
8c foumife aux apprêts de l’échange. On voit;
par cette définition , qui ne peut être bien
entendue que des fabricans inftruits, combien
font fauffes les idées qu’on a voulu donner de la
fabrication & des apprêts du papier de Hollande,
dans des écrits qui dévoient cependant être rédigés
avec plus de foin Si d’exactitude. On a dit, i°. que
le papier de Hollande étoit fabriqué avec des pâtes
excefiivement broyées , qui n’avoient point de
ténacité, 8c qu’on n’avoit pas fuffifamment lavées,
parce que les Hollandois ne s’attachoient pas à
donner un beau blanc à leurs papiers.
Je réponds qu’un grand nombre de papiers de
Hollande font de pâtes longues, fibreufes 8c d’un
beau blanc; car les fabricans Hollandois peuvent,
avec leurs cylindres , donner aux pâtes toutes les
qualités qu’exigent les différentes fortes de papiers
qu’ils nous envoient. Le jugement défavantageux
que je viens de citer, eft fondé fur l’examen de
quelques fortes que nous vendent les Hollandois,
telles que le pro patria , le petit-cornet, certaines
tcllieres , qui font faites de matières inférieures,
mais qui ont reçu les apprêts les plus foignés. Bien
loin donc d’inculper ainfi ces habiles fabricans ,
on auroit dû s’attacher à les imiter. Je fais que ,
dans la fabrication de ces papiers, les Hollandois
emploient des chiffons moyens & bulles blancs ,
qu'ils les lavent le plus qu’il eft poffiblé, & qu’ils
les raffinent auffi pour obtenir, par le double
travail des cylindres, des étoffes d’une belle apparence,
& d’un ufage commode & agréable , par
les apprêts qu’ils leur donnent. Ils triturent d’abord
du chiffon moyen, qu’ils tâchent de pouffer à un
degré de ténuité confidérable , pour le blanchir
autant qu’il eft poflible. Ils triturent auffi fortement
du chiffon bulle , & c’eft en mêlant ces deux
qualités de pâtes , qu’ils font parvenus à fabriquer
les petites fortes dont j’ai parlé, d’un apprêt
feduifant & d’un ufage commode. Doit-on
être étonné, après cela, que ces papiersfoient d’une
médiocre^ blancheur, 8c qu’ils le coupent auffi ai-
fémenr.
La cherté des chiffons en Hollande , a forcé les
fabricans à ces fortes de mélanges de pâtes, que
je confidère comme une perfeâion de l’art , en
même-temps qu’un moyen d’économifer les matières.
Je propofe le même travail à ceux qui ont
inculpé les Hollandois ; & je les attends aux ré-
fultats.
2 On prétend que les papiers de Hollande
font plus épais 8c plus étoffés que les nôtres, parce
que leurs cadres font plus élevés ; on ajoute même
que cette épaiffeur ère néceffaire, à caufe du peu
de ténacité qu’ont les molécules de leurs pâtes.
Je réponds que les pâtes non-pourries des Hollandois
, contribuent à l’épaiffeur de leurs papiers
qui , avec moins de matière que les fortes cor-
refpondantes fabriquées en France, font plus étoffés.
Si les cadres font plus élevés en Hollande ,
c’eft parce qu’on travaille à grande eau.
3®.'On prétend que l’on ne fabrique dans
les cuves Hollandoifes que trois ou quatre rames par
jour., . *
r avoue que ■ le travail de la cuve en Hollande
eft fort lent, mais par d’autres raifons que celles
qu’on allègue'; il ne s’enfuit pas delà qu’on n’y
fabrique par jour qu’une très petite quantité de
papier. Je fais même très-certainement que la
journée moyenne d’un ouvreur Hollandois eft beau-
coup plus confidérable que-la journée moyenne
de nos ouvriers: voyez pag. çia.
4 . O a attribue le velouté des papiers de Hol
lande aux matières moins lavées, quoique broyées
plus long-temps.
'Je réponds que les Hollandais ont le plus grand
! foin d’éviter la graifte, 8t de laver en conféquence
leurs pâtes à me tu re qu’ils leur donnent un plus
j grand degré de ténuité. Il eft vrai que, fur la fin
du raffinage , ils ferment l’ifTue des châifis du chapiteau
; mais alors la matière a pu acquérir, par
le lavage qui a précédé, toute la blancheur dont
elle eft fufceptible. Le velouté de leurs papiers
eft dû principalement à la qualité des pâtes non
pourries , à l’égalité parfaite qu’elles acquièrent
affez promptement au moyen de leurs cylindres
raffineurs , 8c enfin aux apprêts de l’échange.
5°. On dit que le papier de Hollande fe coupe,
parce quil eft fabriqué avec les eaux faumâtres
de Saardam, & que c ’eft le mélange du fel qui
produit la facilité qu’il a de fe déchirer.
Il eft facile de voir que tous ces raifonnemens
ne font fondés ni fur les principes d’une bonne
phyfique , ni fur l’expérience. Les eaux de Saardam
reçoivent toutes les purifications pôffibles
avant que d’être employées à la fabrication du
papier. On les tire d’une grande profondeur, on
les fait paffer à travers de grandes caiffes remplies
de fable ; enfin 3 elles n’ont ni falure ni amertume.
D’ailleurs , quand même ces eaux feroien«
encore un peu faumâtres , la petite quantité de
fel qui s’y trouveroit diffoute , ne pourroit pas
produire l’effet qu’on lui attribue.
J’ajoute ici que les papiers fabriqués dans les
moulins de Gueldres, dont on ne peut pas foup-
çonner les eaux d’être faumâtres , fe coupent auffi
aifément. Difons donc que les caufes qui rendent
le papier de Hollande caftant, fent l’état des molécules
de la pâte naturelle, qui ne cèdent pas
aux plis, leur feutrage & leur rapprochement par
les apprêts de l’échange.
6°r On ajoute que le papier de Hollande fe déchire
aifément.
Je réponds que c’eft à tort qu’on confond ici
deux chofes , & qu’on conclut que le papier de
Hollande doit fe déchirer aifément, de ce que
quelques-unes des petites & grandes fortes fe coupent.
Nous favons d’abord que les papiers de pâtes
naturelles, comme font ceux des Hollandois,
réfiftent beaucoup mieux aux différens apprêts de
la papeterie que les nôtres. Ces papiers ne fe de*
chireflt donc pas auffi aifément. D’ailleurs, qu’on i.
compare les papiers à fucre des Hollandois, leurs
maculatures 8c les autres papiers d’enveloppe ,
avec les fortes correfpondantes de France, 8c l’on
verra d’un côté des étoffes folides 8c cartonneu-
fes, 8c de l’autre des amas de pâtes mollafles
qui s’entrouvrent de tous côtés. J’ai vu un grand-
cornet très-mince, fabriqué en Hollande, qui fer-
voit à copier des deffins 8c même au lavis , 8c
qui né fe coupoit pas dans les plis, quoique peu
étoffé, parce qu’il étoit d’une pâte fort longue.
7°. On dit que c’eft avec une teinture clarifiée
, filtrée , repofée, qu’on donne en Hollande
un oeil bleuâtre au papier. On ignoroitlans doute
que c’eft avec le bleu d’émail que l’on azuré en
Hollande les pâtes des papiers. J'ajoute que la
dofe modérée de cette matière colorante , produit
même un bon effet fur des pâtes fort blanches
bailleurs.: Voyez\a^ur. f
8°. Ôn a voulu nous perfuader qu’en Hol1
lande on liffoit le papier, en le faifant paffer en-r
tre deux cylindres , 8c que c’étoit par cette efpèce
de laminage qu’il acquéroit de la force, du luf-
tre 8c une égale épaiffeiuv
Je réponds que le laminoir ne peut pas produire
ces effets fur Ain papier fabriqué à l’ordinaire,
8c qui n’acquiert toutes ces bëlles qualités,
que pendant qu’il eft en état de fe prêter aux relevages
8c aux preffages de l’échange , par un
refte d’humidité 8c de molleffe.
9°. Enfin, lorfqu’on avoue que le papier de
Hollande eft plus doux , plus fin , plus uni, plus
tranfparent que les nôtres, on attribue ceS qualités
aux chiffons des toiles fines de lin. (
Cependant-nous avons remarqué çi-: devant, que
le pro patria Vêtait pas fabriqué avec des matières
bien fines, 8c qùë malgré cela les apprêts que
lui donnoient les Hollandois , le rendoient: fort
doux, fort uni, 8c d’un ufage très-agréable, parce
qu’il étoit formé dé pâtes raffinées avec intelligence
, 8c que fon grain avoit été adouci convenablement
par les manipulations de l’échange.-£
j ’âi cru devoir détruire, dans cet article toutes
ées alertions erronée^ fifr le papier rie Hollande ,'
vu qu’on nous les avoit données comme dés principes
kimtnéux 8c-inftruôifs propres à guider les
fabricans François dans tes efforts qu’ils font pour
imiter les papiers de Hollande. Comment a-<-on
cru qûé dfesr àffertiôrts aùfli vagues , qui ne font
foridéés} lii fur J’bbfefvallon -préctfe , ni fur l’é-x-
périericé1; jfeüVôiéflt êtée d é quelcfüé utilité pouf
accélérer l’introdu&ion enJVanceVtiné noiivelle
wiühftrïé- bqui, pour êVre-fcdnnue èxigeoit bien
d’autres moyens ? Heurëufement-que des circonf-
tihbeV Favorables'fënt Vènûés au feeburs de nos
hàMes fabriè^hs. Jè :imë propofe d e 1 les- expofer
da^'s ûft^u^fa^ë ;q ü id fe '^ ^ fa‘^S'à parbître;
HoLCÂN^é'Ç^àpié^ )f; d^ft^cblUvdbût le 'grain
à18|é- 1 lié mbyeri 'dé ^Vechdkgç : voyez
r-i/ML, s i . 1 \ '■
JAPON ; ( papier dû ) ce papier eft fait avec
l’écorce intérieure d’un mûrier. L’analyfe fine 8ç
adroite que les Jàponnois ont mife en ufage dans
la préparation de cette matière, auroit dû fervir
de modèle à-ceux qui ont prétendu fubftituerau
chiffon le liber ou l’écorce intérieure de certains
arbres , 8c qui l?ont entrepris fans vues, fans intel*
ligence, comme fans fuccès, pag.. 475 Sx. 479 »
les procédés de fa fabrication décrits par Kempfer ,
pag. 475 ; arbrès qui fourçiffènt des matériaux pour
ce papier , pag. 477 -Sl fuivantes ;; préparation dé
fa matière, pag. 475 8c 476 ; fa fabrication aii
travail de la cuve , i b i d , fes apprêts ; 476 8c 577^
eft une étoffe d’une grande- force ; ibid, fes différens
ufages ; ibid. . J é s u s , ( p e tit nom de ) papier d ’é criture dané
le s pe tite s to ries . V o y ie z lé t a r i f , pa g. 538.
J é s u s , (grand) grande forte; il a aufii la déno-
mination dej fupcr-’royal ; on en fait un affez grand
ufage. Voyez le tarit, pag. 536.
J é s u s ; ( petit-Jéfus ) c’eft une très-petite forte ,
qui fert à l’écriture. Voyez le tarif, pag. 538.
Jeteuse; c’eft celle des deux étendeufes dont
une felle eft compofée, qui détache 8c fêpare les
feuilles des rames; de colle-, 8c qui les lance fur
le ferlèt que lui préfente l’autre étendeüfe. Il faut
beaucoup d’adreffe pour fepârer chaque fëüille
en la .pinçant par le bon coin, 8c: pour déthiirè
fon adhérence fans la cafter. La jeteufe commence
par placer lés porfes fur la felle , 8c à les tourner
de manière qu’elles préfentent le bon coin à
droite ; elle ■ pince -de la gauche le bón coin , fou-
lève une petite portion de la, fe u il lé 8 c après
1 avoir détaché environ la moitié de la feuillè,
elle la jette fur le ferlet ; l’autre étendeüfe fait, le
refte. -
I m p r e s s i o n , (papier d’ ) On indique ordinairement
fous cette dénomination le carré au raijîn,
dont on fait le plus grand ufage pour J’impreifioit
des livres les plus Communs : c’eft fous cette acception
que des propriétaires des moulins difent
fouventAji/ils'fâbriquent de Vimpreffion. H-y$a plu-
1 fiéurs imo’ulins en Angoumois , en Auvergne &
en Limoufin, dont le travail eft borné aii papier
cf ïmpfèjfion, & q u i ë n conféquence , le font d’un
poids-affez égal 8c de bonne qualité, t
; J o s e p h - m u s c ; forte de papier faite avec le fe-
! cônd lot des f débris de file ts 8c de eordages ufés
dés inavines. La pâte eü ëft peu f affinée. 11 a quatorze
pouceè 8c dèmî fiar dix-huit & demi, 8c
p^fe de 20 -à^za livres là rame. Il fert â faire les
enveloppes des toiles de Saint-Quentin 8c de Beauvais
, parce qué fâ couleur rembrunie faitreffortir
davantage la-blaneheur de ces toiles.
On le fabrique avec une pâte teinte en bleue ,
& il fért auffi p<Jur en veloppes.
'• Jo:s^H JFï.UlA#r , fe fabrique fur les mêmes di-
menfibns âc du poids de 14 à 15 livres, avec une
pâté'blanche8c fans colle : on l’emploie , comme
Qn' fâit-, jpOur filtrer les1 liqueurs, ainfi. que pour