
affez d’exaôitiîde pour ne pas mettre un peu de
noir fur les parties élevées , on prend un petit
linge, que l’on aflùjettit bien ferme au bout du
doigt, & en le pafiant légèrement fur la médaille,
on la nettoie a fiez exa&ement pour qu’il ne refte
plus de noir que dans les lettres 6c les autres
creux de la médaille.?Pour achever de nettoyer
bien parfaitament la médaille, on pafife fon doigt
légèrement fur du blanc bien doux, comme du
blanc d'Efpagne, 6c on frotté avec ce doigt la
médaille légèrement.
Lorfqu’elle eft ainfi nettoyée, on tient tout prêts
quelques morceaux de papier plus grands que
la médaille, qu’on a trempés dans l’eau afin de
les rendre . fufcepribles de prendre l’imprefiion,
ayant foin cependant qu’ils ne foient qu’humides,
fans être trop, mouillés. On applique un de ces
papiers fur l’empreinte, 6c derrière le papier on
met trois on quatre morceaux de flanelle de la
même grandeur, qui, en cédant légèrement, fera
entrer le papier dans tous les creux de la médaille
, & produira l’empreinte. On prend deux
petites plaques de fer bien unies, 6c a fiez épaifles
pour n’être point fufceptibles de fe courber ; on
met la médaille de cire recouverte du papier 6c
de la flanelle, entre ces deux plaques^ de fer, que
l’on place dans une petite prefie à main. On
ferre les deux v is , on les force même un peu
avec un coup de marteau , 6c lorfqu’on ouvre
la prefle, on voit l’empreinte de la médaille
rendue exaélement fur le papier ; s’il y avoit
quelque trait qui fut un'peu manqué, on peut
le réparer aifement, lorfque le papier eft fec, en
fe fervant d’un pinceau trempé dans de l’encrq
de la Chine.
Ce que nous avops rapporté de la fabrication
des monnoies, eft également applicable à celle
des médailles.
I l fut établi aufli en France une monnoie des médailles
, par Henri I I , vers l’an 1550, dans fa
maifon des étuves , fituée à l’extrémité de l’île
du palais , fur le terrain qui fert aujourd'hui
d’emplacement à la rue de Harlay, 6c à la place
Dauphine.
L’invenrion d’Aubin Olivier, dont nous avons
parlé , pour fubftituer le balancier au marteau
dans la fabrication des monnoies, fut également
employée pour les médailles ; 8c même en 1585,
cette machine fut réfervée fpécïalement pour frapper
les jetons 6c médailles.
Elle fut transférée au Louvre fous Louis XIII.
Varin, célèbre graveur, la perfectionna ; & ce
nouvel atelier prit dès-lors le nom de monnaie
des médailles.
Par édit du mois de juin 1696 , Louis XIV
créa pour cette monnaie des médaillés , en titre
d’office, un directeur 6c un contrôleur-garde:
mais ces 'offices ont été réunis par un arrêt du
Confeil du 3 novembre fui van r.
L’office d'ejfayeur créé par l’édit de 1553, fut
aufli réuni à celui de la monnoie de Paris, par
des lettres-patentes du mois de mai 1663'.
Il eft défendu , par l’article. 27 de l’édit de
1696, de fabriquer ou faire fabriquer aucuns
jetons, médailles , ou pièces de plaifir d'or,
d’argent , ou autres métaux, ailleurs qu’en la
monnoie des médailles, à peine deconfifcation
des outils 6c mat ères, & de mille livres d’amende
contre les contrevenans.
L’ordonnance fixe le titre des médailles 8c jetons
d’or à vingt-deux karats ; celui des jetons
6c médailles d’argent à onze deniers de grains.
Le titre des médailles de bronze varie félon
leur diamètre.
C ’eft l’efiayeur de la monnoie qui doit vérifier
le titre des médailles d’or 6c d’argent, 6c leur
travail eft jugé par la cour des monnoies, avec
les mêmes formalités que celui de la fabrication
des efpèces.
Tout ce qui fait la différence. entre le mon-
noyage des efpèces 6c celui des médailles 511 balancier
, c’eft; que la monnoie. n’ayant pas un
grand relief fe marque d’un feul coup, 6c que
pour les médailles il faut les rengréner 6c tirer
plufieurs fois la barre avant qu’elles aient pris
toute l’empreinte ; outre que les médailles dont,
le relief eft trop fort fe moulent toujours fans
table, 8c ne font que fe rengréner au balancier,
8c quelquefois fi difficilement qu’il faut jufqu’à
douze on quinze volées de fléau pour les achever.
On coaiioît qu’une médaille eft fuffifamment
marquée, lorfqu’en la touchant avec, la main dans
le carré d’écuffon, elle porte également de tous
côtés 6c ne remue pas. Les médailles d’or fe
payent à la monnoie des médailles 824 liv. le
marc, 8c les jetons d’or ronds 808 liv.
Les médailles 6c jetons d’argent à Paris fe
payent 73 liv. 8c les jetons ronds 57 -liv. 15 fi
le marc. .
Le prix des médailles de bronze n’eft pas fixé.
Il s’eftime fuivant leur diamètre» .
Ceux qui veulent faire "frapper -des jetons ou
médailles , doivent payer les carrés au graveur
fuivant fon travail.
V O C A B U L A I R E
DE L’ART DU MO N N O Y A G E
D E S
MON N O I E S E T D E S MÉ D A I L L E S .
A-FF1HAGE ; c’eft l’art de purifier les métaux,
comme l’or 6c l’argent, par le feu, parle moyen du
plomb dans la coupelle , ou par quelque autre expédient
, en les débarraflant de leur alliage.
Agnel, monnoie d’or fin qui fut fabriquée en
1226 , fous Saint-Louis , Roi de France; elle étoit
encore nommée denier d'or, 6c étoit à la taille de
59 Tau marc, pefant trois den. cinq grains trébu-
chans, valant 12 fols 6 den. tournois ; mais il faut
remarquer que ces fols étoient d’argent fin, 6c qu’ils
pefoient prefque autant que l’agnel ; de forte que
cette monnoie repréfentoit 6 liv. 3 fols 8 den., à
raifon de 27 liv. le marc d’argent : elle prit fon
nom de Ta marque, 6c fut nommée agnel à caufe
de la figure d’un mouton ou agnel, comme on
parloit en ce temps-là, qui étoit repréfentée fur .
l’un de ses côtés : le marc d’argent monnoyé au
titre de 11 den. 12 grains, ne valoït alors que 58
fols, & celui de l’or 316 liv. 19' fols 6 den., ce
qui rendoit la proportion entre ces deux métaux
d’un treizième ou environ.
A gnel ou A gnelet , monnoie d’or. Fn 137.5 ,
fous le règne de Louis Hutin, on fit des agnels
ou agnelets d’or fin à la taille de 59 \ , ce qui faifoit
revenir le marc d’or monnoie, à 50 liv. 3 fols 4
den., l’argent à 11 den. 12 grains , ne valant pendant
l’année que 58 fols, c’eft-à-dire, 58 gros.le
marc , valant 12 den. pièce, le tout d’argent ; ainfi
l’agnelet repréfentoit 8 liv. à 27 liv. le marc, 8c
la proportion environ vingtième.
A gnelet , monnoie d’or fous Charles le Bel.
En 1321 , le même agnel fubfiftoit encore à la taille
de 59 | au marc, valant 59 liv. 3 fols 4 den. ;
mais le marc d’argent augmenta, 6c par rapport à
la taille , & par rapport au prix , car les gros tournois
furent taillés, à 59 || au marc , comme les
agnelets , 6c valurent 15 den. au lieu de 12 , ce
qui fit revenir le marc d’argent à 3 liv. 14 fols ;
en forte que la proportion changea encore , 6c Tut
environ feizième.
Ajustage , action de mettre chaque pièce de
monnoie au poids qu’elle doit avoir.
Ajuster Car reaux ; c’eft ajufter les morceaux
de lames d’or ou d’argent deftinés à faire des efpèces
au poids 3ufte qu’elles doivent avoir.
A justeur ; c’eft dans la fabriquée des monnoies,
celui qui vérifie le poids des pièces de métal, mettant
au rebut celles qui font trop foibles , ou ré-
duifant avec la lime celles qui font trop fortes.
Les officiers ajufteurs ont, fuivant les règlemens,
2 fols par marc d’or , 6c 1 fol par marc d’argent.
A lbert us y monnoie d’or frappée en Flandre
pendant le gouvernement d’Albert, archiduc d’Autriche;
il étoit au titre de 21 karas à la taille
de 48 au marc, pefant 4 den; : il fut évalué en
1641 à 6 liv. 10 fols.
A lliage ( à la monnoie ) eft un mélange de
différens métaux dont on forme un mixte de telle
nature 8c de tel prix que l ’on veut. Dans le monnayage
, l’alüage eft prefcrit par les ordonnances;
mais l’on altère les métaux avec tant de précaution,
que par cej mélange l’or 6c l’argent ne font
que peu éloignés de leur pureté.
L’alliage eft néceflaire pour la confervaâon des
efpèces ; il donne au métal monnoyé affez de dureté;
il empêche que les frais ne diminuent le poids
des efpèces; il augmente le volume 6c remplit les
dépendes de fabrication.
Les ordonnances ayant prefcrit le titre de l’alliage
, on ne peut fe difpenfer , fi le titre général
de la matière fondue eft trop bas, d’y mettre du
fin ; fi au contraire le titre eft trop haut , de le
diminuer par une matière inférieure, telle que le
cuivre. .
Am ATI R } en terme de monnoie, eft l’opération
de blanchir les flans , en forte que le métal en foit
mat 6c non poli. Eh çèt état on marque le flan au
balancier, d’où il fort ayant les fonds polis 8c les
reliefs mats.
La caufe de ces deux effets eft que la gravure
dès,carrés eft feulement adoucie, an lieu que les
faces font parfaitement polies. La grande preffion
que le flan Touffre entre les carrés , fait qu’il en
prend jufqu’aux moindres traits. Les parties polies
des carrés doivent rendre polies celles du flan qui
leur correfpondent ; au lieu que celles qui font
gravées 8c feulement adoucies , par conféquent
encore ^emplies de pores qui font imperceptibles
chacun en particulier, mais dont le grand nombre
fait que ces parties porêufes ne font point lui