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’ ’engin, ibid.: elle ne peut s’alonger qu’à un certain
point. Voyez maillet.
R a f f in e r ; c’eût réduire à une plus grande ténuité
la matière du chiffon effilochée. On raffine
avec les maillets comme avec les cylindres , mais
toujours fur les mêmes principes. Ainfi l’on raffine
à petite eau dans les piles à maillets comme
dans les piles à cylindres. Plus il y a de matière
à proportion de l’eàu qui lui fert de véhicule,
plus les maillets & les cylindres ont de prife, &
plus le travail qui dépend de ces machines, s’expédie
promptement. Il eft vifible que, les maillets
& les cylindres faififfent mieux la pâte ferrée, &
la coupent avec d’autant plus de facilité, qu’elle
eft abondante à un certain point. Outre cela ,
comme les pâtes peuvent circuler aifément, à me-
fure qu’elles acquièrent un plus grand degré de
ténuité , il s’enfuit qu’on doit charger les piles autant
qu’elles peuvent en contenir, & autant que
les maillets .ou les cylindres peuvent en faire circuler
fans embarras.
C’eft en raffinant les pâtes fur ces principes, que
les Hollandois font parvenu ? , avec des chiffons
moyens ou bulles bien battus, à fabriquer du pro
natria d’un grand débit. Cette petite forte neft
pas bien blanche , à la vérité ; mais comme elle a
une certaine épaiffeur, une légère teinte de bleu
d’émail fuffit pour la monter au ton de blancheur
qui lui convient. De même les petits cornets fabriqués
par les Hollandois font des mélanges de
chiffons moyens & bulles battus féparémenr, &
pouffes au degré de ténuité qu’exige le plus grand
lavage. C’eft pour cela que ces papiers fe coupent
très-facilement, étant d’une pâte très-courte.
• Je finirai par faire remarquer que le raffinage des
pâtes doit être fait avec des cylindres bien ragréés,
pour qu’elles fe confervent dans l’état fibreux. En
fécond lieu , qu’il dcÿf être porté à différens degrés
de ténuité , fuivant les fortes de papier qu’on
fe propofe de fabriquer. C ’eft fur cet article que
l’intelligence des fabricans paroît davantage.
R a f f in e u r . ( cylindre ) Il eft armé de lames de
métal compofé de cuivre rouge & d’étain. Ces
lames préfentent à leur face extérieure deux cannelures
& un talon : enfin , les intervalles entre
chacune des lames foint moins larges à proportion,
que dans le cylindre effilocheur ; pag. 495-.
R a f f i n e u s e s ; ( piles) ce font celles où Ton réduit
la matière effilochée à un degré de ténuité
plus ou moins grand, par les maillets >ou par les
cylindres. Voyez pag. 489, & pag. 494 & 495.
R a g r é e r les cannelures dés lames des cylindres
& des platines , c’eft les entretenir, autant
qu’il eft; poûfible , dans leur vive-arrête. Il eft très-
important de ragréer {ouvent ces machines ,pour
qu’elles foient toujours en état de couper, &non
de broyer. Il eft vrai qu’on ufe promptement les
lames & les platines en les ragréant fouvent ; mais
il vaut mieux perdre du métal que de la pâte. Les
Hollandois n’obtiennent leurs beaux papiers qu’en
p à p
entretenant ainfi leurs machines, & ils en font
bien dédommagés par la vente de ces papiers.
Voici les principes d’après lefquels ils fe condui-
fent. Ils favent par expérience que les matières
broyées par les lames émouffées & non tranchantes
, font emportées en grande partie par le lavage
des cylindres ; au lieu que les matières coupées
par les lames ragréées & tranchantes , reftent toujours
fibreufes, réfiftent au lavage, & peuvent être
blanchies fans un déchet fenfible. Obfervation importante
, non-feulement quant à l’économie des
matières, mais encore quant aux réfultats de leur
fabrication.
dois obferver auffi qu’en ragrêant les lames
des cylindres , on ménage les frottemens de ces
machines, & que l’on facilite confidérablement leur
travail.
Raisin ; ( grand ) ce papier eft d’une grande
confommation. On l’emploie fur - tout en pâtes
moyennes & bulles pour les papiers de tenture &
de décoration ; & l’on fait que c’eft un objet de
commerce confidérabie , fur-tout depuis que MM.
Arthur & Réveillon ont perfectionné l’art des papiers
peints & tontiffes.-
On l’emploie auffi pour l’impreffion & pour l’écriture
, en pâtes fines & moyennes. Voyez le tarif,
pag. 537.
Raisin-musc ; forte de papier fait de cordages
& de filets : il a 16 pouces & demi fur 20 & demi,
& pèfe de 30 à 32 livres la rame : il fert à faire
des facs & des enveloppes.
On le fabrique auffi au même poids & aux mêmes
dimenfions, en gris-colle pour enveloppes.
Raisin bleu ; cette forte a les mêmes dimenfions
que les préçédens; mais elle ne pèfe que 25 à 26
livres : on l’emploie pour enveloppes. On en fabrique
auffi de femblable avec des pâtes grifes;
mais il n’eft pas collé: on en fait ufage pour facs
& enveloppes. "
Raisin ; ( petit )' forte qui a: les mêmes dimenfions
que le bâton-royal , ou le petit-cornet à
grande forte. Voyez le tarif, pag. 5.38»-
Ramasser les pages ; c’eft tirer les pages de
deffus les cordes de l’étendoir, & les mettre en
tas le long des piliers. Le fallerant eft chargé de
cette opération. Comme les pages , en féchant,
Ont pris un pli fur les cordes, on a foin de les dref-
fer en les rompant, & de les affouplir le plus qu’on
peut, pour les difpofer , par cette préparation,
à boire plus aifément la colle. En même temps,
on doit avoir l’attention de ne pas défoeuvrer les
feuilles des pages , afin d’éviter les caffés dans le
collage.
Rame. On appelle ainfi, dans les fabriques de
papier, la réunion de deux porfes de ,1a cuve, laquelle
fait auffi deux poignées à la colle. On donne
ces rames en compte aux fallerantes qui étendent le
papier après la colle.
Ces rames différent beaucoup des rames de la
faile, qui renferment cinq cens feuilles, de quelque
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forts de papier que ce foit ; au Heu que pelles - ci .
renferment un nombre de feuilles d’autant moindre
que la forte de papier eft plus étoffée. Voyez
le tanf du travail de la cuve ,pag. 511. Lorfqu’on
forme à la falle les rames qui font connues dans le
commerce, on a foin de placer les mains les unes
fur les autres , en changeant depofition les dos &
les barbes, pour que le paquet foit également épais
des deux côtés ; enfuite on les couvre de macu-
htures. EnHollande, les rames font bien défendues
par leurs couvertures; car les chiffons des macu-
latures n’étànt pas pourris , forment des cartofis
d’une grande réfiftance. Outre cela, les dos des
mains étant bien arrondis , & les bordures unies
& égalifées, leur affemblage en rames fait un paquet
réduit aux plus petites dimenfions poffibles.
Je-ne connois guère que les fabricans d Annonay
qui, fur ce point, aient bien imité les Hollandois.
-i Re c u e il l ir le papier; c’eft le pendre feuille
à feuille de deffus les cordes de l’étendoir , ou il a
été étendu après la colle. Cette operation s exécute
parles fallerantes , qui font de gros tas ^es papiers
qu’elles tranfportent enfuite à la falle , pag. 523.
Re f o n d r e le papier ; ce travail confiffe à remettre
de nouveau au pilon les feuilles de papier,
qui font tellement caffées , qu’elles ne peuvent
; être d’aucun ufage, Le cylindre raffineur exécute
beaucoup mieux ce travail que les pilons. Voyez
| pag. 524. Quelques perfonnes, peu inftruites d ail-
| leurs des procédés de la papeterie, ont propofé
I de refondu le papier imprimé ; mais la matière
1 de ce papier , pour être débarraffée de l’encre çar
les leffives qu’ils propofoient, auroit plus coûte
que le plus beau chiffon neuf ; en conséquence ,
| on n’a pas accueilli cette prétendue découverte.
Je dois annoncer ic i, à ceux qui eroiroient devoir
[ entreprendre cette refonte des papiers imprimes ,
[ qu’au moyen d’un cylindre raffineur qui puifle
I laver , & dont la pile ait un chaffis ouvert, on
[ obtiendra la pâte du papier d’impreflion bien dé-
I barraflee des grumeaux d’encre quife détachent par
[ le fimple mouvement du cylindre , & que le tor-
I rent de l’eau du lavage emporte au dehors de la
I pilé. ! -
Ré g l em e n t pour la fabrication des papiers, du
27 janvier 1739. Voyez pag. 528 , & 18 feptembre
I 1741, pag. <34. x #
En lifant ces réglemens, & comparant leurs dif-
I pofitions avec fêtât aétuel de la papeterie en Fran-
| ce, ôn fent aifément combien il eft dangereux des
I voulpir diriger linduftrie, en fàifant une loi de
certains .procédés , de petites manipulations , que
1 des vues nouvelles , dé nouveaux befoins, obli gent
de changer & de perfe&ionner chaque jour.
I L’art chemine , fait des progrès, en adoptant pour
moyens ce qui étoit envifagé auparavant comme
I abufif où dangereux ; mais la loi refte : elle gêne,
I Ou bien elle eft mife à l’écart. C’eft ce qui eftheu-
I reufement arrivé à la papeterie Françoife. Lart
I qui fqt réglé en 1739 & 174* » n’eft pas 1 art que
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nous a v o n s dans plu fieu rs fabriques d u ro y aum e .
Il peut donc être utile de montrer fuccintement
en quoi certaines difpofitions de ces réglemens font
devenues gênantes , & pourquoi elles n’ont plus
d’exécution.
Dans l’article premier du réglement de 1739 , u
femble qu’on ait voulu borner le travail des pâtes
aux feuls maillets, & qu’on ait craint l’introduction
des cylindres Hollandois, contre lefqaels il
y a eu réellement des préjugés que la loi paroît
avoir encore entreterius. Il eft vrai que depuis ,
on a donné, par une autre lo i, la liberté generale
d’adopter toutes fortes de machines pour la préparation
des pâtes : liberté qu’on avoit déjà prife ,
& dont on a profité utilement dans quatre ou cinq
fabriques , dont les fuccès & la célébrité doivent
fervir d’encouragement aux autres.
L’article v défend de mêler de la chaux, foit
au chiffon, foit à la matière réduite en pâte. Je
fais que malgré cette défenfe, quelques fabricans ,
qui avoient fans doute obtenu la permi bon de faire
ufage de la chaux , s’en font fort bien trouvés.
Le chiffon leffivé avec la chaux a acquis un degré
de blancheur & de douceur , qu’on n’auroit
pu lui donner par le pourrifiage & les lavages ordinaires
des machines. On n a pas remarque que
ces matières fuirent énervées pour avoir paffé par
la chaux. Je publierai quelque jour la fuite de ces
opérations avec la chaux.
Outre cela , les matières effilochées, mêlées à
la chaux , fe confervent trèsJong-temps fans fe
gâter; ce. qui eft d’une très-grande rèffource pour
certaines fabriques , qui font obligées de préparer
leurs matières l’hiver , parce qu elles manquent
d’eau l’été. - ' t r ] '
L’article v j , qui ordonne de coller egalement
les différentes fortes de papier , n’ a pas eu d’exécution
, parce que plufieurs imprimeurs demandent
que les papiers d’impreflion ne foient pas collés
à colle entière ; & on a cru devoir fe conformer
à leurs demandes : à quoi j’ajoute , que malgré
les attentions des fabricans , ils ne peuvent pas
fouvent répondre du fuccès de leurs collages, fur-
tout pour les papiers de pâtes fines. Sévir contre
eux ce feroit févir contre l’imperfeéiion de l’art.
L’article viij : fes difpofitions ne font plus exécutées.
Voyez les réflexions fur le tarif, pag. 547.
L’article ix n’a pas plus d’exécution que le précédent.
Les fabricans ont bientôt- fenti l’embarras
des longues enfeignes , & fur-tout ceux qui, rè-
fidant.dans des moulins éloignés des villes , n’é-,
toient pas à portée des formaires > & par confé-
quent d’entretenir en bon état les enfeignes &
les marques preferites par cet article.. Les filigranes
fe découfent aifément , & fouvent les brins des
fils percent de grandes parties de papier , fi l’on
n’y prend garde. Outre cela, la pâte fe loge dans
les réduits des coutures & des additions faites à
la verjure. D ’après ces inconvéniens , les plus
habiles fabricans ont réduit les enfeignes aux