
tent font pins ou moins gros, & 11e pas changer
de place fou vent , ou n’être pas obligé de ne
fendre que ceux qui feroient de grefleur convenable
à la rofeite qu’il auroit actuellement fous la
•main ; ce qui prendront beaucoup de tëms.
La hauteur la plus ordinaire de ces manches eft
telle; , qu’étant en place, les rofettes fe trouvent
élevées à environ quatre pouces de la table.
Voyons maintenant l’opération.
L’ouvrier eft affis devant fa table, où font plantées
trois ou quatre rofettes ; à fa gauche eft une
corbeille remplie de tuyaux ; &. pour qu’elle foit
plus à fa portée . il la place fur un tabouret.
A rnefure qu’il en a fendu -une certaine quantité,
il jette toutes ces parties dans une autre corbeille
qu’il a à fa droite.
Pour les fendre il en prend un de la main gauche
, le place fur la rofette qui'lui convient * &
frappe quelques coups de la palette qu’il tient de
la main droite , fur le bout oppofé de ce tuyau ,
qui bientôt eft féparé en autant de parties qu’il
y a de rayons à la rofette.
L’ouvrier ne fe donne pas la peine de ramafler
les parties à rnefure qu’il les refend , pour ménager
le tems , mais il les laiffe tomber au ha fard fur' la
table ; & quand il y en a une grande quantité qui
pourroit lui nuire, il les jette par poignées dans
la corbeille placée à terre à fa droite.
La palette eft faite de bois, & d’une forme con-
venable^On auroit fans doute pu fe fervir d’un inf-
trument de fer, mais en bois il ménage mieux le
bout des tuyaux /on eft plus maître de diminuer
la force du coup fi par inadvertance pn frap-
poit plus fort qu’il ne faut, & que la canne fe
fendît promptement, on rifqueroit de donner fur
la rofette un coup qui l’endommageroit ; au lieu
qu’étant de bois , la palette feule reçoit le dommage,
ce qui n’eft pas de grande conséquence.
Quelques-uns lui donnent la forme d*une petite
pelle, d’autres fe fervent d’un maillet ; mais il
Semble que la palette frappe plus également.
Comme les morceaux refendus relient fur la
table , Si qu’on eft obligé de tems en tems de les
ramafler , ce qui perd du tems, il y a des peigners
qui ont une table dont la furface forme deux plans
inclinés , & au fommet defquels font plantées les
rofettes : par ce moyen, à rnefure que les tuyaux
font fendus , les parties tombent à terré par leur
propre poids , & l’ouvrier n’eft obligé de les ramafler
qu’à l’heure dés rëpfas ou au bout de la jour-1
née ; quelques-uns écônômifent le temps jufqu’à
érendre une toile par terre pour ramafler tous «ces
morceaux dans un inftant , & les mettre dans la
corbeille tout à la fois.
Autre, manière de monter les rofettes,&.de s*en fervir.
Les peigners de certaines provinces fe fervent
d’uner autre'forte'de rofette, dont la différence1 avec
les précédé rites- fié: confifte que dans la.manière
dont elles font montées. Le manche eft fait de manière
qu’on place à chaque bout une rofette d’une
grandeur & d’ un nombre de rayons difïérens.
Chacune de ces rofettes tient lieu de deux des
autres ; mais en revanche il faut être bien adroit
bien attentif : la moindre négligence peut bleîT er
l’ouvrier ; cependant leur commodité les a fait
adopter dans beaucoup d’endroits , & même un
des principaux peigners de Paris s’en fert par
préférence.
Les manches de ces rofettes ont ordinairement
dix pouces de longueur; ou environ, & pour être
tenus plus commodément, on obferve au milieu
un renflement qui va en mourant vers chaque bout
jufqu’aux rofettes ; ce renflement, qu’on nomme
poignée de l’outil, fert à deux ufages , on les tient
plus facilement, & cette grofleur contribue à faire
éclater les tuyaux quand la rofette eft entrée jufqu’à
un certain point.
Comme ees rpfçtres fout doubles , il eft certain
qu’on ne fauroit; aflez les garantir contre l’approche
de tout corps dur , ou de tomber à terre , ce qui
briferoit les lames en très-peu de tems : aulîi
eft-il dangereux de les garder dans des boîtes les
unes contre les autres ; les ouvriers ont grand foin
de les fufpéndre à des râteliers, dont chaque cheville
eft une pièce de bois de cinq à fix pouces de
long, fans le tenon , & de quatre de largeur ou
environ, fur un pouce ou quinze lignes d’épaifleur.
Au milieu eft percé un trou rond, plus petit
que le renflement du manche des rofettes, &
auquel communique une. entaille plus petite, pour
qu’une fois mifes en place , ces rofettes ne puiffent
pas en fortir.
Cette cheville eft affemblée dans une mortaife
qu’on pratique fur une pièce de bois , fixée contre
un mur au moyen de pattes coudées , & elle y
eft chevillée pour plus de fureté.
Quelquefois on accroche les rofettes aux chevilles
, de manière qu’elles repofent fur les rofettes
même. Mais' cette méthode eft moins bonne que
la première, parce que les rayons de ces rofettes
doivent être très-minces , & par conféquent fuf-
ceptibles de fe gâter, au moindre choc , qu’on ne
pourroit guère éviter en les ôtant & remettant
fouvent à leur place.
D ’autres enfin lient, ces rofettes plufieurs eift
femble , & les fufpendent hors de toute atteinte.
Lorfqu’on veut fe fervir de ces dernières ro-
flottes, on en prend fur une table près de foi un
aflez grand nombre , pour n’être pas obligé de
fe déranger à chaque inftant ; puis ayant la table
à fa droite , l’ouvrier place entre fês jambes un
billot monté fur trois pieds , & appuyant de la
main gauche les tuyaux deflùs , il préfente pour
les fendre la rofette qui leur convient, & élevant
un peu le tuyau & la rofefte' enfemble, il frappe
quelques coups fur le billoit, au moyen de quoi
la rofette entre dans cette canne.
Alors il la lâche de la main gauche , & continue
de frapper de la droite , jufqu’à ce que les
parties foient entièrement Séparées & tombent de
tous les côtés. •
Gn a coutume de donner au billot fur lequel
l’ouvrier fend Ses tuyaux , la forme d’un cône tronqué,
dont la partie Supérieure a peu de diamètre',
& feulement ce qu’il en faut pour frapper deflus
fans craindre de tomber à faux , à droite ou à
gauche*
Cette, forme eft très - commode pour que les
morceaux tombent à terre à rnefure qu’ils font
fendus, & ne point gêner l’ouvrier qui les ramafle
quand il y en a une très-grande quantité ; au lieu
que fi le bloc avoit une grande furface , ou s’il
fe fervoit d’une table , ainfi que le font quelques
peigners , il ne trouveroit plus de place pour
frapper fes tuyaux.
Quand on a refendu tous les tuyaux dont on a
befoin, on ramafle toutes les parties , on les met
d’abord dans une corbeille , ôn en forme des paquets
qu’on lie au milieu avec de la ficelle , puis
on les range ainfi liés fur des tablettes pour s’en
fervir au befoin.
Les parties ainfi débitées ne font qu’ébauchées,
il faut les pafler à la filière pour les tirer d’égales
largeur & épaifleur : c’eft le travail le plus délicat,
dont nous allons donner la description.
Manière de tirer les dents à la filière'.
On a dit , en décrivant les filières , qu’il eft à
propos d’en avoir plufieurs , foit pour la largeur >
foit pour l’épaifleur qu’il faut dçnner aux dents.
Il eft facile de concevoir-rfue les dents doivent
être minces à proportion de la quantité qu’on
doit en placer dans un peigne de longueur déterr
minée : ainfi le travail du tirage à la filière confifte
à leur procurer cette épaifleur.
Il y a ta nt de diffère ns comptes de peignes ,
c’eft-à-dire , de nombres de dents , fur une longueur
qui varie prefque à l’infini, qu’il a été né-
ceffaire aux peigners de fe faire des règles pour
les épaifleurs qu’il eft-à-propos de donner aux
dents , fuivant xes différens comptes, ainfi que
leur largeur ; & pour donner une idée de cette
variété, il faut Savoir qu’il y a des peignes qui,
fur vingt pouces de largeur, ont jufqu’à quatorze
cents délits , tandis que d’autres , fur trois aunes
& demie, n’en ont quelquefois que neuf cents :
ce qui, pour -le premier, donne Soixante & dix :
dents par pouce, tandis que les autres; rien ont
pas tout-à-fait fix.
Les deux* exemples qu’on vient de rapporter
ne font pas encore les extrémités de'fineffé & de j
groffièreté qu’on rencontre aflez fouvent dans les
peignes ; car il y a des étoffes tellement fines , '
qu’on eft obligé de faire entrer jufqu’à quatre-
vingt dents par pouce , & d’autres où quatre dents
fufhfent ; ainfi en faifant des peignés à tous les
termes moyens entre ces deux extrêmes , on trouvera
qu’il faut des dents de plus de foixante-dix
épaifleurs différentes , parce qu’il ÿ à encore fort
flouvent des fractions dans le nombre des dents,
comme de douze & demi, vingt & un quart, &
aiiifi du relie.
Toutes ces différences font du reflbrt du peigner,
le fabricant n’a d’autre,foin que de commander
un peigne d’une telle ou telle largeur ,
qui contienne tel -ou tel nombre de dents , fans
même prendre garde fi ce nombr.e de dents s’accorde
avec les règles de l’art du peigner, à qui
Seul il appartient de faire des .calculs pour les
différens nombres qu’on lui demande : il lui
fuffit que la demande qu’il fait., s’accorde avec le
genre d’étoffe qu’il veut fabriquer.
C ’eft donc au peigner à connoître fépaifleur
qu’il doit donner aux dents à raifon du nombre
qu’il en doit faire entrer par pouce aii peigne.
Ce n’eft pas encore la feule difficulté que. les
peigners aient à vaincre ; il faut aufli qu’ ils fâchent
de quelle manière doit être la chaîne qu’on
veut fabriquer avec ce peigne.
Il eft certain qu’une chaîne de laine , par
exemple , n’exige pas une aufli forte épaifleur de
dents qu’une de fil , quoique dans l’une & dans
l’autre étoffe on foit convenu qu’un peigne cl’une
longueur égale à une autre doive contenir le même
nombre de dents : car ce n’eft pas encore
l’épaiffeur clés dents qui doit feule remplir la longueur
du peigne ; & chaque dent doit être retenue
entre les deux jumelles par un tour de.,li-
gneul haut & bas , qui fort fouvent eft plus épais
lui-même que chaque dent féparée.
Au relie , il fuffit maintenant d’obferver que les
dents doivent fouvent être d’une épaifleur bien
différente, quoique devant remplir un-même ef-
pace dans un même nombre , fuivant les différentes
matières qu’ôn fe propofe de mettre en oeuvre.
Pour tirer les dents ri’épaiiTeur, on fe fert de
j filières , qui ne font autre chofe qu’un bout de fer
large d’environ un pouce, & long de quatre à
cinq , planté dans une pièce de bois ronde ou
carrée, à côté d’une lame de rafoir.
Il faut avoir attention , en faifant entrer de force
ces deux pièces , de leur conferver un parallé-
lifme parfait entre elles, fans quoi il eft aifé de
Sentir que les dents feroient plus .épàifles par un
côté que par l’autre.
La pofition refpeélive des deux pièces préfente
une èfpèce. de V , dont la pointe offre une ouverture
par où pafle la canne, qui, par ce moyen ,
ne fauroit être plus épaiffe én aucune partie de
fa longueur qu’en l’autre.
La pièce de fer eft plus élevée que la lame du
rafoir; cette élévation , qui doit être d’envirph
deux pouces , eft néceflaire pour l’opération , ainfi
qu’on le verra en fon lieu.
Après avoir placé la filière dont on veut fe fervir
, fur une table ou fur un billot, au 'moyen
des entailles qui y font pratiquées , l’ouvrier met
à fes côtés des boîtes dont l’une contient les
morceaux de canne qui ne font que refendus ,