
avec un canif, & on enlève tous les copeaux
en paffant ce canif le long des jumelles , prenant
bien garde d’endommager le ligneul.
Quatrième■ méthode.
Elle confifte entièrement dans l’ufage d’un outil
qui eft particulier à quelques ouvriers. Cet ulten-
ule ; qu’ils nomment plane , eft un parallélof
ram me tranchant par l'un de fes grands côtés ,
B à l’autre font deux manches recourbés qui
entrent dans les poignées qu’on tient des deux
mains.
Avant de palier aux opérations qu’il eft nécef-
faire de faire aux peignes pour leur procurer une
entière perfection, je crois qu’il eft à propos de
donner la manière de planer les peignes d’une
longueur exraordinaire. .
11 n’eft pas poflible aux ouvriers de fe pourvoir
de tous les uftenftles donrils peuvent avoir be-
foin dans des cas extraordinaires ; il leur fuffit
d’avoir les plus courans : auffi , lorsqu’il fe préfente
un peigne plus long que de coutume à faire ,
nous avons vu de quelle manière on fubftitue
aux poupées ou montans à boulons qui fe placent
fur la table , d’autres montans qu’on fixe à
tel écartement qu’on le délire , au moyen de pierres
dont on les charge., ou de crampons plantés
dans le plancher.
Les efforts du planage font plus confidérables <
crue ceux du montage, auffi eft—il néceffaire de 1
loutenir ces efforts au moyen d’une efpèce de
table.
Cette table eft forméè par l’affemblage de deux ;
potences, plantées fur une planche, & qui portent
une autre planche qui fe trouve parfaitement à
la hauteur du deffous du peigne ; & comme les
efforts de l’outil portent auffi contre les jumelles
qui font du côté de l’ouvrier, on y remédie en
attachant fur la petite table une tringle qui retient
les. jumelles.
Lorfqu’on a plané d’un côté , il faut de toute
néceffité que l’ouvrier paffe de l’autre , & change
fa table de pofition , à caufe de la tringle qui doit
toujours fe trouver de Ion côté ; & quand toute
une face du peigne eft finie , on le retourne fens-
deffus-deffous de la manière fuivante.
L ’ouvrier lâche la vis du boulon ; 8c comme ,
en faifant tourner le peigne fur lui-même, on rif-
queroit de le caffer, ou au moins de le gauchir,
un fécond ouvrier fe met à un bout & l’autre à
l’autre, & tous deux enfemble foot tourner le
peigne avec beaucoup d’attention ; puis on refferre
la vis pour tendre le peigna: on remet la table,
& on achève de le planer.
J’ai oublié , en fuivant l’ordre des opérations-,
de dire qu’avant de planer le peigne , il eft à
propos de rogner les dents, ce qu’on ne fauroit
taire qu’en tournant le peigne fur fon champ ou
fur la hauteur , & fuivant la manière qu’o ç a
enfeîgnèe plus haut ; & pour cela il faut auffi là-
cher la vis & être deux.
Ce n’eft pas qu’on ne pût le rogner après qu’il
eft plané ; mais comme nous venons de voir qu’on
le retient contre la tringle de ta petite table,une
ligne droite s’adapte mieux fur une pareille ligne
droite , 8i on évite les tremblemens.
Lorfque le peigne eft parfaitement plané , l’opération
fuivante confifle à l’excarner;
Il fembie bizarre de tirer les dents avec tant de
foin à une certaine largeur, pour les réduire
enfuitè à la moitié de cette largeur , car ce qu’on
en ôte fur chaque face du peigne, va à peu-prés
au quart ; mais on peut rendre plufieurs raifons
de cfe procédé.
La première , eft que ces tenons qui reftent
larges entre les jumelles les y retiennent plus fondement
, parce que plus un levier a de longueur,
& plus a de force; l’expérience a donc
appris que cette largeur mettoit les dents plus à
portée de réfifter aux chocs multipliés qu’elles
éprouvent de la part des bouchons, des noeuds ,
des tenues & autres accidens ; & que fans cette
précaution un peigne ne rendroit pas la moitié
du fervice qu’on eft en droit d’en attendre.
Une autre raifon eft, qu’étant obligé de procurer
aux peignes une égalité parfaite dans toute
leur longueur , & n’étant pas poffible de tirer, les
dents d’une largeur parfaitement égale, il a fallu
fnppléer.à ce-défaut par une opération particulière
; de plus , fi les dents étoient trop larges,
elles fa.tigueroient trop la chaîne, & on a mieux
aimé leur en donner d’abord un peu plus, pour
les réduire enfuite à celle qui leur convient.
Les outils dont on fe fert pour planer les peignes
, doivent être d’une bonne trempe 8c bien
affilés, tant parce que la matière qu’on a à couper
eft fort dure, que pour que les dents foiern
coupées vif & fans rebarbes ; auffi les ouvriers
ont-ils coutume d’avoir devant eux une pierre
qu’on nomme affiloir, avec lequel ils avivent
de temps en temps le tranchant de ces outils.
Quelque foin qu’on prenne à bien planer un
peigne, il n’eft pas poffible.de n’y pas laiffer de petites
arêtes qui nuiroient à la chaîne ; il a donc fallu
excarner les dents, ainfi qu’on va le voir.
Le terme à'excarner. , aux yeux des perfonnes
inftruites, indique fa fignification ; il préfente
l’idée d’une opération par laquelle on ôte la
chair ou le bois des dents , pour ne laiffer que
rècorcê. " A .
Le foin qu’on apporté à amincir les dents
quand on les tire à la filière, ne les fauroit réduire
à n’avoir que l’écorce , dont on a uniquement
befoin ; la largeur à laquelle on eft obligé
de les tenir, ne les réduit pas au dégré d’épaif-
feur oh l’on doit les porter ; je vais effayer de
. me faire entendre.
L’écorce des dents préfente une portion de
cercle : nous avons vu qu’en les paffant à la n
jière on ne les entame pas de ce. côté ; le dedans
de la canne feul eft mangé par l’outil ,
ainfi l’écorce eft un arc dont le dedans eft la
corde : il fuit de là , que les extrémités de la
largeur de ces dents offrent un angle très-aigu.
C’eft dans cet état qu’on les place fur le peigne
; mais fi une opération poftérieuré au montage,
telle que le Jplanage , vient à entamer ces
dents fur leur angle , elles prendront la forme
d’un parallélogramme mixtiligne. On pourroit tirer
une ligne parallèle à la. droite des deux bouts
de l’arc ; c’eft cette ligne droite qu’il s’agit de
tracer en quelque forte en ôtant le fuperflu,
& qu’on nomme excarner les dents.
On fe fert pour ce travail d’une efpèce de
canif emmanché ; il faut avoir grand foin de
ne pas ôter plus de matière dans une endroit
que dans un autre , pour que chaque côté des
dents foit bien parallèle à l’autre ; mâis il faut
bien prendre garde à ne pas endommager le
côté de l’écorce auquel le canif ne doit nullement
toucher.
Première manière.
Qu’on fe repréfente un ouvrier affis à 'côté
d’une' table, & tenant de la main gauche un
peigne prefque droit, & appuyé fur fes genoux ,
tandis que de la droite il conduit lé canif entre
toutes les dents l'une après l’autre ; & pour n’en
omettre aucune, on commence par un des bouts
du peigne jufqu’à la moitié, oii on doit fe fou-
venir qu’elles font tournées en fens contraire :
alors on retourne le peigne bout pour bout, &
on fait l’autre côté : on tient le canif entre les
trois premiers doigts à peu-près comme une plume
quand on écrit..
Il eft bon de finir d'abord le peigne fur une
face, purs on le retourne pour voir s’il n’y a
pas d’inégalités à l’antre lurface ; 8c fi l ’on en
aperçoit quelqu’une, on l’ôte avec le canif ; il
y a même des ouvriers qui fe piquent de travailler
avec délicateffe , qui le finiffent entièrement
fur une face , & le repaffent entièrement
fur l’autre, fans cependant affamer pour cela les
dents.
Mais je fie faurois recommander trop d’attention
pour n’en pas ôter plus à quelques dents
qu’a d’autres ; car de la viennent fouvent ces raies
qu’on aperçoit fur toute la longueur d’une étoffe ,
& qui la rendent défeâueufe : il n’y a de remède
à ce malheur que de rejeter le peigne.
Seconde manière.
Oh exécute cette fécondé manière en pofant
k peigne horifontalement fur une table , & l’y
retenant au moyen d’un poids ou d’un plomb ;
puis on fe fert d’un canif, comme nous l’avons
dit : mais cette méthode eft très-défeétueufe , en
cé que le peigne .pofant immédiatement fur la
table , ne permet pas à l’inftrument tout le jeu
qui lui eft néceffaire ; pour peu que l’ouvrier
l’enfonce un peu plus qu’il ne faut, il rencontre
la table , ce qui dérange l’opération.
Quelques peigners plus inrelligens ont imaginé
d’élever le peigne pour qu’il fût libre par-
deffous.
Pour cet effet on pofe 1« peigne dans une fituation
horifontale , fur deux parallélépipèdes de bois de
trois pouces à peu-près de groffeur, fur huit à
neuf de long. Chacun d’eux eft percé aux deux
extrémités d’un trou carré pour recevoir des
boulons , dont la tête les retient en place.
Ces boulons font taraudés de toute la longueur
qui fort du bois, pour , au moyen d’écrous à
oreilles, ferrer autant qu’on le veut une petite
traverfe, & par conféquent retenir folidement
le peigne entr’elle 8c la pièce de bois.
Le tout eft pofé fur une table ; l’ouvrier n’eft
aucunement gêné pour excarner ; & lorfqu’il a
fait les parties qui ns touchent point aux fup-
ports, il lâche les vis & change le peigne de
place.
Il fembleroit plus naturel de retenir le peigne
dans cette efpèce de preffe par fes extrémités ;
mais la pefanteur des mains, quelque foin qu’on
y apporte , ne fauroit manquer de le fatiguer ,
& de lui faire prendre une tournure défeâueufe ;
au lieu que l’efpace contenu entre ces appuis
étant plus court, il ne rifque pas de fe caffer.
Il y a cependant des ouvriers qui placent le peigne
fur les deux extrémités ; 8c pour ne pas le
fatiguer du poids des mains , ils fe fervent de
l’expédient que voici.
Sur la longueur d’une table, & de la moitié
de fon épaiffeur , font pratiquées deux rainures ,
dans lefquelles entre le côté étroit de deux cou-
liffes , & féparément on pratique èn-deffous de
ces couliffes une feuillure propre à recevoir les
tenons d’une pièce de bois , qui gliffe fur* la
table.
La largeur des entailles eft égale à l’épaiffeur
de la partie large des couliffes qu’elles reçoivent,
au moyen de quoi cette pièce de bois ne
/gliffe qu’avec un peu de frottement.
L’autre pièce de bois n’eft qu’un paraliélipi-
1 pède fixé fur la table au moyen des têtes carrées
des deux boulons à vis qui entrent dans l’épaif-
feur en-deffous dé cette table, & paffent au travers
dans des trous pratiqués exprès ; les tringles
font appuyées par leur bout contre cette
pièce immobile, 6c les rainures ne commencent
que de là.
Dans les boulons de chaque pièce de bois ,
l’une mobile , 8c l’autre immobile , entrent deux
tringles de bois , dont l’office eft de retenir le
peigne au moyen des écrous à oreilles.
Les preffes peuvent fe prêter à toutes les longueurs
poffibles du peigne, au moyen de la fa