
fin fera d’une longueur indéfinie, & large dercinq
ou fix pouces ; les cordons feront dans l’ordre fui*-
yant. èn commençant par le bas.
1®. Quatre petits fils qui correfpondent à la bafe
de l’inftrument.
1*. Cinq plus gros fils pour répondre aux notes
de l’infirument.
3°. Un cordon mince, pour repréfenter la ligne
dont on peut avoir befoin entre la baffe & ledef-
fus.
4°. Cinq gros cordons pour le deffus.
5°. Trois petites ficelles , qui repréfèntent les
Agnes quand la mufique eft dans le haut.
M. Cheefe décrit de même toutes les manières
de défigner la mufique propre à chaque inf-
trument..
On pourroit appliquer cette méthode à l’arith-'
me tique , l’algèbre , 61 même , avec quelques
change mens , à la géométrie'.
Des occupations relatives aux métiers. ■
Avant la naiffance de notre inftitmiôn , quelques
aveugles, fatigués fans doute de" cette inertie
à laquelle leur trifte fituation fembloit les condamner,
firent des efforts pour en fortir.
Convaincus de leur aptitude à diverfes occupations
manuelles, nous n’eûmes d’autre foin à
prendre que celui de choifir les travaux qui leur
étoient propres.
On les appliqua avec fuccès à la filature. Les
enfans aveugles qui font à l’inftrudion dans notre
maifon d’inftitution, filent à l’aide d’une machine
fort ingénieufe de l’invention du Sr. Hildebranç ,
mécanicien. Un d’entre eux tourne une roue pria-'
ci pale, qui donne à plusieurs rouets un mouve- i
ment que chaque fileur peut arrêter, accélérer ,
ou ralentir, à fon gré, fans troubler l’ordre général.
Du fil de leur fabrique nous réuflîmes à leur
faire retordre de la ficelle ; & de cette ficelle nous
leur fîmes tramer de la fangle.
Les ouvrages au boiffeau , le filet , Je tricot ,
la couturé, la reliure des livres , tout fut tenté
à notre fatisfaéfion ; & nous manquâmes plutôt
d’artifans que de travaux : tant il eft d’efpèces
d’oççupations manuelles que l’on peut confier aux
infortunés qui font privés des douceurs de la
lumière.
D ’après ces premiers effais, nous V e négligerons
rien pour mettre de bonne heure entre les
mains de chaque enfant 'aveugle, né de parens
indigens , une occupation dont il puiffe un jour
tirer fa fubfiftance. Nous extirperons ainfi le penchant
a la mendicité, & nous achèverons de
mettre Penïèmble da^s noue tableau, & d’en
ânimersles parties.
De la manière (Tinftruire tes aveugles, & parallèle
de leur éducation avec celle desJburds & muets,.
Comme nous nous fommes principalement attachés
à finiplifier les moyens & les uftenfiles pro-
à inftruire les aveugles , nous nous flattons
d’avoir mis leur éducation à la portée de tout le
monde. Cette opération eft d’ailleurs affez facile
par elle-même, & exige de la part du maître pius
! de, courage que de lumières. Nous croyons donc
n’àvoir à ce- fujet aucun avis particulier à donner.
A l’aide de nos livres èn relief, toute perfonne
pourra leur enfeigner la leéhire.
x Sur les oeuvres de mufique imprimVîr à notre
preffe , tout profeffeur de cet art leur en donnera
des leçons.
Avec une plume de fer, avec des planches &
des caradères mobiles exécutés fur nos modèles,
le premier maître écrivain leur enfeignera l’écriture
& l’arithmétique.
Enfin , il ne faudra que des cartes en relief pour
diriger leur étude en géographie , & ainfi du refie.
Nous ae finirons point cette réflexion fur le degré
de facilité de l’éducation des aveugles, fans en
faire le parallèle avec celui de -l’inftitution ■ des
fourds & muets.
Quelqu’étonnant que puiffe paroître aux yeux
du public le réfultat de nos procédés, nous femmes
biéméioignés de fouferire à l’admiration précipitée
de quelques perfennes, qui veulent bien
donner à ce réfultat la préférence fur l’art d’inf-
truire les'fourds & muets : art, nous ofons le dire ,
incroyable ,pour ceux qui n’auroient point été témoins
ces fuccès auxquels il a conduit le vertueux
èccléfiaftique qui en eft le créateur, & dont plu-
fiaurs, même de ceux qui lès ont vus, n’ont fu
ni en apprécier le mérite, ni en fentir toute la
difficulté.
Qu’on le fuive en effet pas à pas ; qu’on le prenne
à Pinftant où il commencé à’vouloir faire entendre
fes premiers fignes à fon élève. Qu’on nous
explique par quel talent enchanteur il apprend à
des fourds à diftinguer les modes d’un verbe ,
fes temps , les inflexions de fes perfonnes. Que
l’on nous dife comment il infinue dans leur efprit
des idées métaphyfiques ? Par quel fecret merveilleux
il s’en fait entendre au feul mouvement des
lèvres, & entretient avec eux une efpè'ce de conven
tion très-expreftivetoute muette qu’elle
eft ? Et l’on conviendra que le talent d’imprimer
dans l’âme dés idées nouvelles, en parlant aux
yeux feuls par des geftes infiniment plus éjo*
quens que tous ceux de nos orateurs, eft bien
ftipérieur au talent de réveiller dans l’âme des
idées qui y font déjà gravées, en faifant concourir
l’impreffion de la voix fur l’organe de l’ouïe,
avec la fineffe d’un tad exercé à faifir les'i^liri*
les plus délicats.
Il y avoit lorig-tems que nous étions follicités,
Dar un dèfir impatient, de payer ce tribut à M .
l’Abbé de l’Épée ; nous nous applaudiffons d’avoir
àle faire dans une circonftance aufli favorable, &
nous nous flattons que nos ledeurs fentiront toute
la juftiee de notre hommage.
Des langues , des mathématiques, de thifloire, '&ç. ;
Ç’eft pour l’étude de tous ces objets . fur:tout, '
qvié les livres que nous avons imaginés’ â l’ufage
des aveugles', leur feront d’un grand fecours.
Les ouvrages élémentaires des langues , dès
mathématiques, de l’hiftoire, &c. féront en effet les
premiers fondemens de ‘leur bibliothèque. Ceux
qu’ils pourroient produire eux-mêmes, & qui
auroiént mérité les fuffrages du public , y trouveront
leur place' à jufte titre.
Nous aurons foin fur-tout d’y joindre les oeuvres
auffi capables de former le coeur de notre élève
aveugle, que d’orner fon efprit, . en pofant pour
bafe de fes études celle de la religion.
A l’aide de pareils principes, nous lui inculquerons
l’amour de fes devoirs, & en particulier -la
reconnoiffance pour fes bienfaiteurs.
En égalant fes jours par les détails intéreffans,
de l’hiftoire, nous lui ferons eonnoître les François,
parmi lefqiiels: : il fe félicite d’avoir reçu la
vie. Nous graverons dans fa mémoire les principaux
faits de leur hiftoire, & les traits de bien-
fàifance & d’humanité qui fe trouvent mêlés au
récit de leurs exploits. •„ ,
Nous lui ferons remarquer fur-tout, qu’ils fe
font diftingués de tout teins par un attachement,
inviolable pour leur Roi ; & à la peinture fidelle que
nous Ipi trace rons d’un Monarque , qui , fait
pîpur infpirer par lui-même cet attachement, renferme
dans -fon équité & fa bienfaifance tous les
motifs particuliers qui peuvent ajouter à l’énergie
de ce fentiment héréditaire ; il fentira comme
nous, que l’état le plus défirable auquel une nation
puiffe parvenir, eft celui où la’foumiffion de plu-
lieurs millions de fujets envers, un maître commun
, fe préfente fous l’image dè la tendréffe ref-
.pedueufe d’une grande famille , pour un Père qui
èn fait lé bonheur.
Tels, font les arts nouveaux par lefquels M.
l’abbé d e . l’Epée & M. Haüy, infpirés par la
religion, & ,par l’humanité , ont fu trouver les
moyens les plus Amples les plusi prompts
de fecourir les fourds & muets _ &. lès aveugles,
en perfectionnant en eux lès fens dont ils jouif-
feiit', & remplaçant en quelque forte ceux qui
leur manquent.
Nous ofons croire que ces arts ne paroîtront
point étrangers dans ce ’ didionnaire, à côté de
ceux que nous avons . .traités, fi l’ofl côrmdère
que lès procédés des deux habiles inftitùteurs,
pour fe faire entendre à leur élèves, font d’autant,
plus merveilleux qu’ils fpnt eh quelque
forte mécaniques , & -que ces arts ont aufli
leurs inftrumens, & , ppur ainfi dire , leur uftén-
files pour fuppléer aux fondions des organes
dont les fourds .& muets & les aveugles font
malheureufement privés.