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(.Imribunon régulière de la pâte, elles prennent
une belle tranfparance.
Les feuilles beaucoup envergées , paroiffent
plus épaiffes que celles fabriquées par l’autre fyf-
tême de balancement, car les ifîues des inter'
valles de la vergure étant obftruées allez promptement
par la pâte qui s’y engage lorfqu’on en-
v#rge, & ne laiffant pas d’écoulement à l’eau ,
il n eft pas étonnant que les feuilles en retiennent
«onfidérablement.
Lorfque l’ouvreur pouffe en avant , il doit
fur-tout avoir attention de le faire à petits coups,
parce qu’alors , au lieu de nettoyer fa feuille ,
comme je l’ai d i t , il y fème des nuages &
des jours locaux, produits infailliblement par
une difiribution inégale & irrégulière, de la ma-
Nons avons dit que l’ouvreur envergeant tron
long-temps, accumuloitune grande quantité de jJ.
tière le long du manicordion, ce qui produifoit des
ombres fenfibles fur deux lignes qui correfpon,
dentaux pontufeàux, & qu’il éviteroit une grande
partie de cette défedluofité dans la difiribution de
la pâte , s’il envergeoit doucement comme on le
fait en Hollande ; mais on a trouvé un nouveau
moyen d’éviter totalement ce défaut de fabrication
, en faifant ufage de certaines formes, où le
parfile du manicordion ne s’oppofe pas aux mou-
vemens uniformes de la pâte. Je me propofe défaire
connoître inceffamment les détails & les principes
de conftruélion de ces formes : elles nous donneront
par la fuite une grande facilité de fabriquer
des feuilles de la plus belle tranfparence.
— l que ie travail de la cuve
doit différer pj/ les qualités & les défauts que
je viens d’indiquer , fuivant que les ouvreurs
adoptent de préférence un des deux fyitêmes de
balancement; mais il efl aifé de voir, en même
temps , que les diverfes combinaifons des deux
méthodes, doivent modifier la compofition des
feuilles de papier. En conféquence, ne cenvien-
droit-il pas d’affujettir un ouvreur à envereer
dabord par deux ou trois balancemens fcuiè-
ment, enfuite à pouffer en avant par plufiems
coups ménagés qui, fe fuccédant régulièrement
termtneroienr la fabrication de la fenil le en la
nettoyant ? Il réfulteroit de ce fyflême de fabrica-
uon^ les plus grands avantages*
L’ouvreur puife la matière par le grand côté de
la forme, parce qu’il lève ainfi plus aifémeht la
pâte necefiaire à la formation de la feuille , &
q«j il la maitrife promptement au moyen d’une légère
inclina ifon , ou vers la droite, ou vers la
gauche ; outre cela , cette difpofition de la forme
entre les mains de 1 ouvreur, facilite infiniment les
deux mouvemens d’enverger & de pouffer en
avant. r
L’ouvrage de la cuve fe travaille plus vite à
pente eau qu’à grande eau ; auffi les ouvreurs
dimmuent-ils quelquefois la quantité du véhicule
pour expeater leur travail ; mais comme la matière
ne le du.ribue pas pour lors auffi bien fur
ia verjure , & q u e la fabrication efl plus àmpar-
atte , le direfteur des moulins doit être attentif
iur ce point.
Lorfque la pâte eûfurgc, c’efl-à-dire, qu’elle n’a
pas de graille, & que M u la quitte ?rès vite
1 ouvreur n a pas fouvent le temps fuffifant pour
, . , i u.'i e ’ ,la !rlatlerf ua poe graffe lui'donneroit
le loifir à exécuter les mouvemens nécefi'ai-
■r“ Pour régulière. Il feroit donc
mportant de trouver dans cessas un moyen de
tonner a a pâte un peu de gratffe, foiten la
triturant plus long-temps , foit en la peurriffant
moins, foit meme en verfant un peu d’huile dans
Coucheur.
Le coucheur prend la forme fur le trapan de
la cuve, & la foulève doucement-de la main gauche
en l’inclinant fur le bon caron ; enfaite il
l’appuie contre l’égouttoir , la mauvaise rive "porte
fur le trapan , & la bonne rive appuie contre les
chevilles de l’égouttoir. Laformfe refte en cet état
refpa.ee de deux ou trois fécondés de temps
pour s’égoutter, pendant que le coucheur prend
un feutre fur la mulç, le renverfe & l’étend fur
le trapan ; après quoi il fe faifit de la forme &
couche la feuille fur le feutre.
On diftingue deux manières de coucher, à la
fuiffe & à la françoife : coucher à la fuiffe , c’eft
renverfer la forme & la pofer prefque-à-la fois,
en l’appuyant, fur toute la furface du feutre. Cette
méthode eft néceffaire dans le cas.oii l’on opère
fur une matière qui retient l’eau abondamment,
& qui demande une certaine célérité afin qu’elle
ne s’éboule pas fur les bords.
Coucher à la françoife, c’eft appuyer la bonne rive
de la forme fur le bord du feutre, puis fur les autres
parties de la feuille pour détacher fuccefïivement la
feuille de la forme, & en charger auffifucceffi ventent
le feutre. La feuille, dans ces deux cas, acquiert une
certaine confiftance à mefure que le feutre s’attache
à elle en buvant l’eau furabondante dont
elle eft pénétrée.
Le coucheur relève fa forme par la bonne
rive, & il la rend à l’ouvreur ; il trouve alors
fur le trapan de la cuve une autre feuille que
l’ouvreur a faite pendant qu’il couchoit. Il opéré
enfuite fur cette forme , chargée d’une feuille,
comme fur la première. Ainfi l’on voit quaU
moyen de deux formes toujours en mouvement,
l’ouvreur & le coucheur font continuellement
occupés. Pendant qu’une forme fe plonge
dans la cuve pour être chargée de pâte , 1 autre
fe renverfe fur le feutre , pour en être déchargée.
Quand l'ouvreur paffe une forme chargée
de pâte au coucheur, il en reçoit une autre
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vide fur laquelle il pofe la couverte pour la
plonger.de nouveau.
r opérations que nous venons d indiquer ,
font en général très - promptes ; nous avons fait
voir les cas où il faut hâter le travail , & ceux
In il convient d’aller plus lentement : ce font,
comme nous l’avons dit, les qualités des pâtes
M commandent aux ouvriers ; ainfi l’on ne
pourrait rien régler, rien preferire fur cet article
que ce que nous avons dit.
Le coucheur prend fur la mule les feutres
qu’il étend d’abord fur le trapan , enfuite fur
les feuilles qu’il a couchées ; ces feutres lui font
fournis à mefure par le leveur, qui les détache
des feuilles de papier. Le coucheur eft' obligé
de les renverfer, pour les mettre dans la poii-
tïon qui leur convient, & pour que la face qui
doit être fur la feuille couchée , y foit appliquée
fans erreur. •
Le coucheur a befotn de beaucoup d adrehe
& d’attention foivie : pour éviter les gouttes d’eau
qui peuvent, tomber de fes mains ou de la'forme,
fur la feuille qu’il vient de coucher, car ces gouttes
laifferoient fur cette feuille une impreffion
qui ea altérèroit le tiffu : pour éviter dans les
commencemens de la porfe de laiffér de l’air
interpole entre le feutre & la feuille qu’il couche
, ce qui produiroit des bouteilles : pour éviter
auffi de laiffer gliffer la forme fur le feutre ,
enfin d’endommager les bordures de la feuille,
foit lorfqu’elle eft fur la forme , foit lorfqu’il la
couche , ou de caufer le moindre dérangement
dans une matière qui a bien peu de confif-
tance lorfqu’il étend deffus le feutre deftine à la
couvrir.
Les deux méthodes de coucher, que nous avons
diftinguées ci-devant, tiennent à des circonftances
fur lefquelles je crois devoir infifter pour faire
connoître ce6 reffources de l’art.
Lorfque la pâte prend d’abord fur la forme
quelque confiftance , parce que l’eau la quitte
promptement & abondamment, on couche fui-
vant la fécondé méthode; & comme la plupart
de nos pâtes pourries fe comportent ainfi , & fe
précipitent fort vite fur la verjure , on ne connaît
guère que cette méthode en France ,où l’on eft
dans l’habitude de pourrir beaucoup ; au contraire,
les pâtes non pourries retenant l’eau avec une
certaine opiniâtreté, & reliant mobiles à un certain
point fur la forme , le coucheur doit renverfer
la forme le plus promptement, qu’il eft poffi-
ble, pour éviter que les pâtes ne fe dérangent
s’il tenoit pendant un certain temps la forme inclinée
en difterens fens, comme cela a lieu dans
la fécondé méthode.
de la cuve ont dû varier fuivant la nature des
pâtes, & fnr-tout fuivant la manière dont elles
fe comportent avec leur véhicule. C ’eft pour cette
raifon qu’en Hollande & en Flandre on couche
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à plat, Si. que ceux des fabricans François qui
fuivront exactement en tous points les procédés
Hollandois , doivent faire ulage de cette méthode.
D’un autre côté, il faut obferver quil faut
coucher aflez promptement, lorfque l’eau quitte
la pâte- très-facilement ; car comme la feuille doit
retenir une certaine quantité d’eau pour adhérer
au feutre, elle pourroit être trop.fèche fi on
retardoit de la coucher.
Pendant tous fes mouvemens, le coucheur a
foin , comme l’oüvreur ,que la forme chargée de
pâte mobile, n’éprouve pas le moindre choc ni la
moindre fecouffe; caria pâte , difpofée régulièrement
par l’ouvreur,feroit dérangée plus ou moins à
la fuite de ces chocs, de manière qu’on feroit forcé
de recommencer la feuille. Toute difpofition faite
par l’eau, de molécules très fines & très-divifées,
produit une efpèce d’organifation , quoique ces
molécules foient brutes, pourvu qu’elles foient
bien homogènes ; elles ont une facilite de fe lier ,
de s’unir & de s’arranger de manière à former
une étoffe tranfparente : effet combiné^ de l’eau
& des parties adhérentes à l’eau. Or , c’eft cette
difpofition régulière que. le moindre choc dérange.
; v
Pouf empêcher que les premières feuilles d’une
porfe couchées fur les premiers feutres, ne foient
pas expofées à contrarier plufieurs défeéluofités , '
il feroit bon de garnir le trapan de quelques feutres
doubles, au moyen defquels on previendroit
la perte des deux ou trois premières feuilles ; 8c
pour qae de femblables feutres fuffent prêts à fer-
vir pour la porfe fuivante , il feroit oeceffaire d en
avoir de doubles qu’on pkeeroit deiïous le dernier
trapan. Par ce moyen le coucheur les trouve-
roit les premiers fur la mule dès qu il recommen-
ceroit fa porfe. ,
Le coucheur doit non feulement foigner les
bordures des'feuilles & les couper nettes, mais
encore les placer exa&ement les unes fur les autres,
de manière qu’elles n’excèdent pas tantôt d’un
côté , tantôt de l’autre ; car , pour peu que^ les
bordures excédaffent, elles ne feroient pas preffées,
& par conféquent féchées par une compreffion
égale par-tout, elles feroient Tu jettes a fe caffer
lorfque le leveur les détacheroit des feutres.
Il faut que le coucheur ait la même attention
pour les feutres qu’il doit placer les uns fur les
autres, enforte que l’aélion de la preffe porte fur
une niafie également épaiffe, & particulièrement
le long des bords pour que l’eau forte également
de tous les points du contour de la porfe pendant
la compreffion ; c’eft auffi pour obtenir les mêmes
avantages qu’un bon coucheur a foin que les
bordures des feutres foient maintenues à une
épaiffeur égale par-tout, ce qu’il obtient foit en
répliant les feutres fur les bords, foit en y ajoutant
des bandes d’étoffe qu’il tient en referve à cette
deftination.
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