
mêmes qualités que les papiers d’écriture, il faut
que leur grain foit bien prononcé, quoi qu'adouci
par l’échange ; car fans ce grain, le crayon né
pourroit y laiffer les traces des objets que le dèf-
finateur a voulu figurer. Il convient que le collage
en foit'foigné , pour que les deffins à l’encre
ou au lavis aient de la netteté, & ne s’af-
Foibliffent pas par l imbibition dé l’encre &
des couleurs qui pénétreroient irrégulièrement
dans l’étoffe.
Depuis quelques années , nos papiers à deflïner
ont un grain moin^ gros, parce qu’on les a fournis
à l’échange , mais ils font toujours un peu
mous & d’un collage peu fûr. Il n’y a guère
que.M. Henry à Angoulême, & M. Cuvelier à
Lille , qui ayent approché du travail Hollandois,
parce qu'ils' pourriflenf peu , & qu’ils ont, adopté
l’échange.
Papiers peints. ’
Il feroit à défirer que les papiers peints, de
tentures & de décoration , fuffent fabriqués avec
dès pâtes non pourries ; les couleurs qu’on, imprime
fur ces papiers, auroiënt" plus de folidité
&• d’éclat : d’ailleurs ,. ils prendroient un liffage
plus v if ; d’un autre côté, l’étoffé faite de ces pâtes,
ieroit plus, en état de réfifter à toutes les. opérations
de la peinture. Il férôit même convenable
que ces papiers fuffent bien feutrés & adoucis
par l’échange , pour prendre plus exa&ement
les contours des delfinsl Cette circonftance :
ajoutée à toutes les améliorations qu’a reçues ;
cette induftrie en France , y mettroit, ce me fem- .
b le, lé dernier degré de perfection^
Papier à fucre.
Le papier à fucre que les Hollandois nous
apportenta de la foupleffe & de la folioté £ il I
fe plie.fans fe . Rompre : aufli emploient-ilsrà. fà i
fabrication un chiffon groffier non pourri,, qu’ils i
triturent avec des cylindres bien coupais ;rils le ’
collent avec foin & le foumettent à l’échange, i
non-feulement pour en adoucir la furface^ mais j
fur-tout pour le feutrer intimement,. Le papier I
à fucre qu’on fabrique en France, n’eft fait fu,r
aucun principe . ; | c’eft un affemblage jde pâtes ;
groflières , pourries à l’excès j & q u i . n’ont ni
confiftance, ni l i a i f o n , aufli s’ouvre t-il dans les
plis , au moindre effort, & met à~ découvert les i
pains de fucre. ....
Cartons pour les apprêts des étoffes;; de laine.
Il y a quelque temps qu’on s’occupe.en,fraqçe '■
de la fabrication des cartons propres aux apprêts •
des étoffes de laine: les apprêteurs défirent que i
ces cartons réfiftent à l’effort de la pçeffe , ( &
qu’ils réagiffent contre la furface des étoffes au
milieu defquelles, on lés place pour les acatir
On fent aifément, par tout ce que j’ai dit cU
devant , qu’un carton compofé de pâtes non
pourries , eft feul eh état de remplir toutes ces
vues ; que dans notre fyftême de fabrication il
ne nous a pas été poffible de fatisfaire aux défirs
des apprêteurs , puifque nous leur avons pré-
fente des cartons compotes de. pâtes pourries à
l’excès,, ou même d,e -rognures de papier & de
maculatures qu’on foumtt encore à un fécond
pourriffage.
Les Hollandois & les Anglois ont e u , au contraire
, dans ce genre , les plus grands fuccès, &
ils les doivent au principe général de fabrication
qu’ils ont adopté,plutôt qu’à des recherches particu.
lières. Leurs cartons font, ou fabriqués dans toute
leur épaiffeur avec une feule malle ce pâte affem-
blée fur la forme, ou bien ne font que l’affemblage
de plufieurs feuilles de papier collées enfemble;
dans l’un & l’autre cas , ils font compofés avec
des matières groflières non pourries , & triturées
par des cylindres armés de lames acérées:
on les échange & on les liffe ; par cet apprêt
long-temps continué, les Hollandois & les Anglois
obtiennent des étoffes folides & glacées,
-qui ne s’écrafent plus entre les plis du d.rap,&
qui n’y adhèrent point. Comme- ces cartons
doivent recevoir un liffage v i f , on ne ménage
pas l’aétion des, preffes lors de l’échange. En
fuivant ce plan de fabrication , on peut procurer
à nos majiufaâures de draps un carton aufli propre
à leurs apprêts que les cartons Anglois &
Hollandois. Comme les recherches, qu’on a faites
fur cet objet important , n’ont été, dirigées fur
aucun principe .,. il n’eft pas étonnant qu’elles
n’aient pas eu un fuccès bien décidé : tels font,
au refte, les principes qu'il faut fuivre dans les
épreuves qu’on-entrçprenderqit à ce fujet.
Les pâtes non pourries ont encore 1 un avantage
qui eft effentiel pour ces cartons, c’eft de
réfffter trésrlong-temps à l’aétion de la chaleur
qu’ils éprouvent entre les feuillets des étoffes
fans fe ternir, fans s’oblitérer, & par conféquent 4’êtr-e ; d’un bon ufage & long-temps foutenu.
Ç ’eft même à ce genre d’épreuve qu’on pourra
reconnoître fi les fabricans qui entreprendront
d’imiter en France les cartons Anglois , ont
réuffi,
P^ffons.- jnaintenant à la fécondé piaffe des
papiers, que nous avons diftingués ci-dèffus.
1 Papier d'imprcjjion.
Je place à la tête des papiers de cette claffe,
le papier d’impreffion, parce que c’eft le chef-
d’oeuvre de la méthode Françoife : ce papier
doit être étoffé, bien uni , fans plis , fans rides,
d’un blanc naturel, fans aucune nuance de bleu,
collé moins fortement que le papier d’écriture,
mais affez bien cependant pour qu’il rende les
.or?élères d’imprimerie avec netteté ; ce qu’il ne
eut pas faire s’il eft mollaffe & mal collé ; d’ail-
feurs , il tire fa fermeté plutôt de fa colle , que
dé la ’nature de la pâte dont il eft compofé, la-
auelle doit être creufe-, & fufceptible de fe pré- 1
fer en s’écrafant à l’introduétion des caraélères.
Ces qualités dans la pâte dont eft compofée le
papier d’imprèflion, exigent que le -chiffon paffe
au pou.rriflàge , & qu’il foit trituré aux pilons
plutôt qu’aux cylindres , parce, qu’en général
les pâtes pourries , triturées aux cylindres, éprouvent
dans la defliccation une retraite plus confi-
dérable que les mêmes pâtes triturées- aux maillets
; leurs filamens font donc moins rapprochés
dans le dernier cas que dans le premier. Le papier
fabriqué avec ces précautions, cède affez à
la preffe de l’imprimeur, pour prendre uîietquantité
d’encre fuffifante. Il faut avoir feulement foin
que la pâte foit triturée fans graiffe, & qu’elle
foit ouvrée avec une certaine lenteur pour qu’elle
fe diftribue uniformément fur la ver jure, & qu’elle
y prenne un grain net & régulier : fans cela les
caractères ne feroient pas prononcés: également
dans toutes les parties de la feuille; d’ailleurs,
fi la pâte étoit un peu gràffe $ le collage feroit
inégal & imparfait. Il y a des fabricans qui ont
fournis ce papier à l’échange, pour lui ôter avec
la groffeur de fongrain, toutes les inégalités de
fa furface qui peuvent nuire à la netteté de
l’impreffion, & qui l’ont fait avec fuccès. Je dois
ajouter que c’eft d’après mes avis j qu’on a relevé
ce même papier après l’itnpreffion , pour
détruire autant qu’il falloit les creux du foulage
& le relief des lettres ; mais j’ai recommandé
de le faire avec modération , & de manière à rétablir
feulement le papier dans l’état où il étoit
avant l’impreffion , fans détruire l’étoffe du papier,
fa conftitution première par des apprêts
forcés. '
Papier pour la gravure.
La gravure exige un papier qui ait les mêmes
qualités que celui d’impreffion , relativement à
l’état de fa pâte, qui doit être pourrie à un certain
les traits dés tailles-douces pourront s’imprimer
nettement, & avec tous les tons qu’exigent les
teintes & les demi-teintes.-
Le papier mou & creux de l’Auvergne réunit
affez bien ces avantages : les Anglois &. les Hol-
lan.dois, tirent de France ce papier, ainfi que celui
degré ; car il eft prouvé par l’expérience;, ;
t{ue la gravure ne prendroit point fur un papier
fait de pâte non pourrie. La pâte , outre cela, doit
être pure , fans noeuds, fans pâtons ; le grain
très-uni, fans plis & fans rides : pour cela lé ,
papier fera féché lentement dans des endroits bas.
âfirr que le grain ne forte pas trop pendant la ‘
defliccation ; fi l’on emploie l’échange , il faut en
modérer lès effets avec foin : on doit outre cela
diftribuer également l’aétion des deux premiers
preffages ; on a vu que fans cette condition, le
papier inégalement imprégné d’humidité , au centre
& fur les bords, contraâôit des rides & des
plis pendant la defliccation. Il doit être aufli collé
à un certain point. En rempliffant ces conditions,
d’impreflion. ’On fent bien maintenant pourquoi
les papiers de ces deux, nations, qui. ne
fabriquent que des pâtes non pourries , ne font
pas propres à recevoir l’effet de la gravure. Une
pâte verte , qui ne cède & ne prête que très-peu
à l’aétion de la planche gravée, ne rend aucun trait
dans le ton qu’il convient.
Papier cartier & papier peint lijfe.
Ces fortes de papiers tiennent en quelque façon
le milieu entre les papiers de la _ première
claffe & ceux de la fécondé ; il faut que le papier
cartier foit fabriqué de façon à prendre le liffage,
par conféquent. il (Convient qu’il foit compofé
d’utse pâte un peu creufe ; mais le liffage doit
être v i f , afin que les cartes coulent légèrement
1 les unes fur les autres lorfqu’on les mêle • le papier
cartier ne foutiendroit pas fans fe déchirer ,
l’effort qui lui communique ce liffage , fi la pâte
ne .confervoit pas encore une certaine fermeté ;
en un mot, il faut que ce papier cartier cède
difficilement à la liffe ; car le bon effet de la liffe e ft,
jufqu’à un certain point, en raifon de la difficulté
du liffage ; aufli les cartiers rebutent-ils tout papier
mou & fans confiftance. Une bonne colle eft aufli
effentielle à ces papiers , puifqu’elle tient lieu d un
vernis auquel le liffage donne un ton luifant & glacé
; enfin ; il eft de la plus grande importance que
la pâte foit pure, car fans cela beaucoup de cartes
remplies de taches, pafferoient au rebut.
Pour remplir toutes les conditions que la def-
tination du papier cartier femble impofer aux
fabricans., on conçoit qu’ils doivent pourrir
très-peu leur chiffon, enfuite le triturer dans des
moulins bien montés., & dont les pilons foient
armés de clous comme ceux de la Gueldre : enfin
le.féeher dans des étendoirs un peu aérés, pour
obtenir un papier ferme & fonnant après la colle.
Jufqu’à préfent l’Angoumois eft prefque la feule
province qui vende dans le nord du papier car-
, tier, du moins le papier de cette province eft le
feul qui foit recherché par les Hollandois ; auffi les
chiffons de PAngoumôis ne font point fufceptibles
de prendre de là molleffe en pourriffant, & les
moulins de cette province triturent affez bien les
peilles un peu vertes. Les moulins des environs
de Tulle, rèufliffent aufli. fort bien dans le même
genre de fabrication, parce qu’ils ont les mêmes
reffources. Enfin , il en feroit de même en Bourgogne
, fi les fabricans de cette province favoient
profiter de la bonne qualité de leurs chiffons, qui
m’ont paru confeïver beaucoup de confiftance
après un pourriffage ménagé.