
marcher la main dans cette fituation, de gauche à-
droite, fur la ligne qu’on lit ou qu’on écrit.
Chaque prépôfition a aufli fon ligne particulier.
Par exemple, avec s’exprime encore par les deux
mains vis-à-vis l’une de l’autre.
Dans, s’exprime en fermant les quatre doigts de
la main gauche, & y faifant entrer l’index de la
main droite , ou en mettant une main dans fa
poche.
En, fe fait entendre par f index perpendiculairement
élevé au-deflùs d’une table , & le pofant
fucceffivement fur diffèrens endroits fans s’arrêter
à aucun.
Contre, s’indique en faifant venir direéleraent à
plufieurs fois les deux index l’un contre l’autre,
comme, pour fe battre.
Part s’explique en faifant pafferfamain droite
à travers le pouce & l’index de la main gauche, &c. Pronoms. Pour exprimer par lignes aux fourds
& muets ce que c’eft qu’un pronom , on fait un
rond avec un crayon fur la table, & on y met, li
l’on veut, une tabatière ; on la pouffe enfuite hors
de ce rond , & l’on y fubftirue autre chofe.
C ’eft là le ligne commun à tous les pronoms, qui
font des mots qui fe mettent à la place d’autres.
noms; mais chacun a aufli fon figne particulier.
Pour indiquer le pronom je , on fait avec fa
main droite une efpèce de demi-cercle en rapprochant
de fa poitrrne;. : •
Pour le pr.onom moi y on fe frappe très-doucement
la poitrine à plus d’une reprife.
C ’eft le même ligne pour me ; mais fur le champ
on porte l'index de la main droite lur celui de la
main gauche , pour faire entendre que ce pronom
eft conjonâif.
Mon y ma , mes, font des pronoms-pofleftifs, qui
s’expriment en fe montrant foi-même d’une main p
& de l’autre la chofe qu’on dit être à foi ; on y
joint le ligne d’adje&if, & ceux du nombre & du
genre qui conviennent.
Le mien , la mienne y l'es miens , les miennes, fe •
font entendre d’abord par le figne d’article, en-
fuite par les mêmes ' lignes que pour mon, ma ,
moi. -
Pour les pronoms toi-y on fait le figne de
la fécondé perfonne d’un verbe, & on y ajoute
les fignes de conionélif'ou dé poffeflif, de nombre
& de genre qui conviennent.
Il y elle y lui, foi y ils y elles, eux y-leur y s’exprK
ment par le figne de la troifième perfonne d’un
verbe, avec les.fignes de conjoriélif Ou de pof-
fefîif, 6c ceux de nombre & de genre.
Pour les articles le y la r les y un premier figné
indique les perfonnes dont on parle, un fécond
figne- annonce la conjonction avec le verbe dont
ils font le régime.
Les pronoms démonftratifs ce , cet 9 cette, ces
fe montrent du bout du doigt, qu’on approche de
la chofe même à laquelle ils fe rapportent, ou
avec l’index fans en approcher.
Les pronoms interrogatifs qui, que, quel, quelle
laquelle y 'lequel, lefquelles , fe défignent par un
gefte interrogatif. \
Lorfque ces mêmes pronoms font feulement relatifs,
on met fur eux l’index droit, & on le porte
à l’inftant fur lè nom fubftantif, ou fur le pronom
qui en tient lieu.
Le que y fimple conjonction entre deux verbes,
fe repréfente en faifant de l’index droit & du
gauche, deux crochets qui fe joignent enfemble.
Les autres que ont des fignes aufli diffèrens que
la fignifio&.tion de ces mots eft elle-même différente.
Sourd ; celui qui, par un défaut de l’organe
de fouie, n’entend point les fons, & qui, ne
pouvant imiter la parole ou l’articulation des mots
d’une langue, relie muet.
Substantifs et adjectifs. Pour montrer aux
fourds & muets la différence fenftble de ces
efpèces de noms, l’inftituteur prend dès cartes,
il écrit fur l’une de ces cartes un fubftantif, par
exemple le nom de Pierre, & place cette carte à
fa main gauche.
Il écrit enfuite fur chacune des autres cartes,
un adjeCtif, tel que grand, petit, riche, &
met ces autres cartes à fa droite. .
Pierre venant à entrer, s’il eft de haute taille,
on met fur fon nom la carte où eft écrit grand',
s’il eft-de petite taille, on y: met celle, où eft l’ad-
jeCtif petit y &c.
Ainfi Pierre étant le fubftantif fe trouve def-
fous, fub fiat. Des adjetffs expriment. les qualités
qu’on ajoute à fon nom.
V e r b e s ; i ls f o n t ; c om p ô f é s d e p e r f o n n e s , de
n om b r e s , d e t em p s & d e m o d e s . .
, On fait réciter d’abord aux fourds & muets,
;par des lignes, la différence des?perfonnes: & des
nombres f comme on l’a dit dans d’autres articles.
Enfuite, pour marquer le préfeht, on fait lë gefte
de prendre à témoins les fpeCtatêurs ; pour le pajfé,
on jette la main du côté de l’épaule ; pour le-.
futur, on avance la main droite directement devant
/oi, &c. ;
Pour marquer le mode du verbe , comme 1.’impératif
9 on fait un ligne de la main 6c des vt ux
& pour le fupplicatif ou joint les main s , 6> c. &c
MUSCADE, GIROFLE, CANNELLE, POIVRE,
G IN G EM B R E , V ANI L L E .
( Art de récolter et de préparer ces Epices).
D E L A M U S C A D E .
L a noix mufeade eft un fruit aromatique qui
vient naturellement dans les ift.es Moluques, &
qu’on cultive avec beaucoup de foin dans U province
de Banda.
L’arbre qui le produit eft de la grandeur d un
poirier. Le bois de cet arbre eft motëlleux , &
fon écorce eft cendrée; fes feuilles, femblables à
celles du pêcher , font verdâtres en deflùs &
blanchâtres en défions, fans queue. Ces feuilles
étant froiffées ont une odeur pénétrante.
Sa fleur, d’une couleur jaunâtre, & d’une odeur
fort fuave, eft formée êii rofe.
Le fruit qui lui fuccède eft de la groffeur d’une
petite orange , fufpèndiie à un long pédicule, &
fon noyau eft enveloppé dans trois écorces.
La première de ces écorces eft molle, épaiffe
d’environ un doigt, velue rouffe, parfemee de taches
jaunes & purpurines. Cette écorce groftière, dun
goût acerbe, s’ouvre d’elle-même dans fa maturité. J
La fécondé écorce'eft une forte de membrane
réticulaire, d’une fubftance vifqueufe & huileufe,
d’une odeur aromatique & d’une faveur âcre.
La troifième écorce, eft une coque dure, mince
&ligneufe, d’un brua roufiâtre, laquelle contient
la noix mufeade.
Cette noix eft ovale, à-peu-près comme une
olive, d’une couleur brune cendrée : elle eft dure
& fragile, panachée intérieurement de nuances
jaunâtres et d’un rouge brun. Son odeur eft agréable,
fa faveur eft à-la-fois âcre, fuave & amerej
Lorfque les noix mufeades font mures, ceux
qui, font prépofés pour les recoltef montent fur
farbre, & les cueillent en tirant à eux les branches
la fubftance eft huileufe.
On diftingue deux efpèces de noix mufeades,
l’une femelle , l’autre mâle. - , ..
La première eft de la figure d’une olive ; ceft
celle dont on fait ordinairement ufage.
La fécondé, que les Hollandois nomment Mane- .
que, eft plus alongée, moins aromatique , 81 par
conféquent moins recherchée. . . ,
Les Hollandois en diftinguent encore plufieurs
efpèces , entre autres une qui eft fans odeur,
d’un goût défagréable , que les vers rongent faci- -
lement, & qu’il eft expreffément .défendu de mêler
avec les autres, parte qu’elle les corrompt.
Il y à aufli dés noix mufeades fâiîVages.
avec de longs crochets. Comme elles font
pour lors renfermées dans une efpece 4® brou ,
ou fécondé écorce, on les en fépare en les ouvrant
avec un couteau. # ;
Ces noix étant ainfi dépouillées, on en enleve
foieneufement le rnacïs avec un petit couteau.
Ce macis, nommé aufli fleurs de mufeade,
qu’on trouve fur la première écorce, eft^ une
enveloppe ou membrane à réfeau, partagée en
plufieurs lanières , d’une fubftance vifqueufe ,
d’une odeur très-aromatique , d’une faveur: afiez
graçieufe , & d’une couleur roug^"- jaunâtre , qui
eft immédiatement fur la noix mufeade. .
On fait fâcher ce macis, dû folefi, pendant un
jour, on le tranfporrè enfuite „dans un-autre endroit
moins expofé aux rayons, du foleil, & on l y
laiffe pendant huit jours ; après qu’il s’y eft un peu
ramolli, on l’arrofe avec de l’eau de mer, en
obfervant de ne pas en mettre trop, parce que
le' macis fe pourriroit, & que les vers s y met-
troient. On le.- renfermé enfuite dans de petits
facs en le preflaiit fortement.
Pendant que- les noix mufeades font encore
revêtues de leur • coque ligneufe, on les met au
foleil pendant trois jours ; on les fait enfuite iecher
près du feu jufqù’à ce qû elles rendent un ion
quand on les agite. Alors on les frappe avec un
petit bâton pour les débarrafler de leur coque.
Les noix mufeades étant'devenues marchandes
après ces opérations , on les diftribue en trois
‘tas ; les plus grandes &. les plus belles , qu’on def-
tine pour l’Europe, fqrrnent le premier ; aans le
fécond on met les moins belles , qui fervent a .u-
fage du pays ; & on deftine les plus petites, qui
forment le troifième tas., a en tirer de 1 huile par
expreflion. .
Une' livre de ces noix donne ordinairement
trois onces d’huile aromatique qui a la confiftance
dû fuifJ On tire par là' diffillàtion, loit de la noix ,
Toit du macis, une huile effemiclle , tri nfpavente ,
& d’un parfum exquis.
T i i j •