
même où l’on cherche à infpirer de la confiance ?
Comment le fieur B ... ne seft-il pas apperçu
que la démonftration qu’il a cru devoir faire ,
( page 154 ) des avantages de l’admiffion d’une
monnoie invariable, contraüoit fingulierement ,
avec l’indécente déclamation qu’il s’eft permife ;
( page 147 ) contre le fyftème de fiabilité dont
j'ai fait^l’éloge ? (fi).
C ’efi afficher, fans doute, une grande difcié-
tion , que de s’abftenir de publier un piocès-ver-
b a l, quand on s’eft permis d’en faire^ imprimer
les réfultats ; les perfonnes qui l’ont lu ne_ prendront
fûrement pas- le change fur les motifs de
cette hypocrite circonfpe&ion.
La déclaration , par laquelle le fieur B .. . termine
cette dernière partie de fon ouvrage, eft
vraiment un perfifflage du genre le plus odieux.
On a pu fe convaincre que ce n’eft pas Vamour
de la vérité , qui le porte à me déchirer:, il allure
dans plufieurs endroits > que ce n’eft pas la haine :,
feroit-ce l’intérêt! . . . i ---- quoiqu’il en feit, s’il
me failoit opter de partager les louanges avec les
vertueux amis, auxquels il les proftitue, Ou de
continuer d’être le plafiron de fa critique, je pre-
fèrerois , fans héfiter, ce dernier parti.
Réfutation dune dijfertation, &c.
Ce Mémoire , qui efl à,la fuite des1 obfervations
critiqués du fieur B. . . -, en a vraisemblable -
ment été le canevas ; c’efi l’ouvrage du fieur M.
Auteur du projet de la refonte. Si elle n’y eft pas
défendue avec plus dé méthode & de bonne-foi ,
elle l’eft au moins avec plus de décence. Ces
deux productions étant rédigées fur un même plan,
d’après les mêmes principes, & dans les mêmesvues,
je craindrois de me répéter fi j’entreprenois de difeu-
ter, article par article , celle du fieur M. Je vais feulement
relever les inconféquences , les contradictions,
les fauffes affamons, & les principes
erronés qui lui font propres : les lettres des chambres
du commerce , ; répondront pour moi au fur-
plus de fa réfutation. ’ ' , , .
On trouve d’abord page 15 9., l’aveu d’une vérité
(a) Les avantages de ce fyftème, étoient avoués &recôn-
juis dès le douzième fiècle,- ( voyez- lé Blanc , page 93. )
Mclancloiiy & plufieurs autres Auteurs,, cites par Jean
Kitrelius dans fon traité de jure monetarum, imprimé a Mar-
poçrg en 1632, afllirent que les changemens de monnqi.es,
font .des préfages de fubites révolutions dans les états.
qui ne pouvoit être conteftéè que par le fieur
B ... (page 73 ) , c’eft que l’or & l’argent, font
les matières premières de plufieurs objets d'indufine.
Le fieur M. allure ( voyez les pages 161 &
162. ) que l’Angleterre ayant perdu pendant la
guerre beaucoup de guinées, &. voulant réparer
cette perte par de fortes fabrications , exporta beaucoup
de nos louis en 1784 , & les paya jufqües à 24
livres 12. fols. J’ai un état très-exaà du prix des
matières à Londres, pris au dernier jour de chacun
des, trimeftres des 38 années qui fe font
écoulées depuis le premier janvier 1751 ; cet état
prouvé’ que dans l’intervalle du premier janvier
' au 30 juin 1784, le prix de l’or baiffa d’un denier
& demi ftèrling par once , que cette diminution
fe foutint jufques au mois de juillet 1785 ,
où elle fe trouva portée à 6 deniers, 6e que-,
depuis cette époque, l’or eft.refté au même prix.
Ces faits, dont la vérité eft confignée dans fous
les' papiers publics, prouvent que les Anglois ,
beaucoup plus fages , & plus conféquens que
nous, ont réparé la perte' que la mafte de leur
numéraire d’or avoit éprouvée pendant la guerre,
fans augmenter le'.prix de cette matière, tandis
que pour parvenir au même but, nous avons pris
une route toute oppofée., puifque nous avons élevé'
de 784 livres 11 fols 11 deniers à 828 livres 12.
fols, le prix de ce même “métai.
Cette différence de conduite, provient de ce
qu’en Angleterre, perfonne ne fpécule fur la fabrication
des efpèces ; la banque n’en fait frapper
qu’en raifon des befoins de la circulation ;
n’ayant point de mines d’or & d’argent, elle fait
que l'augmentation du prix des matières tourne
toujours au profit de l’étranger propriétaire de
ces mines , & elle prend , en conféquence, toutes
les mefures néceffaires pour s’y oppofer. Il
eft fouvent arrivé que lorfque des négocians
çherchoient à faire hauffer ce prix pour tirer un
meilleur parti de l’o r , qu’ils avoient reçu-de l’etranger
en payement, la banque en faifoit vendre
auffitôï une certaine quantité à un prix plus
bas, pour contrarier ces fpéculations, 8c en empêcher
l’effet ; en France, au contraire, l’intérêt
des fourniffeurs de matières ; 8c celui des of-
’ ficiers qui les convertiffent en efpèces, portent fans
ceffe les uns & les autres à en augmenter ou
foutenir le prix. Ces .vérités ne peuvent être con-
teftées que par ceux qui n’ont aucune teinture de
notre adminiftration monétaire, & de celle des
Anglois..
Puifque dans vin temps , où il eft prouvé que
; le prix de l’or baiffoit progreffivement en Angleterre,
au lieu d’augmenter , ainfi que le prétend
fauffement le fieur M. , , les Anglois payoiem nos
louis 24 livres 12 fois, eft-il bien'vrai que le titre
de ces efpèces fût altéré. } . . . . Mais , en fup-
pofant que cette altération prétendue exiftât réellement,
fiés qu’elle n’empêchoit pas que ces efpèces
n’euffent cours en France pour 24 livres ,
& pour une valeur fùpérieure chez l’étranger,
étoit-il donc néceffaire de les refondre ?
Le fieur M. affure (• pages 161 & 162 ) que
l ’or étoit rare & cher en France en 1782 , que
le prix de ce métal, tombé en 1783 , fe releva
en 1784 ; puifque ces révolutions étoient l’effet
des fpéculations, ou des befoins du commerce,
ne devoit-on pas s’attendre que l’augmentation de
1785 , ne feroit que momentanée comme celles
qui l’avoient précédée , & s’abftenir de toute opération
tendante à la foutenir ; cette conduite étoit
indiquée par la politique & l’expérience, il n’y a
que l’intérêt p&rfonnel qui ait pu porter à en
tracer une autre ; J’homme qui eft forcé de convenir
, ( page 174 ) que comme rien ne peut empêcher
de payer en efpèces l'excédant de la balance du
commence , cette . néceffité occafionne des variations
quelquefois très-confidérables, dans le prix de l'or &
de Vargent• foit à Londres 3 fort à Paris, mais quauf-
fitôt que tes çirconfiances qui ont occafionné ces. variât
ons cejfent, la valeur 'des métaux rentre, dans
la proportion naturelle.
L e . changement de cette proportion eft l’article
fur lequel le fieur M. fe contredit & dér'ai-
fonne le plus complètement ; après être convenu
( page 164 ) que lorfqüe l’Efpagne, prend une pro-
protionqui n’eft pasrel -ive.à ceile des autres états ,
elle finit par être obligée de l’abandonner, & de
reprendre celle qu’elle a quitée, il nous dit à la
page 174 y que l’Ëfpagne & le Portugal, pojfédant
feules les fources de l'or, le prix qu'elles ont ni s à
l'or devient un prix de néceffité pour tout s les puifi?
fiances qui dont point de mines ; il faut L'adopter
ou s'en pafi'er. Lafc première de ces afferrions étant
vraie , comme l’a prouvé les retour de l’Efpagne ,
à l’ancienne proportion, qu’elle avoit quittée , il
en réfulté que nous ne devions pas l’imiter lorfi
qu’elle a fait ce changement. La' fécondé affertion
eft contradictoire avec la première, & fa faufferé
eft démontrée par la conduite, de la Hollande &
de l’Angleterre, qui n’ont ni changé leurs proportions
, ni élevé le prix de l’or.
La conduite que le roi de Sardaigne & l’Empereur
ont tenue s’explique- par la crainte qu’ils ont eu
de voir paffer tout leur numéraire d’or en France
, ce qui efl: prouvé , relativement "a l’Empereur
, par la lettre de la chambre du commerce
de Lille.; j-ajouterai d’ailleurs que ce foüverain
ayant des mines d’or en Hongrie , il lui importe
d’élever le prix de ce précieux métal.
Le fieur M. nous dit à la page 165, qu’il eft
de l’intérêt de la France, de mettre à l'or une valeur
très-rapproehée de l'argent , & il veut nous
perfuader que la proportion, nouvelle, qui éloigne
ces valeurs l’une de l’autre, eft conforme
aux intérêts de la France! il y a peu d’exemples
d’une telle inconféquence ; en voici cependant
un autre "trait, non moins remarquable.
Le fieur M. blâme , ( page 167 ) la précaution
que l’on prit en 17 7 1, de confuiter les chambres
du commerce , parce qu’il ne s'agiffoit, dit-
il , que d'un léger changement qui n'éioit provoqué
par aucune calife étrangère ; il ajoute que c étoit donner
de l’importance à un petit objet. Et il prétend
que cette confultation n’étoit pas néceffaire en
1785, pour un changement qui intereffoir, non-
feulement le commerce, mais tous les individus du
Royaume ; l’évènement a prouvé , qu’en prenant
le parti de s’en rapporter à fon opinion , on
a facrifié l'intérêt générais, à des intérêts particuliers.
Preffé ,d; répondre, aux reproches que j ’ai faits
aux Auteurs du projet de la refonte dé n’avoir
o'bfervé , fous aucuns rapports , la'proportion nouvelle
qu’ils vènoient d’établir, il prétend fe juftifier
en difant, ( page 170 8c 171 ) que dans les calculs
qui. ont fervi de bafe à la fixation de cette
proportion , on a toujours fuppofé que les an-
ciens & les nouveaux louis étoient fabriqués au titre
de 21 karats ^|. Cet aveu, infiniment précieux ,
eft très-propre à donner une jufte idée, de la véracité
du critique, & de fes aftociés. Le fieur
B ... me fait un crime .depuis le commencement
de fes obferyations jufques à la ffiiî., d’avoir fuppofé
dans mes calculs , que les anciens louis fufirent
fabriqués à 21 karats fj , 8c il prétend , ainfi
que le fieur M ., que c’eft le bas titre de ces efpèces
qui a déterminé à les refondre ; fi le titre
dé 21 karats f f , a réellement fervi de bafe aux
Calculs & à la fixation de la proportion nouvelle ,
il ne peurpas être v-rai que le bas titre des louis,
ait été un des motifs de la refonte ; il y a né.-
céffftrement une des deux affertioas, qui pèche
contre la vérité ; peut-on fe permettre, d’arguer
de faux mes bàfes, lorfqu’elles portent fur
un titre inférieur à celui que le fieur M. prétend
avoir adopte ?
. Les fieufs B./. & M. ne font pas plus d’accord
fur le titre des nouveaux louis. L’un les fuppofe
à 21 karats f f ,• au moins, 8c l’autre à f f . Si le
premier a railon , & fi les anciens louis n’étoient
qu’à 21 karats o'n n’a donc pas fait l’addition
des 3^ , payés par le Roi. Si c’eft le fieur
M. qui eft le plus véridique, il s’enfuivroirque
les anciens louis, feroient à 21 karats y | ; puif-
qu’une addition de fê , les auroit portés à 21 karats
§£...•• V '•
Ce dernier nous fait à la page 168 lin aveu
plus intéreffant ; il y convient d’un fait qui prouve
plus que .tous les raifonnemens dont je pourrois
faire ufage , l’inutilité de notre changement de
proportion. Ce fait, qui eft notoire, eft que l’Efi
pagne, ayant fans doute, des motifs dè s’éloigner
de la proportion, à mefure que nous nous