
rentrer, & enfin s'attacha à former au lieu de la
Motte, près Verbetiç, l’établifiement d’une nouvelle
fabrique de papier, appartenant au fieur
Cangniafie-Des jardins : delà il écrivit .différentes
lettres aux ouvriers de Courtalin , leur envoya
des émiffaires , notamment le jardinier du propriétaire
de la manufacture de la Motte, & ne
négligea rien pour les attirer par fes infiances &
par les.avantages qu’il leur promettoit. Quelques-
uns de ces ouvriers demandèrent en effet leur
congé , & allèrent le rejoindre ; ils furent fuccef-
fivement fuivis de quelques autres, qui fe rendirent
à la Motte, & furent admis à y travailler,
quoiqu’ils n’euffent point de billets de congé ; en
forte que les travaux de la manufacture de Cour-
talin fe trouvèrent fufpendus : le petit nombre de
ceux qui y reftèrent , & notamment le nommé
Cavalier, fe portèrent à de tels excès contré la
yeuve de la Garde, laquelle conduit cette entre-
prife avec fes deux fils , que fur la plainte juridique
portée contre ledit Cavalier , & l ’information
faite en conlequence , il fut décrété de prife-
de-corps , arrêté dans la manufacture de la M otte,
& conduit dans 'les priions du bailliage de Fare-
moutier. Malgré cet exemple , un autre ouvrier,
nommé la Déroute, fe porta, au ffi à des voies de
fait contre un des fils de ladite veuve de la Garde;
& après avoir été chaffé, il ne tarda pas à trouver
du travail dans, la papeterie de la Motte. La nouvelle
de ce qui'venoit de fe paffer , avoit été portée
d’avance par le nommé Roche , ouvrier de Cour-
talin , à ceux de la Motte ; *ces derniers faifirent
cette occafion, & en punition de ce que les ouvriers
qui reftoientà Courtalin, n’avoient pas pris le
parti dudit la Déroute , ils les condamnèrent à une
amende de trenteûx. livres chacun , & la veuve
de la Garde elle-même, à une amende de trois
cents livres. Le même Roche rapporta une lettre
qui annonçoit cette condamnation , & la défenfe
de travailler jufqu’a ce que les a rendes euffent
été payées ; en conséquence, les ouvriers ceffè-
xent en effet leur travail pour aller à la manufacture
de la Motte , diftante d’environ quatorze
lieues , dans le deffein de faire modérer leur
amende, & ne revinrent à Courtalin que plufieurs
jours après. Sa majefté étant inftruite que l’exercice
de cette prétendue juridiction fubfiffe dans
toutes les papeteries du royaume ; que des établif-
femens fi utiles font menacés d’une fubverfion totale
, par-tout où les maîtres refufent de céder aux
caprices des ouvriers qui y font employés, & aux
rapines qu’ils fe permettent fous le nom d'amendes’,
laqtféîle étaient joints trois billets & quittances
de paiement d’amendes prononcées par des ouvriers
que les ouvriers de certaines provinces exigent
, fous le nom de bienvenue, de ceux qui
viennent d’ailleurs , des fommes arbitraires & toujours
exceffives; qu’ils empêchent les maîtres des
papeteries de former des apprentis , à moins qu’ils
ne leur payent une fomme quelconque, à laquelle
il leur plaît de les taxer. A quoi voulant pourvoir :
Vu l’information faite le ao novembre dernier, à
papetiers, des 17 mai 1767, 15 juin&u
feptembre 1776 , datées à Plomlùëre, à Cha’.lç
près le Mans , & à Troyes en Champagne; Une
lettre du nommé Roiie , datée de la Motte le 2.4
octobre. 1775 , adreffée à un ouvrier de Courtalin
pour lui, fa femme & fes belles-fbeurs ; autre
lettre du même , également datée de la Motte le
9 juin 1776 , auffi adreffée à un ouvrier de Cour- J
talin y pour lu i, fa femme & fon fils ; autre lettre
dû 13 novembre 1776 , écrite par le nommé Jac- !
ques Roufelle, dit Dejlauriers , ci-devant ouvrier
à Courtalin , & a&ueilement à la Motte, 8c. adref- I
fée, au nom de tous les ouvriers de ladite pape-
terie , à ceux de Courtalin, pour confirmer à ces
derniers que chacun d’eux a été condamné à une
amende de dou%e é'cus ; la déclaration & certificat
i du curé de Pommeufe , dans la paroiffe duquel
fe trouve le hameau de Courtalin , au fujet des
défordres qu’il avuréfulter, depuis 1767 jufqu’à
préfent, de l’affociation que les ouvriers ont faite
entre eux, & des amendes qu’ils font pratiquer
arbitrairement à céux qui travaillent dans les différentes
papeteries ; enfemble l avis du fieur in*
tendant & commiffaire départi en la généralité de
Paris : Oui le rapport du fieur Taboureau, con-
fe.iller d’état, 8c ordinaire au confeil royal, contrôleur
général des finances ; le roi. étant en fon
confeil, a condamné. & condamne, conformément
à l’article XLVIII du règlement du 27 janvier 1739,
ledit Congniaffe-Desjardins, propriétaire de la fabrique
de papier de la Motte près Verberie, à
trois cens livres d’amende payable par corps , pour
avoir reçu & donné du travail à divers ouvriers
de la fabrique de Coût talin , fans congé par écrit
de leur dernier maître, ou du juge des lieux ; &
en exécution de l’article XLIX du même règlement
, condamne les nommés Roffe, Defiauriers
8c Roche , ci-devant ouvriers à Courtalin, en
l’amende de cent livres chacun , payable également
par corps ; favoir , ledit Roffe , pour avoir
débauché 8c attiré lefdits ouvriers à la mamific-
ture de la Motte ,• ledit Defiauriers , pour avoir
écrit aux ouvriers de Courtalin , des lettres de
reproche de n’avoir pas pris le parti du noi*me
la,Déroute lorfqu’il fut chaffé, & leur confirmer
la condamnation d’amende de trente-for livres
contre chacun d’eux, avec menaces, fi ces amendes i
n’étoient pas payées le 17 novembre .1776, den
donner avis, aux, ouvriers des autres papeteries;
8c ledit Roche , pour avoir été l’efpion de ce qui
fe paffoit à Courtalin , en avoir donné avis à ceux
de la Motte , 8c avoir été l’entremetteur charge
de faire tenir les lettres écrites auxdits ouvriers
de Courtalin. Veut fa majefté que le réglement
du 47 janvier 1 7 3 9 , foit bien 8c dûment exécute
dans tous les aniclcs auxquels il n’a pas été dérogé,
& notamment ceux qui concernent la di-'
ciplfne & la police entre les maîtres &'le,s ouvriers:
& en outra , fait défenfes à tous ouvriers de fo r -
“ aucune affociation , d’exercer aucune efpèce
1 " p0iice entre eux ; & à chacun defdits ouvriers,
I à tous en général , de s’immifeer direélement
ni indireâement dans les difeufiions qui pourraient
furvenir entre les maîtres defdites manufaflures
& les ouvriers qui y font attachés ; de s’aflem-
bler à cet effet, de détourner lefdits ouvriers, foit •
de vive voix , foit par écrit, du travail dont ils
font chargés-; de les condamner à des amendes :
le tout fous peine d’emprifonnement, même fous
olus grande peine , s'il y échoit. Ordonne à tous
maîtres de manufaâures de papier , qui auront
connoiffance d’affociations entre leurs ouvriers &
ceux de quelque autre mauufafture, de complots !
formés pour faire caufe commune, ou d’amendes |
v O c A B U L A I R
P O U R L’ A R T D E
D ans ce vocabulaire , je me fuis applique
à fixer bien précifément le fens des termes de
l’art, en développant toutes les circonftances des
opérations qu'ils indiquent. J’ai évité très-foigneu-
fement aufli de faire ufage des mêmes mots ,
pour fignifier des chofes totalement différentes ,
perfuadé que cette équivoque dans les mots entraîne
une grande confufion dans les idées. C elt
ainfi que je n’ai employé le mot cuve, que pour
fignifier le vaiffeau où fe dépofe la matière avec
laquelle le papier fe fabrique, 8c que je me fuis bien
gardé de l’appliquer au vaiffeau où le cylindre triture
le chiffon , à qui j’ai donné le nom d a file qui lui
convient, 8c quant à la forme , 8c quant à 1 ufage.
On verra dans l’article greffe , toutes les cir-
conftances où ces machines font employées. T ai
cru que ces rapprochement pouvoient etre utiles,
pour faire comprendre la fuite &. la corr-efp^on-
dance des .procédés femblables : il en eft de meme
de l’article trapan, où l’on parcourt tous les cas dans
lefquels on fait ufage de cet uftenfile fi^fimple ,
& en même temps fi utile. Enfin, je nai laifle
échapper aucune occafion , dans cette nombreufe
nomenclature, de donner tous les êclairciffemens
que j’ai cru intéreffans , tant fur les machines qui
fervent à‘ la papeterie , que fur les apprêts des
papiers 8c leurs ufages.
Acotay , pied de biche, dont l’ufage eu d empêcher
la vis de la preffe de cuve de, rétrograder.
Il la foutient au moyen d’une rondelle de fer ,
dans les dents de laquelle cet acotay s’engage continuellement
à mefure que la vis tourne , ,pag. 49®*
AcottoiR , voyez égouttoir.
Af f in e r , affinage , affneur ; voyez raffiner, 8fc.
Affleurage, opération qui a pour but de
délayer uniformément la pâte dans un véhicule
convenable, 8c de l’adoucir en même temps fous
les maillets, pag. 495. Réformes à faire dans ce
travail, foie en ferrant les maillets de la pile affieuprononcées
par lefdits ouvriers, fous quelque prétexte
que ce puiffe être , d’en donner avis fur le
champ aux officiers de maréchauffée les plus prochains
des lieux, lefquels s’affureront des contre-
venans 8c les conduiront en prifon, pour y demeurer
jnfqu’à ce qu’il en foit autrement ordonné :
8c enjoint aux fieurs intendans 8c commiffaires
départis, de tenir la main à l’exécution du préfent
arrêt , lequel fera lu , publié par-tout où befoin
fera, 8c affiché dans les différens ouvroirs de chaque
papeterie , avec ’défenfes aux ouvriers d’arracher
lefdites affiches , fous peine de prifen. Fait
au confeil d’état du ro i, fa majefte y étant, tenu
à Ver failles, le vingt -fix février mil fept cent
foixante-dix-fept. Signé àmelot.
E R A I S O N N E
L A P A P E T E R I E .
rente, foit en adoptant le mouffoir des Hoüandois,
pag. 496. ‘L’affleurage a été fut primé par les Hol-
landois , qui fe bornent à foigner la trituration
de leur pare dans les piles à raffiner. Ibid,
Affleurante ; ( pile ) cette pile n’eft garnie
que de maillets nuds , 8c le plus Couvent
au nombre de trois 1 il y auroit de 1 avantage
d’augmenter le nombre des maillets , 8c de les
ferrer, pag. 496.
Affleurant ,• ( cylindre) fes dimenfions , fon
travail 8c les avantages quon peurroit en tirer,
pag. 495. * ,
Affleurée quantité de pâte dont on charge
la pile affleurante, & qu’on en tire lorfqu’elle a
reçu fa préparation, pag. 496.
L’affleurée confient une quantité d’ouvrage
toujours proportionnée à celle qui s’emploie dans
les porfes , excepté lorfquon fabrique de grandes
fortes , dont les porfes confomment plufieurs
affleurées, pag. Ibid. Voyez dans le tableau de
fabrication , le nombre d'affleurées qui s’emploient
dans les porfes de chaque forte, pag. 511.
Affleurer, c’eft conduire & diriger le travail
de la pile affleurante. Le leveur en eft chargé
avec l’apprenti, 8c ces ouvriers affleurent le plus
fouvent d’une manière imparfaite , pag. 496.
Aig l e ; ( grand Aigle) c’eft la principale des
grandes fortes : elle fert particulièrement pour
l’impreffion des cartes géographiques. Les Français
la fabriquent avec avantage pour cette deftination,
mais ils n’ont pas encore égalé les Hollandais dans
1 le travail de cette forte , lorfqu’elle doit fervir aux
deffin?. Voyez le tarif, pag. 536.
Alun ; ce fel fe mêle à la colle en différentes
dofes. Dans certaines fabriques on en mêle environ
un vingtième du poids des matières de la
colle , pefées avant la cuite ; dans d’autres , c’eft
le'quinzième. En Hollande, la dofe ordinaire de
ce fe l , eft entre un cinquième 8c un feptième d«
A a a a if