
Il ne faut pas employer plus de trois quarts-
d’heure pour confumer une demi-once de tabac ;
mais il ne faut pas trop précipiter le mouvement
du foufHet.
Pour taire ufage de l’efprit volatil du fel ammoniac
, on tortille un morceau de papier , qu’on
trempe dans le flacon, & qu’on introduit dans
les narines de la perfonne noyée.
L’ufage de la flanelle & de l’émétique eft indiqué
dans la première partie.
Addition à la machine fiunigatoire.
M. Sçanegatti s’eft occupé des moyens d e ,
perfectionner quelques-uns des inftrumens defti-
nes: à fecourir les perfonnes noyées. Son attention
s’eft particulièrement fixée fur l’injeCtion de
la fumée du tabac, & fur l’infpiration de l’air
chaud.
La répugnance pour la première , la force des
mufcles peétoraux qu’exige la fécondé de ces opérations
mdiipenfablesî, lui a fait imaginer une
féringue qui remplit ce double objet. Le corps &
le pifton n’ont rien d'e particulier ; mais le fond
eft percé de deux trous, diftans d’environ un
pouce : ils font l’un & L’autre garnis de foupapes ,
mais garnis différemment.
L’une eft à l’intérieur des trous, & s’ouvre dans
l’infpiration du pifton ; l ’autre foupape eft à l’extérieur
de l’autre trou , &. celle-ci s’ouvre dans le
refoulement, tandis que la première fe ferme, &
vice: verja.
Chacun de ces orifices eft furmonté à l’extérieur
d’une portion de tuyau à vis , fur lequel fe monte
un écrou qui tient à un boyau de cuir plus ou
moins" long , terminé encore par une vis d’étain ,
à laquelle on adapte les différentes pièces convenables
à l’ufage qu’on en veut; faire.
En fuppofant, par exemple, qu’on veuille in-
jeéter de la fumée, on vifle fur l’orifice où fe
trouve la foupape intérieure, une pipe de métal,
remplie de tabac allumé-; fi on élève le pifton ,
la feringue fe charge néceflairement de fumée,
qui, lors du refoulement, ne trouvant d’iflùe qiie
par la foupape extérieure , eft- obligée de fuivra
le boyau de cuir terminé par une canule.
L’on peut, fans la déplacer , pomper & fouler alternativement
, & faire aiofi pafler dans les intef-
tins du fubmergé , autant de fumée de tabac que
l’on juge à propos. Ce moyen a paru plus ftmple
& plus afîùré que celui du foufflet actuellement
en ufage.
Veut-on introduire de l’air chaud & humide,
tel que le fournirait un homme en appliquant fa
bouche fur celle, du fubmergé ? On fubftitue à la
pipe un tuyau de cuir, dont l’autre extrémité fe
vifle au-defliis d’une petite bouilloire, dans,
laquelle on échauffe un verre d’eau par une lampe
à l efprit-de-vin. Si l’on afpire, la feringue fe'charge
de l’air chaud. & humide qu’exhale la bouilloire-
& qui, en fe foulant, pafle dans le boyau terminé
alors par une efpèce d’auge très-aplatie , la-
quelle, furmontée d’une embouchure ou de fauffes
lèvres , pour prévenir toute évaporation, porte
cet air dans la bouche , puis dans les poumons
en telle force & quantité qu’il eft- néceflaire.
On peut continuer cette opération fans déplacement
, & cette injedion d’air eft bien fupé-
rieure à celle que peut fournir la bouche d’un
homme, qui, indépendamment de la répugnance,
eft bientôt rebuté par la fatigue.
On a fait avecfuccès, parles confeils du célèbre
M. Dumoulin, eflai de la cendre pour faire
revenir les noyés ; mais comme il peut arriver
des accidens dans les lieux où il ne fe trouve pas
une allez grande quantité de cendres pour tenter
ce remède , il eft de l’intérêt de l’humanité de fa-
voir qu’au défaut de cendres on peut mettre le
noyé dans du fable chaud ou dans du fel pul-
vérifé.
Cette expérience a réuffi fur un noyer fraîche-
. ment tiré- de l’eau en Provence ; on ajouta au
bain de fable les vomitifs, la faignée à la jugulaire
, & l’infufflation du tabac dans les inteftins ;
& le noyé revint à la vie.-
Il y a quelque temps qu’un vaifleau Anglois
étant dans la rivière du Douro , à Oporto en Portugal
, un matelot tomba par hafard dans l’eau ;
il refta bien fous l’eau l’efpace d’une demi-heure.
Quand on l’eut repêché, on le déshabilla fur le
champ, & on le frotta partout avec du fe l, mais
plus particulièrement autour des tempes, à la poitrine
, & à toutes les jointures. Cette opération
fut continuée pendant quelque temps , durant lequel
cet homme commença à donner quelques
fymptômes de v ie , dont on n’avoit pas pu avoir
auparavant la moindre apparence ; & en moins de
quatre heures, au grand étonnement de tout le
monde , il fe trouva fi bien refait qu’il étoit en
état de marcher.
Noyés dans les glaces & dans les neiges.
Comme la circulation ne fe trouve que ralentie
à un point imperceptible dans les noyés qui n’ont
pas refté trop long-temps fous l’eau , on peut les
rappeler^ la vie par les moyens que nous venons
d’indiquer. On peut auffi rappeler à la vie des per-
fonnes qui ont été engourdies par un froid exceflif,
fous des glaces ou fous des neiges, & que l’on
croit quelquefois mortes.
Les moyens que propofe un phyficien d’Hambourg
, d’après piuûeurs expériences, c’eft d’abord
de plonger le corps que l’on retire du milieu des
neiges dans de l’eau fraîche, pour faire dégeler
peu- à-peu toutes les parties extérieures ; à l’inftant
on verra ce corps fe couvrir d’une croûte de
glace , ainfi que le fruit gelé qu’on met dans l’eau
| froifte.
Au fortir de ce bain, il faut mettre le cotps dans
unlieu tiède , c’eft-à-dire, à l’abri du froid & du
feu : là , il faudra le frotter d’abord avec du linge
froid , enfuite avec du linge chaud , & il faut lui
fouiller de l’air dans les poumons , & l’agiter continuellemenr.
On peut auffi. appliquer les véfica-
toires >■ & donner quelques clyuères piquans ,
comme avec de l’urine ; & procéder enfuite, par
les moyens ordinaires, à ranimer peu-à-peu le
fang , & à rétablir la circulation.