vent.
Pas ; c’eft la diftance qui fe trouve entre chaque
cheville du rouet. On donne au plus grand
5 pouces & au plus petit au moins 4. On règle
proportionnément de même la diftance des fu-
feaux de la lanterne , pour que l’engrenage fe
faffe facilement fans fecouffe ni foubrefaut.
Pas de crapaudine ; ce font plufieurs petits creux
placés dans la crapaudine. Le meunier fait porter
le pivot du gros fe r , tantôt dans un pas, tantôt
dans un autre , fuivarit qu’il fe fatigue ou
s’ufe : cela fait que la crapaudine fert plus longtemps
, fans qu’on foit forcé de la démonter &
reforger.
Passemens ; ce font de petits cordages ou
cordons qui fervent à mieux aflùjettir & contre-
tenir les orifices de la manche & du pied du
bluteau, afin qu’ils ne vacillent point & que le,
blutage fe fafle bien. On les bride plus ou moins
pour trouver la meilleure pofition poflible du
bluteau & en faciliter le travail. La plus grande
partie des meuniers les fuppriment, & trouvent
moyen d’aflùjettir leurs bluteaux fans y joindre
des paflemens.
Pertuis ; ancien terme qui lignifie une ouverture
, un orifice ; on l’a confervé dans le langage
des arts. Le pertuis d’une vanne d’un empalement
, eft l’ouverture par laquelle l’eau s’échappe.
Peser la meule ; c’eft chercher fon équilibre
en apuyant fur les quatre points , pour voir fit elle.,
ne pèfe pas plus d’un côté quë de l’autre.
Petit chable ; c’eft celui du treuil qui fert à
monter les' facs.
Petit palier ; on a donné ce nom à une fo-
live placée parallèlement au grand palier , qui
fert à foutenir le pivot inférieur du babillard.
Petit treuil ou treuil d'en-bas ; on l’appelle
auffi moulinet. Il eft armé de quatre barres ; on
y fait aboutir un des bouts de la vindenne qu’on
vire deflùs pour faire tourner le grand treuil. Le
petit treuil fe place' ordinaifément horizontalement
, en faifant porter un des tourillons de fon
arbre dans le mur de goutte avalant-l’eau de la
falle du. moulin : on foütient l’autre bout par un
pilier ou pied droit fcellé dans la foie de cette
falle.
Pied de la huche ; c’eft la partie où aboutit l’orifice
du bluteau, par lequel il fe déchfarge des
fons & gruaux.
Pin c e ; on a toujours befoin dans un moulin
d’une forte pince ; elle fert dans les manoeuvres
à fôulever les meules & aux autre» gros ouvrages.
' ,
Pipes ; ce font de petits coins de fer que l’on
chafle entre l’anille & les plats du papillon, pour
les fixer enfemble.
Pipoir ; outil fervant à ferrer les pipes ou
petits coins de la meule d’un moulin à eau.
Piquage 6* rayonnement ; il fe fait en rebattant
les meules. Pour cet effet, on conduit, du
coeur de la meule à l’extrémité de la feuillure,
des rayons qui s’élargiffent en proportion égale,
en gagnant fa circonférence. On ne les çreufe
que de l’épaiffeur d’une forte feuille de papier;
tellement qu’il y ait alternativement un rayon
creux & un plat formé par la fuperficie dp la
meule , qu’on laiffe inta&e. On ne donne aux
rayons creux que la moitié de la largeur qu’on
laiffe aux rayons plats. Une meule bien repiquée
ou rebattue , expédie davantage , c’eft-à-dire,
qu’elle moud plus de grain dans le même efpace
de temps, fans que la roue tourne plus vite ; on
en a fait l’expérience dans des moulins où on a
; trouvé que cela alloit à plus de moitié en fus,
[ quand l’ouvrage étoit bien feit. Lorfqu’un raou-
; lin va fort gaiement, il faut repiquer les meules
| tous les 15 jours ou toutes les trois femaines.
| PLAFOND oq doublage de la roue ; c’eft un af-
| femblage de planches*de chêne, fur lefquelles on
l cloue ou cheville les jantilles. Le plafond déter-
[ mine la largeur ou épaiffeur de la roue à pqt ;
[ on la règle fur l’abondance de l’eau qui arrive
1 fur la roue ; c’eft fur le plafond que le. ciel des
[ augets eft cloué.
K Plats de la meule ; on entend par cette ex-
I preffîon les deux extrémités du diamètre de la
1 meule, pris dans la même direction que les plats
f du papillon du gros fer.
[ Plat à mont l’eau ; on appelle ainfi dans un
i moulin à eau, le côté de la meule où l’une des
I fleurs de l’anille eft pofée, & qui regarde le côté
I d’où vient l’eau.
: Plat avalant-Veau,- c’eft le côté oppofé qui re-
[ garde l’eau qui fuit.
i Plats du. papillon du gros fer ; ce font les cô-
1 tes les plus largos de la partie où il eft aminci.
[ On oriente les plats du papillon parallèlement à
; la - roue du moulin, avant de mettre la jffîguie
| courante en moulage.
1 Plumarts ; ce font des pièces de fonte de
I cuivre ou de bois, fervant de chevet aux touril-
| Ions qui arment les extrémités de l’arbre tour-
f nant d’un moulin.
ï PoiLETTE ; on appelle ainfi une boîte de fe r .
enchâffée & clouée dans le palier, au milieu de
laquelle eft placée la crapaudine , fur laquelle
, tourne le pivot du gros fer.
. Jointe ou pivot du gros fer ; c’eft fon extrémité
inférieure qu’on acère fortement, & qu’on
termine en pointe , pour qu’il puifle rouler facilement
dans, le pas de la crapaudine placée fur
le palier*
Porte-Tremillon ; ce font deux traverfes qui
paffent d’un des trémillons à l’autre, & fur lesquels
ils font cloués; ils fervent à les élever, à
les contretenir , & forment avec eux une éfpèce
de châflis, auimilieu duquel on place la trémie.
Poteau d'cxillon; on place les poteaux d’exil-
Ion à mont & avalant dm beffroi, vis-à-vis les
extrémités du palier : leurs tenons font reçus haut
& bas dans des mortoifes taillées dans les traverfes
du beffroi ; ils fervent à arc-bouter l’exillon.
Poteaux corniers on appelle ainfi. les poteaux
qui font aux angles de la cage d’un moulin; ils
ont 19 pieds de long fur 10 à 11 pouces de gros.
Poulie de renvoi ; il y en a beaucoup de placées
dans un grand moulin, fuivant les différentes
mécaniques qu’on établit fur fon rouage. C ’eft
l’habileté du meunier ou du mécanicien qu’
emploie à l’aménagement de fon moulin , qu
décide le lieu où il les faut fixer pour produire
un bon effet.
Poulie de renvoi du treuil à monter les facs ;
c’eft une poulie attachée au plancher de la cage
du moulin, à quelque diftance de ce treuil, fur
le rouet de laquelle paffe une corde qui tient au
fac de farine ou de grain qu’on a élevé en l’air,
au moyen de quoi, on le fait arriver dans l’endroit
où on veut le dépofer, en halant deflùs
cette corde ou la lâchant.
Poutrelle; on donne ce nom à une folive
glus ou moins forte, fcellée dans les murs d’amont
& d’aval du moulin, qui fert à foutenir
un des bouts de l’arbre du treuil d’en haut.
Prespiration ; c’eft la pénétration de l’eau
dans les terres qui l’avoiftnent. On fait un quai,
un mur dont les pierres font liées ^ chaux &
ciment, ou un eourroi de glaife, pour retenir l’eau
d’un canal, ou d’un courant d’eau , & empêcher
qu’elle ne fe perde par la’ prefpiration.
Produit du froment en pain ; on eftime en
général ce produit à-peu-près égal au poids du
grain , parce que l’eau qui s’incorpore dans Je
pain à fa fabrication, remplace le fon qu’on fé-
pare & diftrait dans la mouture par le blutage.
'Le produit, quand les farines prennent bien l’eau,
excède même le poids du grain d’un feizfàme ou
un dix-huitième par la mouture économique. Un
fetier de blé , mefure de Paris , doit rendre
185 livres de farine : on met les deux cinquièmes
d’eau pour le moins en fus du poids de la farine
en fabriquant le pain. Il s’évapore dans la cuif-
fon la moitié de l’eau employée pour pétrir;
donc, avec 185 livres de farine, on doit faire au
moins 246 livres de pain. Par ce calcul il fe
trouve 6 livres de pain d’excédant fur le,, poids
ordinaire du fetier» qui eft de 240 livres..
Q uenouille ,• c’êft la même choie que la baguette
du bluteau ; ce môt-eft-peù en ufage.
Q uêter mouture ; dans beaucoup de cantons,*
& fur-tout dans les villages éloignés des grandes
villes.,, les meuniers qui n’ont point de moulins