
vont en augmentant de fineffe depuis le numéro
n jufqu’au numéro 42 , c’eft-à-dire qu’elle a
depuis onze jufqu’à quarante-deux fils dans chaque
portée. Les derniers numéros font les plus fins,
parce que plus il y a de fils dans une portée, plus
les intervalles entr’eux font étroits. On prend ces
derniers numéros pour les bluteaux fupérieurs qui
tamifent la fleur de farine , & l’on emploie depuis
le numéro 11 jufqu’au numéro 18 pour le dodinage
ou bluteau qui doit tamifer les gruaux &
recoupes.
Depuis plufieurs années , les fabricans d’étamine
à Rheims en ont changé les numéros, de
manière que lés meuniers ne pouvant aller choi-
fir celles dont ils ont befoin, font fort embarrafl*és
pour fe les procurer par lettres ; ce qui caufe des
erreurs & des pertes fréquentes , qui n’auront
plus lieu , lorfque les infpeâeurs du commerce &
des manufactures voudront bien préférer l’intérêt
public.
Quelques meuniers ont effayé de fubftituer des
bluteaux cylindriques de foie à ceux de laine ;
mais il s’en faut bien que le produit en farines
blanches foit aufli avantageux, tant pour la qualité
que pour la quantité. Après le remoulage
des gruaux, q u i, en grattant & frottant continuellement
la foie , facilitent le paffage de la
fleur , ces bluteaux font engraiffés, & ne tamifent
plus ou très-peu, en comparaifon de ceux
d’étamine.
On à-fait dans un moulin l’épreuve de deux
bluteaux dans le premier étage d’une huche debout
de fept pieds de large fur fept à huit de long, un babillard
à jnont-Veau, & l’autre avalant-l’eau J à côté
de l’arbre-tournant. Il y a aufli deux anches qui,
à l’aide d’une coulifle adaptée à la pièce d’encheve-
trure, dirigent la farine pour la faire tomber également
dans les deux bluteaux.
Le fécond bluteau eft & doit être plus fin que
le premier , attendu que la première anche du côté
de la poufl.ee de la meule , eft celle où efl la
coulifle , & par Où la fleur tombe toujours la
prémière. Par le moyen de cette coulifle, on charge
le fécond bluteau tant & fi peu qu’on veut ; il
faut tenir ces bluteaux à trois lés bien ouverts ,
avec des palonniers larges , & ainfi qu’il eft dit ci-
devant.
Avant cet arrangement, la huche de ce moulin
étoit de travers, au lieu d’être en long • de forte
que n’étant pas poflible d’approcher le babillard
près lés tourillons, à caufe d’un mur qui en em-
pêchoit, il falloir retirer beaucoup de blé au moulin
pour faire bluter le bluteau, ce qui rougiffoit la
farine, & ce moulin ne pouvoit moudre alors que
37 fetiers en 24 heures , au lieu que depuis qu’il
eft monté de cette nouvelle façon, il peut moudre
dans la bonne eau jufqu’a 55 & 60 fetiers , & la
farine eft meilleure.
Il réfulte de cette obfèrvation, que pour opérer
un pareil changement dans un moulin, il faut
qu’il aille fort, & que les meules foient bien ardentes
à proportion , pour bien affleurer & écurer les
fons, & cela parce qu’il faut augmenter le débit du
bluteau à proportion de la force du moulin ; toutefois
, je le répète, la farine d’un moulin économique
, qui moud 25 à 40 fetiers, eft de meilleure
qualité que celle d’un moulin qui en débite jufqu’à
60.
. Le dodinage. L’étage fupérieur de la huche eft
pour les bluteaux fins deftinés à tirer la première
farine du blé ; on place dans l’étage inférieur de
la huche un dodinage ou bluteau lâche, d’une étamine
plus ouverte, & de deux ou trois groffeurs,
pour iéparer les gruaux & les recoupes.
Ce dodinage peut être fait & monté comme
le grand bluteau, à l’exception que la lumière de
la baguette ne doit point être à plomb à celle de
la batte ; mais elle doit être percée un peu en équerre
, fuivant la lumière de la batte , c’eft-à-dire, venant
de la croifée, afin de donner au bout de la
bagüette une plus grande diftance de fon moteur ,
ce qui donne plus de mouvement ati dodinage, &
le fait mieux tamifer.
Si le grand babillard eft, comme on l’a d it, à
mont - l’eau , celui du dodinage doit être avalan
t-l’e a u , parce qu’il faut les pofer en fens
contraires.
Bluterie cylindrique. Dans tous les cas , foit
qu’on ait une huche debout „ou de plat, on doit
préférer une bluterie cylindrique à un dodinage,
fur-tout fi l’on vife au blanc & à l’exaôe divifion
des matières. Cette bluterie fe met en mouvement,
comme on l’a dit ci-devant, par une lanterne
emmanchée à l’extrémité de l’arbre tournant
, & engrenant dans les dents d’un petit hé-
riflon pofé près les tourillons dudit arbre tournant
, ou bien on fupplée la lanterne & le hériflon
par deux poulies unies par un pignon engrenant
dans les dents du grand rouet, & par des pou^
lies de renvoi, ainfi qu’il eft dit à l’article des
bluteaux.
Avec cette bluterie, on a toujours un gruau
plus parfait qu’avec un dodinage ; mais il faut
bien prendre garde que la bluterie ne fe gomme
ou ne s’engraiffe par des gruaux trop mous ; ce
qui arrive encore lorfque le bluteau fupérieur ne
blute pas fufli'famment, ou blute mal, parce qu’a-
lors il tombe dans la bluterie cylindrique de la
farine de blé , ou de la fleur avec les gruaux ,
ce qui gomme la foie.
Pour parvenir à faire bien bluter un moulin,
il faut que le pivot du babillard foit placé fur le
chevrefier du dedans ou à côté, & le plus près
poflible, à fix ou huit pouces des tourillons de
i l’arbre tournant.
Premier Babillard. Le babillard eft une pièce
de bois pofée perpendiculairement, & qui fe meut
en bas fur un pivot, & en haut dans un collet
de fer ou de bois dur attaché au béfroi; il eft
percé en haut d’une lumière ou trou quarré,
par
par ©ù paffe la baguette ou clogne attachée au
bluteau.
Si- le moulin eft en-deflous avec une huche
debout, il faut mettre le babillard à mont-l’eau ;
fi c’eft un moiilin en-deflous , il faut placer le
babillard avalant-l’eau ; enfin, fi la huche eft de
plat au lieu d’être debout, le babillard doit etre
à mont-l’eau , le mouvement en eft bien plus
doux.
; Les croifèes ; il faut donner au babillard une
ïcroifée ; cette croifée eft faite d’une tourte ou rond#
I de bois d’orme , d’environ 22 pouces de diamètre
, ayant trois bras égaux , & à diftance
égale, de huit à dix poueesde long, en obfer-
vant de percer dans le milieu la lumière ou le
trou par. où doit paffer ie fer dû moulin. Par cet
arrangement, le blutage fera régulier & doux.
Je dis qu’il eft préférable de ne donner que
trois bras à la croilée, parce que, lorfqu’il y en
a quatre, & que le moulin va fort, les coups
| trop fréquens caftent fouvent le bluteau, qui n’a
pas le temps de bien tamifer, fur-tout quand le
■ moulin pane vingt à trente fetiers.
I On peut faire la croifée de trois morceaux de
[jante de roue, elle fera moins fujette à fe fendre
[ que fi elle n’étoit que d’une feule pièce ; on la
[ confolidera par le moyen de trois boulons de fer,
de deux à trois pouces de tour, retenus chacun
par un bon écrou , & qui prenne depuis l’afliète
[ du deffous de la lanterne jufque deffus les bras
[ de la croifée. Pour donner à cette croifée plus de
l folidité, on applique deffus une équerre de fer
. qu’on arrête avec des écrous ; cette croifée rend
le mouvement plus égal, plus doux, & ménage
| davantage le bluteau. En effet, à chaque coup
de lanterne, la croifée heurte trois fois contre la
■ batte, ce qui fait remuer trois fois le babillard,
la baguette & par conféquent le bluteau ; &
(comme il faut que ce bluteau aille & vienne ,
r il eft évident que, lorfque le moulin va vite, le
bluteau n’a pas le temps de revenir, & la farine
f ne fe remue pas bien.
: Batte & Baguette; pour monter la batte & la
r baguette dans une jufte proportion, il faut ap-
: puyer la baguette d’un côté contre la huche, &
[ mefurer la batte contre la croifée , de façon
qu’il y ait à. - peu - près deux pouces de dis-
(• tance du bout* de la batte au bout de la croifée ;
| on laifle alors revenir le babillard de manière
j;,que la batte prenne de quatre à cinq pouces
fur le bras de la croifée, & l’on eft fur alors que
ta baguette doit remuer la bluterie dans une jufte
vitefle, & qu’elle ne peut toucher contre la huche
en tournant, ce qu’il faut éviter avec foin.
' . ^ ta force de 1a batte foit propori..
donnée à celle du moulin, & même qu’elle ne
i f 0*! Pas fi forte, parce que cette partie doit être
. $ecand Babillard ; on ajoute un fécond babil- I auprès du premier, quand on fe fert d’un
Arts 6* Métiers. Tome V. Partie /.
dodinage ou bluteau lâche ,• pour tamifer les
gruaux, en obfervant que , fi le grand babillard
qui donne 1a fecouffe au bluteau fupérieur, eft a
mont-l’eau, à côté .de l’arbre tournant, il faut
que celui du, dodinage foit avalant-l’eau ; fi au
contraire le grand eft avalant-l’eau, l’autre doit
être à mont-i’eau. Mais, je confeille. de préférer
au dodinage une petite .bluterie cylindrique qu’on,
fait. tourner par de moyen d’une petite lanterne
de vingt à vingt-deux pouces de diamètre, avec
fuivant la force du moulin, huit à douze fufeaux
qui s’engrènent dans les dents d’un petit hériflon
de vingt-qua’tre à vingt-cinq chevilles, pofé autour
de, l’arbre tournant, près les tourillons du
dedans.' -3 ,•
Si le bâtiment du moulin a un étage deftiné au
nettoyage dès grains, on pourvoit monter un petit
hériflon pareil à'celui ci-deffùs à l’autre bout de
l’arbre tournant, en dehors J 'cet hériflon, avec
une lanterne adaptée, feroit mouvoir les cribles
dans le grenier.
Cette dernière méthode du blutage eft très-
bonne lorfque la huche eft debout:, c’eft-à-dire,
lorfque les bluteaux font fur la même ligne que
l’arbre du moulin ; mais fi ta huche eft de plat,
ou pofée en fens contraire de l’arbre du moulin,
de manière qu’elle le coupe à angle droit, alors
on pourra faire engrener une petite lanterne ou
un petit hériflon dans les dents du grand rouet;
cettè lanterne fera tourner à l’autre bout une
poulie qui, par le moyen d’une corde, ira prendre
l’autre poulie adaptée à l’arbre de ta bluterie c y lindrique,
pour lui communiquer le même mouvement.
Prix commun des Machines d’un Moulin économique.
On ne peut point déterminer le prix de la conf-
rurétion de la cage & des bâtimens d’un moulin
à eau de pied-ferme ; cela dépend de la grandeur
plus ou moins confidérable de ces bâtimens, du
prix de la main-d’oe uvre, plus chère dans un pays
que dans un autre, ainfi que des prix du bois,
du fer, &c.
La roue & fon arbre tournant peuvent coûter
‘260 à 300 livres, fuivant la hauteur de la roue,
la groffeur de l’arbre & les fers qu’on y
met, ci . . . . . . . . . . • 3001,
Le rouet & la lanterne environ 200 à
250 liv. fuivant ta hauteur du rouet, la
qualité des bois, son boulonnement, les
ferrures de la lanterne, &c. c i . . . . 250
Le bèfroi peut être en maçonnerie.
Le palier, les deux braies & la trempure
peuvent coûter 50 à 60 liv. c i.. . ■ • 00
610 1.
I