
peigne il ne faut leur donner guère plus d’une
demi-ligne de large; mais par rapport à la finefle,
il n’eft pas politble de la déterminer' exafte-
m em r c’eft d’après le nombre de dents & la
longueur du peigne quon do.t regler, & c eft
alors qu'on varie avec intelligence la groffeur du
fil de fer. , , . »
Il eft certain , par exemple, quun peigne_ de
mille dents fur vingt pouces, ne dott pas etre
fait avec le même numéro que celui de huit
cents fur la même longueur ; & pour opérer
avec certitude, les peigners ont une jauge, dont
l’entaille doit contenir un nombre connu de
dents ; &. fi elle en contient foixante & douze
pour un mille dents fur vingt pouces, elle
S'en contiendra que cinquante-deux dun 800
fur la même longueur , & toutes a la même
différence ne doit donc naître que de 1 e-
paiffeur, & par conféquent des d.fferens numéro
du fil de fer ; & l’ouvrier do.t «avoir a quelles
largeur & épaiffeur fera réduit tel ou tel numéro
d e filau fortir du laminoir que, pour me conformer
aux termes reçus dans les manufaSures,
l’appellerai dorénavant moulut. . ,,
’ Toute l’attention du fabricant de peignes d a-
cier , eft de n’employer que des dents dont U
groffeur foit proportionnée a leur nombre | Sc
quoiqu’i l foitpollible de faire un peigne dun
moindre nombre de dents avec des dents plus
fines, puifqu’il fuffit alors d’employer de p us
gros ligneul, & de tenir la foule un peu plus
baffe il vaut toujours mieux affortirles groffeurs
aux comptes de peigne , & ne donner de g
foule que convenablement a leur finefle.
Si l’on veut donner la même foule a unSoo
qu’à un miiu , le premier fera trop fo.ble ; 1 un
oppofera trop de réfiftance aux fils de la chame ,
& l’autre fléchira trop aifément ; de la vient ,
pour le dire en paffant, que certains fabncans
font furpris que tel qui paffe pour bon ouvrier,
ne fabrique pas chez eux dauffi belles étoffes
qu’il en fabriquoit ailleurs : on s en prend a la
qualité des foies , à l ’ouvrier ; mais ceft au peigne
qu’il faut imputer les défauts dont on fe plaint.
Comme dans la defcription dun art, ce q u .1
y auroit de plus avantageux ferait d établir des
règles générales fur tous tes procédés , ce que
cela n’eft pas fouvent poflible, je ne manquerai
jamais de faire connoitre celles quon peut adOn
peut donc dire en general quun peigne
d’acier de mille dents, fur vingt pouces de hauteur
, doit avoir de dix-huit à dix-neuf lignes
de foule ; & que ceux à huit cents dents doi-
vent en avoir,depuis vingt jufqu’à vingt-deux :
cela fuflira , je penfe , pour fervir de règle
à tous les autres; & plus les comptes font fins,
moins on doit donnef de foule , pour compenler.
par la hauteur ce qu’on ajoute en forçe.
De la manière dy aplatir le fil - d ’archal pour Us
dents des peignes,
Les peigners en canne ont coutume, comme
on l’a v u , de faire en acier les dents des lifières ;
mais comme le nombre de ces dents eft fort petit
relativement à celui des dents du peigne, ils fe
contentent d’aplatir le fil de fer avec un marteau
à tête plate , fur une bigorne , montée fur un
billot à la hauteur convenable à un ouvrier.qui'
travaille affis.
Cette manière d’aplatir les dents eft tres-im-
parfaite ; mais elle fuffit pour celles des lifières
quand les peignes font de canne : d’ailleurs la
dépenfe d’un laminoir ou moulin , tels que ceux
dont on va voir la defcription, eft trop forte
pour un ufage auffi borné. Les moindres reviennent
à 400 liv, ou environ ; & lorfqu’ils font
bien traités , ils vont jufqu’à 600 liv.
Cette différence de prix vient auffi de la différence
de leur çonftruâion ; car la variété que j
nous avons déjà vue parmi les uftenfiles dont on
a donné la defcription règne encore dans les
moulins que nous allons palier en revue ; tous
fuffifent à la rigueur ; mais ceux qui font plus
parfaits , contribuent bien plus fûrement à la perfection
des peignes, ainfi qu’on le verra lorfqu en
détaillant les différences, je ferai remarquer les |
inconvéniens & les défauts,
Defcription. £un moulin propre à aplatir le fil
de fer.
Sur une forte planche , affemblée par fes deux
extrémités dans les pièces de bois qui débordent
1 fa largeur pour donner plus d’affiète à la machine
, font plantés deux forts montans auffi de
bois, retenus par-deffous la bafe au moyen de
clavettes qui entrent dans les tenons de chacun:
toute cette cage eft portée par quatre pommelles.
Au haut de ces montans eft une entaille qui
defeend prefque jufqu’au renflement qu’on y ménage
fur leur largeur. Cette forme a été jugée
convenable pour donner plus de force à l’empattement
dans la bafe ; mais comme trop de
largeur par le haut auroit entièrement cache les
meules, on a diminué cette largeur comme on
le voit : c’eft dans cette entaille que font placées
les deux meules, dont il faut faire connoitre
la forme avant de parler du chaffis qui les porte.
Chacune de ces meules eft d’acier très - fin ,
d’environ fix pouces de diamètre fur deux
à trois pouces d’épaiffeur ; elles doivent être
faites au tour , & parfaitement cylindriques •
après qu’on les a forgées & dreffées à peurprès à
la lime , on perce au centre un trou carré d environ
un pouce de grandeur ; on y fait entrer à force
la partie carrée d’un arbre qu’on a forge »
lime
)imé St tourné à part ; je dis tourné , car les deux
collets doivent être parfaitement ronds St d’un égal
diamètre.
Vers un des bouts d’un des arbres, on a rèfervé
un peu de longueur, où l’on pratique un tenoti
dont le carré eft inferit au cercle du collet, & qui
fe termine en vis pour retenir la manivelle en fa
place, comme on le détaillera plus bas. Il faut, en
Unifiant cet arbre , conferver les deux points de centre
fur lefquels on l’a mis au tour ; car c’eft fur les
mêmes qu’il faut tourner la meule. On a grand
foin de tourner l’arbre avant de tourner la meule;
fans cela on ne rendroit pas les collets auffi
ronds.
On termine donc ces meules fur le tour , & on
les polit fur leur circonférence, autant qu’il eft pof-
fible ; après quoi on les trempe , & c’eft à quoi il
faut apporter la plus grande attention pour qu’elles
ne gauchiffent que le moins qu’il eft poflible :
mais on ne leur donne point de r e c u i t& on les
laide de toute leur force’; après quoi on les remet
fur le tour pour corriger ce qu’il pourroit y avoir
de gauche , ce qui eft très - difficile, attendu leur dureté
& la difficulté de les entamer.
Je fuppofe qu’elles n’ont pris aucun gauche ;
& s’il y en avoit quelqu’un, on pourroit changer
l’arbre' de centre , & chercher celui qui convient
aux meules, en fe jetant un tant foit peu de côté
ou d’autre: dans ce cas, iifaudroit retourner les collets
qui , étant de fe r , n’aüroient pas pris de
trempe.. '
Quelques peigners ont effayé de faire forger les
meules & leur arbre d’une feule pièce, & de
les faire tourner dans cet état. On ne fauroit dif-
convenir qu’elles ne foient par ce moyen beaucoup
plus foildes : mais lorfqu’à la longue la meule
s’ufe ■ & qu’il faut en fubftituer une autre on perd
l’arbre & la roue ; au lieu qu’en les faifant de
deux pièces, on en eft quitte pour changer de
meule , & l’arbre fert toujours.
Les meules font placées l’une au-deffus de l’autre
, dans un chaffis qui lui-même fe place dans
les entailles des deux montans. Pour faire mieux
fentir la conftruâion de cette machine, je vais la
prendre par détail.
Au haut de chacun des deux montans, eft une
entaille fur l’épaiffeur de laquelle eft une rainure *
à droite & à gauche , qui reçoit les languettes de ‘
la pièce de fer , qui y. entrent jufte, tant pour la
hauteur & largeur que pour l’épaiffeur.
Cette pièce de fer eft elle-même entaillée
comme le montant, & a en-dedans de l’entaille,
fur fon épaiffeur, des rainures, comme celles du
montant: c’eft dans ces rainures que gliffe juftè ,
& fans balotter, une pièce qui a la faculté de fe
hauffer & baiffer.
Toutes ces pièces étant mifes en place dans l’entaille
des montans , il ne s’agit plus que de couronner
le tout par une pièce de bois carrée, aux
quatre coins de laquelle, fuivant fa longueur, eft
Arts 6* Métiers, Tome V, Part, IL
une mortoife qui reçoit les tenons au haut des
montans , & pour que l’effort du travail ne puiffe
pas faire fortir cette pièce de fa place, ou la
cheville ; enfin l’on ajufte au centre de cette
planche un fort écrou de fer , dans lequel entre
une vis à tête. Cet écrou a de hauteur toute
l’épaiffeur de la planche dans laquelle il doit
être encaftré : les rebords entrent, de toute leur
épaiffeur dans celle de la planche, & y font
retenus par quatre vis aux quatre coins ; de façon
que, quand cet écrou eft en place , fa furface
affleure celle de la planché.
Au haut de la vis eft un anneau , dans lequel on
paffe un levier pour la faire tourner ; & à l’autre
bout eft un collet qui entre dans le trou
de la traverfe, & repofe fur fon épaulement ;
enfuite eft une partie de moindre diamètre, qui
reçoit la rondelle qu’on fixe en fa place, au
moyen d’une clavette qui entre au bout de
cette v is , par-deffous la rondelle.
La machine étant ainfi montée, fi l’on tourne
un tant foit peu la v is , elle monte ou defeend
dans fon écrou qui eft immobile ; mais comme
cette vis eft retenue dans la traverfe, il faut de
toute néceflité qu’elle l’emmène dans fon mouvement,,
& avec elle | le chaffis & la meule.
Par ce moy,en, lorfqu’ôn veuf amincir plus ou
moins du fil de fer, on defeend plus ou moins
la meule fupérieure , & l’on obtient l’effet déliré.
On\ne fauroit conftruire ces fortes de moulins
avec trop de précifion ; & s’il étoit fujet à fe
lâcher, on ne pourroit jamais compter fur l’épaiffeur
des dents qui varient à chaque inftanr,
& le peigne feroit par conféquent rempli d’irrégularités.
Telle eft la conftruélîon du premier
moulin à tirer les dents d’épaiffeur. Je vais en-
faire connoitre Tenfemble.
Pour peu qu’on réfléchiffe fur la nature de l’opération
à laquelle le moulin eft principalement
deftiné , on fendra que , lorsqu’une meule
penche plus d’un côté que de l’autre, le fil de
fer ne fauroit être d’égale épaiffeur , quand il eft
aplati, & qu’il doit néceffairement prendre la
forme d’une lame de couteau : mais pour leur
procurer cette égalité refpe&ive de leur circonférence
, il faut d’abord s’affurer que la première
meule eft pofée bien horizontalement ;
ce qui dans tous moulins n’eft pas fort difficile,
puisqu’on peut caler à droite ou à gauche le
chaffis qui Ja porte, jufqu’à ce qu’on ait atteint
le véritable point.
Il n’en eft pas de même de la meule fupérieure
; car à moins qu’on ne faffe paffer le fil
de fer abfolument au milieu de la furface que
préfente leur circonférence, il eft certain qu’elle
ne-peut manquer de pencher'du côté opposé,
& c’eft à quoi eft fujet le moulin qu’on vient
de voir ; ce qui n’empêche pas le plus grand
nombre des ouvriers de s’en fervir.
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