
baie du Canada, au grand banc de Terre-neuve.
Ce poiffon, par l’art que l’on a de le conl'er-
v e r , eft d’une grande reffource pour fournir un
aliment peu coûteux ati peuple.
Nou e s ; c’eft une des quatre iflùes, ou les
tripes des morues. Elles fe falent dans les lieux
de la pêche en même-temps que le poiffon, &
elles s’encaquent dans des futailles ou barils du
poids de 6 à 700 livres.
Poignée ; ce terme eft en ufage dans le négoce
de la faline, & lignifie deux morues. Ainfi
Ion dit une poignée de morue., pour dire deux
morues.
En France, les morues fe vendent fur le pied
d’un certain nombre de poignées au cent, & ce
nombre eft plus ou moins grand, fuivant les
lieux. A Paris, le cent eft de cinquante-quatre
poignées ou cent huit morues ; à Orléans, à Rouen,
& dans tous les ports de Normandie, le cent eft
de foixante-fix poignées, ou cent trente-deux morues.
A Nantes, & dans tous les autres ports du
royaume, le cent eft de foixante-deux poignées,
ou cent vingt-quatre morues.
Saleur ; c’eft dans la pêche de la morue,
celui qui fale & arrange la morue à fond de cale
du vaiffeau* C’eft de l’habileté & de l’expérience
du faleur que dépend en grande partie la confer-
vation de la morue.
T rancheur; c’eft dans la pêche de la morue
, celui qui eft chargé d’ouvrir ce poiffon ; ce
qui demande de l’habitude & de l’adreffe.
T erre-Neuve ; c’eft à foixante lieues de Terres
neuve, dans le Canada, qu’eft le grand banc pour
la pêche de la morue, étendue de pays que l’on
eftime avoir 200 lieues de longueur ; les morues
y font fi abondantes, qu’un pêcheur en prend
plus d’une centaine dans un jour. Cette pêche
y eft très-ancienne, car un Anglois rapporte y
avoir trouvé, l’an 152 1, cinquante bâtimens de
différentes nations. On en voit aujourd’hui chaque
année cinq ou fix cents , Anglois , François ou
Hollandois ; c’eft aufii tout l’avantage qu’on retire
de Terre-neuvê-, qui eft un pays rempli de
montagnes & de bois.
Les brouillards y font fréquens & de longue
durée. Le grand froid en hiver eft en partie caufé
Par l.es.|}aces» qui venant à flotter fur les côtes,
refroidiflent l’air fenfiblement. Les fauvages de
Terre-neuve font de petite taille, n’ont que peu
ou point de barbe, le vifage Large & plat, les
yeux gros, & le nez court.
MOSAÏQUE!
MOSAIQU
O N entend par mofaïque, non-feulement l’art de
tailler & polir quantité de marbres précieux de
différentes couleurs, mais encore celui d’en faire
un choix convenable, de lès affembler par petites
parties, de différentes formes & grandeurs, fur un
fond de ftuc préparé à cet effet, pour en faire
des tableaux repréfentant des .portraits, figures ,
animaux , hiftoires & payfages, des fleurs, des
fruits, & toutes fortes de deflins imitant la peinture.
Ou plutôt la mofaïque eft une imitation de la
peinture, qui, à la vérité, eft au-deffous d’un beau
tableau pour la pureté & la hardieffe du deflin,
pour l’harmonie des clairs & des ombres, & pour
la tranchife du coloris ; mais elle a aufii l’avantage.
de réfifter aux imprefiions de l’air & au ravage
du temps. -
L’ufàge de faire des ouvrages de mofaïque eft,
félon quelques auteurs, fort ancien. Plufieurs
prétendent que fon origine vient des Perfes qui,
fort curieux de ces fortes d’ouvrages , avoient
excité les peuples voifins à en faire d’exaCles recherches.
Nous voyons même dans l’écriture
fainte, qu’Affuérus fit conftruire de fon temps
un pavé de marbre,fi bien travaillé, qu’il[imitoit-
la peinture.
D’autres affurent que cet art prit naiffance à
Conftantinople , fondés fur ce que cette ville
étoit, de leur temps , la feule dont prefque toutes
les églifes & les bâtimens particuliers en fuffent
décorés, & que de-là il s’eft répandu .dans les
autres provinces de l’Europe.
En effet, on en tranfporta dés confins de ce
royaume chez les peuples Voifins d’A flyrie, delà
en Grèce ; enfin, félon Pline, du temps de
Sylla, on en fit venir dans le Latium pour augmenter
les décorations des plus beaux édifices.
' Ce qu’il y a de vrai , c’eft que la mofaïque
commença à paroître vers le temps d’Augufte,
fous Te nom d’une nouvelle invention. C ’étoir
une façon de peindre des chofes de conféquence
avec des morceaux de verre qui demandoient
une préparation particulière.
A ces morceaux de verre fuccédèrent ceux de ;
marbre, qui exigeoient alors beaucoup moins de
difficultés pour la taille; enfin, cet art, négligé
depuis plufieurs fiècles, a été enfuite abandonne
, fur-tout depuis que l’on a trouvé la manière 1
de peindre fur toutes fortes de métaux, qui eft
beaucoup plus durable, n’étant pas fujette, comme
la première, à tomber par écailles après un long ,
temps.
Arts & Métiers, Tomé V, Partie I.
( Art de la )
On lui donnoit autrefois le nom de marqueterie
en pierre , que l’on diftinguoit de marqueterie
en bols , ou ébénifterie : &. fous ce nom l’on
comprenoit non-feulement l’art de faire des peintures
par pierres de rapport, mais encore celui
de faire dés compartimens de pavé de différens
deffins, comme l’on en voit dans plufieurs de
nos églifes ou maifons royales, ouvrage des
marbriers. Ce font maintenant ces ouvriers qui
font chargés de ces fortes d’ouvrages , comme
travaillant en marbre de différente manière.
La mofaïque fe reffentit, comme tous les autres
arts, de la chute de l’empire Romain. Conftantin
l’introduifit en Orient, où elle fe conferva jufqu’à
ce que la capitale de cet empire fut prife par les
Turcs.
Bannie de Conftantinojvlp , elle fe réfugia à
Venife ; & fes( premiers efkls furent employés à
décorer la fameufe églife de Saint-Marc. Se perfectionnant
dans la fuite, elle parut avec éclat
dans l’ancienne capitale du monde, où il femble
que les papes l’ont fixée, {juifque Rome eft l’eri-
droit où l’on fait les plus-beaux morceaux en ce
genre.
Il eft étonnant dit M. Pingeron, dans fon ouvrage
fur la mofaïque ancienne & nouvelle, que
Louis XIV ,. ami des arts & jaloux de la gloire de
fa nation , ait laiffé à fès fucceffeurs le foin d’établir
une manufacture de mofaïque, où les peintres
travailleroient à l’envi les uns des autres pour
rendre leurs ouvrages en quelque forte éternels.
Quel plaifir pour le peintre & pour l’artifte, de
voir que la gloire de l’un & les travaux de l’autre
pafieroient à leurs derniers neveux , & qu’ils
triompheroient l’un & l’autre de la .variété du
temps !
La mofaïque en verres & émaux fe fait au moyen
de diverfes teintes qu’on donne au verre, & de
diverfes couleurs des émaux, fuivant les ouvrages
qu’on a d.effein de faire. Lorfque la couleur eft
mife dans le creufet avec le verre en fufiôn , on
en retire la matière liquide avec de grandes cuillers
de fer, emmanchées de bois on la verfe
fur un marbre bien uni, & on l’applatiï par deffus
avec un morceau de marbre jufqu’à ce que les
pièces ayent feize ou dix-nuit lignes d’épaiffeur.
Avant que le verre ainfi applati ne refroi-
difie, on le coupe en morceaux de diverfes
figures avec un bec-de-ckicn, qui eft un infiniment
de fer tranchant. On met tous ces morceaux
dans des -boîtes, & on les fépare fuivant
leurs couleurs pour s’en fervir au befoin.
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