
puifque la platine n’eft pas foluble daris 1 acide
feul par ce traitement.
Une plaque d’argent, digérée dans une folution
de platine, en fut fprtement attaquée. Il fe fixa
fur l’argent une chaux blanche qui l’incrufta partout
; & la plaque fut rongée de manière a devenir
friable entre les doigts, quoique la liqueur
continuât toujours à ,être d’une belle couleur
d’or.
Cette expérience eft de M. Marggraf : elle fem-
ble montrer que l’argent abforbe l’acide marin de
la folution de platine, & que la platme demeure
diffoute dans l’acide nitreux ; car fi qüelque portion
de la platine s’étoit précipitée , on peut préfumer
que la chaux n’auroit pas été blanche.
Il trouva cependant que quand l’argent fut dif-
fous par avance, dans des acides , foit nitreux ,
foit vitrioliques, il occafionna pour lors une précipitation
de la platine ; car en mêlant ces ïo-
lutions avec une Iolution- de platine , il tomba
un précipité rouge.
XIII. P latins , Plomb , 6» les acides.
Des plaques minces de plomb, mifes dans une
folution de platine , font bientôt rongés , & il fe
forme au fond des cryftaux blancs entremêlés
d’une matière noirâtre , la liqueur demeurant
jaune.
Les cryftaux fe diffolvent dans l’eau , laiffant
la poudre noirâtre qui paroit être de la platine.
Marggraf, de qui cette expérience eft tirée , a
effayé suffi des folutions de plomb, faites dans
l’eau-forte & dans du vinaigre de vin diftillé ;
& il rapporte qu’en mêlant ces folutions avec
de la iolution de platine, il n’en' eft point re-
fulté de précipitation ; phénomène qui n eft pas
peu remarquable, parce que les folutions du plomb,
faites dans l’une ou l’autre des menftrues ci-
deflus, font en général précipitées par l’eau régale,
ou par les liqueurs qui contiennent de l’acide
marin.
S’il n’y a point eu d'erreur ni de tromperie
dans ces expériences, on en doit conclure que
l’acide marin a plus d’affinité avec la platine ,
qu’il n’en a avec le plomb ; mais chez moi le
fuccès a été différent.
Une folution de plomb dans l’eau-forte, &
une folution dans l’eau diftilée de fucre de fa - ,
turne cryftallifé, que j’avois préparé moi-même ,
ayant été verfées fur des portions féparées de''
folution de platine , les premières gouttes ne pro-
duifirent point de changement apparent ; mais en
continuant d’ajouter davantage.des folutions de
p lom b le s deux mélanges devinrent troubles &
lai eux, & expofèrent promptement des précipités
blancs fort abondans, les liqueurs reftant tou-
P L A
jours jaunes , comme des folutions délayées de
platine. Je répétai trois ou quatre fois léx-
périence avec différentes folutions de platine , &
les apperences furent toujours les mêmes.
XIV. La Platine, le régule d* Antimoine 6* l'Eau
régale.
M. Marggraf a trouvé qu’un morceau de régule
pur d’antimoine, digéré dans une folution
de platine, fut attaqué par l’acide. M fe précipita
au fond beaucoup de poudre blanche, qui fans
doute étoit-, pour la plus grande partie, un peu
de régule rongé.
Le relie du régule fut réduit en petites parties
brillantes , & parut être mêlé de platine preci-,
pitée. La liqueur continua à être jaune.
XV. La Platine t le Bfnuthy & les acides.
L’Auteur qu’on vient de citer rapporte, qu en
digérant du bifmuth dans une folution de platine
, l'effet fut à-peu-près le même qu’avec le
régule d’antimoine ; que le bifm. ht parut ronge,
qu’il tomba aü fond une poudre blanche ; &^qüe
la liqueur continua à être jaune: il dit aufli qu u*e
folution de bifmuth dans l’eau-forte, étant mêlee
avec une folution de platine, il ne fe fit point
de précipitation.
De la manière de difiinguer & de purifier V Or, quand
il fe trouve mêlé de Platine.
Nous avons enfin terminé l’examen des propriétés
de ce nouveau métal, & de fes rapports
avec les autres corps.
Un des avantages les pfes importans qu’on
s’attendoit voir réfulter de ces recherches, con-
fidéré du côté du commerce , étoit de confer-
ver la fineffe & la valeur de l o r , ou d empêcher
qu’on ne l’altérât frauduleufement, en y
mêlant un corps qui poffède tant des caraélères
qui ont été regardés univerfellement comme des
caractères particuliers & Inimitables de ce métal
précieux.
On a obtenu cet avantage de la maniéré la
plus complette qu’ori pouvoit le fouhaiter ; puifque
les expériences ont indiqué différens moyens
par'^qfquels on peut aifément diftinguer de petites
proportions de platine mêlées avec l’or , ou
de petitesproportions d’or mêlées avec la platine ;
& par lefqùels on peut facilement féparer les
deux métaux l’un de l'autre, quelque bien mêlés
qu’ils foient, foit pour l’eifai, feulement ,
: ou même en grand au befoin.
P L A
Il fera utile de raffembler ici les principaux de
ces moyens, & de les confidérer plus particulièrement
, par rapport à leur ufage & à leur application
daus la pratique.
.Amalgamation avec le mercure.
Dans une expérience qui a été rapportée dans
la dernière Seétion, ci-devant, un mélange de
platine & d’or étant uni avec du mercure , &
l’amalgamé étant broyé avec de l’eau pendant, un
temps confidérable, la platine fut rejetée par le
vif-argent, mais il retint l’or.
Ce procédé fimple & convenable dans l’exécution
, eft accompagné de quelques incertitudes par
rapport à fon effet, qui le rend d’un ufage moins
général, qu’il ne gpuvoit d’abord promettre d’être.
Des répétitions de cette expérience , ont fait
voir que , quoique la féparation fe faffe dans certain
cas , elle ne fe fait pas parfaitement dans
tous ; que s’il y a quelque particule de platine
qui ne foit pas pleinement diffoute par l’or , ce
qui arrivera communément, à moins que la quantité
d’or ne foit frois ou quatre fois plus grande
que celle de la platine, & que le mélange ne
foit fondu avec un feu violent, cette partie demeurera
dans l’amalgame, non diffoute par le
mercure, ni broyée par le pilon ', & trop pefante
pour être entraînée fous fa forme grqffière.
Divers mélanges de platine & d’or ont été traités
de la manière ci-deffus décrite, & l’or recouvré
de l’amalgame, fut fournis à d’autres examens
ultérieurs.
Quand la proportion de platine étoit grande
d’abord, le microfcope découvroit prefque toujours
qu’après l’évaporation du mercure , il en
reftoit quelques grains avec la malle fpongieufe
d’or ; & même , quand l’or avoit été fondu &
rendu affez fluide pour être verfé dans un moule,
j’ai quelquefois vu des grains dillinâs de platine
à la fraéïure du lingot : quand la proportion de
platine avoit été petite, l’or recouvré fe trou voit
fréqutmmênt pur, mais pas toujours.
Il paroît donc que , quoique le mercure ait une
plus grande affinité avec l’or qu’avec la platine ,
& que la platine , d’après ce principe, foit capable
d’être féparée d’avec l’or , le procédé eft
cependant trop vague &. trop incertain pour être
applicable par manière .d’effai ; d’autant que nous
ne pouvons pas avoir , de point fixe pour le dif- :
continuer, & que nous ne pouvons jamais être
fûrs, fans faire un autre effai, fi toute la platine
a été féparée ou non.
Cependant', lorfque les quantités de platine &
d’or à féparer font grandes, ce moyen peut être
utile , comme opération préparatoire ; puifque
l’on peut par-là détacher, fans beaucoup d’embai-
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ras, la plus forte partie de la platine , & réduire
l’or dans un plus petit efpace, de façon.qu’il puiffe
commodément être fournis à une purification ultérieure
, par la méthode que nous indiquerons ci-
après.
On peut confidérer ce procédé , comme répondant
au même but, par rapport aux mélanges d’or
& de platinç-, que le broiement & le lavage de
la mine métallique, qui ne peut pas être réduite
en métal pur avantageu Cernent dans le fourneau ,
que l’on h’en ait préablemenr féparé une grande
partie de la matière terreftre ou pierreufe , au
moyen de l’eau.
Pour affurer le fuccès , on doit réduire le
mixte , s’il eft affez friable pour être pulvérifé ,
en une poudre très-fine , dans des moulins à
broyer , ou dans un mortier de fer : on peut encore
faciliter la pulvérifation, par le moyen de la
chaleur , parce que les grains de platine feuls, &
leur mélange avec d’autres métaux , font infiniment
plus fragiles, quand ils font chauds , que
quand ils font froids ; ou bien, ce qui eft encore
mieux & plus facile , on peut fondre le
mixte avec une quantité convenable de plomb
& fou mettre ce compofé à la trituration avec le
mercure. Si ce qu’on dit eft vrai, qu’on a négligé
certaines mines d’or comme intraitables, à caufe
de la platine qu’elles contenoient, ce dernier procédé
pourroit devenir d’une pratique très-importante
& rrès-avantageufe.
Précipitation par les alkalis fixés végétaux.
Comme les fels alkalis fixes font précipiter l’or
en totalité, & la platine feulement en partie, &
qu’une petite portion de platine reliante en dif—
folution , fuffit pour donner une couleur jaune à
une quantité trés-confid érable du fluide, on pré-
fumoit qu’une petite dofe de platine , mêlée avec
l’or , pouvoit aifément fe découvrir par ce
moyen.
On a donc mêlé quelques gouttes d’une diffo-
lution de p'atine , avec plus de cent fois autant
d’une folution d’or f & on y a a jouté par degrés un
fel alkali pur, auffi long-temps qu’il y a caufé
quelque tfférvefcence ou précipitation. La liqueur
' reliante étoit encore fi jaune”, que l’on jugea
que la platine fe feroit décelée elle-même, quand
même fa proportion auroit été moindre qu’une
mil.ième partie de celle de l’or.
On peut obferver que , quoiqu’il foit ordinaire
de délayer les folutions métalliques affez abondamment
avec de l’eau , pour les précipiter ; ce-
pèndant, comme nous n’avons ici befoin que de
voir fi la liqueur conferve encore de. la couleur
après que le précipité eft entièrement dépofé ,
moins la liqueur" eft délayée, plus on fera en