
devinrent de moins en moins fufibles, a mefure
que ld*fcifmuth en fut chafle ; & à la fin il ne
fut plus pofîVble de les tenir fluides a un feu
violent , quoiqu’en les pelant ils paruffent retenir
encore une quantité de bifmuth confidera-
ble.O
n ne peut nettoyer tout-à- fait du bifmuth ,
non plus que du plomb , par le procédé ordinaire
de la coupelle , les mélanges de platiné avec fix
fois fa pelanteur d’or ou d’argent.
Quand on a coupellé une parcelle de platine
avec trois ou quatre nouvelles quantités de bifmuth,
les premières coupelles étoient ^ toujours
teintes d’une couleur de rouille noirâtre ; les
fuivantes étoiont plus pâles , & les troifiemes
n’avoient pour la plupart que la couleur jaune
orangée, que le bifmuih par lui-même communique
, & qui eft confidèrablement plus foncée
que la nuance occafionnée par le plomb.
Dans la plupart des coupellations , on a trouvé
la furface du métal couverte -d’une fubftance
feuilletée, comme de la litharge, d’une couleur
foncée ; & quelquefois il y avoit fous la plaque
coupellée une groffe quantité de matière
verdâtre , fpongieufe Ü£ rude, adhérente fortement
à la platine en pluûeurs endroits , coulant
dans les cavités qui étoient au fond-, & dans
d’autres, couchée en quelque forte entre les plaques
pu les flocons du métal.
Il a paru que le bifmuth, en le coupellant
avec la platine, ne fe répandoit ou épanchoit
pas fi clair, ou ne pénétroit pas fi .avant que
fait le plomb dans la coupelle ; mais il embrafle
tellement les parties qu’il touche, que cela l’empêche
de s’étendre plus loin, & qu’il s’y ramaffe
dans fon état à demi vitrifié, reftant quelquefois
fur la coupelle en grande quantité, quoiqu’une
-partie confidérable de la coupelle au fond n’en
foit pas teinte : c’eft ce qui ne feaible pas arriver
quand on en fait partir le bifmuth leul; & ,
par confêquent , cela vient de ce que le métal
«fl une menftrue moins puiffante que le plomb
pour les parties ferrugineufes & autres matières
étrangères mêlées avec la platine.
Bien des coupellations cependant ont reuffi à
fouhait, fans aucunes apparences de cette efpèce
, & ont donné des plaques caffantes , tanr
tôt d’une couleur teçne & tantôt brillantes ,
félon qu’on avoit fait partir plus ou moins du
bifmuth , de furfaces raboteufes, avec de groffes
protubérances difpo'fées avec & quelquefois fans
régularité.
Quelques-uns des détails de ces expériences
ayant été perdus , je ne puis pas me rappeller
fi . c’eft avec de grandes ou de petites pro-
portions de bifmuth que le procédé a réuffi le
mieux.
D'après l’effet d’un feu violent long-temps cnn-
P L A
ttnué fur des mélanges de platine & de plomb
dans le précédent a ticle , je me fuis dâtirnuné
à foumettre au même traitement des mélangés
de platine & de bifmuth, métal qui promettott
d’être féparé plus facilement que le plomb , comme
étant par lui-même bien plus difpofe à s é-
vaporer au feu.
J’ai tenu pendant fix heures quelques-unes des
plaqües eoupellées des opérations précédentes ,
fur quatre coupelles placées fous une moufne ,
à une chaleur auffi forte quil fût poffible d en
produire dans un bon fourneau d çiiai..
Une portion d’une des plaques avoit fondu
& s-etoit étendu en belles feuilles comme d argent
fur le bord de la coupelle; les bords minces de
toutes pouvoient allez bien foutenir le coup de
marteau , & ployèrent confidèrablement avant
que de craquer : les coupelles étoient teintes
d’un jaune orangé pâle*
Les pluques étant encore pouffées pendant fix
heures fur de nouvelles, coupelles dans le fourneau
à v en t, dont op a fait mention ci-devant,
elles fe trouvèrent toutes d’une couleur d argent
; brillante, & fupportèrent bien le marteau dans
leurs parties les plus minces, ma-s reflètent encore
caffantes dans les parties plus épatlles : es
coupelles ne furent teintes que très - JroiDle-
ment.
Il paroit „d ’après les expériences rapportées
dans cette feftion, que la platine réfifte parfaite-
ment à la puiffance deftruftive du plomb du
bifmuth, qui, avecl’aétion concurrente du eu K
de l’air, réduit tous les autres corps métalliques
connus , excepté l’or & l’argent, en chaux ou
fcories : qu’elle réfifte à l’antimoine qui lcorine
l’argent auffi bien que les métaux imparfaits, oc
qu’on a toujours regardé comme le moyen d examen
le plus fèvere de l’or : qu’elle neft pas vo-
latilifée fenfiblement par l’arfenic, qui, (Uns les
feux violens & brufques, emporte meme une portion
de l’or : que dans les degrés de chaleur con-
fidérablement plus forts & plus long-temps continués
, qu’on a employés jufqu’ici pour ces fortes
d’opérations , la platine conferve même une
partie de ces corps métalliques deftruétibles , en
retenant autant qu’il en faut pour la rendre caf-
fante ; mais que par une continuation encore plus
longue d’un feu violent, ces corps, du moins le
plomb & le bifmuth , peuvent être diflipes entièrement
, ou prefque entièrement, de manière
à laiffer la platine en une maffe auffi malléable
que les grains les plus fins l’étoient auparavant,
& peut-être plus encore, parce qu’elle a été purifiée
dans 1 opération, de la . matière ferrugi-
neufe, & autres matières étrangères, comme lor
& l’argent le font, par le même moyen , de tons
les métaux imparfaits.
Jufqu’oià cette diffipation du plomb ou du bifmuth
peut-elle fe pratiquer en grand, ou fur des
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îtisffes d’une épaifleur confidérable, c’eft ce
qu’on ne peut pas déterminer abfolument d’après
les expériences qui ont été faites jufqu’ici ; d’aù-
tant que, du moins pour ce qui me concerne ,
le procédé n’a réuffi. que fur des pièces minces
du métal.
M. Macquer femble ne faire aucun doute que,
fur ce fondement, la platine ne puifle être rendue
maniable par les ouvriers en grand, au point de
nous fournir des miroirs concaves , des fpécules
pour les télefcopes', une infinité de vaiffeaux St
uftenfïles pour l’ufage de la chymie 8c de la
cuifine, 8c prefque toutes les efpèces d’ouvrages
de- ferrurerie.
Il obferve que la platine feroit une matière excellente
pour ces fortes d’ufages, parce que fon
poli v if & brillant n’eft jamais altéré par aucune
efpèce de rouille 5 & qu’elle réfifte, non-
feulement à l’adion de l’air , de l’eau, du feu ,
des acides & des métaux les plus voraces, auffi
bien que le fait l’or le plus pur ; ipais elle joint
à toutes ces qualités admirables, une propriété
encore plus précieufe que n’a point l’or ; favoir :
la force & la, dureté du fer. Dans mes expériences
, les plaques eoupellées, foit avec le plomb ,
foit avec le bifmuth, étoient confidèrablement plus
dures que l’or ou l’argent fin, mais plus tendres
que Je fer.
Des affinités de la platine»
On fe propofe $ dans cette Seflion , de rendre
compte des expériences qui ont été faites relativement
aux- affinités comparatives de la platine
& des autres métaux , les uns aux autres, &
avec les diffolvans falins, la féparation de la platine
d’avec un métal c, par l’intervention d un autre
K ou d’un métal d’avec un autre, par 1 intervention
de la platine ; de la féparation de la
platine par les autres métaux, ou des autres métaux
par la^platine, d’avec leurs folutions dans les
acides.
Pour plus grande diftinétion , on a exprimé
dans les titres refpeôifs, les réfultatsdes diverfes
expériences. Le corps placé le premier doit toujours
être conçu comme ayant plus d’affinité
avec celui qui eft immédiatement au-deffous de
lui, qu’avec le troifième,ou celui qui eft placé
le plus bas ; de manière que fi on combine ên-
femble le premier & le troifième , celui du milieu
, appliqué convenablement, comme il eft
dit dans l’expérience , brifera g leur union 8c
écartant le troifième corps, fe joindra de lui-même
au premier, quoique cette féparation n eft pas
toujours complette.
Quand, il ne paroît pas dans l’expérience une
telle affinité ou féparation, alors les diffère ns corps
fe trouvent placés dans une ligne continuée. /irts & Métiers. Tome V| P art, ll\
I. Mercure :
Platine :
Plomb.
Une partie de platine 8c environ quatre de
plomb , ont été fondues parfaitement enfemble ;
& après que la chaleur fut un peu ralentie, on
verfa le fluide doucement en un petit courant,
dans trois fois fa quantité de v if - argent chauffé
au point de jeter des vapeurs. En les remuant
avec une baguette de.fer, il s’éleva auffi-tôt à
la furface, une poudre noirâtre, qui parut être principalement
de la platine.
En les broyant enfemble dans un mortier de
fe r , il s’en fé.para peu-à-peu une nouvelle poudre
, qui ayant été de temps en temps emportée
par la lotion, reffembloit beaucoup en apparence
à la précédente ; mais qui, en faifant des effais
convenables, fe trouva tenir beaucoup plus .abondamment
du mercure & du plomb, que de la platine.
L’amalgame étoit d’une couleur fort terne, & en
l’expofant au feu dans une cuiller de fe r , il renfla
& fautilla à la ronde, quoique la chaleur fût
à peine fuffifante pour faire évaporer la moindre
partie du vif-argent. C ’eft pourquoi je fis continuer
de le broyer dans une efpèce de moulin,
CDmpofé d’une plaque de fer mince, taillée en
forme de croix, 8c qu’on fait tourner dans un
mortier de fer.
La plaque étoit courbée à-peu-près dans la
forme du fond du mortier, & entre deux de
fes bouts étoit fixée une pièce de bois ; les deux
autres étoient en liberté, & s’ajuftoient au mortier
au moyen de leur élafticité. La pièce de
bois recevoit le bout d’ua noyau droit, lequel
étant affuré par des pièces de traverfe, pour le
tenir dans le milieu du mortier, & par un petit
poids tantôt plus grand, tantôt plus petit, placé
-au fommet, une roue 8c une poulie lui procu-
roient un mouvement rapide fans beaucoup de
travail.
Après une agitation confiante dans cette machine,
& avoir renoü'velé l’eau de temps en temps pendant
fept ou huit jours, l’amalgame parut brillant & uniforme,
8c laiffa exhaler librement le mercure. Le
mercure étant tout évapore, il refia une pou*-
dre d’un gris obfcur, q u i, à l’examen, fe trouva
être de la platine avec un -peu de plomb : car
une partie de la poudre étant digérée dans l’eau-
forte , il y en eut une petite portion de diffoute,
& la folution ne parut être autre chofe qu’une
folmion de plomb ; la partie non diffoute , deve-
nuealors d’une couleur pourpre obfcure, fur enlevée
prefque toute entière par l’eau régale, à qui
l elle communiqua, non pas à la vérité la cou