
N A V E T T E ET C O L S A-
( Art qui concerne ces plantes. )
T à a Navette o u i enavetfauvage f ne diffère du
navet commun ou cultivé, que par fa racine, qui
eft beaucoup plus petite, d'un goût âcre, & qui
fent le fauvageon. Sa fleur eft jaune & quelquefois
blanchâtre , fes feuilles font plus découpées.
La navette croit naturellement fur les levées
& les bords des foffés. Elle fleurit en avril & en
mai, & produit beaucoup de petites graines.
On fème la navette depuis le commencement
d’avril jufqu’en juillet, & en plein champ. Il
lui faut des terr s fortes & bien labourées , & que
l’on herfe après la fetnaille.
On connoît que la femence eft mûre, quand la
coffe eft devenue blanche.
Cette graine eft employée par les oifeleurs pour
nourrir dans des cages bien des efpèces de petits
©ifeaux, comme ferins , chardonnerets, linottes,
pinçons, &c.
C ’eft auffi de cette graine que l’on tire par expref-
fton l’huile qu’on appelle huile de navette ou de
rabette. La navette eft cultivée avec foin en Flandre
& en Hollande : on la cultive encore en Frie,
en Champagne, en Picardie, en Normandie, où il
fe fait un affez grand négoce d’huile exprimée de
cette graine, dont l’ ufzge le plus ordinaire eft
pour les ouvriers qui fabriquent des éroffes de
laine, & pour ceux qui font des ouvrages de bonneterie.
Il s’en confomme auflü beaucoup par les cou-
verturiers, pour brûier dans la lampe, fur-
tout lorfque l’huile de baleine manque , foit parce
que la guerre empêche les pêcheurs ouïes marchands
d’en tirer des pays étrangers.
Les qualités de la bonne huile de navette font
une couleur dorée, une odeur agréable, & qu’elle
foit douce au goûr. On la mélange quelquefois
d’huile de lin, ce qui fe reconnoît à l’amertume &
à l’odeur .moins agréable.
Du Colfa.
Le colfa ou cojza eft une efpêce de chou que
Fon cultive avec fucoès dans les Pays Bas, &
fur-tout dans les environs de Lille.
On diftuigue ©U\£«urs efbèces de colfa , favoir ,
celui à fleurs blanches, qui n’a été apporté de Hollande
en Flandre que depuis quelques années, &
deux autres efpèces à fleurs jaunes.
De ces deux dernières efpèce, il y en a une
qu’on nomme le colfa . haud, qui eft regardé comme
le meilleur, parce qu’il croît aifêineut par-tout &
qu’il exige moins d’engrais.
La méthode de cnltiv r le colfa eft; la même pour
toutes les efpèces ; & chacune o’eUes acquiert plus
ou moins parfaitement les accroiflemens qui lui
font propres , félon la nature du terrain où on le
fème, félon la bonne ou mauvaife culture qu’il
a reçue", la circonftance des t-mps, & celle des ac-
cidens auxquels il eft fujet.
Cette efpèce de chou diffère des autres qui font
cultivées, par fes feuilles, plus petites & non pommées
, par fes tiges plus greffes , cependant hautes
de quatre à cinq pieds. a
To.it eft utile dans le colfa ; fa graine, dont on
tire par exprefFon une huile gratte, femblable à
celle de navette.
La graine la plus noire , la plus fèche, la plus
pleine, & qui paroît la plus huileufe lorfqu’on l’é-
crafe, eft 1- meilleure pour le moulin.
Les pains ou tourteaux de colfa dont on a exprimé
l’huile, fervent à nourrir & engraiffer les bef-
tiaux de toute efpèce. On les leur donne emiet-
fés , & mêlés avec du fon.
Ces tourteaux font encore un des meilleurs engrais
pour les terres deftinèes à recevoir les femen-
ces du colfa.
Le colfa'fe plaît dans les terres douces & qui
ont du fond. Il demande beaucoup d’engrais. On
le fème 8c on le replante comme les choux ; on le
difpofe par rangées, à uifpied lés uns des autres,
& on laifle fix pouces d’int^valle environ entre
les plantes de chaque rangée.
Le colfa fe récolte à la fin de juin ou au commencement
de juillet. On te feie comme le bled,
lorfqu’il eft jaune ; on le m-t entas ou en meule
au milieu des champ . Il y fermente, ce qui lui fait
rendre beaucoup plus d’huile qu’il n’en rendroit
fans cela. On le bat enfuite pour en recueider la
graine , qui fe conferve très-bien dans les'greniers
avec le (impie foin de la remuer.
Le eokat fournit une graine beaucoup plus greffe
& mieux nourrie que celle de navette, ce qui lui
fait donner le nom de g'ajfe na-vute.
L’huile qu’on en exprime diffère peu de celle
tirée de la navette ordinaire ou petite navette.
Manière d'adoucir ïhuile de navette & de colfa.
Voici un procédé qui a été publié par M. l’abbé
Rofier, pour rendre les huiles de navette & de
colfa agréables au goût & à l’odorat, enliur enlevant
le principe âcre & cauftique quelles contiennent.
Les femences émulftves, dit ce favant, lont les
feules qui donnent les huiles graffes, & ces huiles
graffes différent des huiles eflentielles.
L’huile gralfe exifte toute formée dans le végétal
, & elle eft prefque toujours dans 1 intérieur
des* femences. Dans l’huile d’o live, elle eft dans la
pulpe. Les huiles effentielies n’ont point de fiége
fixe dans les végétaux, 8c n’y varient que par la
façon d’être.
Les huiles de chou & de navette ont beaucoup
de rapport avec l’huile d’olive ; elles font, ainfi
qu’elles, fluides, tranfparerites, mifcibles aux autres
huiles, aux beurres, graifies , cires, réfines , &c.
& elles fe ranciffent par la chaleur &. la vétufté.
L’huile d’olive eft la meilleure huile graffe connue
; 8c la meilleure huile de chou & de navette
eft âcre. Cette dernière dépofe beaucoup & promptement
\ & extraite de la graine marchande ,
même récente, elle eft rance.
Pour découvrir la caufe de cette acrimonie ,
de cette rancidité, il faut de toute neceflite remonter
aux principes conft tutifs de ces huiles.
Les huiles graffes de chou & de navette, contiennent
une huile effentielle, ce qui eft prouve
par la différence des charbons qui reftent apres
leuf uftion.
Ces huiles graffes perdent peu-à-peu leur mucilage,
& fe rapprochent à la fin de ces mêmes huiles
effentielles : elles contiennent encore un efprit
re&eur & fulphureux : cet efprit reâeur rèftde
dans le parenchyme de la graine , 8c par 1 expref-
fton de cette graine il s’unit en partie avec 1 huile
graffe. '
Le goût âcre & légèrement cauftique des huiles
effentielles & de l’efprit reéleur ne doivent pas
être confondus avec le goût rance que les huiles de
navette & de chou ont prefque toujours.
Si ou diftille les huiles graffes chargées d’eau,
l’eau bouillante en fépare l’huile effentielle 8c le
mucil ge ; ft on prend féparément cette huile effen-
tielle , 8c ft on l’ajoute à petite dofe à de l’huiie
de colfa 8c de navette , même récente , on la rend
âcre 8c défagrêable.
Si on fépare, ou bien ft on prive de leur mucilage
les huiles de colfa 8c de navette, la ranci-
ditè ne tarderas à paroître.
Outre les huiles effentielles & l’efprit refteur,
les huiles graffes de colfa et de navette contiennent
encore une fubfian.ee réfineufe. Tels font
les principes conftitutifs de ces deux huiles , qu'il
éroit de la dernière importance de connoztre , afin
de parvenir à les dépouiller des principes qni leur
font nuifibles , & afin de conferver ceux qui leur
font avantageux.
Les huiles de colfat & de navette reconnoif-
fent deux eau fes de leurs mauvaifes qualités; les
unes font naturelles, les autres font acquifes.
1». La maturité incomplette des graines quand
on coupe la plante.
a». Si la plante coupée refie trop long-temps
étendue fur terre, & furtout dans un temps pluvieux.
3°. Si l’humidité la pénètre quand on l’a mife
en tas ou en meule.
4°. Si la graine portée dans le grenier, a pom :è'
l’humidité de l’air, elle y rancira facilemcn', de
même que fi on lui a enleve fon écorce: ces g:aines
ranciffent comme les fruits pou-riffent.
Si on fait chauffer la graine avant de la
mettre fous le preffoir.
On jugera facilement de ces mauvaifes qualités
, fi on compare l’huile vierge récente, extraite
de ’la graine macérée, avec une pareille huile où
l’on aura employé la chaleur pour 1 extraire , &
où l’on aura nég’igé les moyens de conferver la
graine faine.
Ainfi ,poùr avoir une huile parfaite en ce genre ,
il faut détruire l’efprit refleur qui ell le principe
du goût âcre & de l’odeur défagréable ( ce qu’on
doit diflinguer de la rancidité ). Il faut également
détruire la fubftance gommo-réfineufe qui
communique encore 1 âcreté.
1 La germination des graines dans un terrain
1 fablonneux, enlève en partie cet efprit refïeur ;
mais un moyen toujours fur , toujours emcacc
pour détruire les principes nuifibles , eft de faire
macérer les graines dans une leffive alkaline , qui
corrige les deux -fources dacrete de ces huiles.
Après trente-ftx ou quarante-huit heures de macération
à froid dans cette leffive alkaline , oa
lavera ces graines, & enfuite oit les mettra pendant
dix ou douze heures dans une eau alunie.
Les eaux doivent furnager ces graines à la hauteur
d’un pouce. Après cette double opération ,
on les lavera enfuue exafiement dans l’eau ordinaire
; on les érer.dra, & on les mettra Lécher
j fqu’au temps où on voudra les envoyer au pref-
foir. L'économie exige qu’elles foient prefiees
aulfimt qu’elles feront féchées, & il ne convient
pas de les garder plus de fix mois.
Pour conferver l’huile qu’on extraira de^ ces
g-aines, il faut la laver ; quelque temps après on
la foutire de deflus fon dépôt : on doit lui co«-