
342 N A C .
golfe du Mexique , le long de la côte de la nouvelle
Efpagne. On pêche auffi des perles dans la
Méditerranée & fur les côtes de l’Océan , eh
Ecoffe 8c ailleurs. "
On trouve encore des perles dans les moules
qu’on tire de la petite rivière de Valogne , au bas
des montagnes des Vofges , & dans d’autres rivières
Sc lacs de la Lorraine.
La pêche des perles près de l’ifle de Ceylan ,
appartient à la compagnie des Indes de Hollande,
& lui donne un grand bénéfice , par l’efpèce de tribut
que lui doit chaque bateau qu’elle permet aux
habirans d’employer à cette pêche.
Le temps de cette pêche eft en mars & avril,
& quelquefois il y aune fécondé pêche dans les
mois d’aout & de feptembre. On fait d’abord des
efiais. Des plongeurs pêchent' chacun quelques
milliers d’huîtres à perles qu’ils apportent fur le
rivage. On met à part les perles qu’on y trouve ;
& fi cet efifai promet une pêche abondante & lucrative
, la compagnie des Indes en fait publier
l’ouverture & les avantages.
Alors les pêcheurs arrivent avec leurs bateaux.
Les commifiaires Hollandois viennent en même
temps de Colombo pour préfider à la pèche, qui
eft annoncée, dès le matin, par un coup de canon.
A ce fignal, tous les bateaux partent 8c ^’avancent
dans la mer, précédés de deux chaloupes Hollan-
doifes , qui mouillent l’une à droite & l’autre à
gauche , pour affigner à chacun les limites de l’endroit
où l’on peut pêcher.
Un bateau a plufieurs plongeurs qui vont tour-
à-tour à l’eau ; & dès que l’un remonte, l’autre s’enfonce.
Ces plongeurs font attachés à une corde,
dont le bout tient à la vergue du petit bâtiment,
de façon que les matelots du bateau peuvent, au
moyerr d’une poulie, tirer ou lâcher cette corde
fuivant qu’il eft néceflaire.
Le plongeur a une pierre du poids d’environ
trente livres,attachée aux pieds, afin d’enfoncer
plus vite, & porte un fac à fa ceinture pour y
mettre les huîtres. Lorsqu’il efi d hcendu au fond
de la mer, il courtçà & là , tantôt fur du fable,
tantôt fur une .vafe vifqueufe , ou fur des pointes
de rocher ; il ramaffe à la hâte les huîtres qu’il
met dans fôn fac,; 8c s’il y en a plus qu’il n,’en
peut emporter, il en fait un monceau qu’il revient
chercher , ou que fon camarade 'eit averti d’aller
reprendre.
Quand le plongeur veut revenir, à l’air , il tire
fortement une petite corde, différente de celle qui
lui tient le corps , afin d’avertir un ou deux matelots
, attentifs à fes mouvemens 8c à fes befoins.
Il eft rare qu’un plongeur, exercé dès fon enfance
à fon pénible métier, puiffe retenir fon haleine
au-delà de i a à 15 minutes. Il met du cotbn
dans- fes narines & dans fes oreilles , & il garantit
fes mains avec des mitaines de cuir lorfqu’il craint
les pointes des cailloux ou des rochers. Il a anfli
un infiniment de fer pour détacher les huîtres à
N A ;C
perles quand elles font adhérentes à des pierres
ou à des rochers.
Les plongeurs font quelquefois très-près l’un de
l’autre ; il efi même arrivé fouvent que ces malheureux
fe font battus, au fond de la'mer pour
fe difputer des tas d’huîtres."On dit que ces plongeurs,
enfoncés à foixante pieds fous les eaux, y
voient aufii diflin&ement que fur terre. Mais on
ne peut fe diffimuler qu’en enfonçant fi profondément
dans la mer, ils ne courent de grands rifque*,
.foit par quelques chocs périlleux, loit par la voracité
des gros poiffons & des requins, ou rar
défaut de refpiration. Un plongeur ne peut fe précipiter
plus de fept ou huit fois par jour au fond
des eaux. Ce travail fe termine ordinairement à
midi. Alors tous les bateaux regagnent le rivage.
Quand on eft arrivé, le maître dû bateau fait
tranfporter les. huîtres dans une efpèce de parc
ou foffe creufée dans le fable. On lès étale à l’air
& r on attend qu’elles s’ouvrent d’elles-mêmes ;
ce qui dure trois à quatre jours. On en retire
alors les ferles fans les endommager ; on les lave
bien , puis on -les pofe fur de petits baftins à cribles,
qui s’entaffent les uns dans les autres, en
forte qu’il y ait une diftance fufiifante entre ceux
de deifus & ceux de defïous. Les trous du fécond
crible font plus petits que ceux du premier, & ainfi
des autres.
Les perles qui ne paffent point parle premier
crible font du premier ordre ; celles qui refient
dans le fécond font du deuxième ; ainfi jufqu’au
dernier crible, lequel n’étant point percé, reçoit
les plus petites, qu’on nomme femences de
perles.
Les Hollandois fe réfervent toujours le droit
d’acheter les plus grofles perles & lés plus belles;
au moins ils ont la préférence fur le prix qu’on en
offre. On prétend que toutes les perles qu’on
pèche le premier jour, appartiennent de droit au roi
de Maduré ou au prince de Maràva , ou à tel
autre fouverain de la rade où fe fait la pêche.
On pêche les perles occidentales depuis le
mois d’oétobre jufqu’au mois de mars. Cette pêche
occafionne prefque toujours de grandes maladies,
caufées , foit parce qu’on mange alors des huîtres
en trop grande quantité, ou parce que la corruption
des huîtres expofées à l’ardeur du foleil,
exhale une puanteur peftilentielle.
Les perles varient dans leurs couleurs. Il y en
a de blanches, de*jaunâtres., de verdâtres , &
même de noirâtres ; mais leur couleur ordinaire
& la plus naturelle eft d’être blanche. Les perles
de couleur plombée ne fe trouvent guère qu’en
Afrique, où le fol de la-mer eft très-vafeux. La
couleur jaunâtre ou verdâtre doit être atribuéê à
la maladie ou même à la corruption de l’animal
qu’on a laiffé long-temps à l’air & au foleil.
On appelle loupe ou coque de perles 1 un fuc pierreux
& nacré qui s’eft extravafé en forme de
noeud. Quand il s’en trouve de demi-fphérique
N AC
1« joaiUiers les font fcier, & de deux de même
offeur collées enfemble , ils compôfem une
bplle perle. Il y a beaucoup de perles baroques ou
/une figure irrégulière qui font peu eflimées. On
nomme perles parangonnes , celles d’une groffeur
extraordinaire. Les perles les plus recherchées, les
plus chères-& lès plus belles,-font les perles d’orient,
qui font grottes , parfaitement rondes , polies,
blanches , iuifantes , rayonnantes, & qui paroi
fient tranfparentes fans l’être. On dit des perles ,
quelles font d'une belle eau, on à'un bel orient.
La perfiâion des perles, foit qu’elles foient
N A C 343
rondes, en forme de poires, d’olives 5 ou d’une
figure irrégulière , confifte principalement dans le
lultre & la netteté de leur couleur ; c’eft ce qu’on
appelle leur eau.
L'eau des perles eft fujette à changer. Les blanches
furtout fe jauniffent 8c fe gâtent dans un certain
efpace de temps. -
En Europe, les perles fe vendent ordinairement
au carat ; le carat contient quatre grains en Afie.
On fait ufage de différens autres poids dans le
commerce des perles, fuivant la différence des
états. |
V O C A B U L A I R E .
B a r o q u e s .- ( perles) On nomme ainfi les
perles qui ont. une figure irrégulière. Elles ne font
point eflimées. -
B u r g a u ; efpèce de coquille dont la nacre eft
riche.& très-brillante.
B ü r g a u d ï NE ; e fp è c e d e n a c r e b r i lla n t e 8c a r g e n tine
, q u e l’ o n t i r e d ’ u n e b e l l e c o q u i l le n om m é e
nautile. . '
Ç o q u e d e p e r l e ; n om d o n n é à u n e e x c r o i f fa n c e
n a c r é e , q u i s’ a t t a c h e a u fo n d d e la c o q u i l le d e
l’h u ître p e r lin e .
D r a p m a i u n ; n om q u ’ o n d o n n e à l’ e n v e l o p p e
e x té rieu re d e c e r t à in s c o q u i l la g e s .
E a u : on entend par eau d’une^perle, fon luftre
8c la netteté de fa couleur. Il y a des perles dont
Xeau, eft blanche , ce font les plus eflimées en Europe
; l’eau des, autres tire fur le jaune. Il y
en a dont Veau eft de couleur de plomb ; plufieurs
ont une eau tirant fu r ie noir, 8c même tout-à-
fait noire.
H i r o n d e l l e ; e fp è c e d e c o q u i l l e b i v a l v e d u
g enre d es h u î t r e s , q u i f o u r n i t d e l a n a c r e , $ c m êm e
des. p e r le s f in e s .
L a u r i s m a r i n a ; p e t i t p o i f f o n d e m e r , q u i
eft u n e e fp è c e d ’ h u î t r e , d o n t " l a ' c o q u i l l e e f t tr è s -
unie & t r è s - p o l ie in t é r ie u r em e n t .
L o u p e . O n d o n n e c e n om à u n fu c p i e r r e u x 8c
n a c r é , q u i s ’e f t e x t r a v a f é e n fo rm e d e n oe u d , 8c
qu i t ten t à l a c o q u i l le d e l ’h u î t r e p e r l iè r e .
M a r t e a u ; ( le ) e f p è c e d e c o q u i l l e q u i f o u r n i t
d e la n a c r e 8c d e s p e r l e s f in e s .
M è r e d e p e r l e s . On défignè fous ce nom, un
coquillage bivalve , dont la nacre eft brillante &
argentée, 8c qui fournit les perles les plus belles,
8c en plus grand nombre.
M o u c h e t t e ; n o m d ’u n e c o q u i l l e b i v a l v e d u
g e n r e d e s h u î t r e s ; q u i f o u r n i t d e l a n a c r e 8c d e s
p e r l e s f in e s .
N a c r e . O n d o n n e c e n om à l a fu r f a c e b r i l la
n t e , a r g e n t é e 8c o r ie n t é e -b om m e le s p e r le s , q u i
f e t r o u v e d a n s l’ in t é r ie u r d e c e r t a in s c o q u i l la g e s .
N a u t i l e ; fuperbe coquille qui fournit une
belle nacre , qu’on nomme burgaudine. .
O r i e n t . On dit des perles qu’elles fon? d’un bel
orient, lorfque leur eau ou leur couleur eft brillante,
argentine 8c rayonnante. C’eft que les belles perles
viennent des mers d'orient.
P a r a n g o n n e s . Les perles parangonnes ' font
celles qui font d’une groffeur extraordinaire.
P e a u d e s e r p e n t ; e fp è c e d e b u r g a u d o n t la c o q
u i l l e e f t ém a i ll é e d e v e r t .
P i n t a d e ; efpèce de coquille bivalve, du genre
des huîtres , qui fournit une très-belle nacre , 8c
même des perles fines.
S e m e n c e s d e p e r l e s . On déftgne fous ce nom
les plus petites perles.