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2°. On peut auffi obtenir le niti e cubique dans
le procédé de changer l’argent en lune cornée,
qui eft le moyen le plus efficace de purifier
l’argent.
Une folution de fel commun faite dans l’eau ,
étant verfée fur une folution d’argent faite dans
l’eau-forte ; auffi long-tems que la liqueur en
eft troublée , l ’acide marin fe précipite avec l’argent
, comme le vitriolique faifoit avec la craie ,
au n°. 2 , du précédent article ; & le refie de la
liqueur eft une folution de nitre cubique mêlée
avec le cuivre que l’argent contenoit. Je n’ai pas
examiné à fond jufqu’à quel point ce cuivre pour-
roit nuire au but pour lequel on a befoin ici d’avoir
le nitre cubique.
3°. La forte affinité de l’acide vitriolique avec
la terre calcaire fournit une méthode d’obtenir
le nitre cubique, plus favorable qu’aucune des
précédentes.
L’efprit de fel fe prépare communément par
la diftillation avec l’acide vitriolique ; & dans
ce cas, ce qui refte dans la retorte eft une
cômbinaifon de cet acide avec l’alkali du fel
marin.
Ce compofé fe trouve dans les boutiques fous
le nom de fel de glauber ou fel admirable.
Si on fait une folution faturée dè fel admirable
dans l’eau , 8c qu’on y ajoute peu-à-peu-
nne folution de craie dans l’eau-forte, fi long-
tems qu’elle occasionnera de l’épaiffiffement dans
la liqueur ; l’acide vitriolique & la craie fe précipiteront
enfemble, 8c l’alkali acide & minéral
nitreux demeurera dans la liqueur, qui conféquem-
ment, à la diftillation, donnera un véritable nitre
cubique.
Les folutions doivent être bien faturées, afin
que l’apparence laiteufe qui devient de plus en
plus foible , à mefure qifon continue d’y ajouter
davantage delà folution calcaire , puiffe être mieux
diftinguée, & après que l’épaiffiflement paroît être
entièrement ceffé, on peut y verfer encore
un peu de cette dernière folution ; car un petit
excès dans fa quantité ne fera point d’inconvénient,
au lieu qu’un peu de moins, en biffant
une partie du fel admirable non décompofé, feroit
eue l’alkali minéral, pour lequel ce procédé n’eft
que préparatoire , feroit impur, ^omme on le
verra' dans l’opération fuivante.
III. Séparation de Valkali minéral d'avec le nitre
- cubique.
Ayant travaillé dans les méthodes ci-deffus à
combiner l’a;kali marin ayèc l’acide nitreux, il
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eft queftion d’en féparer l’acidè par la déflagration
avec des fubftances inflammables.
Mêlez le nitre cubique avec un cinquième
ou un fixième de fon poids de poudre de charbon
, les broyant parfaitement enfemble.
Le charbon des fubftances animales eft préférable
à celui des végétaux , parce que' Le dernier,
après avoir brûlé, biffe une petite portion
d’un fel alkali d une nature différente de ce
qu’il faut ici.
Jettez de ce mélange , ttès-peu à la fois , dans
un grand creufet , que l’on a fait feulement rougir
, & couvrant le creufet, auffi vite 8c auffi
exactement que faire fe pourra après chaque in-
jeélion , pour empêcher la matière de fe diffipèr
par 1a déflagration violente qui arrive.; quand
le mélange a été éntièrem£nt jette dedans ,
& "que la détonation a ceffé , on peut augmenter
le feu 8c entretenir une forte chaleur
rouge pendant une demi-heure ou même
plus , laiffant le creufet découvert durant ce
temps.
L’acide nitreux étant ainfi brûlé , il refte
dans le creufet une maffe alkaline d’un vert
bleuâtre , qu’il faut purifier par une folution
dans de l ’eau diftillée.
Elle fe diffout plus difficilement que les
alkalis végétaux , & , en évaporant, comme
iL faut la folution , elle' pouffe de beaux
criftaux blancs , qui ne fe liquident" pas à
j l’air.
Cette dernière propriété de l’alkali marin tend
à confirmer l’obfervation, dont on a déjà parlé,
que la défaillance du fel marin, après b fufion ,
ne vient pas de ce qu’une partie de l’alkali ait
été privé de fon acide.
Si le fel marin, employé pour la préparation
du nitre cubique par le premier & le fécond
procédés > contenoit du fel avec une bafe terref-
tre , ou fi la folution de craie dans la troifième
méthode de préparation étoit employée en trop
grande quantité, la cryfiallifation du nitre eu bique
fépareroit en grande partie ces ccmpofés
fujets à défaillance ; 8c en effet , fans cryftalli-
fation, à mefure que l’acide nitreux fera diffipé
ou détruit dans le feu , il biffera uniquement
avec l’aikali la terre qui fera féparée, auffi bien
que les cendres du charbon par la diffolution dans
l’eau.
Si le nitre cubique contient un peu de fel marin
ou vitriolique, le fel marin, après la déflagration
, demeurera fans altération, & le fel vitriolique
produira avec 1a matière inflammable,
un compofé fulfureux.
Nous ajouterons , pour compléter les principales
expériences faites fur la platine , celles que
Macquer rapporte dans fon Diélionnaire, depuis
la publication du traité de M. Lewis.
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Fufion de la platine par Varfenic•
M. Lewis, rie fait aucune mention des alliages
de la platiné, avec l’arfenic; mais M. Schef-
fer , affure que fi on fait bien rougir ce métal,
dans un creufet, & qu’on y ajoute de l’arfenic ; '
quand ce ne feroit que 1a vingt-quatrième partie
de fon poids, il entre auffitôt en fufion parfaite ,
& qu’il en réfulte une matière aigre & grife.
• Cette expérience très-remarquable, paroît néanmoins
avoir befoin de confirmation ; car M. Marg-
graf, ayant traité auffi, ces deux matières enfemble
, on ne voit point qu’il ait remarqué une
pareille aâion de l’arfenic fur la platine.
Il réfulte feulement d’une de fes expériences ,
qu’ayant expofê au grand feu , pendant deux heures
, un mélange d’une once de platine avec un
verre fondant, compofé de huit onces de minium
, de deux onces de cailloux, 8c d’une
ence d’arfenic blanc, il a obtenu un culot ou régule
de platine, affez bien réuni & fondu , qui
pefoit une once trente-deux grains, dont la fur-
face étoit unie , blanche 8c brillante, & Tinte- 1
rieur gris, mais paroiffant néanmoins affez blanc 1
quand on le déçouvroit avec la lime. 1
Coupellation de la platine par le plomb.
La coupellation de la platine par le plomb ,
étoit une des plus importantes expériences, qu’il
y eût à faire fur ce métal, parce que fi cette
opération réuffiffoit parfaitement, on obtieiidroit
par fon moyen des maffes de platine pures ,
bien compares 8c malléables , dans le même
état qu’un métal qui a été bien fondu , & dont
on pourroit faire toutes fortes d’utenfiles , finôn
en la. fondant , du moins en la battant & en la
forgeant . auffi tous les chymiftes , qui ont trav
a illé furce métal, 8c M. Lewis, fur-tout, ont-
ils fait les plus grands efforts pour parvenir à
le bien coupeller ; mais quoiqu’ils ayent eu recours
à tous les expédiens que la chymie peut
fournir pour appliquer la chaleur la plus forte ,
ils n’ont pu réuffir parfaitement. La icorification
fe faifoit très-bien dans le commencement de l’opération
, & prefque comme fi Ton eût coupellé
de Tor ou de l’argent, mais à mefure que cette coupellation
avançoit, elle devenoit de plus en plus
difficile, parce que la quantité du plomb diiriinuant
la matière . devenoit, d’une part, de moins en
moins fufible , & enfin ceffoit d’être entièrement
fondue , malgré l’aâion du feu le plus violent ;
& que, d’une autre part, lorfque la quantité de
la platine étoit devenue fupérieure à'Celle, du
plomb , elle le défendoit, 8c Tempêchoit de fe
réduire en litharge.
Il réfultoit de là qu’on n’obtenoit jamais qu’un
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bouton de platine terne, ridé, adhérent à la coupelle,
aigre 8c toujours plus pefant que la quantité
de platine qu’on avoit employée , à caufe
du plomb qui lui reftoit uni.
Nous avons, continue M. Macquer, M. Bau-
mé 8c moi, pouffé cette expérience plus loin
que les autres : nous nous fommes fervis pour
cela du deffous de la voûte du grand four à porcelaine
de Sève, où le feu. eft d’une très-grande
force pendant environ cinquante heures. La platine
fe trouva après cette longue coupellation ,
encore terne 8c ridée à fa furface ; elle étoit
néanmoins blanche 8c brillante par-deffous, fe
déràchoit de la coupelle , 8c étoit un peu diminuée
de poids, preuve certaine qu’il n’y étoit
plus refté de plomb. Cette platine d’ailleurs
étoit duétile, pouvoir s’étendre lous le marteau 8c
fe travailler. C ’eft là par conféquent un moyen
affuré de pouvoir mettre la platine en ufage , 8c
d’en former toutes fortes d’inftrumens 8c d’uf-
! tenfiles.
Nouvelles ft'.herches fur la pefanteur fpécifique de
la platine.
Depuis , M. de Buffon a rendu compte des
expériences qu’il a'faites , tant en fon particulier
qu’avec M. Tillet de l’Académie des Sciences
, pour déterminer la pefanteur fpécifique de
la platine; elles ont confiflé à la comparer avec
Tor pur, en pefant un égal volume de chacune
de ces matières en particulier, où grains à-peu-
près de même forme , & de même groffear ; 8c
.dont le volume étoit déterminé par Tefpace qu’elles
occupoient dans un tuyau de plume. Il
s’eft trouvé des différènees affez confidèrables
dans les réfultats des différentes pefées ; mais
en prenant un milieu v M. de Buffon efiime ,
d’après un expérience, que la pefanteur fpécifique
de la platine eft moindre d’environ un
douzième, que celle de l’or.
La platine e fl-elle un compofé £cr 6* de fer.
Ayant foigneufement examiné le magnétif-
me , tant du fable ferrugineux, naturellement
mélè avec la platine , que des grains de la platine
elle-même , 8c après avoir trouvé que prefque
foutes ces matières étoient plus ou moins
fenfibles à l’aâion de l’aimant, M. de Buffon ,
conclut d’une obfervation , 8c de plufieurs expériences
de M. le comte de V illy , & de M. de
Morveau , que cette matière métallique , n’eft
point un métal particulier comme Tor , l’argent-&
fes autres ; mais un alliage fait par la nature d’or
8c de fe r , dans un état particulier, & dans une
combinaifon beaucoup plus intime que celle de
E e e e e ij