
722 P L A
émit d’une couleur verte jaunâtrecomme la
folution commune du foie de foufre. En lavant
.es parties les plus légères de la matière reftée
non diffoute , le refte parut exaâement comme
le eifenrahm , fous la forme de larges flocons ,
& douce au toucher. Elle étoit aufli plus légère
que la platine, & ne lui reffembloit pas le moins
du monde.
Il mêla quarante grains de cette matière avec
une once de nitre , & jeta peu-à-peu ce mélange
dans un creufet chaud jufqu’à rougeur ;
il ne fe fit prefque point de détonation. Y ayant
entretenu le feu pendant une heure , avec des
précautions pour empêcher qu’il n’y tombât
dedans aucuns morceaux de charbon , on obtint
enfin une mafle grife tirant fur le verdâtre ; &
1 ayant mife en digeftion dans de l’eau diftillée,
le fluide devint aufiitôr comme de la gelée. En
dèLyant & lavant la matière , il recouvra
fans alteration la platine qu’il avoit cru détruite.
•
Cette expérience ne paroiffant pas encore déci-
five , j’ai fait quelques autres efiais : j’ai mêlé
quatre onces de fleur de foufre avec la, même
quantité de fel aikali fixe pur, & j’ai verfé le
mélange peu-à-peu dans un creufet rouge chaud,
couvrant à chaque fois le creufet. Le mélange
etoit en fufion parfaite, j’y ai ajouté une once
de platine qui avoit été d’avance expofée à
un feu violent , jufqu’à ce que les grains fuf-
lent joints en une mafle, & enfuite j’entretins
un degré modéré de chaleur pendant trois ou
quatre heures. La mafle de platine fut divifée
promptement.
Quoique le métal ne reftât pas fufpendu dans
te me,ange fulphureux , mais qu’il fe précipitât,
du moins pour la plus grande partie, au fond ,
d ôu on le remuoit & on l’enlevoit de temps à
autre avec la tête d’une pipe de terre, a la fin
le creufet fe gerça & fut en partie rongé.
Après avoir fait bouillir la matière dans environ
une pinte d’eau diftillée , la liqueur filtrée
fe trouva d’une couleur rougeâtre foncée : le
relie, bouilli dans de nouvelles quantités d’eau
donna une teinture verte olivâtre.
Ayant, reitéré 1 ébullition , & broyé la matière,
dans un mercier, jufqu’à ce qu’elle ne teignit
plus le au, la partie qui refta à la fin fans être
diffoute, fut une poudre d’une couleur obfcure
qui n’avoit rien de l’apparence de platine, mais
qui fe trouva n’être autre ckofe que la platine
divifee. ‘ :
Cette platine fut traitée de la même manière
trois eu quatre fois, avec de bouvëau foie. Les
creufets manquèrent toujours , & furent beaucoup
rongés ; la platine fut réduite en une
poudre fi fub.ile , qu’on ne pouvoit la féparer
par la lotion d’avec les parties du creufet qui
etoient pilées avec elle. ?
P L A
J’ai efiayé pareillement un foie fait à la méthode
de Stahl , en faifant fondre du tartre vitriolé
avec de la poudre'de charbon de bois. Ce
mélange fe fondit fort aifément, fans aucune addition
de fel aikali ni de fui commun que l’on
regarde communément comme néceffaire pour
faciliter la fufion j car quoique le tartre vitriolé
Téparément foit t-ès-difficile à C fondre, cependant
ici fon acide vitrioiique s’unifiai.t en fou-
fre avec la partie inflammable du charbon de
bois, la matière devient un compofé de foufre
p i ^ a'kaii , & fe fond aulii aifément que le
foie , qui eft fait direéicment avec ces ingré-
diens.
La platine traitée avec ce foie fouffrit le
même changement que de l’autre manière. Les
creufet furent également altérés ; les folutions
aqueufcs de la furent en partie rougeâtres,
& en partie d’une couleur verte olivâtre. Les
grains de platine qui auparavant étoient collés
en une mafle par un feu violent , furent disjoints
, & la plus grande partie fut divifée fous
une forme poudreufe.
Il paroît donc que la platine eft divifée par
le foie en fufion , à - peu - près de la même
maniéré que par une longue cémentation avec
le nitre.
Il refte à examiner fi quelqu’une de fes parties
eft véritablement difloute , de façon à être
enlevée par l’eau , & emportée avec le mélange
alkalin fulphureux. J’ai filtré les liqueurs deux
fois à travers des papiers doubles , & enfuite
j y ai ajouté, par degrés, de l’efprit-de-fel ,
pour neutraliser l’alkali : d’abord il eft tombé un
précipité brunâtre, & enfuite un blanc fembla-
ble au foufre précipité,ordinaire. J’ai fait chauffer
un peu du précipité brun dans un petit vaiffeau
à feorifier, & j’ai ajouté un peu de nitre pour
brûler plus efficacement le foufre : il refta fur
le plat plufieurs particules brillantes, fembla-1
blés a de la platine , difperfées fur toute fa
furface.
Le refte du précipité ayant été. brûlé de la
même façon , j’ai ajouté un peu de plomb pur,
pour raflèmbler les particules difperfées de la
platine, & enfuite j’ai fait partir le plomb à la
coupelle. Il a laiffé un grain raboteux & caffanr ,
comme ceux qu’on obtient en coupellant la platine
crue avec du plomb , & dont on donnera
ci-après le détail dans la feptième fe&ion. Il
paroît fuivre de ces expériences que le foie
de^ foufre diflout réellement la platine , quoi-
qu avec bien de la difficulté & en fort petite
quantité.
La platine ayet des corps terreux.
On a trouvé que certains corps terreux facilitent
la fufiori. non - feulement de quelques
P L A
minéraux métalliques, mais même , dans certaines
circonftances , de métaux plus purs. Ainfi
le fer forgé qu’on ne pourroit pas faire fondre
dans un creufet fans addition , a été amené en
fufion, en l’environnant de gypfe ou plâtre de
Paris ; c’eft un fait dont on doit la découverte
à M. de Réauniur.
Pour voir fi la platine feroit affeélée de quelque
manière par des fubftances de ce genre ,
j’en ai mêlé une once avec du gypfe, & je
l’ai pouffée à un feu v if , pendant deux heures ,
dans un fourneau à vapeurs.
Le creufet qui étoit de ceux de Heffe, a été rongé
en plufieurs endroits , & rendu auffi mince que du
papier , & çà & là il étoit percé entièrement,
la matière du creufet & le gypfe s’étant en quelque
forte vitrifiés enfemble , mais la platine refta
fans altération & fans fe fondre.
La chaux vive & le caillou calciné furent
effayés aufli de la même manière mais ils
ne firent ni l’un ni l’autre aucun changement fur
1g platine.
La platine avec les corps vitreux.
Ie. On broya dans un mortier de fer une
demi-once d’un précipité, provenant d’une folution
de platine par l’étain , avec huit fois fa
pefanteur de verre de caillou ordinaire. On mit
cç mélange dans un creufet , qui fut couvert
& lutté , & que l’on plaça dans un fourneau
à vent. Le feu fut pouffé graduellement, &
entretenu extrêmement fort pendant environ dix
heures : enfuite ayant retiré du feu & caffé le
creufet , la matière fut trouvée d’une couleur
noirâtre foncée , fans tranfparence , friable, par-
femée d’une fubftance blanchâtre, brillante, &
vifiblement métallique.
Il eft probable que cette matière » métallique
étoit la platine , & que le verre devoit fon
opacité & fa couleur obfcure non pas à ce
métal, mais à l’étain qui étoit dans le précipité ,
ou à quelques particules de fer détachées du
mortier , ou à quelques autres caufes accidentelles.
a°. J’ai broyé , dans un mortier de verre , un
quart d’once d’un précipité de platine , fait parle
tel aikali, avec douze fois fa pefanteur de verre
de caillou en poudre , & j ’ai fournis ce mélange
au même feu que le précédent.
Le réfultat a été un verre nuageux & cora-
paft, affez tranfparent dans les morceaux mia-
ces, couvert en partie d’une enveloppe blanchâtre
mince. Vers la partie fupérieure , & tout autour
des côtés , on remarqua plufieurs particules de
métal, qui paroiffoient à l’oeil comme delà platine
brillante , & fe trouvèrent dures fous la
pointe d’an couteau.
P L A
Dans cette expérience , comme dans la précédente,
le verre ne paroifloit pas avoir rien reçu
de la platine , & le changement n’étoit autre
que celui qui eft caufé , dans le verre de caillou ,
par une légère introduction de matière inflammable.
3°. M. Marggraf donne une explication des trois
expériences du mélange de la platine avec des
corps vitreux. Cinq dragmes de fel pur de tartre ,
douze de fable net calciné & bien lavé, une drag-
me de borax calciné , deux de nitre, & deux de
platine crue, ont été mêlées enfemble, & entretenues
plufieurs heures à un feu violent dans
un creufet couvert.
Il en a réfulté une mafle vitreufe , un peu ref-
femblante à une opale , & d’une couleur tirant
fur le vert de mer. La platine, qui n’éprouva pas
d’autre changement, fi ce n’eft qu’elle en devint
plus blanche, étoit difperfée , partie à la furface
du verre , & partie fur les côtés , & environnée
d’une matière vitreufe diftin&e de couleur d’hyacinthe
foncée.
4°. Il efîaya aufli la poudre féparée de la platine
par cémentation avec le nitre, telle qu’on i’a
décrite ci-devant. Six grains de cette poudre
furent mêlés avec cent quatre-vingt grains de
fable blanc , & quatre - vingt - dix de fel de tar-»
tre. Le mélange fondu à un feu violent, dans un
vaiffeau fermé, fe changea en un verre poreux,
grifâtre , & non tranfparent.
5°. 11 prépara un précipité de platine & d’étain
enfemble, & effaya de vitrifier ce mélangel
Ayant mis digérer une plaque d’étain poli dans
une folution da platine , une pa tie de la platine
fe précipita fur l'étain en forme de poudre
d’un rouge noirâtre , & l’étain au bout de quelques
jours fut tout-à-fait rongé.
La liqueur d’une .couleur de café foncé ti*»
rant fur le noir, étant verfée dans un filtre, p ffa
toute noirâtre. Cette folution compofée de platine
& d’étain fut précipitée avec du fel de tartre :
alors la liqueur paffa par le filtre ùns couleur ;
& la matière qui refta fur le papier , étant bien
lavée avec de l’eau chaude , & fâchée , fut une
fubftance noire,reffemblant prefque , dans fa fracture
, à de la poix caffée ou à des nu reeaux de
charbon de terre fin.
On mêla bien enfemble 40 grains de cette fiib-
ftance,6o de borax calciné, 120 de nitre purifié ,
2.40 de fel de tartre pur , & 480 de poudre de
caillou ; puis on fondit le tout à un feu violent.
Il en réfulta un verre grifâtre , dans lequel on
ne pouvoit trouver aucuns grains métalliques :
un morceau mince de ce verre , pofé fur l’ongle
& expofé au foleil , préfentoit une couleur d:a-
méthiîle.
Il nç paroît pas, d’après ces expériences, qu’au- Yyyy ij