
plus court & plus avantageux pour parvenir au
même but.
Ce moyen connue à ajouter à l’or & à. l’argent
allié une certaine quantité de plomb , &
d’expofer enfuite ce mélange à l’aâion du feu.
Le plomb eft un des métaux qui perd le plus
promptement & le plus facilement allez de fon
principe inflammable pour ceffer d’être dans-Pé-rat
métallique ; mais en même-temps ce métal a la
propriété remarquable de retenir, malgré l’a&ion
du feu, affez de ce même principe inflammable
pour fe fondre aifèment en une matière vitrifiée
& très-vitrifiante qu’on nomme litharge.
Cela pofé, le plomb qu’on ajoute à l’or & à
l’argent qu’on veut affiner, ou qui fe trouve naturellement
mêlé avec ces métaux, produit pour
leur affinage les avantages fuivans :
i°. En augmentant la proportion des métaux
imparfaits, il empêche que leurs parties ne foient
auffi bien recouvertes & défendues par celle des
métaux parfaits.
2°. En s’unifiant à ces métaux imparfaits, il les
fait participer à la propriété qu’il a lui-même de
perdre la plus grande partie de fon principe inflammable
avec une très-grande facilité. "
30.’ Enfin, en vertu de fa propriété vitrefcente
& fondante, qui s’exerce avéc toute fa force fur les
parties calcinées & naturellement réfraélaires des
autres métaux , il facilite, & accélère infiniment
la fonte, la fcorification & la féparation de ces
mêmes métaux : tels font en général les avantages
que procure le plomb dans l’affinage de
l’or & de l’argent.
A mefure que le plomb dans cette opération
fe fcorifie, & fcorifie avec lui les métaux imparfaits,
il fe fépare de la maffe métallique avec laquelle
il ne peut plus .relier uni. Il vient nager à la
furfacè, parce qu’ayant perdu une partie de fôn
phiogiltique, il a perdu auffi une partie de fa
pefanteur métallique; enfin il s’y vitrifie.
Ces matières vitrifiées & fondues s’accumule-
soient de plus en plus à la furface du métal à
mefure que l’opération avanceroit; elles garantir
oient par conféquent cette furface du contàél
de l’air, abfolument nèceflaire pour la fcorification
du refie, & arrêteroient ainfi l’opération , qui
ne finiroit jamais , fi l’on n’avoit trouvé moyen
de lui donner un écoulement.
On lui procure cet écoulement ou par la nature
même du vaifieau dans lequel la ma fie métallique
eft contenue, & qui étant poreux, abforbe
& imbibe la matière fcorifiée à mefure qu’elle fe
forme, ou par une échancrure pratiquée à fon
bord, & qui laifie couler cette même matière.
Le vaifieau dans lequel on fait l’affinage efl
plat & évafé, afin que la matière qu’il contient préfente
à l’air la plus grande furface pofiible. Cette
forme le fait reffembler à une coupe , & lui a fait
donner le nom de coupelle
A l’égard du four ou fourneau, il doit être en
foi1 me de voûte, afin que la chaleur fe porte fur la
furface du métal pendant tout le temps de l’affinage.
Il fe forme perpétuellement à, la furface du
métal, une- efpèce de croûte ou peau obfeure ;
mais dans le moment où tout ce qu’il y a de
métaux imparfaits efl détruit, & ou par conféquent
la fcorification ceffe, la furface des métaux
parfaits fe découvre, fe nétoie, & paroît beaucoup
plus brillante ; cela forme une efpèce d’éclair,
qu’on nomme effe&ivement éclair , fulguration,
corrufcation ; c’eft à cette marque qu’on
reconnoît que le métal efl affiné.
Si l’opération eft conduite de manière que le
métal n’éprouve que le jufte degré de chaleur
nèceflaire pour le tenir fondu avant qu’il foit
fin , on obferve qu’il fe fige fubitement dans le
moment de l’éclair,. parce qu’il faut moins de
' chaleur pour tenir en fufion l’or ou l’argent alliés
de plomb, que lorfqu’ils font purs.
M.Færfler, chimifte allemand, prétend que lorf-
que l’or & l’argent font alliés de fe r , l’affinage
par le plomb feul ne peut les en débarraffer com-
plettement, mais qu’on réuflit en ajoutant du
bifmùth. ’ . " •
L’affinage fe fait en petit ou en grand : ces deux
opérations font fondées fur les memes principes
généraux dont ont vient de parler ; & fe font
à-peu-près de même, quoiqu’il y ait quelques différences
dans les manipulations.
Mais l’affinage en grand fe faifant à la fuite
des opérations par lefquelîes on a tiré l’argent
de fa mine, nous ne devons pas nous y arrêter;
& pour lie pas nous écarter de notre objet, nous
allons expôfer , toujours d’après M. Macquèr,
la manière dej faire Yejfai de l’or & de l’argent ;
cet ejfai n’étant lui-même qu’un affinage très-
exaft , & fait avec toute l’attention pofiible,
comme il le faut dans les monnoies.
Ejfai du titre de l'argent,
La méthode ufitée pour déterminer le degré
de pureté de l’argent, qu’on appelle fon titre,
confifte à mêler cet4argent avec une quantité de
plomb proportionnée à la quantité de métaux imparfaits
avec lefquels ou foupçonne qu’il eft allié ;
à palier enfuite ce mélange à la coupelle, & à
pefer après cela le bouton d’argent fin qui refte.
La perte que cet argent fait par la coupellation,
fait connoître la quantité de métaux imparfaits
dont il étoit allié , & par conféquent à quel titre
il étoit.
On voit par-là que l’effai de l’argent n’eft autre
chofe que l’affinage de ce métal par la coupellation.
La feule différence qu’il y ait entre ces deux
opérations, c’eft que, quand on coupelle de l’argent
uniquement pour l’affiner, ordinairement on
connoît fon titre ; l’on y mêle la quantité de
plomb convenable, & on le paffe à la coupelle,
fans être affujetti à avoir les attentions convenables
pour s’affurer de fon déchet pendant o-
pération ; au-lieu que dans leflat il eft abfolu-
înent nèceflaire d’employer tous les moyens pof-
Cbles pour s’affûter, avec la dernière exactitude,
de la perte que fait l ’argent par la coupellation.
La première de ces opérations, ou le fimple
affinage de l’argent , fe fait en grand dans l’exploitation
des mines d’argent, ou dans les monnoies
, où l’on a fouvent une grande quantité d argent
à affiner.
La fécondé neffie fait jamais qu en petit, parce
que les frais font moindres , & qu’il eft d’ailleurs
plus facile d’opérer avec toutes les attentions
& toute l’exa&itude requifes. C ’eft de cette
opération qu’il s’agit a prefent : voici comment
elle fe fait. . '
On fuppofé d’abord que la maffe ou le lingot
d’argent dont on veut faire l’effai, eft compofé
de douze parties parfaitement égales , quel que
foit d’ailleurs le poids abfolu de ce lingot ; & ces
douze, parties s’appellent les deniers.
Si le.lingot d’argent eft d’une once; chacun de
ces deniers fera un douzième d’once ; s’il eft
d’un marc, chacun de ces deniers fera un douzième
de marc ; s’il eft de 20 marcs, chacun de
ces deniers fera un douzième de 2.0 marcs, &c.
Par la même rai fon, fi la maffe d’ argent eft
exempte de tout alliage & abfolument pure,
cet argent fe nomme de l'argent à 12 deniers ;
fi elle contient un douzième de fon poids d’alliage,
on dit que cet argent eft à onze deniers;
fi elle contient deux douzièmes ou un fixième
d’alliage, l’argent n’eft qu’à dix deniers; & ces
deniers ou parties d’argent pur s’appellent deniers
de fin.
Il eft à propos d’obferver au fujet de ces ^deniers,
que les effayeurs nomment auffi denier, un
poids de 24 grains réels, c’eft-à-dire, le tiers d’un
gros, qu’on nomme en médecine un fcrupule.
Il faut prendre garde de confondre ce denier
poids réel, avec le denier de fin, qui n’eft qu’un
poids idéal ou proportionnel, ce qui peut arriver
d’autant plus facilement , que , pour plus
grande précifion, le denier de fin fe divife comme
le denier réel en 24 grains. Mais les grains du
denier de fin font fictifs & proportionnels de
même que ce denier , & fe nomment grains
de fin.
Un lingot d’argent fin ou à 12 deniers, contient
donc 288 grains de fin. Si ce lingot confient
~ d’alliage , on dit qu’il eft à 11 deniers
23 grains ; s’il contient ^ ou fz î d’alliage , l’argent
n’eft qu’à onze deniers 22 grains ; s’il contient
t u ou 774 d’alliage , il n’eft qu’à . n deniers
10 grains g & ainfi de fuite. Enfin le grain de
fin a auffi fes fra&ions à l’ordinaire £ de
grain, &c.
Il faut favoir encore que , comme les effais
pour le titre de l’argent te font toujours en petit,
les effayeurs ne prennent qu’une petite portion
d’un lingot pour le foumettre à l’épreuve;
& l’ufage e f l , du moins en France, d’en prendre
un demi-gros ou 36 grains réels. En conféquenco
le plus fort poids qùils ayent pour pefer l’argent
pour les effais, eft d’un demi-gros ou de 36 grains
réels. Ce poids répond à 12 deniers de fin. ^Ce
poids eft fubdivifé en un nombre fuffifant d autres
poids plus petits, lefquels répondent par
conféquent à différentes- fraêlions des deniers &
des grains de fin : ainfi le poids de 18 grains
réels , qui eft la moitié du précédent, répond à
6 deniers de fin : celui de trois grains répond à
un denier ou à 24 grains de fin : celui d un grain
& demi, toujours poids réel, répond à 12 grains
de fin : & ainfi de fuite, jufqu’à ^ de grain
ré e l, qui répond à ^ de grain de fin, lequel
quart de grain de fin, n’eft que d une maffe
de 12 deniers. Ce poids réel d’effai pour 1 argent,
avec fes divifions, fe nomme femelle ou poids
de femelle pour l'argent, parce qu’il y en a un
autre pout l ’o r , que l ’on nomme poids de fe
melle pour l’or.
On fent bien que dçs poids fi petits, ainfi que
les balances deftinées à les pefer, & qu’on nomme
balances cTejfai, doivent être de la plus grande
jufteffe. Ces balances font fort petites, fufpen-
dues èc enfermées dans une boëte vitrée, non
feulement pour les garantir de la pouffière, mais
encore pour empêcher que le mouvement de l’air
ne les agite, & n’en trouble l’opération quand on
s’en fert.
Lorfqu’il eft queftion de faire l’effai d’une
maffe ou d’un lingot d’argent, M a g e eft de faire
! cet effai double ; pour cela, on en coupe deux
demi marcs fiélifs, qui peuvent être chacun de
36 grains réels ou égaux au principal poids de
femelle. Ces deux portions d’argent doivent être
pefées avec la plus grande exaftitude, & avoir
été prifes l’une en deffus, & l’autre en deffous
de la maffe ou du lingot.
Ceux qui font accoutumés à ces fortes de travaux,
connoiffent, prefque au fimple coup-d’oeil,
à quel titre eft l’argent, ou peuvent fe fervir de
la pierre de touche pour le connoître à peu-près;
& cela règle la quantité de plomb qu’on doit
employer pour l’effai, cette quantité devant être
en général proportionnée à celle de 1 alliage de
l’argent. . ,,
Cependant, il p’y a rien de déterminé au jufte
fur. cette proportion du plomb avec celle de 1 alliage;
les auteurs, qui ont traité de cette matière
varient entre-eux : ceux qui demandent la plus
grande quantité de plomb, fe fondent fur ce qu cm
eft plus fur par là de détruire tout l’alliage de
l’argent; ceux qui en preferivent la plus petite,
quantité, aflùrent que cela eft nèceflaire , par la
raifon que le plomb emporte toujours un peu de
fin. Les effayeurs eux-mêmes ont chacun leur
pratique particulière, à laquelle ils font attachés»