
morceau de métal fera devenu en équilibre avec
le poids de l’autre plateau, il fera exactement
égal en pefanteur avec les dix, quelque inégaux
que pmfîent être les bras de la balance & con-
féquemment que toute balance à bras inégaux
peut, fur ce principe , avoir une fuite de poids
qui y foient ajuftés , & qui étant employés toujours
dans un plateau , feront que l’inftrument
fera de la même exactitude que fi les bras en
étoient parfaitement égaux. La meilleure façon
de fe procurer de petits poids égaux, eft de
couper des longueurs femblables d’un fil d’argent
très-fin.
Le fil d’argent, tenu également tendu .par un
•corps pefant placé à fon extrémité , peut fe rouler
fort*ferré autour d’un bout de fil de' laiton
plus gros, 8c on peut couper tous les tours à-la-
tois avec un infiniment tranchant appliqué en
ïongueur. On tire le fil d’argent d’une telle
finette , & d’une èpaiffeur fi uniforme , que
les poids faits ainfi par la mefure, font d’une
«xa<ude plus grande qu’on ne pourroit y atteindre
en les ajuftant dans une balance.
Un morceau 'de fil de trait, d’une longueur
fort fenfible , & capable d’être encore divifée
davantage, n’aura pas allez de pefanteur pour
donner aucun mouvement vifible à la balance
ia plus mobile. Ces petits morceaux, ou ceux qui
ne font que juftement ébranler la balance quand
elle eft vide , & qui conféquemment ne la feront
pas mouvoir du tout quand elle eft chargée ,
font, comme je l’ai éprouvé , un fupplèmènt
utile à une fuite de poids ajuftés.
Quoiqu’une balance femble exactement en équilibre
, un côté peut cependant être réellement plus
pefant. de toute quantité de force moindre que
celle qu’il faudroit pour vaincre le frottement qui
fe fait au centre ; comme moins de force* ajoutée
pourra faire bai (Ter ce côté plus que l’autre, un des
petits poids, effayé dans l’un & enfuitedans l’autre
plateau , nous mettra en état de juger fi l’équilibre
eft exaft, ou de quel côté eft la prépondérance.
Les réfuitats de ces expériences ont été publiés
dans les TranfaElions philofophitptes, en même
temps que les gravités des diftérens mélanges ,
déduites par le calcul ; d’où il a paru que les gravités
expérimentales étoient prefque toujours
moindres que celles du calcul. Mais il y a eu
|ans ces calculs une erreur qui a rendu les gravités
calculées , trop grandes en général ; car
quoique dans chaque mélange les ingrédiens aient
été proportionnés les uns aux autres par leur
poids , on a fait, par inadvertance , les calculs ,
comme s’ils euffent été pris par le volume. La découverte
de cette méprife eft due à M. Scheffer,
qui a donné fur ce fujer un Mémoire en 1757 ,
dans les Tranfattions Su édo is .
Les gravités calculées étant rectifiées , il pa-
roît fe trouver dans plufieurs des mélanges, à*
peu-près ce que les expériences ci-deffus montrent
ne point arriver dans ceux où il y a une
égale quantité d’or ; les compofés étant d’une plus
grande gravité , ou plus refferrés en volume que
ne le font les deux métaux confidérés féparé-
menr.
Cet excès des gravités expérimentales fur les
gravités calculées eft attribué , par M. Scheffer,
à ce que la gravité de la platine eft plus grande
que celle que je lui ai a (lignée. Il imagine que les
particules d’air adhérentes dans les cavités des
grains raboteux leur ont fait occuper , quand on
les a péfèîs dans l’eau, un plus grand efpace que
celui de leur propre volume,; 6c que quand la
platine a été fondue en une ma fie ‘avec d’autres
métaux, elle a alors fait connoître fa véritable
gravité. Sur ce fondement il tâche de déduire des
pefanteurs fpécifiques des mélanges, celle de la
platine en elle-même, qui eft un des points, à
fon avis,philofophi qluees plus impertans dans fon Riftoire , & que j’avois laiftè encore non
découvert. Quoique j’aie manqué , à caufe de
l’inadvertance ci-deffus , à atteindre fa véritable
pefanteur , mes expériences , à ce qu’il penfe ,
ne laiffent p s que d’y conduire ; & il conclut,
d’après ces expériences, qu’elle eft certainement
plus pefante que l’or pur.
Ce point femble demander encore quelque examen
: car une telle conféquence ne peut pas être
admife fans être appuyée des preuves les plus
fortes ; & fi le principe de l’induétion n’eft pas
parfaitement jufte, il peut donner lieu à des, erreurs
bien plus importantes qu’une méprife, dans
la gravité de la platine.
J’ai donc calculé de nouveau les gravités, &
en même-temps la gravité que chaque mélange
donne pour la platine. La première colonne dans
chaque des tables fuivantes, contient les proportions
des deux métaux dans les. divers mélanges
, déduction faite de la perte effuyée , dans
la fufion , quand il y en a eu ; comme la platine
feule ne fouffre aucune diminution dans le feu ,
c’eft fur la quantité du métal deftruâible mêlé
avec elle , que cette dédyâion eft faite. La
fécondé colonne contient lesgravités fpécifiques
des mélanges, telles que lesdonne l’expérience
; & la troifième , leurs , gravi-tés trouvées,
par le calcul, en fuppofant la gravité de la
platine à 17 : on fait voir , dans la quatrième,
la différence entre les gravités expérimentales &
calculées avec les marques Jr & ---- félon que la
première eft plus grande ou moindre que la dernière.
La dernière colonne donne la gravité de la
platine déduite, fur le principe de M. Scheffer,
de chacun des mélanges. -
O R ......
Gravité
Par P ex
périence.
19,285.
pccijftjue
Par le
calcul.
Différence. Gravité de
Wuta^c:
i . Or. 2. 18,3,8. 18,453.
\
0
0^
‘ 6.797-
1. 3- 18,613. 18 658. B — 16,852.
18,812 18,862 ,050 — 16 759-
1. 11. 18,833 10,0.71 ,236 —• 14,988.
1. 15 18,918. 19,124. ,206 — I4 .7 13-
1. 2.3. 19,080* *SM77- ,188 — I 5,4 8 l
1. .31. 19,128 19,204* ,076 — 15.273
1. 4 '?- 19,262. H a n l 0 , 1 + 18,711 •
'■ 95-I19 173. 19238 .015 + l8,2 14
Gomme les expériences avec l’or n’étoient pas
parvenues entre les mains de M. Scheffer , quand
il a écrit fon Mémoire , il étolt dans l’efpérance '
que quand on feroit ces expériences, elles don-
neroient avec certitude la gravité de la platifre ,
l’or étant exempt de quelques-unes des caufes.
d’erreur qui fe rencontrent dans les autres métaux.
Il paroit, quoiqu’il en foit, par le détail précédent,
que de douze mélanges de platine &
d’o r , il n’y en a pas eu un feul anfli pefant
que l’or feul ; au lieu que fuivant le principe de
M. Scheffer, ils auroient dû tous être plus pe-
fans. Il eft donc clair, ou que la platine n’eft
pas fi pefante que l’or, ou que le principe de
l’indu&ion n’a pas lieu dans les mélanges d’or 8c
de la platine.
Suivant les deux derniers mélanges, la gravité
de la platine revient entre 18 & 19 ; mais on ne
peut pas bien faire fond là-deffus, parce que la
différence entre la gravité expérimentale & la
calculée eft fi peu confidérable , qu’on la peut attribuer
aux imperfe&ionS inévitables des inftrumeas
dont on s’elt fervi pour pefer : car une erreur
de moins qu’une 3o,oooe partie du poids fait une
différence de ,012 dans la gravité fpécifique du
mélange, & de 1,000dans celle de la platine qui
en eft déduite. Il en arrive tout de*même dans
les mélanges avec les autres m e eaux , où la platine
eft en petite proportion.
Les autres compofitions donnent la gravité de
la platine moindre que 17 ; & comme on trouve
que la platine feule eft à 17 ou plus, il paroit
s’enfuivre qu’il doit néeeffairemenr y . avoir une
diminution de gravité , produite par l’union des
deux métaux l’un avec l’autre. Ceci femble confirmé
par un ' phénomène obferve dans la fufion.
Prefque tous les corps métalliques devenus fluides
au feu , fe retirent 6c prennent une furfaçe'
concave en redevenant folides : l’or pur fe retire
peut-être encore plus qu’aucun des autres ; mais
les mélanges d’or & de platine, quand la platine
y eft en proportion confidérable , ont été remarqués
fe tirer 11 ès-pc 11 : quelques-uns même fe
font.étendus, & font devenus convexes.
Ii s’enfuit néceffairement de cette expenfion ou
dilution de volume , un décroiffement de gravité
fpécifique.
Comme les grains de platine crue, les plus
purs ».font mé.és d’un peu de ma:ière hétérogène ,
il eft poffible que cette matière empêche l’union
intime de la platine & de l’or , & ainfi occa-
fionne que les deux métaux fondus enfembüe
occupent un plus grand volume qu’il ne leur appartient
naturellfinent. J’ai donc fondu de l’or
avec de la pîaiine qui avoit déjà effuyé quelques-
unes des opérations ci-après décrites , & qu’on
pouvoir préfumer avoir été par-là purifié de prefque
toutes fes parties hétérogènes.
Un des boutons de la platine les plus nets ,
paffé à la coqpelle avec le plomb ( n°. 5 , de
la Seâion fuivante ) , a été fondu avec une pefanteur
égale d’or à un feu v if , & confervéune
bonne heure en fufion. La maffe éroit fpongieufe
& fort, légère. Je l’ai refondue à plufieurs repri-
fes avec les feux les plus yiolens qu’il m’a été
poflible ; & , pour en féparer autant que faire fe
pouvoit du plomb, auquel fembloit être due fa
qualité fpongieufe, je l’ai broyée par morceaux ,
je l’ai fait bouillir dans de l’eau forte, & j’y ai
jeté plufieurs fois du fublimé-corrofif pendant
la fufion. Malgré cela la maffe eft toujours reflée
pleine de petites cellules, caffante & fpécifique-
ment plus légère que l’or ou même le bouton
de platine, ne l’avoient été d’abord.
J’ai précipité, par le moyen du mercure , de la
platine diffoüte dans l’eau - régale, & j’ai fait
j bouillir le précipité dans de reau-forte , & enfuite
je l’ai bien lavé avec de l’eau chaude. J’ai fondu
vingt-fix grains de cette préparation, avec
quatre fois autant d’or. La platine ne paroiffanc
mêlée qu’imparfaitement , j’ai réitéré la fufion
trois ou quatre fois , & j’ai augmenté la quantité
de l’or jufquà environ huit fois celle de la
platine.
Ce mélange s’eft trouvé aufii pefant que l’or
même , & même plus. 11 pefoit à l’air 16,802 ,
& dans l’eau 15,934 : ainfi fa gravité revenoità
19,357. Quelques autres perfonnes en firent ,
comme moi, l’examen ; & tous convinrent qu’il
érofffingulièrement pefant. Le doéteur Ptmberron,
muni d’une balance fort exa&e , trouva que fon
poids d ans i’air étoit de 229,735 grains ; & dans
l’eau , 217,885 , d’après jefquels nombres fa
gravité fpécifique revient à 19,387.