
qu’il communiqua à la fociété royale en 1750 ; 1
mais la platine étant alors fort imparfaitement
connue , il fe gliffa quelque erreur fur ce
point.
M. Wood rapporte que la platine ayant été
fondue dans un fourneau d’effai, fur un tefl, avec
du plomb, & expoiee en cet état à un grand,
feu pendant trois heures, jufqu’à ce que tout
le plomb fût parti , la platine fut enfuite trouvée
refter au fond du tefl fans avoir fouffert
•dans cette opération, ni altération , ni diminution.
Le do&eur Brownrîgg furprîs de cette refif-
tançe que la platine raifoit au plomb , répéta
cette expérience. Il fondit vingt-fix grains de
platine fur une coupelle , avec feize fois fa
pefanteiir de plomb pur , qu’il avoit lui-même
revivifié de la litharge : le plomb étant fcorifié,
il y refta dans la coupelle, un bouton de platine
pelant 21 grains ; de forte que la platine perdit
dans cette opération près d’une cinquième partie
de fon poidr.
Il conjeâura de cette expérience , & non fans
probabilité , vû le peu que l'on connoilloit alors
des propriétés de ce nouveau métal , qu’une
partie de la platine s’étoit fcorifiée avec le plomb :
que le tout auroit pu être fcorifié par des répétitions
du procédé, & que conféquemment on
pourroi' purifier de la platmêTor & l’argent, par
l’opération de la coupelle, avec de plus grandes
quantités de plomb qu’on n’en emploie communément.
L’auteur n’avoit propofé ceci modeflemént ,
que comme une conjecture fujette a être refutée
ou confi mée par d’autres: eifais ; mais quelques-
uns l’ont prife pour une certitude ; bientôt après ,
dans une lettre qui fut préfehtée à la Société
Royale , il eft parlé de ce procédé comme d’une
méthode découverte par le dofteur Brownrigg
pour féparer la platine d’avec l’or & l’argent.
Il eft clair que cette expérience doit avoir été
faite , & l’auteur m’a appris depuis peu qu’en
effet elle l’a été, avec le métal coulé dont on a
parlé au commencement de cette Hiftoire , que
l’on fuppofa alors-être la vraie platine-, &. qui
perd de fa pefanteur dans le procédé ordinaire
de la coupelle.
10e. M. Scheffer a effayé de coupeller des
grains de platine avec du plomb ; 8c il a eu-abfo-
lument le même réfultat que dans mes expériences.
Le boutpn étoit d'une couleur fombre , &
raboteux au fommst, blanc au-deffous, & rete-
noit une portion de plomb montant à deux ou
trois parties fur cent. Il obferve qu’avec un feu
ordinaire , on ne peut pas faire quitter ce métal
au plomb, comme on le fait pour l’or & l’argent,
parce que la platine ne conferve pas fa fluidité,
après que le plomb en a été féparé jufqu’à
un certain point ; & il juge qu une chaleur fuffi-
fante pour féparer complètement ces deux métaux
, ne peut pas qtre obtenue par aucuns autres
moyens que par de grands verres ardens.
ir°. J’ai déjà obfervé çi-devant que la platine
divilee par cémentation avec le nitre, & enfuite
purifiée par des fublimatioas réitérées de fel ammoniac
, n’a point paru du tout différente, à la
coupelle, d’avec les grains ordinaires. M. Marg-
graf a effayé la platine atténuée par folution &
par précipitation.
Lé précipité de couleur orangée, que l’alkali
fixe fait toniber de la fplution de platine dans
l’eau regale, étant bien lavé avec de l’eau chaude ,
& amené à l’état d’ignition fous une mouffle, eft
devenu brunâtre.
Neuf parties de cette matière ont été fondues
avec une once de plomb ,. en grenaille pur, &
le mélange a été expofé au feii dans un vafe à
fcorifier, jnfqu’à ce qu’une partie co .fidérable du
plomb a été réduite en fcories. Le re.te, traité à
la coupelle., a laiffé un bouton raboteux , d’une
coule r grife blanchâtre , fort caffant, & parfaitement
fembîâble à celui qu’on avoir obtenu en
coupellant la platine crue : fon poids étoit d’un
grain,,
L’expérience fut répétée avec un précipité fait
avec laikaii volatil, & le fuccès fut le même.
Il effaya auffi la poudre qui reftoit en diftillant
une folution de platine jufqu à fi coi t.’ : cetti- poudre
, calcinée fous une. mouffle , aequo une couleur
noirâtre brillante ; dans Cut é:at on en mêla
trente grains avec vingt fois autant de plomb en
grenaille , & le mélange fut traité comme ci diffus
, d’abord fur un vafe .à (confier , & enfuite
; dans une coupelle : les fcories furent d’une cou-
; leur brune noirâtre; le bouton coupellé fe trouva
caffant & d’une . oulêur grife blanche , comme les
autres , & pefoit quarante deux grains , ou deux
| cinquièmes de plus que la i l t ne qui avoit été
employée. Celui—ci fut traité de la meme manière
avec la même quantité de plomb nouveau.
Les fcories ’ furent de la même couleur , & le
bouton pefa encore tout jufte quarante-deux
grains.
12°. Le même auteur donne le detail dune
autre opération dans laquelle la platine & 1 argent
étoient combinés enfemble ; le mélange fut
fondu avec du plomb, le plomb fut fcorifié, 1 argent
féparé par le moyen de 1 eau-forte, & la
platine reftante encore coupellée. Il prit trente
grains de platine crue , & trois fois autant de la
combinaifon d’argent avec l’acide marin, appelé lune cornée.
Le mélange étant expofé à la plus forte chaleur
que pouvoit fupporer une retorte de verre p
il ne paffa aucune liqueur dans le récipient^ m,«Us
un peu de matière blanche fe fublinta dans Ta
partie la plus baffe du col de la retorte, comme
il arrive d’ordinaire quand la lune, cornée ell expofée
à une telle chaleur feule. Le mélange coula
clair tout entier en une maffe de couleur d’hyacinthe
jaune obfcur , & paroiffoit bien uni. Le
verre étoit teint d’un jaune obfcur.
Le mélange fut pilé avec des morceaux de
verre, qu’on n’en pouvoit pas féparer aifèment,
dans un mortier de fer bien net : la poudre fut
mêlée avec deux onces & demie de plomb en
grenaille , & fondue dans un creufet à un feu
violent. Les fcories furent verdâtres.
Le métal, traité dans une coupelle , fe foutint
comme dans les effais ordinaires d’argent, juf
que vers la fin du procédé , auquel temps il fe
défunît, devint plat & inégal , & ftmblable à
de l’argent qui a fauté fur la coupelle pour avoir
été refroidi trop brufquement ; mais fans avoir
le moindre brillant métallique à la furface. Il étoit
fort caffant fous le marteau , mais fupportoit la
lime, & la marque de la lime paroiffoit blanche :
il pefoit 100 grains. Il fut coupellé avec encore I
une once de plomb, & lé produit fut le meme
du’auparavant , avec perte de fept g;ains de fa
pefanteur.
Ce dernier bouton fut hanu en morceaux ,
mêlé avec fix dra^mes de nitre pur , & fondu a
un feu violent. Le métalavoit la b'ancheur de
l’a-gent, & pefoit 70 g.airn. Les fcories étoient
cauftiques , le foie coloré ; & quand il fut liquifié
à l’air, il parut verdâtre. - 1
Le . régule fut fondu de nouveau avec une demi
once de nitre le plus pur 1 & une dragme de
borax. Les fcories fe trouvèrent nuageufes, ti-,
rant fur le . jaunâtre en-deffoiis . & fur le verdâtre
en deffus. Le régule fe trouva d un b; au
blanc , & pefoit encore 70 gia ns. Il avoir quelque
chofe de pa ticuüer dans fon apparence , à
la furface & fur les côtés, qui reffembl.oit au
cobalt radié. I! s’étendit affez bien fous le marteau
, & fe !a:ffa appïatir en une plaque mince,
mais il étoit un peu plus dur que l’argent fin. On
mit une partie de cette plaque digérer dans de
l’eau-forte. La menffrue devint d’abord d’un verd
de pré foncé ; enfuite à une chaleur bouillante,
la couleur devint notre, & 1' folution brunâtre.
A la longue , l’argent étant diffous, il y refla au
fond une matière noire, pelante, femblable à de la
■ chaux d’or. -
Le conapofé fut entièrement lavé avec de l’eau
d'ftiilé.e, chaude , & enfuite féché , mais il ne prit
point, une couleur d’or. On le mêla avec du
plomb réduit en grenaille ; & le mélange travail
» bien d’abord fur un vaie à fcorifier, &
enfuite fur une coupelle ; il y re,f a un bouton
convexe fans éclat métallique, qui rejai lit fous le
marteau , reffem.b’a aux autres boutons que i’on
obtient en travaillant la platine à la coupelle, avec
le plomb.
Î36. Il réfulte de tout ceci que les effais de
Marggraf, pour dégager entièrement la platine
de tout le plomb , n’ont pas mieux réufïi que
ceux de Scheffer & les miens , y ayant roujours
autant de plomb retenu qu’il en faut pour rendre
le métal fort caffant, au lieu que la platine toute
feule, foit dans fon état crud en grains, foit
quand elle eft fondue à la chaleur du verre ardent,
a une malléabilité confidérable.
MM. Macquer & Baumé ont fait une autre tentative
: ils avoient envie de voir fi une chaleur continuée
beaucoup plus long-temps, ne produiroit
pas ce qu’un coup de feu , peut-être plus fort,
mais d’une durée plus courte, n’avoit pas été
capable d.e produire. '
Ils mirent fur une coupelle d’une grandeur
convenable, une once de platine & deux onces
de plomb, & ayant placé là coupelle dans un
fourneau , ferçblable à celui de M. Pott pour
la vitrification des corps terreux , ils pouffèrent
le feu par degrés., & l’entretinrent fans relâche
pendant cinquante heures , de telle forte qu’il
continua dans fa plus grande violence les vingt?
quatre dernières heures.
Enfuite ayant retiré la coupelle du fe u , ils
trouvèrent que la plarine , au lieu d’être en un
bouton rond & brillant , comme font l’or &
l’argent après avoir paffé à la coupelle , s’étoit
étendue & appîatie fur la coupelle. Sa furface
fupérieure étoit fa lie ,. d’une couleur obfcure ,
& ridée ; d’ou on jugea d’abord que l’opération
n’avoit pas mieux réufïi que celles dont nous
avons parlé : la platine fe fépr.ra aifçment de la
coupelle, qui étoit devenue fort dure , d’une cou- ■
leur blanche jaunâtre , demi tranfparente , & fai-
foi t du feu comme l’acier.
Mais en pelant exactement la platine , ils prouvèrent
, qu’au lieu de recevoir une augmentation
de pefanteur par un peu de plomb qui étoit refté
fans être détruit , elle avoit perdu, au contraire,
un fe'mètne de fon poids ; fa furface en-
deffous étoit blanche & argentée.
Enfin elle n’éroit pas plus aigre , mais fupportoit
affez bien d’être étendue fous le marteau. Ils firent
diffoudre une partie de cette platine coupellée
dans de l’eau régale ; & cette diffolution
ne fit pas voir le moindre vellige de plomb.
Comme M. Macquer paroît avoir employé,
Hans cette expérience, la platine , telle qu’il l’a reçue
, contenant un grand mélange de fer & autres
matières étrangères qui, fans contredit, fe dé-
truifeat dans le procédé , il eft fenfibîé qu’elle
pouvoit avoir retenu une portion fort confidérable
du plomb, malgré fa .diminution de pefanteur :
& l’on ne peur pas regarder l’eau régale comme
une preuve infaillible qu’elle ait été bien purgée
He ' plomb ; car il y a des circonftances
où cette menftrue diffoudra le plomb auffi bien
que la platine. Mais quoi qu’il en puiffe être ,
1 l’événement de cette expérience , par rapport