
milieu & les foibles.; c’ell plutôt cette inégalité
dans l’élévation des têtes, des maillets, que celle
de leurs dimenfions , qui même, n'a; pas lieu
dans le plus grand nombre des fabriques , qui contribue
à faire circuler'le chiffon-ou l’ouvrage-dans
les piles, 8c procure une bonne trituration 6c un
lavage bien égal des matières. Maintenant que
toutes les parties du moulin à maillets nous
font connues , il importe de faire envifager d’un
coup-d’oeil générai l’utilité dé ce moulin.
-L’eau étant lâchée fur la roue, les lève#*
diilribnées fur l’-arbre qui tourne, rencontrent les
extrémités des queues des maillets, 8t les élèvent
jufqu’a Ce que venant à échapper, elles laifiènt
retomber les maillets- fur le chiffon qui- eft dans
la pile. Le chiffon,trituré.pendant plufieurs heures,
s y blanchit en même-temps qu’il fe: divile , &
l’eau qui le lave & en facilite le mouvement,
renouvelée continuellement par le trou des fontaines
, fort, en traverfant le kas, chargée de toutes
les matières graffes qu’elle peut entraîner.
Le chiffon pâlie fuccefiivement par trois fortes de
piles avant que d’être employé à faire du papier ;
d'abord on le met dans les piles à effilocher ou
à drapeîer : c’eft là que- le tifîii de la toile fe détruit
, ainfi que le f i l , & que la fubftancé- du
chanvre- & du lin fe réduit en un amas de
petits filets fibreux, qui ont encore une certaine
longueur. Pendant cette opération , la matière qui
cil abondamment abreuvée , fe blanchit beaucoup
lorfqu’elle en eft fufceptible.
Il ne nous relie plus qu’à faire voir l’art avec
lequel il convient dé diftribuer les lèves fur la
circonférence de l’arbre, enforte que la roue foit
chargée également-, & le moins qu’il eft poffible.
clans tous les moinens de fa révolution'; pour cela
il faut que lès maillets foient foulevés les uns
après les-autres;, par exemple, fi l’arbre eft défi-
tiné à un m©ulin à quatre piles , comme eft celui
dont nous faifons la defeription. ( quoiqu’on n’ait
placé que trois piles dans les figures ), & que chaque
pile ait quatre maillets, ce qui en fait feize en
tout ; fi de plus chaque maillet doit battre deux
fois à chaque révolution de la roue, voici comment
on réfout ce problème : Après avoir tracé
les cercles qui répondent vis-à-vis les maillets
on divife la circonférence d’un de ces cerclés en
feize parties égales, & l’on tire par les points
de divifion des lignes parallèles à la longueur de
l’arbre; les interfedtions de ces lignes & des cercles*
qui répondent aux maillets , feront les points où
l’on placera les lèves. Quelque, fyftême qu’on
embraffe pour la difiribution des lèves fur. la
circonférence de l’arbre, relativement aux maillets
des différentes piles, il eft bien important que les
maillets d’une pile fe lèvent fuccefiivement dans
l’ordre qui convient le mieux aux mou Verne ns
uniformes de la matière dans cette pile : par
exemple, lorfque le premier m aillet, pris d’un côté .
de la pile, fe lè v e , la matière s’éboule dans le
I vide qu’occafionne fa levée ; fi le fécond fe lève
| lorfqu’il retombe, & qu’il pouffe la. matière dans
! le nouveau vide , je conçois alors que là ma-
: tière aura traverfé une grande partie de la pile fur
| là plus grande dimeiifion. Le troifième maillet fe
levant pour lors quand le fécond retombe, c’eft
encore un vide qui fe préfente, & une nouvelle
place à occuper par la matière qui reçoit l’impuî-
fion du maillet qui retombe ; le quatrième maftltt
fe lève , ; alors ce fera un nouveau tranfport,
jufqu’à ce que , par la chute du dernier maillet,
ellerefte contre le bord de la pile qui l’empêche de
paffe? outre : c’eft la même chofe lorfqu’il y a
cinq maillets ; alors la matière, accumulée ainfi
entre le dernier maillet & le bord de la pile, prend
la route oblique par derrière les maillets, attendu
que l’eau qui tombe dans la partie antérieure de
la pile, la détermine à prendre cette route.
Il y a encore une circonftance qui contribue
à faire circuler la matière dans les piles, & qui
dépend de la difpofition des points de la pile par
où l’éau- coule , 8c tombe- fur la matière pour
la délayer à mefure qu’elle fe préfente ; en confé-
quence du mouvement dont nous venons, d’indi--
quer les effets, il eft vifible que la matière détrempée
abondamment, s’affaiffe & fe répand facilement
’ dans les vides qu’elle trouve , ee qui
facilite la marche de la partie du chiffon qui eft
plus sèche , laquelle s’éboule vers la première qui
cède aifément, -
La -circulation qui dépend du mouvement fuc-
ceffif des maillets , fournit, continuellement une
matière fèche & plus denfe, parce qu’en paffant
entre les maillets & le kas , elle eft • comprimée
& féchée à un certain point. En eet état
elle rentre dans le torrent de la partie intérieure
de la pile qui lui fait place-, à mefure que
l’eau la délaie. Le progrès de ces deux effets
produit donc la circulation dé l’ouvrage dans les
piles. '
Ainfi dans les, piles à effilocher, où- il y a deux
conduites d’eau, c’eft toujours du côté où l’eau
eft plus abondante, que la fur face de la pâte
baiffe davantage, & c’eft vers ce point que la
matière, -plus- élevée dans les parties oppofées, a
une tendance continuelle, en s’éboulant à mefure
qu’elle fe détrempe. Ç ’eft donc, à l’eau & à-'
la manière dont elle eft diftribuée dans les piles,
que la matière doit principalement, fa marche 6c
fà circulation; ce qui prouve encore mieux cet
effet de l’eau, - c’eft la pratique confiante des
gouverneurs de moulins qui bouchent entièrement
une des deux fontanelles, lorfqu’ils veulent retirer
la matière des pilés à effilocher. Iis ont
pour but d’accélérer la circulation ,• en établiffant
un foui courant d’eau qui a plus d’a&ivité que
deux.
J’ajoute ici que c’eft' dans, les- mêmes vues
qu’on ne met que trois maillets-aux. pile# raffine
ufes , & qu’une feule conduite- d’eau , parce
que la Date â plus befoin de circuler pour être
battue 8c atténuée, que d’être lavée. Auffi fa
furface eft toujours très-baffe du côté où l’eau
tombe, & très-élèvée dans la partie oppofée
où il n’y tombe pas d’eau ; de manière qu’elle?
déborde fouvent lorfque le gouverneur n’y
donneras fes foins, & qu’il n’aidé pas le mouvement
6c l’éboulement de la pâte fèche vers
je vide de là partie détrempée.
D’après ces détails , il eft .évident -que ce n’eft
pas au maillet appelé le fort, qu’eft dne, comme
dnl’a dit, la circulation de la pâte dans les piles,
& que s’il produit quelque effet, il doit être peu
fenfible : d’ailleurs, il y a beaucoup de moulins
où l’on ne trouve pas de ces maillets à plus fortes
dimenfions que les autres , 6c où l’on ne s’aperçoit
pas que la circulation ait moins d’adivité ,
6c que ^trituration foit plus lente.
Gouvernement du moulin.
parce qu’il importe de bien laver la matière , "8c
parce qu’on ne craint pas que cette matière ,
qui eft encore peu divirée, puiffe échapper "par
les sellettes ; d’ailleurs , fi l’ouvrage qui circule
dans les piles manquoit d’un véhicule d’eau fuffi-
fant, la pâte fe pelotonneroit 6c ereveroit les
tellettes de crin. Ges telléttes , d’ailleurs , font
fujettes à s’empâter , par la graiffe de l’ouvrage ,
en moins de dix à douze jours, ce qui empêche
l’écoulement dé l’eau fale. C ’eft fur quoi le gouverneur
C’éft le gouverneur du moiilin qui eft chargé
de la partie importante du travail de la trituration
des pâtes par les maillets-; c’efî lui qui d’abord
fournit de chiffon les piles à effilocher, 8c de
pâte les piles à raffiner , 8c qui fuit toutes les opé- j
rations de ces machines jufqu’à parfaite trituration. :
Ces fondions exigent de lui qu’il rince plufieurs 1
fois les piles, les maillets & les. coulqirs ; ces
rinçages fréquens fe font avec une badine de
cuivre, que le ..gouverneur'remplit d’eau épurée;
il s’occupe à-faire retomber dans les piles les‘parties
de l’ouvrage, qui rejaillit quelquefois fur les
. maillets 6c fur les bords des piles. Il arrive auffi
quelquefois que les piles font trop .pleines , 8c
que la madère déborde ; il a foin pour lors quelle
ne féjourne pas fur les bords des piles , fi elle
peut entrer dans la circulation. Il eft obligé d’aider
fouvent avec la main le mouvement des matières
, lorfque , foit par le défaut d’eau, foit par
la lenteur du moulin , elles ne circulent pas convenablement.
Les gouverneurs connoiffent par expérience la
quantité de chiffon dont il faut charger les piles
à effilocher; ils ont foin qu’elles le foient toutes
bien également, afin que la trituration marche
d’un pas égal, dans les unes-comme dans les autres.
Ils obfervent de ne mettre la quantité de
chiffon deftinée pour la tâche d’une pile , qu’à
plufieurs reprifes ;-ainfi la première partie du chiffon
éft prefquè battue en deffile lorfqu’on y
ajoute la feco'nde : car fi l’on mettoit tout le
chiffon en même temps, les piles feroient bientôt
engorgées par les bandes de chiffon qui ar-
rêteroient le jeu des maillets., t
Les chiffons reftent dans les piles à effilocher, !
jufqu’à ce qu’ils n’aient plus confervé aucun veftige
du tiffu de la toile ce qui dure fix , huit 6c
même douze heures, fuivaiit la force des maillets.
6c la dureté du chiffon^
Dans ces piles, il faut triturer à grande eau ,
doit veiller , pour prévenir les accidens
dont nous venons de parler.
Lorfque les chiffons ont été fuffifamment battus
en -deffile dans les premières piles, le gouverneur
tranfporte la matière, ou dans des caif-
fes de dépôt, ou tout de fuite dans les piles à
raffiner : c’eft ce ’que l’on appelle' remonter le moulin.
Les matières font raffinées dans ces dernières
piles en douze , dix-huit ou vingt ^quatre heures,
luivant l’activité des machines 6c l’état des pâtes.
On donne moins d’eau à la matière dans les piles à
raffiner , parce qu’il faut battre ferré pour obtenir
une pâte atténuée convenablement. On fent
effe&ivement que fi la pâte nageoit dans une
grande quantité d’eau , elle échapperoit à l’action
des maillets, 6c n’acquerroit aucune nouvelle divifion.
La tellette doit être plus fine , afin de
laiffer moins échapper de la fiibftance des pâtés
la plus tenue ; ce qui nuiroit beaucoup à l’etoffe
du papier, qui n’auroit plus ni douceur , ni velouté.
Pour s’affürer fi la . pâte éft triturée au degré
qui convient , on en forme une peloté, 8c en
la rompant par le milieu, on juge du degré de
ténuité qu’elle a aequife par la longueur des à-
lamens qui fe montrent fur les caffures.
On reconnoît auffi l’égalité de la trituration,
!en delayantnn peu de pâte dans une certaine quantité
ft’eau. Si les petits filamens fibreux qui nagent
dans l’eau font également divifés , 6c qu’on
| ne remarque pas parmi eux des pâtons blanchâ-
1 très, alors la trituration eft achevée.
Avant que de retirer la matière des piles à
raffiner, on diminue infenfiblement l’eau des fontaines.
La matière s’égoutte pendant environ une
heure qu’elle eft; foumife aux mouvemens des
maillets, en perdant infenfiblement l’eau dont
elle eft pénétrée. On la met enfuite dans lés
caiffes de dépôt, en attendant qu’on en faffe
ufage pour la fabrication du papier, après avoir
paffé par la troifième :forte de pile que nous
avons diftinguée , & qu’on nomme affleurante.
Nous parlerons de cç travail lorsque nous aurons
décrit le-moulin à cylindre, ainfi que les
opérations.
Moulin à cylindres.
L’invention des cylindres n’eft pas ancienne ;
il paroît que ces machines ont été trouvées 6c
perfectionnées en Hollande : c’eft du moins de-là
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