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que le relie, entre dans le trou .quarré de l’X ,'
ou anille de fer fcellée à la partie inférieure de la
meule fupérieure. Le refte de ces moulins eft fem-
blable à ceux décrits ci-deffus.
Lorfque l’eau deftinéeà faire tourner un moulin
n’eft pas abondante , & que la chute a beaucoup
de hauteur on la conduit, au deffus de la roue
par line, bufe ou canal de bois , dont l'entrée fe
ferme avec-urne vanne quand on veut arrêter
le moulin, La circonférence des .jantes de la roue
eft couverte de planches , & forme un cylindre
ou tambour, dont la furface fért de fond à un
grand nombre d’auges compofées de planches
latérales qui font tout, le tour de la roue, oc de
planches tranfvérfaies comme ■ des aubes , mais
inclinées du côté, de la bufe , par où l’eau vient.
L’eau venant à tomber au haut de la roue dans I
les auges qu’on appelle pots , fon choc; & fon
poids la ‘font tourner ., & par conféquent le refte
du moulin comme celui ci-deffus.
Mais fi l’eau a beaucoup de chute, & qu elle
foit en quantité fuffifonte, on peut çonftruire un
moulin avec encore moins de frais, comme ceux-,-
par exemple ; conftruits en Provence & en. Dauphiné
: ils n’ont qu’une feule roue horizontale de
fix ou fept pieds de diamètre & dont les aubes
font faites en cuillers , pour mieux recevoir le choc
de l’eau qui coule dans une bufe, tuyau: ou canal,
d’un pied environ d’ouverture, dirigée à la concavité
canal en feize canaux différens^ : les avant &
arrière.-becs des piles font éloignés l’un de 1 autre
de cinq & demi environ. , ,
des cuillers. L’axe de cette roue-fur lequel
la meule eft- aufti fixée , terminé en bas par 1
un pivot-, roule fur une crapaudine placée fur un
fommier , dont une des extrémités pofe fur un
feuil dans la cave du moulin ; l’autre extrémité
du même fommier pofe fur une braie , ou eft
fufpendue par une épée à une trempure, par le
moyen de laquelle on approche ou on éloigne la
meule tournante de la meule gifente. On arrête
ces fortes de moulins en interceptant le cours de
l’eau par le moyen d’une vanne ou d un clapet
à bafcule , que l’on peut mettre en mouvement
de dedans le bâtiment même du moulin. Leau
étant arrêtée ou obligée de prendre un autre cours ,
le moulin cefferà de tourner ; quant a celle qui
vient frapper les cuillers ou aubes de la roue qui
eft dans la cave du moulin , elle s’écoule par une
ouverture pratiquée à une des murailles de cette
On trouve au Bafacle , à Touîoufe , des
moulins de cette efpèce , qui font ce qu il y a de
mieux imaginé & de plus fimple jufqu a prefent.
Il y a aux moulins dû Bafacle feize meules de
front, placées dans un même batiment en travers
de la rivière ; & comme elles font toutes mues
de même par la force du courant, il fuffira d expliquer
ce qui convient à deux ou trois de ces
. meules. .
On a conftruit plufieurs piles de maçonnerie ,
qui fervent de pieds droits à des arcades de trois
à trois pieds & demi de largeur, qui divifent le
Ces arcades font fermées du côté d amont ;
par des vannes qui defeendent dans les couliffes ,
& qu’on lève quand on veut laiffer tourner le
moulin. tfffcN . „ , .
Le courfier va en retréciffant jufqu à 1 endroit
où il aboutit- à la circonférence d un cylindre ou
tonneau de maçonnerie fans fond , dans lequel
eft placée une roue horizontale, dont 1 axe vertical
concentrique à ce cylindre, porte la meule
fupérieure. L’eau retenue derrière la vanne paffant
par le pertuis qu’elle laiffe ouvert lorfqu elle eft
levée, entre avec précipitation dans le courfier dirigé
obliquement, fuivant la tangente au cylindre,
& ne trouvant point pour fortir une ouverture aura,
grande que celle par laquelle elle eft entrée, gonfle
& s’introduit avec plus de force dans le cylindre ;
en formant un tourbillon, elle contraint la roue
horizontale qui y e f t , de tourner avec elle. L’eau, après avoir fait plufieurs tours , & trappe
les aubes de la roue, s’échappe par le vide que
i ces mêmes aubes la-iffent entre elles, fort par le
1 trou du-cylindre , & s’écoule du cote d aval, ou
I on a ménagé une pente.
L’effièii, ou arbre de la roue, laquelle a trois
pieds de diamètre, eft terminé par un pivot tournant1
fur une crapaudine fixée fur un palier : ce
; palier repofe par une de fes extrémités fur un feuil,
où il eft encadré de quelques pouces : l’autre
extrémité de ce palier eft fufpendue par un po-
; teau ou épée de bois , boulonnée à une braie qui
eft ellér même fufpendue par- un autre poteau ,
ou -épée- retenue fur le plancher par un-boulon
qui la traverfe, Ou fur une trempure. Toutes ces
pièces fervent, comme dans lès autres moulins,
à élever ou à baiffer la meule fupérieure.
; La roue à aubes intérieures, de trois pieds de
: diamètre, eft d’une feule pièce de bois de dix
; pouces d’épaifleur : cètte pièce de bois eft un
tronçon de gros arbre, que l’on garnit en haut &
: en bas d’une frette ou bande de fer , pour l’em-
j pêcher de fendre : on y taille les aubes, que 1 on
î incline à l’axe d’environ cinquante-quatre degres ,
ou pour le mieux , l’inclinaifon doit etre telle que
r la diagonale du parallélogramme fait fur les direc-
1 tions horizohtales circulaires de l’eau, & fur fe direction
verticale, y foit perpendiculaire, les cotés du
parallélogramme étant proportionnels aux vîteffes.
Enfin, on a inventé dans ces derniers temps
d’employer le flux & le reflux de^ la mer, à feu ç
• tourner les moulins ; invention très-heureufe &
très-utile , attribuée à un nommé Perfe, maître
charpentier à Dunkerque.; il faut pour cela avoir
ün lieu bas, d’une étendue fuffifante pour contenir
affez d’eau : on ferme la communication de
ce lieu à la mer par une chauffée, dans le travers
de laquelle on pratique trois canaux parallèles
: celui du milieu fert de courfier à la roue ;
un
un des deux autres qui communiquent à la mer,
& que nous appellerons canal de flot, communique
par deux branches aux deux extrémités du courfier.
Le troifième canal, appelé canal de jufant, communique
à un baffin ou réfervoir, & auffi. aux
deux extrémités du courfier par deux branches.
Le courfier eft féparé des canaux par deux vannes
placées dans les branches de communication. Après
que le flux eft monté d’une quantité fuffifante , on
ouvre la vanne du canal de flot qui communique au
courfier du côté par où l’eau doit y entrer , & on
ferme la fécondé du même canal ; on ouvre auffi
celle du canal de jufant , qui communique à la
fortie. du courfier, & on ferme l ’autre du même
canal. En cet état, l’étang étant fuppofé vide ,
l’eau de la mer à marée montante ,• entrera par
le canal de flot, & paffera dans le courfier fous
la roue qu’elle fera mouvoir, & du courfier entrera
dans l’étang; ce qui ferà.tourner je moulin pendant
environ quatre des fix heures que dure le flot.
On ouvrira alors toutes les autres vannes,
afin que pendant les deux heures qui reftent à
écouler jufqu’à la pleine mer, l’eau puiffe entrer
en* abondance dans l’étang, & qu’elle foit au
niveau de la pleine mer ; on fermera enfuite toutes
les vannes pour retenir l’eau, jufqu’à ce que le
jufant, ou reflux, ayant fait baiffer les eaux de la
mer pendant deux heures, au deffous du niveau de
celles contenues dans l’étang, on puiffe ouvrir la
vanne du canal de jufant, qui communique à l’entrée
du courfier, & auffi celle qui communique'
de la fortie du même courfier au canal de flot.
Les deux autres vannes demeurant fermées ,
l’eau de l’étang paffant dans le courfier., fera tourner
la roue du même fens qu’auparavant, avec
une vîteffe proportionnelle à la : chute que les
différens niveaux de l’eau contenue' dans l’étang
& la mer , pourront lui procurer , & le moulin
tournera jufqu’à la baffe mer , fi l’eau contenue
dans l’étang eft fuffifante , ou feulement jufqu’à
ce qu’elle foit épuifêe.
Une heure environ avant la baffe mer, on
ouvrira toutes lès vannes pour laiffer écouler entièrement
toute l’eau de l’étang à la mer, ou du
moins qu’elle fe mette de niveau aux plus baffes
eaux où le jufant puiffe les abaiffer : on refermera
alors toutes les vannes, que l’on laiffera fermées
jufqu’à ce que le flot ayant affez élevé les eaux de
la mer pour leur procurer une chute fuffifante dans
l’étang , on rouvrira celle du canal de flot, qui
communique à l’entrée du couifier, & celle du
canal de jufant, qui communique à la fortie du
même courfier, les deux autres demeurant fermées ;
& le moulin tournera comme auparavant, & du
même fens, foit de flot ou de jufant.
C ’eft là , fans doute, ce que l’inventeur s’eft
propofé ; on peut Amplifier encore cette invention
, ainfi que nous allons l’expliquer ; mais
alors le moulin tournera pendant le flot, d’un certain
fens , & pendant lé- jufant, dans le fens
Ans & Métiers, Tome V. Partie /,
oppofé ; ce qui n’entraîne aucun inconvénient,
étant facile de difpofer lès engrenages des roues
& des lanternes pour cela : ce qui même ne jpeut
que tendre à leur confervation. Il y aura donc un
feul canal en travers de la chauffée de l’étang.
Ce canal fera fermé par deux vannes , une: du
côté de la mer, qui fera nommée vanne de flo t,
& une autre du côté de l’étang, appelée vanne de
jufant, qui fermeront de part El d’autre le courtier.
Les deux parties du canal, hors les vannes , communiqueront
enfemble par une branche qui feira
fermée auffi par une vanne. L’étang étant fuppoie
vide, la mér baffe, & toutes les vannes fermées *
excepté celle de ju fa n t, on attendra que le flot
foit affez monté, pour que la différence des niveaux
de la mer & de l’étang foit fuffifante afin
que la chute des eaux puiffe faire tourner le
moulin : on ouvrira alors la vanne de flot du
courfier, celle de la branche de communication
demeurant fermée ; & l’eau de la mer paffant
fous la rpue dans le courfier, la fera tourner
prefque jufqu’au temps de la pleine mer. Quelque
temps auparavant , on ouvrira la vanne
qui fermoit la branche de communication des
deux parties du canal, pour que l’eau de l’étang
puiffe fe mettre de niveau aux plus hautes eaux
du flot : on les y retiendra alors en fermant cette
vanne & celle de jufant, jufqu’à ce que le reflux
ait abaiffé les eaux de la mer d’une quantité fuffi-
fente pour procurer à celles de l’étang affez de
chute dans le courfier; alors on ouvrira la vanne de
jufant, & l’eau de l’étang s’écoulant dans le courfier
à la mer, fera tourner la roue du moulin en fens
contraire. Quelque temps avant la baffe mer, on
ouvrira la vanne de la branche de communication,
afin de laiffer écouler entièrement à la mer l’eau
qui eft contenue dans l’étang ; & à_ l’inftant où le
flot fuivant recommence, on la refermera & celle
du flot, jufqu’à ce que fa hauteur au-deffus de la
furface de l’étang puiffe procurer affez de chute
pour faire tourner la roue dans fe première di-
reélion ; on ouvrira alors la vanne Ide flot pour
recommencer la même opération, & faire provi-
fion d’eau dans l’étang pour fuffire à faire tourner
le moulin pendant le temps du reflux fuivant.
P L A N C H E V I , V I I , V III, IX , X.
Vue extérieure d’un moulin à v en t, pi. VI.
Coupe verticale du moulin fur fa longueur,
M VIL
Coupe verticale du moulin fur fa largeur, &
engin à tirer au v ent, pi. VIII.
Fig. 12 , treuil.
Fig. mS chaperon.
Fig. à4 , jambes.
Fig. 6 o , effieu.
K , poteau debout.
I , liens.
Fig- 2 9 3-> femelles.
Fig. 63, roues.