
V O C A B U L A I R E .
I Î ,
JL^etritir les o liv e s , c ’eft les paffer fous la
m eule.
D étritoir ; c’eft un fort madrier cannelé en
deflbus, qui s’emboîte dans la partie fupérieure de
la fcaifle que renferme le moulin des olives.
Diablotin ; nom que l’on donne , dans certaines
provinces, à l’ouvrier qui fuit le travail du
moulin où l’on écrafe les olives.
D rageon ; petite branche qui fort d’une autre
branche , ou du corps de l’arbre.
Enfer ; ( /’ ) nom que l’on donne, en certaines
provinces , à un fcuterrain où s’écoulent les ré-
lidus des pâtes d’olives écrafées fous* la meule.
Essence .; c’eft le nom qu’on donne à une fau-
mure aromatifée, pour donner un goût & une.faveur
agréables aux olives.
Essence animale ; c’eft la première liqueur
huileufe qu’on tire de la décoâion d’abattis d’animaux.
G rignon ; c’eft le marc qui refte lorfqu’on a
exprimé toute l'huile des olives.
Huile; c’eft un fluide gras & onéhieux qu’on
tire par expreflion de diverfes efpèces de graines
& de fruits.
Huile animale ; celle qu’on tire des animaux
tels que la baleine , la morue, le chien de mer,
le bléreau , &c.
Huile commune. On nomme ainfi celle qu’on
retire, par le moyen de l’eau chaude, du marc des
olives refté dans les fa es.
Huile d’enfer ; c’eft l’huile qu’on tire des ré-
fidus des pâtes d’dlives qui fe font écoulées dans
un fouterrain nommé l'enfer.
Huiles essentielles ; celles qu’on obtient par
la diftillation des plantes aromatiques.
Huile végétale ; c’eft l’huile qui fe tire par
expreflion des olives, des noix , des amandes
des graines de lin , de navette & autres végétaux.
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Huile vierge ; c’eft la première huile qui fort
par expreflion des olives écrafées fous la meule,
Mare ; ( la ) c’eft l’auge circulaire où l’on écrafe
les^lives fous une meule cylindrique qui fe meut
horizontalement.
Maye ; nom d’une efpèce de pierre creufée
pour recevoir l’huile au fortir du moulin , & inclinée
pour donner l’écoulement à la liqueur.
O lives ; fruits de l ’olivier. Il y a un art de
les préparer • pour les rendre agréables au goût.
Olivier ; arbre qu’on euhive dans plufleurs
provinces méridionales. Il produit un fruit bon à
manger, où l’on en tire par expreflion une huile
excellente.
Paître LA MEULE J c’eft, au moyen d’une pelle,
1 action de ramener les olives fous le paflage de
la meule. . °
Picholines; olives préparées & confites dans
une faumure aromatifée , fuivant la méthode d’un
Italien nommé Picholini.
Rançir ; ( f e ) c’eft lorfque l’huile, par fa vé-
tufté ou fa mauvaife qualité , contraéke une odeur
& un goût défagréables.
Rouge noirâtre ; couleur qui annonce la parfaite
maturité des olives.
Saumure ; c’eft une faufle de fel marin aromatifée
pour confire les olives, & leur donner un
goût agréable.
Scouffin ; petit fac de jonc à deux ouvertures,
o£ qu on emplit de pâte d’olives écrafées.
ORFEVRE, BIJO UT IE R , PLANEUR.
( Art de 1’ )
J L convient de parler d’abord de l’or & de Var-
gent, & de confidérer ces métaux précieux dans
le rapport qu’ils ont avec l’art de l’orfévre-bijoutier-
planeur.
O R.
L’or eft de tous les métaux le plus parfait, le
plus inaltérable, le plus pefant : un pied cube d’or
pèfe 1348 iiv. 1 once 48 grains. L’or eft d’un jaune
brillant & éclatant , & Icrfqu’il eft pur, il n’a ni
odeur, ni faveur ; fa dureté eft moyenne entre les
autres métaux, mais fa duélilité eft fi grande qu’une
feule once de ce métal ( ce qui forme un volume
fort petit ) peut , fuivant le calcul des phyliciens,
couvrir & dorer très-exaélement un fil d’argent
long de 444 lieues.
Cette prodigieufe duélilité s’eft bien manifeftée
dans l’art du Batteur d’o r , que nous avons décrit
dans le premier volume de ce diélionnaire ; &
l’on en verra de nouvelles preuves d^ns l’art du
tireur & fileur d ’ o r , que nous aurons occ;.fion de
traiter à Ion rang dans la fuite de ce diélionnaire.
Cependant l’or frappé long-temps par le marteau
acquiert une roideur que les ouvriers appellent
écrouijfement ; mais en le faifant chauffer jufqu’au
rouge , ce qu’on nomme recuire, on lui rend toute
fa foupleffe.
Quelque temps que l’or foit expofé à l’acHon
de l’air ou de l’eau, il n’en reçoit aucune altération
; il ne contracte jamais de rouille, qu’à raifon
des matières étrangères qui s’y appliquent. Le feu
même ne peut le détruire. Si on l’y expofe , ii rougit
d’abord , & lorfqu’il eft d’un rouge ardent
comme un charbon allumé , il fe fond auflitôt. Le
laiffe-t-on refroidir , on trouve qu’il n’a fouffert
aucun déchet.
La ténacité des parties de l’or eft aufîi beaucoup
plus grande que celle de tout autre métal ; un fil
dor d’un dixième de pouce de diamètre, peut
foutenirun poids de 500 livres fans fe rompre.
L’or réfifte à l’a Tien des plus forts diflblvans
Amples ; mais il fe laiffe diffçudre par deux grands
diflblvans compofés. L’un eft le mélange des acides
nitreux & marins, que les chimiftes ont nommé
eau régale , à caufe qu’elle diffour ce roi des mé-
taux ; l’autre eft là combinaifon dé l’alhâli fixe
avec le foufre, connu fous le noni de fo ie de foufre..
Au refte, l’or ne reçoit aucune altération eflen-
tielle , même de fes diflblvans ; on le retrouve tout
entier en poudre dans les précipités , c’eft-à-dire,
lorfqu’on le dégage des acides qui le tenorint en
diftblution.
Les principaux ufages de l’or font connus ; on
fait quelle eft Ion utilité pour la mon noie 81 les
médailles ; on l’emploie dans une infinité d’orne-
roens, à caufe de fon éclat, de fa beauté & de fon
inaltérabilité. L ’art du doreur, que nous avons pré-
fenté dans le tome II de ce dictionnaire , fait appliquer
l’or, fur un grand nombre de matières auxquelles
ce précieux métal donne un extérieur agréa*
ble de propreté & d’opulence ; on en fait des
bijoux de prix de toute efpèce , comme nous le
verrons dans l’art de l’orfèvrerie. On en tire de
très-belles couleurs pour la peinture des émaux
& de la porcelaine , ainfi qu’il eft dit à ces
articles. Enfin , l’or eft le métal, qui femble le
plus s’étendre & fe multiplier.
L’or peut s’allier avec tous les autres métaux ,
mais ces alliages font peu ufités , à l’exception de
ceux avec l’argent .& le cuivre qu’on emploie pour
les monnoies , l’orfèvrerie & la bijouterie; avec
le mercure dont on fe fer.t pour tirer l’or des mines
& pour la dorure , & avec le plomb & le régule
d’antimoine, qu’on ne lui affocie que pourparve-
nir à la purification de l’or.
Quand l’or eft allié avec une fubftance métallique
, il perd alors de fa duélilité. Sa couleur eft
altérée & pâüe par l’alliage de l’argent ;• elle eft
■- au contraire beaucoup exaltée & rehauflee par le
mélange du cuivre.
D ’ailleurs le cuivre diminue fort peu la duélilité
de l’or , & fert à lui donner plus de fermeté & de
folidité.
On ne peut féparer l’or de l’argent qu’en ex-
pofant eet alliage à Faélion des acides & du foufre,
qui ne diffolvent que l’un ou l’autre de ces métaux
; c’eft ce qui fe pratique par le moyen du
départ.
Quant aux autres métaux , on les fépare de l’or
par la fcarification avec le plomb , par le nitre, &
par l’antimoine ou plutôt par fon foufre : c'eft
: ce» qu’on nomme affinage, coupellation , purification
de 1''or, air.-fi qu’il a été dit avec plus d’éien-
I due dans l’art üu monnayage. ■