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fur un fac plein de fable , & bien fermé, le |
côté bombé de la glace ; en pefant fur fes extrémités
cppofèes, l’effort des doigts l’enfoncera
malgré la toile , & 'lui donnera plus d’afliette;
verfez alors dans la concavité , que je fuppofe
effuÿée, une portion de mercure qui la comble
entièrement.
Reprenez le moule chargé de l'étain , 8c le
plongez dans le même fluide : quand la feuille
en fera bien avivée, faites-la rentrer, à l’aide du
moule, dans le creux de la glace : que cette
rentrée s’opère par un mouvement oblique , plutôt
que vertical; que réram, pour mieux dire, repouffe
le mercure & gliffe lur le verre, tant que
les centres fe rencontrent. En raffemblant les lignes
dont nous avons parlé, le rapprochement ne doit
laiifer abiblument aucun vide.
Il ne rèfte qu’à renverfer tout à-la-fois le moule,
la glace &• le fac , mais fans les féparer : un fup-
p o r t, haut de quatre à cinq pouces , recevra le
deffus du moule , q u i, par ce renverfement ,
occupera le bas. Le poids du fable, auquel il eft
aifé d’ajouter encore , continuera de preffer la
feuille contre la glace : il expulfera les bulles d’air,
& forcera le fuperflu du mercure à s’égoutte.'- : au
bout de quelques heures , l’étain fera confo.lidé ;
vous pourrez enlever le fac & retirer le moule ;
mais fongez que la feuille eft adhérente au plâtre ;
dégagez fa circonférence , que vous retrancherez
enfuite comme inutile.
2 ° . D i l’étamage d’une glace fur fa convexité.
Cette opération s’éloigne peu de la précédente.
Difpofez le moule d’après le verre ; fa furface
deviendra concave. Etendez dans l’enfoncement
la feuille d’étain , & ne lui laiffez ni rides ni
bouffiffures ; couvrez-la de mercure, & pouffez-
y la glace en appuyant toujours, jufqu’à ce qu’elle
parvienne au milieu; la'majeure partie du mercure
s’épanchera : mais ce n’eft point affez ; il
faut, comme précédemment, renverfer tout en-
femble, & le moule & le verre ; pofer le verre
fur le fupport, dont le diamètre doit être moindre,
& charger le moule du fac rempli de fable. Ici
le fupport eft en contact avec la glace; garniffez
fon fommet d’un tampon , ou de laine' ou de
coton, & vous préviendrez toute rupture.
Pour étamer fur fa convexité une glace dont le
diamètre iroit à trente ou quarante pouces, le
travail eft différent. On conftruit, foit en fe r , foit
en bois, un cadre circulaire, double au moins de
la glace, & fupporté par trois montans ou pieds.
On tire d’une toile épaiffe un morceau qu’on découpe
fur le cadre un peu plus en petit : on fortifie
par un cordon les bords de la toile , & contre, le
cordon on perce des oeillets : on peut enfuite, avec
un bon lacet, tendre à fon gré la toile dans le
cercle. La tenfion ne doit cependant pas être outrée
, fur-tout fi la courbure du verre eft forte.
Cet appareil placé horizontalement, il ne s?agit
que de coucher fa feuille d’étain fur la toile, d’aviver
de mercure le métal, & d’ affeoir la glace :
fon poids & les poids additionnels affaifferont régulièrement
la toile ; & le verre , de toute part,
touchera l’étain noyé de mercure.
L’art du lunettier-opticien enfeigne la manière
dont on rend convexe ou concave les verres plans,
au moyen des baffins & des fp hères qui les uferf.
par le frottement. Le procédé qu’on met en oeuvre
pour les courber en les amolliffant au feu , mérite
d’être connu : je l’expoferai dans un article particulier.
Voyez ci-après : verre au fourneau (Art
d’amollir le ) .
3 °. De rétamage, dan globe dans fon intérieur.
Ces globes figuTolent autrefois dans nos appar-
temens ; leur préparation étoit même un fecret.
M. Southwel la publia le premier, de la manière
fuivante, en l’imprimant dans les tranfaétions phi-
lofophiques , N°. 245.. . <
Le mélange dont il fe fert eft compofé de mercure
& de marcaflite d’argent , trois onces de
chaque ; d’étain & de plomb , une demi- once
de chaque : on jette fur ces deux dernières matières
la marcaflite , & enfuite le mercure ; on les mêle
& on les remue bien enfemble fur le feu : mais
avant que d’y mettre le mercure, il faut les retirer
de deffus le feu & attendre qu’elles l'oient prefque
refroidies. ^ ! . ■■■■*■
Pour en 'faire ufage , le verre doit être bien
chaud & bien fec. L’opération réufliroit pourtant
fur un verre froid, quoiqu’elle fe fit avec beaucoup
plus de luccès fur un verre chaud.
La méthode que je trace , différente- pour les
dofes, réuflit mieux encore.
Faites fondre une once d’étain & autant de
plomb dans une cuiller de fer : à ces métaux
fondus,vous joindrez une once de bifmuthconcaffé :
le bifmuth fe liquéfiera prefque aulfitôt. Quand
le mélange ne fera plus que tiède, ajoutez,-y deux
onces de mercure exempt de toute humidité, &
nétoyez les faletés qui s’élèveront à la furface.
Chauffez modérément le globe : qu’il foit
très-fec en dedans, & qu’il ne recèle aucun corps
étranger.
Les globes dont eft queflion portent, comme
les bouteilles, un goulot alongé. Amenez-en l’entrée
fous le bec de la cuiller : verfez-y le mélange
à petite quantité : fa fluidité, qu’011 entretiendra
par une chaleur continue, permettra de le promener
dans l’intérieur, & tous les points qu il
parcourra fucceffivement, fe trouveront etames.
L’introduâion en verfant, fuppofe au gouloé
une ouverture de plufieurs lignes : fi cette ouverture
étoit capillaire , on chaufferoit davantage le
vaiffeau : en plongeant fon orifice dans la cuiller,
la preffion feule de l’atmofphère fera monter le
mélange.
Cet étamage ri’eft point a comparer, a celui des
glaces ; mais la ftru&ure du vafe n’admet pas
Valternatiye. * ( Article de M. B LAN q uart de Sep t fontaines
, gentilhomme de CArdrèfis. )
- Obfervations concernant l'art & le commerce du.
miroitier.
Les miroitiers ne font point les cadres des miroirs
, ils les achettent de certains ouvriers qui ne
s’occupent qu’à ce genre de travail , dont la plupart
à Paris habitent le faubourg Saint-Antoine.
Pour monter un miroir, on pofe la glace dans
le cadre, en la faifant entrer par derrière dans
les feuillures qui lui font deftinées ; fi elle eft trop
petite, on la cale tout autour avec de petits morceaux
de bois ou de papier : on applique enfuite
des bandes de flanelle , lârges d’un pouce environ,
tout autour de la glace, & deux en travers.
On met deffus cette flanelle une planche bien
mince, & on fixe le tout avec des pointes de fer.
Les glaces du plus grand volume, telles que
font celles des cheminées, fe montent différemment:
on les place fur un parquet, qui eft une
grande planche traverfée de différentes bandes de
bois : on garnit ces bandes de flanelle ; on y pofe
la glace , & on n’ajulte le cadre qu’après coup,
avec des vis' à tête dorée.
On donne divers noms aux miroirs fuivant les
endroits où ils fe placent dans les appartemens,.
ou fuivant leur ufage.
Les trumeaux font de grands miroirs plus hauts
que larges, qui fe mettent pour l’ordinaire entre
les croiféés, d’où ils ont pris leur pom, cet efpace
qui fépare les croiféés s’appelant un trumeau en
terme d’architeéture.
Les glaces de cheminées font celles qui fe placent
au-deffus des-tablettes des cheminées dans
un appartement.
■ Les glaces qui confervent le 7 nom de miroirs ,
font celles deftinées à être placées au-deflùs des
commodes ou tables des appartemens.
Autrefois on ornoit ces miroirs de beaux chapiteaux
, de riches bordures de bronze , ou de
glaces diverfement taillées ; aujourd’hui on fe contente
ordinairement de les encadrer dans des
tringles de bois doré , ornées de moulures ou dè
fculptures.
Les miroirs de toilette font des miroirs de
moyenne grandeur, plus hauts que larges : les plus
grands 11’excèdent guère dix-huit ou vingt pouces, .
Enfin, les miroirs de poche font de très-petits
miroirs, le plus fouvent dé figure ovale, enfermés
dans des boîtes d’or , d’argent, d’écaille de
tortues, eu de chagrin , diverfement enrichies de piqûres
de têtes de clous d’or, ou même de pierreries.
L’angleterré étoit autrefois feule en pofleflion
de fabriquer des glaces courbées ; mais depuis
qu’il s’eft établi à Paris , ayec un privilège du
R o i, une manufacture de miroirs concaves, on
y courbe des glaces de toute grandeur , pour
les pendules en cartel & autres meubles qui ont
befoin de verres concaves ou convexes. Cette
manufacture prend de jour en jour plus de faveur.
Les glaces qui en fortent font déjà plus recherchées
que celles d’Angleterre.
Les miroirs fphériques y reçoivent un tain particulier
, qui eft celui qui lui convient le mieux.
On eft prefque dans l’impoflibilité de faire des
lentilles de verre d’une certaine grandeur & d’une
certaine épaiffeur, & rarement font-elles affez
égales pour laiffer paffer également par-tout les
rayons de lumière, ce qui ne donne pas à ces
lentilles toute la force poffible pour réunir les
rayons folaires en un feul point, & . y produire
ce feu fupérieur à tous nos feux techniques. On
fait dans cette manufacture des lentilles de verre
très-grandes , & dont l’épaiffeur eft remplie d’eau
diftillée ; ce qui les fait nommer loupes d'eau.
Suivant l’expérience qui en fut faite devant le
Roi , une de ces loupes, expofée au foleil, fit
couler des gouttes de fer fondu d’une barre de
fer de la groffeur du bras, dans l’efpace de deux
fécondés.
On a imaginé dans cette manufacture de faire
des luftres de glaces courbées, dans lefquels un
petit nombre de bougies font l’effet d’une très-
grande quantité, par les refleCtions multipliées. De
plus, les bougies y étant à l’abri du vent, ne font
point fujettes à couler, & jettent dans les affem-
blées, même au milieu d’un courant d’air , le plus
grand éclat poflîble.
Les compagnies des glaces , du grand & petit
volume , établies par les lettres - patentes de
Louis X IV , prétendirent , avant & après leur
réunion, être en droit de mettre leurs glaces au
tain, de les faire monter en miroirs, & de les
vendre, ainfi que leurs glaces, en blanc , à quiconque
voudroit en acheter ; mais elles furent
déboutées de leurs prétentions par un arrêt en
forme de réglement, que les maîtres miroitiers
obtinrent le 31 décembre 1716.
Par cet arrêt, il eft défendu à la compagnie
des glacés, & à fes commis, fous peine de quirize
cents livres d’amende , & d’être révoqués de leur
commifiion, de vendre à d’autres qu’à des miroitiers
les glaces de leur fabrique, ni de les faire-mettre
au tain , à l’exception de celles deftinées pour les
maifons royales de Sa Majefté , ou pour être
envoyées à l’étranger.
Par le tarif dé 1664, les miroirs d’ébène &
d’autres bois avec leurs glaces, enrichis ou non
enrichis d’or , d’argent & de cuivre doré ,
payoient en France les droits d’enfrée, à raifon
de cinq pour cent de leur valeur ; mais depuis,
par la déclaration du R o i, en forme de nouveau
tarif, du 18 avril 1667, les droits furent réglés
fur le pied d é jà grandeur des glaces ; favoir :
Cellès de pouces & au deffus . . . 25 liv.
Celles de 2cTà 30 pouces 15 liv.
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